À l enseigne du « Gai Pendu »
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Français

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À l'enseigne du « Gai Pendu » , livre ebook

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Description

À l’enseigne du « Gai Pendu », un crime a été commis. Le tenancier a été retrouvé dans sa chambre, abattu d’une balle dans le cœur. La fenêtre brisée laisse penser que le tir est venu de l’extérieur.


Serait-ce une terrible malédiction qui frappe l’établissement ? En effet, dix ans auparavant, l’ancien propriétaire avait tenté de s’y pendre, mais n’avait réussi qu’à faire périr sa femme acariâtre d’une attaque cardiaque quand elle l’avait découvert se balançant au bout d’une corde avant qu’elle casse et qu’il s’en sorte indemne.


Le commissaire MARCASSIN et son ami américain, le détective Gordon PERIWINKLE alias OLD JEEP, dînant chez un comte voisin de l’auberge, vont rapidement se charger d’une affaire qui va se révéler à la fois plus simple et plus complexe qu’il y paraît...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782373474220
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

OLDJEEP et MARCASSIN - 4 -
ÀL 'ENS EIGNE DU « GAIP ENDU »
De Marcel PRIOLLET
I
Non, vraiment non, les deux convives ne soupçonnaie nt pas que la soirée se terminerait de pareille façon !
Tout, jusqu'ici, s'était déroulé très normalement. M. de La Trillères et sa femme avaient réservé à leurs hôtes l'accueil le pl us empressé. Le dîner avait été réussi et arrosé de quelques bons crus, notamme nt d'un Montrachel fruité à souhait. On avait beaucoup parlé. M. de La Trillère s surtout. Et l'on venait de passer au salon pour le café et les liqueurs.
— Vous fumerez bien un cigare, messieurs ? J'ai enc ore quelques havanes d'avant-guerre...
Le maître de la maison s'était dirigé vers la porte qui communiquait avec son cabinet de travail.
Et c'est à ce moment que le valet de chambre, le mê me qui avait assuré le service de table, était apparu et avait adressé au comte un appel discret.
Que lui avait-il chuchoté à l'oreille ? On ne savai t... Toujours est-il que M. de La Trillères avait témoigné d'une vive surprise, vo ire même d'un peu d'émoi.
— Excusez-moi, messieurs...
Il avait disparu à la suite du serviteur.
me M de La Trillères, elle, prenait la chose en riant. C'était une femme d'une quarantaine d'années qui avait dû être assez jolie. Mais elle ne tentait aucun effort pour prolonger les dons de la jeunesse. Sa m ise était simple, austère presque. Aucun artifice de coquetterie. Des cheveux ternes, et pas le moindre soupçon de poudre.
— Pardonnez à Gilles ! dit-elle. Il vous offre des cigares et il oublie de vous les donner. Je vais les chercher.
Restés seuls, les deux invités croisèrent leurs reg ards.
— Vous, dit l'un, vous me paierez cela !
Et comme l'autre semblait s'étonner de cette menace :
— Oui, vous me paierez ces deux mortelles heures qu e je viens de perdre ici. Sinistre, cette maison ! L'ennui y suinte de t outes parts. Et ce La Trillères, ce comte Gilles de La Trillères, nous a-t-il assez ras é avec ses histoires ! Il a fallu que nous connaissions, de A jusqu'à Z, ses démêlés avec le bistrot voisin. Non ! mais qu'est-ce que ça peut nous faire, à nous, que le dénommé Potrelle empoisonne les jours de môssieu le comte, qu'il s'o bstine à déposer ses ordures
le long de la propriété de môssieu le comte et que sa clientèle ne soit pas au goût de môssieu le comte ?
— Nous avons fort bien dîné...
— D'accord ! Mais...
— Et remarquez que je ne pouvais pas refuser cette invitation. Mon père et le père de Gilles de La Trillères ont été liés, jad is, à Montgomery, où le défunt comte occupait le poste d'agent consulaire.
— Il fallait venir seul. On ne fait pas de ces blag ues-là à un ami.
— Dans sa lettre, M. de La Trillères insistait pour que je vous amène avec moi. Il brûlait du désir de vous connaître...
