"Allez directement à la case Départ" suivi de L arbre qui cachait la forêt et Mauvaise blague
18 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

"Allez directement à la case Départ" suivi de L'arbre qui cachait la forêt et Mauvaise blague , livre ebook

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18 pages
Français

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Description


Les petits polars : une collection de nouvelles policières pleines de suspense et d'humour noir, à télécharger où et quand vous le souhaitez.
5 à 15 minutes de lecture.


3 nouvelles policières :

"Allez directement à la case Départ"

Mme Acart ne veut pas quitter son domicile ni surtout son chat, Moustache. Elle sait qu'elle doit être prudente si elle ne veut pas être envoyée, pour son bien, en maison de retraite. Mais quand le sort s'acharne...

L'arbre qui cachait la forêt

Double meurtre dans le comté d'Ottawa. L'enquête du shérif lupton lui réserve de bien dérangeantes surprises...

Mauvaise blague

Les mamans inquiètes manquent cruellement d'ingénuité.





Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 septembre 2013
Nombre de lectures 30
EAN13 9782823808247
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

couverture
Sophie Loubière

« Allez directement à la case Départ »
suivi de
L’arbre qui cachait la forêt
et
Mauvaise blague

images

« Allez directement à la case DÉPART »

Dans un tourbillon léger, les cerisiers du Japon lançaient sur son passage mille pétales roses. Le trottoir se couvrait de ce velours et il semblait à Huguette que le printemps lui fêtait ses noces. Elle avançait à pas mesurés, son sac à main serré sous le coude. Ses chaussures neuves, en cuir et textile élastiqué avec semelle spéciale voûte plantaire, mordillaient ses pieds comme de jeunes chiots. La pharmacie de Monsieur Brignon – la seule à proposer des baies de goji en vrac – se situait à trois cents mètres de son domicile, avenue Détouche. Elle supporterait bien ce petit agacement jusqu’au retour. Sa robe, un imprimée stylisé en polyester et poil de lapin, soulignait sa taille d’une ceinture assortie. La sensation du tissu était délectable sur sa peau : elle n’était pas sortie de chez elle depuis des semaines et la brise tiède qui frôlait ses mi-bas ravivait des souvenirs de jeunesse, comme lorsqu’elle allait à pied à l’école communale en jupette marine et chaussures blanches à boucles, comptant les chatons d’or aux bouleaux argentés. Elle leva les yeux, huma l’air au parfum sucré que dégageaient les jardins aux alentours. Lorsque son pied droit buta contre l’obstacle, son corps se raidit, formant comme une anse à un panier. Elle bascula en vrille sur le sol par-dessus la plaque d’égout mal ajustée. Sa première pensée fut pour son médecin, le docteur Martin. Elle était tombée deux fois l’année dernière : une glissade sur une flaque d’eau dans le couloir de la résidence où elle logeait (cet abruti de gardien avait fait déborder l’eau des coupelles des plantes grasses sous les boîtes aux lettres), puis, une autre chute dans sa cuisine, en voulant éviter la gamelle du chat.« Madame Acard, vous ne pouvez plus rester seule chez vous. Si vous tombez encore une fois, vous allez vous retrouver en chaise roulante. » Elle avait promis d’être prudente. Elle avait juré de faire bien attention où elle mettait les pieds.

– Madame ? Madame ?

Huguette laissa échapper un râle.

– Madame ? Vous m’entendez ?

Un soleil aveuglant l’empêchait de distinguer le visage de la femme penchée sur elle. Étendue sur le trottoir dans une position indécente, la robe relevée sur les cuisses, Huguette décolla sa tête du sol. La douleur irradiait en elle comme une mauvaise onde.

– Ne bougez pas, Madame. Vous avez une plaie ouverte à la tête.

– Oh, Mon Dieu ! balbutia Huguette, qu’est-ce que j’ai fait ?….

– Il faut que vous restiez allongée. Vous avez mal quelque part ?

– C’est mon bras.

Elle sentit une main se poser sur son épaule, une autre sur sa hanche. Doucement, on la plaçait en position latérale.

– J’appelle les secours.

Huguette s’agrippa à la jeune femme dont elle distinguait à présent la figure : la trentaine rondouillette, tee-shirt et pantalon de jogging, elle avait le teint hâlé, un nez fin et des yeux d’un bleu saisissant comme jadis son fils aîné, avant qu’il ne se mette à boire.

– Ne faites pas ça, gémit-elle.

– Pardon ?

– Je vous en prie, n’appelez pas les pompiers sinon je ne reverrai plus Moustache !

– De quoi parlez-vous ?

Accroupie à côté d’elle, la joggeuse tenait déjà son portable contre l’oreille. Huguette serra plus fort son bras.

– Moustache, c’est mon chat. Le docteur Martin, il a dit qu’il me placerait en maison de retraite si je tombais encore !

Ses pupilles se dilataient, les iris émeraude d’Huguette s’agitaient dans les orbites.

– Je ne veux pas y aller! Je veux rester chez moi, chez moi ! Vous comprenez ?

La jeune femme demeurait immobile. Sa bouche se tordit dans un soupir.

– Je comprends, madame. Allô ?… Il vient d’y avoir un accident…

– Non, je vous en prie, non !

La joggeuse communiquait maintenant le numéro de la rue aux pompiers. Le désespoir envahit Huguette. Elle laissa sa tête retomber sur le bitume souillé de sang. Sa voix se brisa dans un sanglot.

– Ma vie est fichue, fichue !

– Calmez-vous, madame, tout va bien se passer.

La joggeuse s’était approchée de son oreille et lui caressait la joue.

–  Comment vous appelez vous ?

– Huguette… Huguette Acard.

– Moi, c’est Amina. Et où habitez-vous, Huguette ?

– Allée des Camélias.

– Quel numéro ?

Les jambes de la vieille dame étaient secouées de spasmes.

– … 6, entrée 6.

– Très bien.

Amina s’empara du sac à main d’Huguette, puis, après avoir balayé la rue du regard, d’un coup sec, elle en arracha la lanière.

– Mais, qu’est-ce que vous faites ?

La joggeuse éparpilla le contenu du sac sur le sol et ramassa le portefeuille.

– Votre carte de sécurité sociale, elle est dedans ?

Huguette indiqua faiblement du menton une pochette bleue plastifiée tombée dans le caniveau.

– Elle est là, avec l’ordonnance.

– Parfait. Vous n’avez rien vu.

Amina empocha le portefeuille.

– … Âge, taille, couleur de peau, vous ne vous souvenez de rien, compris ?

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