Toto Fouinard - Les exploits de Piedeboeuf
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Toto Fouinard - Les exploits de Piedeboeuf , livre ebook

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Description

« Où Toto Fouinard éclaircit le Mystère de la rue du Pont-Neuf et transforme un assassiné en assassin. »


Théophile Piédebœuf, sommé de quitter la préfecture à la suite de démêlés avec Toto Fouinard, s’est replié dans un appartement miteux d’une maison de la rue du Pont-Neuf où il a installé son agence de détective qui vivote tant bien que mal. Quand un crime est commis à l’étage inférieur, il est convié par le concierge à venir faire les premières constatations. Piédebœuf, d’abord réticent, voit vite là une manière de rentrer dans les bonnes grâces de ses anciens supérieurs et, peut-être, récupérer son poste tout en jouant un sale tour à Toto Fouinard. Mais Toto Fouinard ne semble pas se soucier de cette histoire ni s’émouvoir du retour en grâce de son ennemi, préférant se préoccuper des malheurs d’un pauvre homme ayant échappé de justesse à la mort lors d’une agression en pleine rue. Pourtant, les deux affaires vont finir par se rejoindre et confronter, à nouveau, les deux antagonistes...



Jules LERMINA (1839 – 1915) est un romancier français principalement connu pour les suites qu’il a données à de grandes œuvres de la littérature (« Les mystères de Paris », « Le comte de Monte-Cristo », ...) et de nombreux autres ouvrages, mais il est aussi l’auteur de petits romans destinés à être diffusés en supplément de journaux de l’époque. C’est le cas des aventures de Toto Fouinard, ce jeune détective drôle, fougueux et attachant, qui œuvrera sur 12 enquêtes savoureuses.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 mai 2016
Nombre de lectures 47
EAN13 9782919564729
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Petit Détective Parisien *
**
***
Les Exploits de Piédebœuf
De
Jules LERMINA
***
**
*
D’après le récit complet publié le 10 décembre 1908 dans la publication hebdomadaire « LA VIE D’AVENTURES »
*
Où Toto Fouinard éclaircit
le Mystère de la rue du Pont-Neuf
et transforme un assassiné en assassin.
CHAPITRE PREMIER
LE TORCHON BRÛLE
DANS son logis de la rue du Pont-Neuf, transformé en bureau, M. Piédebœuf songeait.
On se souvient qu'il avait dû quitter la préfecture à la suite d'aventures dans lesquelles il n'avait pas joué le beau rôle(1), ayant été convaincu de trahison envers ses chefs qui, purement et simplement, l'avaient mis à la porte.
Certes, au premier moment, il cria bien fort qu'il rouspétait, qu'on n'avait pas le droit de le jeter dehors, comme un vulgaire caniche, mais on lui fit comprendre que certaine séquestration, exercée à l'encontre de M. Fouinard, rentrait dans les justes limites du Code pénal et qu'il eût à se tenir tranquille, s'il ne préférait aller faire un tour dans les prisons qu'il avait jusque-là contribué à peupler.
Alors, il s'était replié en bon ordre, fielleux, haineux, surtout contre Fouinard qui, à ses yeux, personnifiait sa disgrâce et sa défaite.
Mais M. Piédebœuf (Théophile) n'était pas de ceux qui se laissent abattre.
Il voulait sa revanche, et il l'aurait, tonnerre de chien !
D'abord, convaincu qu'il était un type dans le genre de Napoléon, apte à tout, doué d'un coup d'œil d'aigle, stratégiste de premier ordre, il s'était hâté d'établir un quartier général.
Il logeait au quatrième étage d'une vieille maison de la rue du Pont-Neuf, menacée par les agrandissements de laSamaritaine. Une antichambre, deux pièces et une cuisine.
En ce local, plutôt exigu, il avait installé une agence : sur la porte, un écriteau de cuivre, avec ce seul mot :Piédebœuf. Neuf lettres dont une double, cela suffisait, l'affirmation nette et ferme d'une puissance, de la force.
Une banquette de cuir dans l'antichambre, un bureau, un casier et des chaises dans la première pièce, un laboratoire de policier – outils divers, costumes de travestissements, fausses barbes et perruques dans la seconde.
Piédebœuf couchait, mangeait et popotait dans sa cuisine.
Des cartes – bristol première qualité – énuméraient les opérations auxquelles se livrait Piédebœuf, ancien sous-chef du service de la Sûreté à la Préfecture de police, O. A., car il avait été palmipédé, comme certains volatiles.
Ses principales spécialités se nombraient ainsi :
Enquête dans l'intérêt des familles. Recherches de toutes natures, successions, filiations, reconstitutions d'état civil. Surveillances discrètes dans tous buts honnêtes, constatations d'adultères, divorces, interdictions.
