Choc en retour
40 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
40 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description



CHOC EN RETOUR


Madame Sylvie Fourcade est retrouvée, en pleine nuit, se tordant de douleur, dans une mare de vomissure, par sa concierge. Dans un râle, elle gémit un ultime mot : « Arsenic ».


Il n’en faut pas plus à la gardienne pour enfiler les oripeaux de Sherlock Holmes et se proclamer reine des détectives. En effet, elle se souvient que la bru de la victime est venue la voir dans la soirée, qu’une dispute a eu lieu et, qu’à son départ, la jeune femme lui a confessé qu’elle n’aurait plus longtemps à supporter la vieille mégère. La conclusion est à ce point sans faille qu’elle s’en enorgueillit auprès du Commissaire Odilon QUENTIN, chargé de l’enquête.


Mais le policier est un vieux de la vieille qui ne s’embarrasse jamais des opinions des uns ou des soupçons des autres et qui ne jure que par une seule méthode, trouver le « comment ? », le « pourquoi ? » et, finalement, le « qui ? ».


Mais de là à se douter qu’un irascible matou serait au centre de l’affaire...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 7
EAN13 9782373472301
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Odilon QUENTIN
* 23 *
CHOC EN RETOUR
Roman policier
par Charles RICHEBOURG
CHAPITRE PREMIER
De l'appui de la fenêtre où il se chauffait voluptu eusement dans un rayon de soleil, le chat Badaboum sauta prestement sur les g enoux de sa maîtresse assoupie.
C'était devenu un rite qui se déroulait au début de chaque après-midi, avec la précision d'un scénario bien réglé. À une heure et demie sonnante, à la suite d'un me déjeuner léger, M Fourcade s'installait dans son fauteuil, bien décidée à lire d'un bout à l'autre les faits-divers de son journal.
Elle essuyait les verres de ses lunettes à son tabl ier noir de mérinos, assujettissait les branches d'acier derrière ses or eilles blêmes de vieille femme, puis elle parcourait les sous-titres en étouffant un bâillement discret.
Dix minutes plus tard, la gazette avait glissé à se s pieds, et la bouche entrouverte, Sylvie Fourcade ronflait doucement, ém ettant un souffle régulier, accompagné à chaque inspiration d'une curieuse petite musique, souvenir lointain d'une bronchite depuis longtemps oubliée...
Pendant vingt longues minutes, le chat observait la femme tout en se livrant à une toilette méticuleuse qui ne laissait aucune parcelle de sa fourrure inexplorée ; puis il fermait ses yeux verts pour sommeiller à so n tour, respectant un horaire tacitement adopté.
À trois heures moins le quart exactement, il réveil lait sa maîtresse, récompensant ses caresses distraites d'un ronron de gratitude ; et au même instant la septuagénaire murmurait invariablement la phrase consacrée :
— Tiens ?... Je crois que j'ai dormi !
Elle prononçait ces mots avec un accent de candeur si ingénue que sa stupéfaction feinte semblait destinée à duper autrui bien plus qu'elle-même.
Dès ce moment, le petit appartement s'animait ; Sylvie Fourcade en parcourait les trois pièces en trottinant comme une souris industrieuse ; elle faisait la navette entre la cuisine et la chambre à coucher, passant p ar la salle à manger où elle déplaçait un bibelot par-ci, effaçait une trace de poussière par-là. Tout cela pour me donner à M Finette l'impression d'une inlassable activité.
La visite de la concierge de l'immeuble faisait partie intégrante du programme quotidien et la vieille dame en attendait l'instant avec d'autant plus d'impatience que le bavardage de la pipelette remplaçait avantag eusement la gazette qu'elle n'avait pas lue.
me Il convient également d'ajouter que le « journal pa rlé » de M Finette
présentait l'avantage appréciable de consacrer une large part aux potins des locataires, sans jamais dépasser les limites d'événements strictement locaux.
La concierge arriva quelques minutes après trois he ures, mamelue et souriante. Elle n'avait guère loin à aller puisque l'appartement de sa locataire était situé à l'entresol, exactement au-dessus du sien ; et c'est probablement cette proximité qui justifiait la fréquence de ses parlottes chez Sylvie, d'où elle pouvait épier tout à loisir les bruits familiers de la maison.
— Voilà M. le Professeur qui s'en va... devina-t-elle en entendant claquer une porte à l'étage. Je ne vous dérange pas, au moins, m'ame Fourcade ?
me — Bien au contraire ! Asseyez-vous donc, M Finette. Allons, Badaboum ! Cède ta place !
L'invitation était purement symbolique, car si le c hat se levait régulièrement lorsque sa mère nourricière faisait mine de s'asseo ir, il ignorait délibérément les étrangers. Il lança donc à l'intruse un regard iron ique, mais ne bougea pas. Habituée à ses manies, la concierge préféra ne pas insister et s'installa ailleurs :
— J'ai des nouvelles... chuchota-t-elle prometteuse . La petite Mimi... Mais oui... vous la connaissez bien !
lle — Ah ?... M Mimi, la couturière du cinquième ?... Qui est petite main chez « Delphine et Rosy » ?... Oui ! Je vois qui vous voulez dire. Alors ?
— Eh bien, elle est allée consulter une nouvelle ca rtomancienne ! Oh ! une me « voyante extra-lucide » cette fois. Elle lit dans une boule de cristal ! M Lolita qu'elle s'appelle, et elle habite rue de Tolbiac... J'ai oublié le numéro... En tous cas, c'est à l'entresol.
— Et qu'est-ce qu'elle lui a raconté ?
— Rien que des choses agréables ! Qu'elle rencontre rait un Monsieur d'un certain âge, étranger probablement, et qu'il l'entretiendrait sur un grand pied !
— Ça ne m'étonnerait guère... La petite Mimi est charmante !
— Mais attendez... ce n'est pas tout ! Elle a ajouté que la consultante devait se méfier : les assiduités que lui témoigne un grand blond risquent de tout gâter !
— Pas possible !... Et le grand blond existe-t-il ?
me — Naturellement ! précisa M Finette, strictement confidentielle cette fois. C'est m'sieu Bernard, le livreur de chez Vilmorin et fils, l'épicier du coin !
— M. Bernard ?... Mais il est tout petit !
— N'exagérons rien ! riposta la concierge vexée. Il ne mesure guère plus d'un mètre soixante, d'accord... Mais vous avouerez qu'il en existe de plus petits que lui !
— Et il est noir comme un pruneau !
— C'est précisément ce que Mimi a fait remarquer à la voyante. Mais cette femme extraordinaire lui a expliqué que, dans le langage psychique, un « homme blond », ça signifie tout simplement un « homme du Nord ». Or, savez-vous d'où il est, m'sieu Bernard ?... De Valenciennes ! C'est le département du Nord, ou je veux être pendue ! Et dire qu'après ça, il y aura e ncore des esprits forts qui prétendront que les cartomanciennes ne disent pas la vérité !
— En effet ! approuva la vieille dame avec une bien veillance légèrement moqueuse. Et savez-vous ce qu'elle aurait répondu à la petite Mimi si son amoureux avait été Marseillais ?
— Non !... Je ne vois pas bien où vous voulez en venir...
— Elle lui aurait annoncé probablement que les Bouc hes-du-Rhône se trouvent au Nord, par rapport à l'Équateur !...
Dégoûtée par l'expression injurieuse de tant de sce pticisme, la pipelette changea de sujet, épuisant successivement la chronique des autres locataires de l'immeuble ; puis, à son tour, elle commença son pe tit interrogatoire personnel, sans avoir l'air d'y...
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents