Peur sur La Croix
183 pages
Français

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Description

Une vie tranquille, un métier passionnant.... Il a suffit d’un coup de téléphone nocturne pour plonger Joseph Yolfa dans un monde inconnu, un monde si lointain de son quotidien : celui de la peur, de la culpabilité, de l’amour et de l’aventure.



Comment pouvait-il imaginer qu’un passé familial si lourd lui serait un jour dévoilé, l’emmenant à travers le monde afin d’éviter une menace terrible. Joseph Yolfa va passer de simple responsable d’un service compétition d’un constructeur automobile à celui de policier, détective privé ou encore espion international.



Une folle course-poursuite qui va amener notre héros à rencontrer des personnes extraordinaires mais également qui va lui faire connaître les plus grandes angoisses de sa vie.



Il va découvrir la face cachée de l’être humain, celle du mal et de la destruction et sa mission sera d’éviter le pire, tout en découvrant la terrible vérité sur le nom qu’il porte depuis sa naissance.



Une enquête lors de laquelle il va rencontrer des personnes formidables mais également qui lui permettra de voir sous un autre angle la politique, la religion ainsi que les sociétés secrètes, un monde bien éloigné de lui jusqu’à cette nuit de 1986...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 février 2016
Nombre de lectures 53
EAN13 9782374470702
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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PEUR SUR LA CROIX

Roman

 

 

 

 

Jean-Marc FAYOLLE

 

 

 

 

 

 

 

 

peur sur la croix

Roman

 

 

Image279.PNG 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ISBN numérique 978-2-37447-070-2

Dépot Légal - Février 2016 Erato-Editions

Tous droits réservés

Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales

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PREFACE

Ce premier essai est destiné à des personnes avides de voyages, de sport automobile, d’amour et d’humanité.

 

N’ayant aucunement la prétention d’être historien ou romancier, je préviens déjà les puristes qu’ils peuvent passer à un autre ouvrage, car j’ai écris cet essai durant quatre ans, m’acharnant dessus pendant des semaines, ou le laissant tomber pendant des mois, suivant mes humeurs et mes états d’âme. Et mes seuls outils ont été mes humbles compétences en matière de proses et d’histoire. Tous les faits sont issus de mon imagination.

 

C’est donc un roman et il faut le lire comme tel, en gardant à l’esprit que ce n’est qu’une fiction.

 

Je voulais aussi montrer qu’au-delà de mes convictions et engagements personnels, je respecterais toujours les croyances de chacun, car je reste persuadé qu’elles nous enrichiront bien plus qu’elles ne nous diviseront. Le mal peut-être niché en chacun de nous et il est trop facile de mettre son existence sur le dos d’une foi quelconque. La morale de cet essai ?

Je verrais bien : « Je ne crois peut-être pas en ce que tu crois, mais je crois en toi ».

 

Ce n’est pas non plus une autobiographie, même si je reste persuadé que chaque livre laisse transparaitre une image de la personnalité de l’auteur.

 

Pour conclure, si le sujet ne vous plait pas trop, laissez-vous alors simplement emporter par la seule histoire d’amour de nos héros à travers le monde.

 

Voilà, j’espère que vous allez prendre autant de plaisir à lire ces lignes que j’en ai pris à les écrire.

 

Bon voyage, chers amis.

 

 

 

 

 

 

 

– 1 –
PROLOGUE

Le Mans – Août 1944

Le convoi filait à toute vitesse vers l’est. Depuis que le commandant de la division avait eu la permission de lancer ses troupes sur la capitale, un nouvel essor avait donné des ailes aux soldats. Certains, originaires de Paris, s’imaginaient retrouver la capitale comme ils l’avaient quitté. Rien ne pouvait avoir changé, personne n’aurait osé détruire une aussi belle ville. Les informations alarmistes qu’ils avaient pu glaner de-ci delà étaient sûrement exagérées.

