Cortez the Killer
34 pages
Français

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Description

Il les abat un à un, froidement, de deux balles dans la tête, dans leur parking, au volant de leur voiture ou bien juste en bas de chez eux.
Il ne laisse jamais aucune trace.
Et le commissaire Matala, qui enquête sur l’affaire, ne voit pas d’autres liens entres les macchabées que leur ville d’origine : Créteil.
Ils habitaient tous le même quartier, ils fréquentaient tous la même école… Et si la liste des prochaines victimes se confondaient avec celles des anciens camarades ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 novembre 2012
Nombre de lectures 61
EAN13 9782363152299
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0020€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cortez the Killer
Franck Bertignac
ISBN 978-2-36315-229-9

Novembre 2012
Storylab Editions
30 rue Lamarck, 75018 Paris
www.storylab.fr
Les ditions StoryLab proposent des fictions et des documents d'actualit lire en moins d'une heure sur smartphones, tablettes et liseuses. Des formats courts et in dits pour un nouveau plaisir de lire.

Table des mati res

HAMID
MATALA
VERS PARIS
AU COMMISSARIAT
RETOUR VERS LE SUD
À L’UNIVERSITÉ
CRÉTEIL, CITÉ DES ARGONAUTES. 1978
AU BISTROT
AUX ARCHIVES. I
STÉPHANE. LA FILATURE
STÉPHANE. L’ÉXÉCUTION
VERS LE SUD
1978. L’ENTERREMENT DU PÈRE
AUX ARCHIVES. II
LA JUGE
NELSON
A POITIERS
DANS LE BUS
A L’HÔPITAL
AU PALAIS DE JUSTICE
LANGLADE AUX ARCHIVES
LE RETOUR
Biographie
Dans la m me collection
HAMID
C’est un peu plus haut que la place de l’abbaye. Il doit continuer à suivre cette grande rue qui monte, tourner après le terrain de foot, et tout de suite après, entrer dans la résidence. La circulation est immédiatement moins dense, les piétons moins nombreux. C’est la première soirée vraiment fraîche de l’automne, les feuilles des marronniers tapissent les trottoirs, collées au bitume par le petit crachin qui n’arrête pas depuis ce matin.
Le sol serait même presque glissant, surtout avec ses semelles de crêpe, alors doucement il lâche la crosse du pistolet glissé dans son imperméable et sort les mains de ses poches pour parer la chute. Il souffle, décrispe sa main droite en pliant et dépliant à plusieurs reprises ses doigts gantés de cuir.
Hamid est là. A l’heure. Avec son chien. Une sorte de griffon, en plus petit peut-être. A moins que ce ne soit cette race vue dans des publicités pour le whisky.
Il ne doit pas se précipiter. Il le suit en marchant calmement, comme un riverain qui rentrerait chez lui, sans le quitter des yeux. Le chien lève la patte sur quelques roues de voitures, renifle chaque poteau. Dans un moment, ils auront fait, lui et son maître, le tour de la copropriété. Pour échapper à son regard, il passe par le porche qui sépare les entrées a et B. Derrière l’immeuble, il aura une meilleure vue sur la grande pelouse. Celle par laquelle comme tous les soirs, se terminera la promenade du chien.
Il vient se cacher derrière les troènes qui clôturent la résidence, s’accroupit en prenant garde de ne pas laisser traîner les pans de son imper dans l’herbe mouillée. C’est son poste d’observation depuis déjà deux soirs. Il se laisse dépasser par l’animal et son maître, mais cette fois, il leur emboîte le pas.
Très vite, Hamid sent une présence dans son dos et se retourne. Les deux coups de feu partent aussitôt. L’homme au chien a juste le temps d’esquisser un mouvement d’épaules.
Le nez dans le gazon détrempé, Hamid Chérifi rend son dernier souffle. Des deux trous qu’il a derrière la tête s’échappe un sang épais et sûrement très rouge, mais dans l’obscurité, on dirait de la gelée noire.
Il rejoint sa voiture en pressant le pas.