— Il brûlait surtout du désir, comme vous dites, de m'intéresser à ce Potrelle, qu'il voudrait voir à tous les diables et qu'il considère comme un gredin capable des pires méfaits. Comme si j'y pouvais que lque chose, moi ! D'abord, quand on est le comte de La Trillères, on n'habite pas cette lugubre banlieue. Vous avez vu ça, en venant ? Des lotissements, des baraques en planches, des cabanes à lapins...
— Le Gris-Mesnil, où nous nous trouvons en ce momen t, existait au temps où c'était ici la pleine campagne. La Trillères vou s l'a expliqué. C'est un domaine familial auquel il reste très attaché...
— Eh bien ! qu'il y reste ! Pour ma part, à la prem ière occasion, je me trotte... Ce décor de tristesse ne vaut rien pour m a digestion. Et cette musique... Vous entendez cette musique ? On dirait les miaulem ents d'un chat. On ne peut donc pas la faire taire ?
L'autre rit et dit :
— Vous n'avez tout de même pas la prétention d'empê cher qu'une fête foraine soit installée à cent mètres d'ici ?
me M de La Trillères réapparaissait.
— Je vous demande bien pardon... J'ai eu toutes les peines du monde à mettre la main sur les cigares. Mon mari les cache, à cause de Raoul, notre valet de chambre, qui en est grand amateur, lui aus si. Je vous en prie, messieurs... choisissez les plus secs. Il fait si h umide, dans cette vieille demeure...
Un seul des deux invités accepta le cigare. Le seco nd déclara :
— Je préfère rouler une cigarette, si vous le perme ttez...
— À votre aise... Mais que fait donc Gilles ?
La comtesse n'eut pas à exprimer longtemps un étonn ement teinté d'un peu
d'inquiétude. M. de La Trillères fut bientôt de retour.
Un œil observateur eût pu remarquer qu'il rapportai t avec lui une évidente satisfaction. Son visage, assez bien sculpté, mais ordinairement pâle et masqué d'une incurable tristesse, était coloré et détendu. Un peu de vie passait dans son regard tout à l'heure morne. Et sa voix, qu'on avai t tant entendue, cessait d'être monocorde. Il s'y cachait comme un accent de triomp he.
— Qu'est-ce que je vous disais, messieurs ?... Ah ! il s'en passe de belles, chez Potrelle !
Sûr de son effet, il ajouta :
— Un homme vient d'y être assassiné !
L'effet escompté se produisit, tout au moins sur de ux des auditeurs. Tandis me que M de La Trillères, vraiment effrayée et avide de plu s amples éclaircissements, se précipitait vers son mari, le plus jeune des invités — un homme d'environ trente-cinq ans, grand et élancé, t rès élégant — ne dissimulait pas qu'il était prodigieusement intéressé.
L'autre, le fumeur de cigarettes, se contenta de grommeler :
— Un crime ? Un crime à notre barbe et à notre nez ?... C'est un peu vexant !
Cependant, M. de La Trillères s'empressait d'aller au-devant des questions.
— Je ne connais pas encore les détails... C'est mon domestique qui a cru bon de me prévenir. Il a su la chose par Potrelle l ui-même, lequel est venu lui demander la permission de se servir de notre téléph one pour alerter la gendarmerie. J'ai autorisé, bien entendu... J'ai éc outé ce que disait Potrelle. La victime serait le propriétaire de son établissement , un certain Constant Germain, qui, avec sa femme, occupait une chambre du premier étage. Je connais vaguement l'histoire de ces gens... Enfin, l'homme est mort ! C'est à peu près tout ce que j'ai pu démêler. Mais j'ai pensé que le hasard faisait bien les choses...
Une voix sarcastique interrompit le comte.
— Le hasard fait bien les choses... sauf pour l'ass assiné !
M. de La Trillères poursuivait :
— Le hasard fait bien les choses, oui, puisqu'il a rassemblé ce soir, à proximité même du lieu d'un crime, deux policiers q ui ne vont pas manquer de découvrir le criminel. Celui-ci ignorait certaineme nt pareille conjoncture.
Il y eut un court silence. Puis la même voix que pr écédemment, tombant d'une lèvre maussade, demanda :
— Ça vous intéresse, Old Jeep ?
— Si ça m'intéresse ? Dites que cela me passionne, mon cher Marcassin !
— Alors... allez-y ! Vous me raconterez... En vous attendant, je reprends un verre de fine.