 

Le sergent Louis Yolfa faisait partie de ces optimistes. Originaire de Boulogne-Billancourt, il savourait par avance les retrouvailles familiales. Les souvenirs de la maisonnette jumelée que sa femme avait décorée avec tant de goût, et surtout avec peu de moyens, lui donnaient la chair de poule. Ses amis de la rue Principale, le petit café à l’angle de celle-ci avec la belle Nadège, sa belle Nadège, qui se tenait derrière le comptoir, le bruit de l’usine d’automobiles qui se trouvait, non loin de là, sur l’Ile Seguin, tel un navire prêt à appareiller. Tous ces détails défilaient devant ses yeux à une vitesse vertigineuse.

 

Juste avant Chartres, le premier camion du convoi fut illuminé dans une telle gerbe de feu que le son de l’explosion ne parvint aux oreilles de Louis que quelques secondes plus tard. Ou peut-être était-ce son imagination... Des soldats courraient dans tous les sens, des cris mélangés à des rafales de mitraillettes prirent tout le monde au dépourvu. Une des dernières poches de résistance des troupes allemandes avait vu venir le convoi et avait voulu faire un dernier coup d’éclat avant d’être capturée. Car, il n’y avait plus aucun doute, les colonnes germaniques fuyaient toutes vers l’est, en espérant pouvoir atteindre la frontière sans avoir à rencontrer des troupes alliées, voire même des résistants français.

 

Ces cris et la lumière vive du camion en feu soulevé par le souffle de l’explosion furent les dernières choses que Louis vit. Une violente douleur sur le côté gauche le fit trébucher de son banc. Il eu juste le temps de mettre la main sur sa poche, sa poche qui contenait le dernier courrier de Nadège, sa belle et tendre épouse qu’il n’avait pas vu depuis six mois. Il voulait se réserver la lecture du courrier une fois le bivouac monté pour la nuit, quand il serait seul et qu’il pourrait pleurer sans que personne ne le remarque. Un voile noir commença à obscurcir ses yeux et il sombra doucement dans le néant, ressentant de moins en moins la douleur que lui causait la partie déchiquetée de son corps. Une dernière pensée de Nadège lui arracha un rictus de bonheur et c’est ce visage illuminé que ses collègues de la division recouvriront d’un drap après avoir maîtrisé la troupe allemande.

En voulant prendre sa plaque militaire qui se trouvait dans sa poche, le lieutenant Dricosa, son ancien collègue dans le civil, trouva une enveloppe encore cachetée à l’intention de Louis. Il reconnut de suite l’écriture de son épouse. A force d’en d’entendre parler à longueur de journée par son mari, à force de lire tous les courriers que Louis lui montrait, il était persuadé de pouvoir la reconnaître au milieu d’une foule. Il rangea la lettre dans sa poche, se promettant d’aller la rendre personnellement à Nadège. C’était la moindre des choses qu’il pouvait faire en mémoire de son ami.

 

Aurait-il réagit avec un tel enthousiasme s’il se doutait du contenu de cette lettre ?

 

La foule hurlait dans la petite rue de Boulogne Billancourt. Des voitures surchargées de monde tentaient de se frayer un chemin pour aller vers la capitale et accueillir les héros. Des drapeaux tricolores flottaient devant toutes les fenêtres et, malgré les incessants appels à la prudence lancés par les résistants, tout le monde fêtait par avance la libération.

 

Nadège savait par des estafettes de reconnaissance que les soldats alliés arrivaient sur Paris. Son mari était opérateur radio et d’après les courriers qu’elle recevait, les troupes fraîchement débarquées effectuaient une déferlante vers l’est, libérant chaque jour de nouvelles villes. Elle imaginait un instant la tête de Louis quand il avait découvert le contenu de son dernier courrier. Un cadeau, un véritable cadeau de la vie. Elle ne regrettait pas de lui avoir annoncé sa grossesse par courrier. Le connaissant, il lui faudrait un certain temps pour s’en remettre. Quand il sera là, il aura un peu récupéré et pourra profiter pleinement du bonheur qui leur arrivait.