En un mot, ajoutait ce prospectus succinct, l'agence Piédebœuf rend tous les services, à la fois occultes et délicats, ainsi qu'elle remplit toutes missions de confiance – et autres – qu'on veut bien lui confier.
Comme on le voit, le champ de son activité était des plus larges.
Et pourtant, il n'y avait pas à se le dissimuler, les affaires ne marchaient pas. Mais là, pas du tout.
Certes, si Piédebœuf avait pu ne songer qu'à lui-même, les menues broutilles qui lui étaient échues auraient pu subvenir à ses besoins – en attendant la grosse aubaine.
Mais il avait charge d'âmes : il avait entraîné dans sa disgrâce les trois acolytes qui avaient naguère épousé sa querelle : le gros Trochon, doué d'un appétit formidable ; Verduret, le bouledogue qui ne se contentait pas de simples os à ronger ; Gatapière, dit l'Échalas, maigre, glabre et qui semblait la personnification de la faim.
Piédebœuf possédait bien quelques économies : mais quatre hommes à nourrir constituent une lourde charge, sans parler des apéritifs nécessaires, et déjà l'ancien sous-chef entrevoyait la fin de ses quelques billets de cent francs.
La chance lui faisait défaut : pour deux ou trois succès de médiocre rapport, il avait subi des échecs – des ratages – qui lui avaient laissé pour compte les frais engagés.
Il avait fondé de grands espoirs sur l'affaire des diamants de la dame de la rue de Courcelles, mais ce sacré Fouinard lui avait coupé l'herbe sous le pied.
Cela ne pouvait pas durer plus longtemps.
C'est ce que Piédebœuf expliquait à ses trois fidèles, venus comme chaque matin au rapport – vide et négatif :
« Mes enfants, leur disait-il, il faut se grouiller un peu mieux que ça : qu'est-ce que vous fichez toute la journée ? Je ne vous vois que quand vous venez me réclamer vos cent sous quotidiens... mais qu'est-ce que vous m'apportez en échange ? Rien, rien, rien ! comme disait je ne sais quel député sous Louis-Philippe. Or, faites bien attention ! Si ça continue, je ne m'échinerai pas à vous nourrirgratis pro Deo... je vous plaquerai dans les grands prix et je flanquerai la clef sous le paillasson...
— Mais, patron !...
— Il n'y a pas de patron qui tienne... me prenez-vous donc pour une vache à lait !... Vous supposez bien que moi je m'en tirerai toujours : j'ai bien voulu, par bonté d'âme, m'embâter de vos personnes... mais si vous êtes assez serins pour ne déterrer aucune affaire, si vous êtes au-dessous du plus stupide courtier en épicerie qui place la mélasse de son patron, je n'ai pas besoin de vous et vous pouvez aller vous faire payer où vous voudrez...
« Voyons, toi, Trochon, avec ta grosse face rougeaude et des yeux ronds, je t'ai connu malin comme une chouette... À quoi es-tu bon ?... je t'avais confié le quartier des Halles, là, au milieu des maraîchers, des paysans, est-ce que tu ne devrais pas
avoir déjà trouvé vingt affaires, quand ça ne serait que des recouvrements !...
— Patron, dit Trochon, j'ai des affaires en train...
— Je la connais, c'est la blague de tous les courtiers qui ont des appointements fixes... Mais toi, Verduret, tu vas dans le monde, tu es un homme de sport, tu fréquentes tous les lads du quartier Marbeuf et de l'avenue de Neuilly... ce monde-là connaît les affaires – plus ou moins propres – de ses maîtres... il y a à faire, sacrédié ! et beaucoup !...
« Enfin, toi, Gatapière, avec la mine de cabot défroqué, est-ce que le faubourg Saint-Germain ne t'offre pas la plus riche des mines à exploiter... est-ce qu'il n'y a plus de vieilles douairières qui aient besoin de conseillers, de consolateurs... de fils de famille à ramener dans la bonne voie ?
« Ah ! parbleu ! je vous comprends bien. Là-bas, à la Tour-Pointue, on vous mâchait la besogne... un tel à surveiller, celui-ci à filer, cet autre à dépister dans les bouges de Paris... la plupart du temps, vous marchiez à coup sûr... vous écopiez bien de quelques torgnoles... mais le jour de la Sainte-Touche faisait tout oublier... »
Il se redressa et continua d'un ton solennel :
« Nous avons reconquis notre indépendance... Vous êtes vos maîtres... donc voua devez m'obéir... vous luttez pour la vie... patinez-vous un peu... je vous donne encore huit jours... vous entendez bien, huit jours !... Mais si d'ici là vous ne m'avez pas apporté chacun au moins une opération lucrative... alors, vous pourrez vous fouiller... la caisse sera fermée... N... i, ni, fini !... et bonsoir la compagnie !...
