Une fille, ça ne pleure pas
133 pages
Français

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Une fille, ça ne pleure pas , livre ebook

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Description

Une famille et ses invités se retrouvent à la merci d’une tempête de verglas qui s’abat sur la maison ancestrale de la campagne lanaudoise.
La situation se complique à un moment crucial pour ces gens qui ne s’aiment plus et dont les problèmes personnels influent sur des relations déjà tendues.
Chacun tente de ne pas s’alarmer sous la pression de l’atmosphère stressante, alourdie par les souvenirs cruels du passé.
Tous s’efforcent de dissimuler leurs véritables sentiments.
Mais un événement fortuit va déclencher une réaction imprévisible qui entraînera le meurtre de l’un d’eux.
Où se dissimule le meurtrier dans cette résidence éloignée que personne ne peut fuir à cause de la glace qui rend tout départ impossible ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 janvier 2011
Nombre de lectures 17
EAN13 9782923447353
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

UNE FILLE, ÇA NE PLEURE PAS

Photographie de la couverture Claude Daigneault
Photographie de la 4ième de couverture Diane Létourneau
Infographie Pyxis

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Daigneault, Claude-1942
Une fille, ça ne pleure pas: roman 2e édition
ISBN 978-2-923447-34-6
I. Titre.
PS8557.A445F54 2010b C843’.54 C2010-942568-5 PS9557.A445F54 2010b
Dépôt légal
- Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2010 - Bibliothèque nationale du Canada, 2010

Éditions la Caboche Téléphone: 450 714-4037 Courriel: info@editionslacaboche.qc.ca www.editionslacaboche.qc.ca

Toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.
Du même auteur
Mosaïques Poèmes dans un recueil collectif Épuisé
Aux Éditions Logiques
Ne riez pas, ça pourrait être votre voisin Réflexions humoristiques 1993
Ne riez pas, votre voisin est devenu fou Réflexions humoristiques 1993
Ne riez pas, votre voisin a le SPM * ( * Le syndrome du petit minus) Réflexions humoristiques 1994
Les Frincekanoks Roman d’anticipation 1994
Noëls, autos et cantiques Contes 1995
La Grande Encyclopédie de la bêtise, de l’ânerie, de la bizarrerie, de l’ineptie, de l’absurdité, de l’insanité et de la sottise Réflexions humoristiques 1996
L’enfant qui rêvait d’être un arbre Roman 1998 Sélectionné pour le concours « À la découverte du Québec » du Salon du Livre de Paris en mars 1999
Aux Éditions de la Noraye
Petite vengeance deviendra grande Nouvelles humoristiques 2006 Finaliste du Prix IGénie 2008 pour le meilleur livre autoédité
Le culte des déesses Roman 2009
Merci à Micheline Bouchard, Lise Lessard et Pierre Lévesque pour leurs avis et révisions
1
L’air humide et glacial de l’entrepôt désaffecté avait des relents de combustible diesel et de carton pourri.
Un homme, vêtu d’un pyjama aux motifs d’oursons, sortit d’un recoin d’un mur de briques.
Ses pas hésitants dans ses bottillons dénoués, le menèrent jusqu’à sur une vieille porte en bois posée sur des tréteaux. Près de cette table improvisée, luisait le serpentin rougi d’un radiateur électrique.
Une poupée gonflable, attifée de sous-vêtements noirs rudimentaires, y était allongée. Ses jambes affectaient la position de spread eagle pour accueillir un sexe masculin dans une imitation de vagin.
Des transes momentanées agitaient l’homme. Ses yeux brillaient d’une intense convoitise, accrue par le tressautement des flammes d’une dizaine de lampions disposés sur deux barils vides derrière la tête de la poupée.
L’entrepôt baignait dans la pénombre, accentuée par la lueur du ciel gris qu’on devinait à travers les carreaux aux vitres fendillées et ternies par une abondante couche de poussière.
Une voix féminine s’éleva dans son dos.
— Qu’est-ce que tu attends? Tu m’as pourtant dit qu’elle t’a beaucoup humilié?
Il sursauta et avança de quelques pas vers la table, des pas de visiteur mal à l’aise, comme s’il se trouvait devant la dépouille d’un être cher au salon funéraire. Il se figea. Sa main droite tenait mollement une imitation de martinet à neuf rubans noirs décorés de petites billes en verre bleu aux extrémités.
— Regarde son visage. Elle sourit toujours. Elle se moque de toi. C’est une salope. Une écœurante qui ne mérite pas de vivre.
Deux petits pas, puis l’immobilité. L’homme se trouvait maintenant à proximité de la poupée gonflable. Une main gracile surgit de l’ombre et déposa une photo sur le visage grossier de la poupée. La photo en couleurs avait été découpée dans un magazine et représentait une actrice française jadis célèbre, au sourire méprisant.
Deux mains agiles pressèrent les rubans gommés sur le visage. La fascination de l’homme était totale.
Un léger mouvement de la main fit bouger le chat à neuf queues. Un petit magnétophone à piles se mit en marche et la voix aigrelette de Lucienne Boyer s’éleva:
— Parlez-moi d’amour ,
Redites-moi des choses tendres…
Votre beau discours ,
Mon cœur n’est pas las de l’entendre…
Un frémissement parcourut le visage de l’homme. Il abattit un timide coup de fouet sur la poupée, produisant un bruit de tambourin insolite.
Trois ou quatre coups plus vifs furent suivis d’une volée de coups de plus en plus violents sur les seins et la vulve rudimentaires.
En proie à une frénésie qui le faisait ahaner, l’homme s’acharna alors sur la photo en papier qui se lacéra en quelques secondes.
La main féminine pressa son épaule gauche.
— Garde tes forces…
Sa respiration haletante rappelait un gémissement de plaisir.
La voix de Lucienne Boyer se faisait suppliante.
— Pourvu que toujours ,
Vous répétiez ces mots suprêmes:
Je vous ai-ai-aimeeee…
Les deux mains féminines baissèrent le pantalon du pyjama. Les yeux de l’homme s’étaient agrandis sous l’effet de la tension.
Il s’installa maladroitement sur la poupée. La femme dut l’aider à introduire son sexe en érection dans la grossière imitation de vulve. Elle eut l’impression d’aider un cheval à éjaculer dans un récipient pour la reproduction. L’homme s’activa à peine avant d’atteindre l’orgasme.
Il tremblait de tout son corps en se remettant sur pied. Il gémit et poussa un hurlement féroce. Les coups de martinet s’abattirent à plusieurs reprises sur la poupée, qui se troua en laissant échapper un sifflement de ballon crevé. La voix calme de la femme couvrit le long pet ironique.
— Ça suffit… Elle a son compte. Viens te rhabiller.
Docilement, l’homme essoufflé suivit l’escorte jusqu’à un vieux sofa délabré où ses vêtements avaient été jetés pêle-mêle.
Vicky le regardait se vêtir. Il surprit son regard et lui tourna le dos. Elle dit d’une voix neutre:
— Vous savez, pour le prix, vous pouvez aussi me baiser…
Il hocha la tête sans rien dire, serra la ceinture de son pantalon et plongea la main dans une poche pour en sortir une enveloppe froissée qu’il lui remit.
Vicky l’ouvrit, compta les billets, siffla et lui sourit.
— Merci pour le petit supplément. Ça va permettre de remplacer la poupée. Même heure même poste la semaine prochaine?
En guise de réponse, l’homme plaça sa main contre son oreille, l’auriculaire et l’index étendus pour signifier qu’il allait lui téléphoner.
— D’accord.
Le visiteur sortit sans la saluer.
Une fois seule, elle hocha la tête, un sourire las sur ses lèvres trop maquillées.
— Courage Vicky… Dans quelques mois, ça sera du passé.
Elle arrêta le magnétophone sans considération pour Lucienne Boyer qui susurrait « Je vous ai-ai-aimeeeee » et retira ses vêtements de travail, les fourra sans ménagement dans un sac en toile beige et revêtit un pantalon sobre et un chandail assorti. Après avoir enfermé son matériel à clé dans une remise poussiéreuse, elle quitta l’entrepôt abandonné en jetant un coup d’œil à sa montre, grimaça et courut jusqu’à sa petite voiture grignotée par la rouille.