 

L’accouchement était prévu pour le mois d’octobre et Nadège remerciait chaque jour le Seigneur d’avoir fait coïncider cet évènement avec la libération du pays. Pour elle, c’était un signe du destin. Jamais rien de fâcheux ne pourrait leur arriver. Perdue dans ses pensées, les coups frappés à la porte de la maison la firent sursauter, comme à l’époque où ce type de martèlement ne présageait rien de bon. Un soldat se trouvait sur le seuil, la mine grave et Nadège compris de suite que quelque chose était arrivé, quelque chose d’impossible, quelque chose que Dieu ne pouvait pas permettre. En but à ses craintes et tentant de bredouiller deux mots au soldat, elle voulut ouvrir la bouche mais celui-ci se présenta :

– Bonjour Madame. Mon nom est Dricosa, lieutenant Dricosa. J’étais le supérieur de votre mari aux opérations radio et son ancien collègue à l’usine. Je viens vous annoncer que vous et moi avons perdu quelqu’un de cher. Je suis désolé.

Il tenta d’expliquer à Nadège les circonstances de l’accident, mais elle était déjà ailleurs. Elle s’effondra soudain au milieu du couloir et ce fut le néant total.

– Madame! Madame! Est-ce que vous m’entendez ? Répondez-moi, je vous en supplie...

 

Nadège crut décerner dans un premier temps des lueurs, puis une forme de visage qui était penchée sur elle. Elle ne reconnut pas de suite cette personne puis, en une fraction de seconde tout lui revînt en mémoire. Les coups frappés à sa porte, le militaire désappointé et la terrible nouvelle... Elle n’avait donc pas rêvé.

 

Le lieutenant Dricosa ne savait pas quelle attitude observer. Des morts, il en avait vu par dizaines et il pensait être rôdé à toute émotion concernant les dégâts d’une guerre. Et il était là, assis en face de la femme de Louis qui sanglotait, ne sachant quoi dire ni faire. Le choc qu’il avait eu en voyant le ventre bombé de Nadège l’avait atteint comme un uppercut quand elle avait ouvert la porte. C’est elle qui le questionna sur sa réaction au courrier quand son mari avait appris qu’il serait père. Le courrier... Le fameux courrier ! Il l’avait complètement oublié et quand il le sortit de sa poche pour le tendre à Nadège, elle comprit que Dieu avait rappelé son mari sans que celui-ci ne connaisse la nouvelle.

 

Elle dut réunir ses forces pour demander au lieutenant Dricosa de la laisser seule. Ce dernier fut presque soulagé de cette requête et s’empressa de donner l’adresse de sa mère chez qui elle pourrait trouver du réconfort en cas de besoin. Nadège le remercia et referma la lourde porte derrière lui, ne sachant comment réagir.

 

– Dieu, mon Père, où es-tu ? Pourquoi as-tu laissé faire ça ? Pourquoi me laisses-tu seule dans ce désarroi ?

 

Elle alla vers la cuisine, prit une boite de somnifères dans l’armoire et monta dans sa chambre. Dormir... dormir, ne plus penser, ne plus pleurer, c’était la seule solution.

 

 

– 2 –
SARAH

Boulogne-Billancourt – Mars 1932

Louis allait vaillamment vers l’Ile Seguin, temple du constructeur national d’automobiles, où il devait se présenter pour un emploi sur recommandation de son oncle. Ce dernier faisait partie des meubles de cette usine et toutes les anecdotes racontées à la maison faisaient percevoir ce lieu comme un temple magique. D’après ses dires, tout était immense, démesuré et il y avait tellement de monde qu’un salarié ne pouvait connaître l’ensemble du personnel. Tous les ouvriers étaient protégés par des syndicats et le travail était tel que la direction avait dû faire appel à de la main d’œuvre étrangère afin de pouvoir honorer les commandes. Bien sûr, les propos de l’oncle Joseph étaient exagérés, tout le monde le savait. Mais Louis était néanmoins heureux de se présenter et il se voyait déjà le soir venu en train d’exhiber son contrat de travail à Nadège.