— Mais, patron, s'écria Verduret, je vous jure que nous faisons l'impossible... Qu'est-ce que vous voulez ? les affaires ne tombent pas du ciel toutes rôties !...
— Qu'elles soient seulement bouillies et ça suffirait...
— Vous ne nous abandonneriez pas comme ça ? prononça Gatapière. Ça serait une infamie !...
— Car, après tout, gronda Trochon, c'est vous qui nous avez fichus dans la mélasse...
— Vous dites !...
— Nous disons, reprit Gatapière, que c'est pour que vous soyez chef de la Sûreté que nous nous sommes fait ficher à la porte...
— Et qu'est-ce que ça nous f... à nous que vous preniez la place de M. Charlet ?...
— Ah ! c'est comme ça, cria Piédebœuf en se dressant de toute sa taille de colosse et donnant à son visage, barré d'une énorme moustache noire et cirée, une expression d'indicible majesté, eh bien ! vous pouvez f... le camp tout de suite !...
— Ça serait pas à faire ! dit Verduret. Et si tu crois que ça se passerait comme ça... moi d'abord, je veux un mois d'indemnité...
— Moi, deux mois ! articula nettement Gatapière...
— Fais pas le malin ! conclut Trochon en hasardant un pas vers le Maître, nous en avons mâté de plus mariolles que toi...
— Canailles ! hurla Piédebœuf. Je vais vous casser la gu...
— Ça serait à voir ! » firent les trois hommes les poings tendus vers le patron.
La scène se dessinait de fâcheuse façon : la poudre était sèche, comme dit l'autre, et la moindre étincelle pouvait provoquer une regrettable explosion...
Prudemment, Piédebœuf s'était retranché derrière son bureau et sa main, fourrageant dans un tiroir, pouvait bien reparaître armée de quelque engin de défense...
Quand soudain un vigoureux coup de sonnette tinta...
Les quatre hommes eurent un sursaut et restèrent immobiles... pris d'une crainte vague...
Mais au coup de sonnette succéda un tambourinement de coups de pied et de poing, tandis que des voix hurlaient :
« Monsieur Piédebœuf ! Monsieur Piédebœuf !...
— Qu'est-ce qu'on me veut ? cria-t-il à travers la porte. Je suis en affaires !...
— Mais il y a un crime horrible, épouvantable !
— Où ça ?
— Dans la maison, au troisième...
— Qu'est-ce que vous voulez que ça me f... ! » tonitrua-t-il encore.
Mais une volée d'imprécations lui répondit. Les épithètes de lâche et de fainéant dominaient la tempête...
Alors, écartant d'un geste ses trois acolytes, il ouvrit brusquement la porte.
Quelques-uns de ceux qui s'étaient amoncelés sur le palier tombèrent sur lui.
« Quand on vous dit, monsieur Piédebœuf, qu'un locataire a été assassiné... ici même dans la maison...
— Eh bien ! qu'est-ce que je puis y faire ?...
— Mais vous êtes de la rousse ! cria une voix. Ça vous regarde... »
M. Piédebœuf faillit répondre par une injure à l'adresse de son ancienne maison, mais une réflexion lui vint.
Après tout, un assassinat, c'était une affaire possible. Il ne fallait rien négliger. On ne sait jamais.
Il répliqua, d'un ton quasi majestueux :
« Bien que je ne fasse plus partie de cette institution, cependant je condescends à mettre au service de l'humanité mon bon vouloir et mon expérience...
— Mais pas tant de phrases ! Venez donc !... »
On l'entraîna sur l'escalier, on descendit un étage.
Puis, on s'arrêta devant une porte à demi ouverte.
« C'est là ?
— Mais oui !... vous voyez bien !
— Qu'est-ce que vous voulez que je voie, puisque la porte est presque fermée...
— Regardez par l'entrebâillement... il y a un cadavre qui cale la porte !... »
Une femme de ménage expliquait qu'étant venue, comme tous les jours, à neuf heures du matin, pour faire le fourbi de M. Firmin, elle n'avait pas pu pousser la porte... qu'elle avait passé la tête et qu'elle avait vu un mort par terre... Alors, elle avait crié...
« Peut-être bien un simple ivrogne, » gronda M. Piédebœuf.
Cependant la curiosité l'empoignait, en même temps que l'amour-propre lui faisait comprendre ce que la foule attendait de lui...
Donc, il introduisit entre le panneau et le chambranle un bras d'abord, puis une épaule, puis la moitié du torse... le ventre résistait, étant un peu proéminent... mais l'ancien sous-chef était tenace. Il tira. Il y eut un violent froissement de l'abdomen... puis un han !
Il disparut à l'intérieur. Il était passé.
Et on entendit sa voix puissante qui proférait des jurons retentissants.
Ils étaient motivés par ceci...
(1) Voir Livraison n°4 « Le tueur d'enfants »[Retour]
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