Old Jeep et Marcassin ! C'étaient bien eux. C'était le célèbre détective américain chargé de mission en France qui, pour rép ondre à l'invitation du comte de La Trillères, s'était fait accompagner du non moins célèbre Marcassin, de la Police Judiciaire.
Ils avaient quitté Paris un peu avant sept heures, et la grosse Chrysler que pilotait Gordon Periwinkle — c'était là son vrai no m — n'avait pas tardé à les déposer à la grille du Gris-Mesnil. Ils avaient été frappés par l'aspect vétuste qu'offrait cette gentilhommière, bâtie à la fin du dix-huitième siècle et nichée dans un îlot de verdure que des pelouses et des tai llis prolongeaient, en pentes assez raides, jusqu'au chemin de halage de la Marne . Alentour, comme l'avait observé Marcassin, c'était un paysage de pauvreté e t de désolation. L'endroit s'appelait les Trois-Routes. Il chevauchait la limi te des communes de Champigny et de Bry-sur-Marne. Il y avait là, outre le Gris-Mesnil, une demi-douzaine de maisons dont la plus importante, sans c onteste, était l'établissement tenu par Paulin Potrelle, l'Ami Pau lin, comme on disait.
On ne pouvait guère le décorer du nom d'hôtel, bien que le premier étage donnât asile à quelques chambres, louées le plus so uvent à des couples de passage. Le rez-de-chaussée comportait un estaminet où l'on servait à boire et à manger, principalement à boire. La clientèle — M. de La Trillères s'en était amèrement plaint — n'était pas toujours des plus ch oisies. Enfin, pour comble de disgrâce, semblait-il, la maison portait pour en seigne :Au Gai Pendu.
Pourquoi cette enseigne, d'un humour assez macabre ?
Le comte, jusqu'ici, avait négligé de fournir la mo indre explication à ce sujet. Il s'en était pris surtout, tout au long du repas, au patron, à ce Paulin Potrelle, avec qui il entretenait les plus désagréables relat ions. Mais maintenant que Gordon Periwinkle venait de se retirer pour cherche r à savoir ce qui s'était passé au juste, le propriétaire du Gris-Mesnil, très éner vé, renseignait abondamment l'autre policier. Son apparent dessein était de l'intéresser à l'affaire, à tout prix.
— Monsieur le commissaire, il faut que vous sachiez dans quelles circonstances Potrelle a acquis ce fonds. Il n'est d'ailleurs que le locataire de la maison, je crois vous l'avoir dit ! Et celle-ci a u ne histoire, une histoire que les gens du pays vous raconteraient aussi bien que moi...
— Mais puisque vous me tenez !... glissa ironiqueme nt Marcassin, en roulant une nouvelle cigarette.
— Ce mauvais lieu, ce bouge, a été exploité pendant de longues années par les époux Ravigou. C'était un ménage impossible. Th érèse, la femme, emportée
et tyrannique, menait la vie dure au pauvre Ravigou . D'aucuns affirment même qu'elle le battait...
Le comte, qui était venu s'asseoir auprès du commis saire, continua à présenter l'étrange couple.
— Ravigou, à son propre foyer, endura de la sorte u n véritable martyre. Un jour vint, néanmoins, où il fut las des sévices de la virago. Il eût pu demander le divorce. Mais il savait bien que Thérèse ne lâchera it pas sa victime pour si peu. Décidé à en finir, Ravigou pensa donc trouver un re fuge dans la mort.
« Un beau soir, alors qu'au rez-de-chaussée de la m aison Thérèse était occupée à servir à boire à des rouliers, son infortuné mari monta subrepticement dans une chambre du premier étage. Cette chambre présentait la particularité de disposer d'un gros piton, au milieu du plafond, un piton qui avait dû servir autrefois à accrocher quelque suspension. Ravigou, qui avait mûri son projet, était muni d'une vieille corde. Il grimpa sur une c haise, assujettit la corde au piton, fit un nœud coulant à l'autre extrémité et y passa le cou. Tout étant prêt, le désespéré donna un grand coup de pied dans la chais e et se retrouva bel et bien pendu...
« Mais pendant ce temps, en bas, d'autres clients a vaient surgi. Thérèse était débordée. Et son homme, son esclave, qui oubl iait d'être là pour...
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