L’entretien fut bref et sans aucune chaleur. Louis s’attendait à ce que sa recommandation lui valle certains privilèges. Il n’en était rien. Près de cinquante personnes attendaient devant le bureau du personnel et la signature des contrats fut expéditive. Louis avait été engagé comme monteur sur les chaînes de fabrication de l’atelier électrique. Sa formation le prédestinait à cet emploi et le responsable du personnel n’avait pas cherché plus loin. Pour lui, il faisait l’affaire et c’était tout : Rendez-vous lundi matin 8h00.

 

De retour à la maison, il ne put masquer sa joie devant Nadège et c’est en improvisant une danse dans le couloir que la nouvelle fut fêtée. Enfin, ils allaient pouvoir payer les traites de la maison sans avoir à restreindre la nourriture. Enfin, ils allaient pouvoir se payer le nouveau lit qui leur faisait défaut depuis leur aménagement dans cette maison au mois de décembre 1931. Certes le matelas à même le sol faisait l’affaire provisoirement mais ce provisoire commençait à devenir pesant. Ils en avaient presque oublié le confort que cet équipement apportait. Et puis, finis les petits boulots et les attentes devant les entreprises pour pouvoir travailler une journée. Mais le plus important pour Louis, c’était que Nadège ne soit plus seule à travailler dans le foyer. C’était déjà mal vu qu’une épouse exerce un emploi de serveuse dans un café, mais si en plus l’homme ne travaillait pas... Inutile de préciser que le voisinage se faisait les gorges chaudes de cette situation.

 

Le premier jour de travail se déroula sans histoire et Louis sympathisa avec quelques personnes pendant la pause casse-croûte. Un homme en particulier lui inspirait confiance. Une sorte de charisme se dégageait de ce chef d’équipe que tout le monde semblait craindre. Il s’appelait Serge Dricosa et était technicien supérieur en électricité. Au fil du temps, une réelle amitié s’était instaurée. Environ deux mois plus tard, Serge prit Louis à part et l’invita à fumer une cigarette derrière l’atelier d’emboutissage.

– Dis-moi, tu vas à l’église le dimanche ?

– Non, répondit Louis. Pourquoi me demandes-tu cela ?

Ignorant cette question, Serge poursuivit :

– Quel est ton avis sur les textes religieux, la Bible en particulier ?

– Oh, tu sais, j’étais si jeune quand j’ai commencé à la lire. J’ai ma propre idée là-dessus mais je préfère la garder pour moi.

– Et quelle est cette idée ?

– Pour moi, tu sais, et quitte à paraître rétrograde, je reste persuadé que l’Eglise est à l’origine de ces textes. Je veux dire par-là qu’elle les a inventés. A mon avis, la vraie histoire ne s’est pas passée comme cela et j’ai même entendu que l’on avait retrouvé des textes de l’époque. Maintenant, avec tout ce qui se lit, personne ne viendra faire une révolution de peur qu’on les taxe d’harceler le Culte.

– Je vois... Ecoute, nous sommes plusieurs milliers à penser comme toi. Nous avons fondé un groupe au niveau national afin de faire éclater la vérité. Notre but est de convaincre le clergé à avouer ses mensonges depuis deux millénaires et de faire éclater la vérité historique du Christianisme. Nous organisons des manifestations et notre mouvement attire chaque jour de nouveaux adeptes. Voudrais-tu militer en notre sein ?

– Comme je te l’ai expliqué, tout ce qui peut être fait pour la vérité sur l’Eglise m’intéresse. Je suis flatté et je te remercie de me le proposer.

– Bien. Ecoute-moi, demain soir, la cellule francilienne se réunit dans un ancien entrepôt situé à côté d’ici. Tu m’accompagneras mais, surtout, n’en parle à personne, pas même à ta femme.

