Tu mourras vendredi
39 pages
Français

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Description

Alors que le commissaire Odilon QUENTIN craint, en ce début d’été, d’être en vacances forcées, il est soulagé quand son patron lui demande de mener une enquête, même officieuse, sur le décès d’un homme qui a succombé à une forme du choléra.


S’il est assez rare que cette maladie se déclare de façon isolée, c’est surtout la découverte d’un curieux message dans la poche du défunt qui engendre quelques doutes quant à l’aspect « naturel » de la mort.


Celui-ci consiste en un morceau de papier sur lequel sont collées des lettres découpées dans un journal formant la phrase :




« Tu mourras vendredi ».


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782373475081
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Odilon QUENTIN
* 45 *
TU MOURRAS VENDREDI
Roman policier
par Charles RICHEBOURG
CHAPITRE PREMIER
On tue son prochain dans trois cas bien déterminés : en état de légitime défense pour répondre à la loi impérieuse de la con servation ; à la guerre parce qu'une psychose collective fanatise les esprits ; e t sous l'empire de sentiments si puissants qu'ils abolissent temporairement les réactions de la conscience.
Certains psychiatres vont jusqu'à prétendre que tou s les criminels sans exception sont des malades, et que, dès lors, leur place n'est point en prison, mais dans les asiles. Peut-être l'avenir donnera-t- il raison à ces théories audacieuses ; toutefois, si cette conception devait un jour prévaloir, elle aboutirait sur le plan philosophique à la négation du droit de punir, et, en pratique, elle entraînerait inéluctablement une ref onte complète de nos institutions actuelles de droit pénal.
Ce préambule n'est pas une anticipation ; il démont re que, dans la plupart des cas, sinon dans tous, le criminel subit au mome nt des faits une crise de déséquilibre mental grave, qui le prive du contrôle de ses actes.
C'est ce qui rend souvent délicate la tâche du chro niqueur judiciaire dont le rôle exige avant tout une entière sincérité ; or, c ertains procès d'Assises font apparaître de si monstrueuses aberrations qu'elles défient l'imagination.
Le dossier Gailly en offre un exemple frappant, et d'avance, nous nous excusons auprès du lecteur de lui présenter un meur tre exceptionnel, dont le mobile troublant relève plus de la psychanalyse que de la jurisprudence.
Un mot encore : le rapporteur d'une affaire crimine lle n'est pas un romancier ; nous n'utiliserons donc aucun des procé dés classiques propres aux récits de fiction et nous présenterons les faits su ivant l'ordre chronologique, afin de permettre de suivre pas à pas les progrès de cette singulière enquête.
Le commissaire Odilon Quentin, de la Brigade crimin elle, avait adopté sa position favorite, et il réfléchissait, les pieds p osés sur la tablette de son bureau. Le retour de l'été posait l'annuel problème des vac ances, et sans oser se l'avouer à lui-même, le gros policier cherchait le prétexte qui lui permettrait d'échapper à la corvée d'un repos imposé par la tra dition.
Il n'avait que trop voyagé ces temps derniers : Pav illons-sous-Bois, Sevran, Bonneuil-sur-M arne…(1) et un déplacement supplémentaire, fût-ce dans la proche banlieue, lui était aussi désagréable que l'idée d'une croisière au bout du monde.
Quentin était un sédentaire ; il avait besoin de la poussière de Paris, de l'odeur des paperasses du Quai des Orfèvres ; et c' est avec un indicible soulagement qu'il entendit vibrer le timbre du télé phone intérieur.
Il décrocha aussitôt, reconnaissant à l'autre bout du fil la voix onctueuse de M. Laubespin ; mais au lieu de s'empêtrer dans les périodes fleuries de son éloquence coutumière, le directeur de la Police jud iciaire fit preuve cette fois d'une remarquable concision : il se borna à prier s on collaborateur de venir le trouver.
L'entrevue eut lieu quelques minutes plus tard, et après avoir épuisé les banalités d'usage, le grand sachem entra dans le vi f de son sujet :
— Je viens de recevoir une lettre qui me laisse rêv eur, pontifia-t-il en esquissant un geste bénisseur ; elle porte la signa ture d'un médecin éminent, le docteur Bertrand, spécialisé depuis de longues anné es dans le traitement des affections tropicales. L'illustre personnalité de c e praticien de réputation mondiale exclut toute possibilité d'erreur ou de my stification, dès lors, je me demande quelle suite il convient de réserver à ses révélations.
Le commissaire était habitué à des exordes de ce ge nre, et il se borna à approuver d'un signe de tête, sans desserrer les de nts :
— En deux mots, poursuivit l'orateur, mon correspon dant me signale les circonstances étranges qui ont entouré, samedi dern ier, le décès d'un nommé Norbert Gailly.
— Empoisonnement ?
— Non ; l'intéressé est mort du choléra morbus.
— Si le praticien nourrissait un doute quelconque, pourquoi n'a-t-il pas fait part de ses appréhensions au médecin légiste ?
— Voilà justement où se situe le nœud du problème ! déclama le directeur de la P. J. avec emphase. Aucune incertitude ne sub siste quant à la cause du décès, et le médecin de l'administration a contresi gné le permis d'inhumer.
— S'il en est ainsi, je ne vois guère en quoi cette affaire peut nous intéresser !
— Vous allez comprendre. D'une part, il est extrême ment rare que le choléra se présente isolément ; de l'autre, l'infirmière ch argée de rassembler les vêtements du défunt a découvertcecidans la poche latérale du veston.
« Ceci », c'était une feuille de papier quadrillé d étachée d'un bloc-notes, sur laquelle on avait collé des lettres découpées dans les colonnes d'un journal. Le message ainsi composé ne comportait que trois mots, mais trois mots lourds d'une menaçante signification :« Tu mourras vendredi... »
— Ne m'avez-vous pas dit il y a un instant que le p atient avait succombé un samedi ? observa le gros policier.
— Certes ; le samedi 19 juillet, vers cinq heures d u matin, pour être précis. Toutefois, les premiers symptômes de la maladie se sont manifestés la veille,
dans le courant de la soirée.
— Tout cela me paraît bien romanesque, grommela Que ntin vaguement ironique ; d'autant plus que la tragédie que vous s emblez entrevoir suppose un certain nombre de postulats difficilement admissibl es.
— Lesquels, par exemple ?
Primo,homicides ; dumeurtrier prévient la victime de ses intentions  le même coup, il établit la preuve formelle de sa prém éditation et cette fanfaronnade risque de l'envoyer à l'échafaud ; 2 ° il commet une erreur de date en établissant son macabre pronostic ; enfin 3 °, i l choisit une arme à double tranchant : théoriquement...
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