Touche-moi, si tu oses
151 pages
Français

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Description

Fin d'automne dans les Pyrénées ariégeoises... Dans le petit monde des chasseurs d'isard, c'est l'affolement : le meilleur d'entre eux vient d'être mortellement blessé par un tir d'arbalète au cours d'une chasse à l'approche, à deux mille mètres d'altitude. Lorsque deux autres chasseurs de la même société perdent la vie dans des circonstances similaires, les esprits s'échauffent. Quelle est la signification du mystérieux rituel que semble observer le tueur ? Serait-il un nostalgique de Gaston Phébus et de son Livre de la Chasse ? De qui et de quoi cherche-t-il à se venger ? De règlements de compte en méprises, l'enquête criminelle se fourvoie chaque jour davantage. Une peur panique s'empare de ceux que l'on désigne désormais comme des victimes potentielles. A Foix, le château est le théâtre nocturne d'événements ignominieux. Le tueur fascine. Il triomphe et le fait savoir. On décide alors de faire appel à Claudius Renoir, connaisseur de l'âme humaine et des enluminures médiévales. Sur fond d'intrigues locales, celui-ci se voit obligé d'inventer une méthode d'investigation "très originale" pour mettre fin à la menace qui rend folle toute une population.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 juin 2014
Nombre de lectures 28
EAN13 9782365751803
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Pierre-Jean Brassac Touche-moi si tu oses Une enquête de Claudius Renoir
Pour Frédérique & François
Dramatis personae
par ordre alphabétique Dureuil, Aurélie, 38 ans, traductrice, séparée Dureuil, Joëlle, 55 ans, mère d’Aurélie Dureuil, Johnny, 32 ans, mari d’Aurélie, séparé Joseph, Jules, 62 ans, artiste-peintre Larcat, Jo, 42 ans, professeur des écoles, maire Lopez, Gilles, 58 ans, professeur d’histoire au lycée Lopez, Ginette, 52 ans, agent immobilier, maire-adjoint Pons, Michel, 42 ans, inspecteur des Douanes Sarrail, Maxime, 55 ans, pharmacien Van der Kamp, Christa, 38 ans, sans profession Van der Kamp, Hans, 54 ans, éleveur Wharton, Jill, 48 ans, épouse de Maxime Sarrail et l’enquêteur Renoir, Claudius, 61 ans, journaliste, consultant
1
Cet homme, assis sur la terrasse de son manoir, se nomme Jo Larcat. Son visage est en accord avec le paysage d’ici. Brun, les sourcils épais, la prunelle sombre, il porte de fines lunettes d’écaille. Dans quelques instants, quand il se lèvera, on verra qu’il est plutôt bel homme, grand, mince. Un peu nerveux. Chemise à col ouvert et pantalon à carreaux complètent sa silhouette sportive. Descendant de plusieurs générations de bergers ariégeois, il en a perdu la rudesse des traits. Jo Larcat vit ici, en vallée de Lesponne, depuis toujours. Il a mené ses activités professionnelles et associatives depuis ce domaine familial qu’il ne quitterait pour rien au monde, même s’il en a parfois rêvé. Ici, entre Saint-Paul-de-Jarrat et Soula, la nature est généreuse avec l’homme. Du moins en ce qui concerne le plaisir des yeux. Pour les nourritures plus solides, c’est autre chose. La seule vision du mont Fourcat suffit à se libérer de bien des désirs matériels. Ce qui compte ici, ce sont les jeux de la lumière sur les reliefs boisés ou pelés. La nuit venue, Jo aime scruter indéfiniment la voûte céleste. Fou de météorites, il n’a jamais cessé d’espérer qu’une étoile filante finirait un jour dans son parc ou au moins dans le voisinage. Professeur des écoles à Foix, Jo Larcat (ah ! oui, on prononce le t de Larcat comme s’il y avait un « e » : Larcate), engagé politiquement et socialement, se devait de devenir un jour candidat aux élections municipales. Quand il a été sûr de son affaire, il a