Assise dans une salle de cours de I’UQÀM, Vicky écoutait attentivement son professeur préféré discourir sur la conception d’André Gide de la ferveur humaine dans Les Nourritures terrestres.
Le vieil intellectuel semblait ne pas apercevoir les bancs vides ni les bâillements de quelques étudiants. Il était tout à la joie de parler du style évocateur de Gide, de son homosexualité, de sa franchise, son honnêteté, son goût d’être naturel. Ces paroles atteignaient personnellement Vicky.
— J’ai quelque chose à vous faire entendre, dit le professeur en exhibant un tourne-disque portable qui devait bien avoir une quarantaine d’années.
De son porte-document, il sortit une pochette brune défraîchie dont il extirpa un microsillon. Certains élèves souriaient avec commisération. Mais lorsque la voix de l’immortel Gérard Philippe s’éleva dans un chuintement de disque rayé par trop d’heures d’écoute, le silence se fit.
Vicky fut à tel point sous le charme, qu’elle ne se rendit compte de la fin du cours qu’en voyant d’autres étudiants se lever au moment où le prof disait:
— Pour votre prochain travail, vous auriez avantage à fonder votre réflexion sur une citation de Gide, quelle qu’elle soit, pour développer un argumentaire favorable ou non à sa pensée… En somme, essayez de démontrer qu’il a tort. Ça vous initiera au raisonnement.
Elle s’accorda quelques secondes pour relire cette brève phrase des Nourritures qu’elle avait déjà soulignée à la lecture:
« Le présent serait plein de tous les avenirs, si le passé n’y projetait déjà une histoire. »
Encore sous le coup de l’émotion, elle ramassa ses notes de cours et ses livres, les enfourna dans un sac à dos et suivit les quelques élèves qui quittaient la salle à pas lents.
Elle se sentit observée et tourna la tête d’un geste brusque.
Un étudiant au début de la vingtaine, qu’elle avait remarqué quelques fois à l’arrière de la classe, lui souriait, avec cet air fat qui caractérise les hommes sûrs de leur pouvoir sur les femmes. Elle ne lui rendit pas son sourire, mais il murmura tout de même:
— Je peux porter ton sac?
Vicky rétorqua aussitôt:
— J’ai déjà vu mieux comme drague. On me l’a déjà faite au primaire celle-là. Quand j’aurai besoin d’un enfant de maternelle, je te le ferai savoir.
Sans se laisser démonter, l’autre ajouta:
— Je peux t’offrir un café alors?
— Je ne bois de café qu’avec les gens que je connais. Et je n’ai aucunement l’intention de te connaître. Salut.
Elle hâta le pas pour se débarrasser de l’encombrant personnage dont elle entendit tout de même le persiflage:
— Maudite féministe…
Vicky sourit en poussant la porte de verre qui donnait sur le boulevard de Maisonneuve.
De brèves bourrasques faisaient tourbillonner des flocons de neige.
La citation de Gide résonnait encore dans sa tête.
2
La voiture d’Hervé Simard s’engagea dans le stationnement souterrain sous le Centre des congrès de Québec et roula lentement dans le dédale des allées lugubres. Après de nombreux faux espoirs, il finit par dénicher un espace

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