– Ma femme ? Sais-tu qu’elle est encore plus curieuse que moi ? Je suis persuadé qu’elle serait ravie de se retrouver parmi tes amis.

– Ecoute Louis, je te demande de me faire confiance. Si je te dis de ne pas en parler à ton épouse, c’est qu’il n’y a pas de femme au sein de notre groupe. Nos actions sont quelque peu... musclées et nous ne pouvons pas prendre de risques. Nous avons donc décidé que notre groupe, comme lors des anciennes croisades, serait exclusivement masculin. Car, c’est véritablement une croisade que nous avons lancée...

– Bien, tu peux compter sur moi, même si je trouve qu’il y a beaucoup de mystères dans cette affaire.

– Tu ne crois pas si bien dire... lui rétorqua Serge.

 

Le lendemain soir, la sonnerie de l’usine retentit à dix-sept heures et le flot de milliers de travailleurs commença à emprunter la passerelle reliant l’Ile à la ville de Boulogne. Serge et Louis restaient un petit peu en retrait, attendant que le gros des travailleurs ne se répartisse dans les rues de la ville, tantôt au premier bar venu ou en rentrant directement à leur domicile. Nos deux flâneurs suivirent la rue principale avant de bifurquer à gauche dans une sorte d’impasse où aucune issue n’était visible. Au fond de cette ruelle nauséabonde, une porte en bois haute de plusieurs mètres occultait l’entrée d’un bâtiment qui devait être, lors de ses belles années, un entrepôt de stockage ou un petit atelier.

 

Louis avait prétexté à sa femme qu’un de ses collègues avait acheté une maison à la sortie de la ville et que son équipe était invitée à fêter la crémaillère. Nadège avait réagit avec bonté, comme d’habitude, donnant même à Louis un petit peu de monnaie pour acheter un présent à son ami. Louis s’en voulait de ce premier mensonge.

 

Ou plutôt en voulait-il à Serge de lui avoir fait promettre de ne rien dire sur leur réunion.

 

Serge frappa à la porte en bois, d’abord deux coups et après quelques secondes trois autres. La porte glissa lentement afin de laisser passer nos deux compères. Ils se retrouvèrent dans une grande salle ou des chaises avaient été disposées comme dans un théâtre. Au fond de cette pièce, un pupitre surélevé attendait un orateur. Plusieurs personnes étaient déjà présentes et certaines se levaient pour venir saluer les nouveaux venus.

 

Louis remarqua que trois d’entre eux portaient une sorte d’uniforme alors que les autres personnes étaient en civil. Une fois les présentations faites, Serge et Louis allèrent s’asseoir un à côté de l’autre. Louis pouvait percevoir des chuchotements d’autres personnes présentes, mais sans parvenir à distinguer la nature des discussions. De nombreux autres individus arrivèrent et il ne resta bientôt plus aucune chaise de libre. Soudain, le brouhaha cessa et tout le monde se leva. Louis, un peu surpris, imita son ami et son regard fut attiré par la petite estrade sur laquelle montait un homme. Ce dernier était habillé d’une somptueuse robe pourpre, décorée d’or aux manches et aux boutonnières et qui arborait une immense croix à branches égales dans le dos. Une fois arrivé derrière son pupitre, il fait le signe de bénir la salle et dans un geste de la main, invita tout le monde à s’asseoir.

– Qui est-ce ? Chuchotât Louis en se penchant vers Serge.

– Chut!... Tu ne dois parler que si on t’invite à le faire ! Lui répondit-il.

L’orateur remercia tout d’abord l’assemblée d’être présente en si grand nombre. Sa voix était caverneuse et il parlait lentement, détachant chaque syllabe.