constitué sa propre liste, a fait un semblant de campagne électorale assaisonnée d’une dose généreuse de manipulations et a tout de suite été élu. Entre pays de Foix et pays d’Olmes, tout ici échappe à l’attraction urbaine. Dans ce monde de hêtres, de résineux, de sources et de roches, les humains sont une exception. Plus nombreux sont les sangliers, les chevreuils, les blaireaux et les lapins qui peuplent le silence des versants ombreux du Plantaurel. Jo Larcat n’est devenu ni berger, comme ses ancêtres, ni transporteur comme son père. Les quarante-cinq camions rutilants n’ont jamais fait battre son cœur plus vite. S’il a eu des émotions, des enthousiasmes et des amours, ceux-ci n’ont jamais eu pour objets ces semi-remorques rouge bordeaux portant le patronyme qu’il écrivait sur ses cahiers d’écolier. Larcat Transports ! Il n’était guère possible de rouler plus de trente kilomètres en Ariège sans rencontrer l’un de ces monstres ronronnant dont la vue, durant son enfance, lui avait causé davantage de déplaisir que de joie. Aux plus belles heures de l’entreprise, plus il y
avait de camions dans l’entreprise et moins il y avait de minutes d’attention paternelle à sa disposition. C’est bien pour cela que, à l’aube de sa puberté, quand on avait commencé à le questionner sur le métier qu’il aimerait faire, il répondait au grand dam de son père par la négative : « Surtout pas transporteur ! » Presque deux décennies, plus tard, Jo Larcat estime qu’il a fait le tour de l’enseignement primaire, que son métier a cessé de lui apporter la satisfaction qui était son lot quotidien au cours des premières années. Aujourd’hui, c’en est fini. Il s’entend chaque jour répéter les mêmes phrases, susciter les mêmes réactions auxquelles il répond d’une manière mille fois apprise, d’où l’inventivité est pour toujours absente. Ces temps-ci, le père de Jo est malade. Le début de la maladie a coïncidé avec le divorce de Jo. Cela, personne n’a osé le souligner. Mais c’est un fait. Le père de Jo aimait beaucoup son ex-épouse. Cette jeune diplômée de pharmacie avait apporté de la bonne humeur au manoir. Son mari ne riait pas et ceux qui l’entouraient s’abstenaient de faire montre de jovialité. Seule riait la petite pharmacienne qui portait le prénom de Paule-Mauricette, en hommage à son ancêtre le général Maurice Paul Emmanuel Sarrail, ancien commandant en chef de l’armée d’Orient. Ils n’avaient pas eu d’enfants. Paule-Mauricette était retournée dans son clan familial, aidant de temps à autre son cousin Maxime à administrer son officine. Jo et elle s’étaient quittés dans l’apathie, la même que celle de leur vie commune. La seule passion qu’ils aient pu partager en douze ans avait été le jeu d’échecs. Paule-Mauricette était devenue une excellente joueuse dès ses premières années à la faculté de pharmacie de Marseille. Jo s’était accroché et, au fil des ans, avait atteint lui aussi un bon niveau permettant de rendre leurs parties intéressantes. – Ce n’est pas un hasard si nos meilleurs moments ont toujours été sous le signe des échecs, lui avait-il dit lors de l’une de leurs ultimes mises au point qui, en fait, n’étaient que des séances de clôture. – Les réussites ne sont pas ma tasse de thé et je déteste les jeux de carte, avait-elle ironisé. Lassé de sa solitude, Jo Larcat s’était mis à courtiser sa première adjointe, Ginette Lopez. Cette dernière se plaisait à lui rester inaccessible sans toutefois le repousser radicalement. – À nos âges, ce sont des enfantillages, Jo. – À nos âges ? Mais je n’ai que quarante-deux ans. – Oui, mais moi j’en ai exactement dix de plus. – Mais justement : un peu de jeunesse…
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