Tandis qu’il s’engage sur l’échangeur d’autoroute qui lui permet de quitter la ville, il se repasse le film de sa journée.
Ce matin, il a d’abord vu Hamid sortir de chez lui avec son fils et sa fille habillés de leurs vêtements de pluie. A huit heures moins vingt, ils sont montés tous les trois dans la voiture. Dix minutes plus tard le père lâchait le grand devant le collège, puis faisait demi-tour jusqu’à l’école pour déposer la petite juste avant la sonnerie.
Ensuite, La Xsara avait repris la direction du centre ville. Il aurait presque pu la doubler et attendre son conducteur à la mairie, il savait qu’il en franchirait la porte un peu avant neuf heures. Ça semblait tellement facile de le suivre depuis deux jours…
Ce matin pourtant, Hamid avait fait un crochet par la concession Citroën. Assis dans sa voiture de location, il avait vu cet homme attendre sagement son tour dans le bureau vitré du chef d’atelier. Les néons du garage faisaient des taches jaunâtres dans le petit jour gris qui n’arrivait pas à se lever.
En observant Chérifi se débattre avec ses papiers et son carnet d’entretien à travers le pare-brise qui se couvrait de buée, il avait souri de l’absurdité de la situation : Chérifi faisait réparer une voiture qu’il n’utiliserait plus jamais. Il monta le son de l’autoradio qui crachait « Cortez the Killer » et son intro hallucinée.

Hamid, ensuite, avait fait le trajet à pied jusqu’à la mairie, bâtiment des services généraux. La grande horloge de la partie ancienne de la mairie, celle que tous les retardataires traversant la place regardaient en se dépêchant, marquait dix heures moins vingt-cinq.
Il avait déjeuné de treize à quatorze, était sorti du bureau à dix-sept heures trente, se recalant dans le bon tempo, celui de son quotidien, puis, il s’était rendu à pied dans le centre ville.
De son parka gris bien fermé jusqu’en haut, ne dépassaient que sa petite moustache, et ses dents légèrement en avant. Il n’avait pas l’air pressé, se dirigeait nonchalamment vers les rues semi-piétonnes du centre, celles où la pierre beige et les pavés autobloquants avaient remplacé les trottoirs gris. Il pleuvait toujours, mais un léger vent chassait les nuages. Le ciel était moins gris.
Madame Chérifi s’était apparemment chargée de récupérer la voiture. Il l’avait vue sortir du parking souterrain avec les deux gosses. Plantureuse, presque grassouillette, avec des yeux magnifiques tout soulignés de noir. Même d’assez loin on ne voyait que ça. Une jupe grise classique dépassant d’un imperméable bleu, des escarpins à petits talons de couleur sombre. Son élégance un peu stricte détonait dans ce quartier où la plupart des femmes avaient si peu d’allure. Elle, elle promenait sa silhouette avec la mise un peu désuète et vaguement bourgeoise d’une femme bien mariée, d’une mère de famille attentive. Elle avait rejoint son mari d’une démarche un peu raide, invitant du regard ses enfants à presser le pas, et il s’était dit qu’Hamid devait être sacrément fier de se promener en ville à son bras.
Il était dissimulé dans la maison de la presse face au parking, il feuilletait des magazines. Il avait acheté un journal, continué à suivre la famille qui se dirigeait vers un magasin d’articles de sport. Avant, à cet endroit, il y avait un primeur, il s’en était souvenu. Un type un peu dans le genre d’Hamid, justement. Un pied-noir portant une fine moustache à la Dario Moreno, légèrement bedonnant dans sa blouse grise, avec toujours un crayon à papier glissé sur l’oreille, « et avec ça, madame, ce sera tout ? »
Le petit Chérifi faisait du judo. Il les avait observés tous les quatre derrière la vitrine pendant qu’ils choisissaient un kimono et une ceinture blanche. Le vendeur avait sorti un gros rouleau, avait fait deux fois le tour de la taille du gamin avant de découper le tissu à la bonne longueur, avec une grosse paire de ciseaux, les mêmes qu’utilisent les marchands de coupons.

Les Chérifi avaient ensuite regagné l’appartement familial au premier étage de leur petit immeuble. Lui était retourné à sa voiture pour attendre au sec, à l’abri des regards. Le temps du repas, il savait qu’il disposait d’environ une petite heure. Il avait pris un CD dans le vide-poches, ouvert la boîte et avait glissé le disque dans l’autoradio qui l’avait avalé en faisant clignoter le titre de l’album : « Zuma ». Il avait mis la plage huit et réglé le son au minimum, il ne voulait pas risquer qu’on l’entende de l’extérieur. Il s’était un peu tassé sur son siège, avait remonté le col de son imperméable et écouté le son lourd de la basse ; alors, la guitare s’était mise à gémir. Combien de fois avait-il écouté ce morceau ces derniers mois ? Cinq ou six accords triturés dans tous les sens qui l’apaisaient et l’encourageaient.
Les gouttes de pluie sur les vitres de la voiture finissaient de l’isoler de la rue. Il était bien. Invisible. Ignoré. Il contemplait les fenêtres des Chérifi, il était au chaud, il était parfaitement calme et déterminé.
De son poste d’observation, il ne voyait au travers de la fenêtre que le lustre du salon et la lueur bleutée que renvoyait le poste de télévision. Il les avait imaginés une dernière fois tous les quat

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