Bagarre autour d un cercueil
40 pages
Français

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Bagarre autour d'un cercueil , livre ebook

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Description

Léon Lecointe meurt d’une congestion cérébrale. Son frère, Alcide, est emporté, cinq jours plus tard, par une embolie.


Quand Prosper, le cadet de la fratrie, est retrouvé, la semaine suivante, assassiné d’une balle dans la nuque, le commissaire Odilon QUENTIN, chargé de l’affaire, n’est pas loin d’imaginer qu’un quelconque Lecointe cherche à se débarrasser d’héritiers gênants. N’a-t-on pas entendu toute la famille se chicaner à l’enterrement de Léon pour une histoire de « trésor » qui ferait partie de la succession ?


Mais l’enquête du policier va déterrer de terribles secrets et démontrer que chaque membre de la tribu Lecointe a un cadavre caché dans son placard...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782373474381
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Odilon QUENTIN
* 40 *
BAGARRE AUTOUR D’UN CERCUEIL
Roman policier
par Charles RICHEBOURG
CHAPITRE PREMIER
Le cercueil était posé sur la table de la salle à m anger transformée en chapelle ardente, au milieu d'un décor de tentures noires semées de larmes d'argent, et de couronnes mortuaires barrées de lar ges rubans moirés, d'un mauve agressif.
Dans la pièce flottait l'odeur fade inséparable des enterrements : parfum de fleurs qui se fanent lentement parmi des souvenirs de désinfectants ; mais insensibles à cette atmosphère macabre qui leur éta it familière, les deux employés des pompes funèbres s'affairaient, accompl issant leur lugubre besogne avec des gestes méthodiques d'ouvriers qual ifiés.
— N'oublie pas les pyramides de cierges ! chuchota Germinal Pirson à l'usage de son collègue, un Auvergnat noiraud, à la trogne enluminée.
— Pas la peine de parler si bas ! observa l'interpe llé en haussant les épaules. Écoute plutôt le foin qu'ils font dans la cuisine !
C'était l'exacte vérité : en dépit des portes hermé tiquement closes, les échos d'une conversation animée parvenaient avec une sing ulière netteté jusque dans la pièce où le mort attendait sans impatience le mo ment d'entreprendre son ultime voyage :
— En tous cas, moi, j'exige la collection de timbre s-poste !
— Moi, je veux le buffet Henry II ; à titre de souv enir bien entendu, car il ne représente aucune valeur marchande. Léon l'a hérité de la tante Sidonie, or...
— Et ma pomme, qu'est-ce que vous en faites ?... C' est-y que j'suis l'aîné, oui ou non ?...
Le ton belliqueux de ces revendications dépassait l e diapason d'une discussion normale ; ce n'était pas encore une disp ute, mais on sentait qu'il suffirait de la moindre étincelle pour mettre le fe u aux poudres. Heureusement, une voix aussi acide qu'un filet de vinaigre se cha rgea d'apaiser les esprits en ouvrant sur la succession des perspectives ensoleil lées :
— Comment peut-on s'arrêter à des stupidités pareil les, alors que le trésor du vieux était déjà évalué à plus de cinquante mill ions longtemps avant la guerre !
Eugène Serpolet en eut le souffle coupé, et c'est d 'une main étrangement respectueuse qu'il déposa sur un guéridon le platea u argenté destiné à recevoir les cartes de visite des amis qui viendraient rendr e un dernier hommage au défunt :
— Peste ! murmura-t-il après avoir modulé un discre t sifflement d'admiration.
Il était si riche que ça, le père Lecointe ?
— Bien plus encore ! déclara Germinal Pirson en éba uchant un geste évocateur des richesses fabuleuses de Golconde. C'e st d'ailleurs pour ça que ses héritiers se sont fendus d'une « première class e » !
— Comment Léon Lecointe a-t-il gagné cette énorme fortune ?
— Il était prospecteur en Afrique, vers la fin du s iècle dernier, à l'époque héroïque où les nègres se nourrissaient exclusiveme nt de chair humaine !
— Je commence à comprendre : le zèbre a découvert d es filons d'or et des diamants gros comme le poing !
— Tu n'y es pas : il n'a rien trouvé du tout et il est rentré de ses expéditions, fauché comme les blés !
— Alors, comment a-t-il ramassé tant d'oseille ?
— Au cours de ses innombrables déplacements à trave rs la brousse équatoriale, Lecointe a sauvé la vie d'un géologue, un certain Balthazar Tournesol. Des services pareils, ça s'oub lie difficilement ; les deux hommes se sont séparés puis perdus de vue ; mais vi ngt ans plus tard... Tu les entends gueuler ?... « Cocu magnifique », qu'il a d it, le type à la grosse voix !
— T'occupe pas et continue ton histoire !
— Vingt ans plus tard, v'là donc l'Tournesol qui ra pplique à Paname avec des sacs de pépites de quoi charger un dix tonnes, et des pierres précieuses plein ses valises.
— Il y en a tout de même qui ont de la veine !
— Ici encore tu te fous le doigt dans l'œil : le bo n Balthazar est riche comme Crésus, je l'admets, mais de longs séjours dans le bled ont fortement ébranlé sa santé : hématurie, fièvre paludéenne, maladie du so mmeil... tout le tremblement, quoi ! Bref, il passe l'arme à gauche trois jours a près avoir retrouvé son copain d'autrefois, et comme il est seul au monde il lui l aisse tout son stock de lingots, de diams et de perlouzes. Tu piges ?
— Et comment ! Il a dû en péter des noubas, le père Lecointe !
— Détrompe-toi ! Il s'est contenté de réunir sa fam ille au grand complet : ses deux frères, sa sœur et ses cinq enfants, et il leu r a promis solennellement de conserver intact le magot de son pote Tournesol, à condition qu'ils l'entretiennent comme un milliardaire jusqu'à son d ernier souffle.
« Tu penses si les mecs ont sauté sur l'occasion : ils ont entouré papa Léon de soins attentifs, rivalisant entre eux de généros ité : pipes en écume, caisses de cigares, bouteilles d'Armagnac, sans parler de l a table ; Lecointe était goinfre comme pas un, et les derniers temps il s'empiffrait exclusivement de poulardes
et de foie gras truffé arrosé de champsigue... au p oint qu'il est mort d'une congestion !
— Ça ne m'étonne pas ! Quel âge avait-il ?
— Quatre-vingt-six ans ; il était d'ailleurs fort c omme un arbre et pesait cent trente kilos.
Eugène Serpolet manifesta une bruyante hilarité en écoutant cette précision, et il tira une conclusion toute personnelle de cette biographie en raccourci :
— Si tu veux mon avis, fit-il sur un ton strictemen t confidentiel, les héritiers ont gavé le vieux dans l'espoir de provoquer le cou p de sang qui l'a envoyé dans un monde meilleur. Ce n'est peut-être pas très déli cat de leur part, mais c'est humain : ils ne sont plus de la dernière couvée si je me réfère à l'âge canonique du macchabée, et ils devaient être pressés de grign oter leur part du gâteau...
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