 

Son visage saillant avec son nez aquilin et son regard clair finissaient d’imposer une sorte de respect. Il avait une tendance à fixer les personnes qui les mettait mal à l’aise. Les propos qui suivaient ressemblaient à une diatribe à l’encontre du gouvernement. Tout y passait, de la misère des travailleurs jusqu’à la crise financière de 1929. Au bout d’un quart d’heure de monologue, il leva un bras et quatre personnes vinrent se tenir près de lui. Alors que tout le monde se levait, il descendit du pupitre afin de laisser sa place à un des quatre hommes qui l’avaient rejoint. Après avoir invité tout le monde à s’asseoir, le nouveau venu s’adressa tout d’abord à l’homme à la robe pourpre.

– Merci, Grand Chevalier. Que grâce te soit rendue pour continuer à nous servir de guide. Je voudrais tout d’abord remercier mon bataillon, le groupe «Jérusalem», avec à sa tête le croisé Dricosa, ici présent, qui a réussi à nous établir une liste de personnes à neutraliser au sein de la presse parisienne. Ces pseudos journalistes qui nous abreuvent à longueur d’année d’articles critiquant nos institutions qu’ils considèrent blasphématoires. Ces menteurs qui remercient le clergé pour son combat contre nous. Ces pseudos croyants qui sont à la solde du Vatican ou de l’Opus-Dei. Ces individus, chers frères, sont à faire disparaître de la circulation. On ne peut tolérer de tels propos insultants envers nos soldats. Rappelez-vous mes frères, que nous combattons cette église et que nous nous sacrifions depuis le premier siècle, depuis que la vérité a été occultée lors du concile de Nicée en l’an 325. Ne laissons pas ces voleurs de Rome nous mettre de côté, nous spolier de nos richesses et de notre pouvoir. Rappelez-vous toutes ces horreurs que nous a infligées le clergé durant ces deux millénaires, tous nos soldats brûlés vifs sur le bûcher pour hérésie. Nous en sommes au même point aujourd’hui, et il n’y a qu’une seule solution à ce problème, à savoir la traque et le combat afin de faire éclater la vérité sur Jésus et continuer son œuvre. Nous ne pouvons tolérer que son nom soit utilisé à des fins d’enrichissement du clergé et que l’histoire eut été réécrite. Jésus était un prophète, un héros, un homme qui a réussi à imposer Dieu comme notre seul Seigneur. Mais Jésus était également comme nous, avec ses joies et ses peines, ses rires et ses pleurs, entouré de ses amis et de sa famille. Son assassinat le présente comme un héros, simple et mortel, et la mémoire de cet homme et de son œuvre mérite que l’on punisse tous ces voleurs qui agissent en son nom depuis deux mille ans.

 

Un tonnerre d’applaudissements éclata dans la salle et tout le monde se levait en scandant des appels menant au combat. Louis en demeurait bouche bée. Parmi tous ces gens que la haine rassemblait se trouvaient des prêtres qui, en invoquant une nouvelle ère inquisitoriale, prônaient la violence et l’anéantissement de tous les protecteurs des évangiles sacrilèges. Louis regarda son ami qui applaudissait à tout rompre et remarqua sur son avant-bras droit, sur le côté intérieur, un tatouage représentant une croix à bras d’égales longueurs. Il observa d’autres individus proches de lui et vit qu’ils étaient tous tatoués du même dessin. Sa tête commença à tourner. Comment peut-on scander autant de violence tout en se disant chrétiens ?

 

Ne devraient-ils pas plutôt prôner la paix, expliquer calmement aux gens la vraie vie de Jésus et prier pour les personnes qui se sont égarées ? Les exclamations cessèrent peu à peu et les gens se rassirent. Le commandeur du groupe «Jérusalem» reprit la parole :

– Aussi, mes frères, nous allons distribuer cette liste aux membres du groupe «Jérusalem» qui auront les pleins pouvoirs pour faire disparaître les personnes mentionnées sur le document. Ils n’auront de compte à ne rendre à personne sur le mode opératoire. Seul le résultat comptera.

Le chevalier se tut, s’inclina et descendit de l’estrade.

 

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