Dans un vieux château

Claude Ascain

Description

Le vieux châtelain Joseph Delacroix est empoisonné, chez lui.

Ses derniers mots semblent accuser son neveu, Jacques Delacroix.

La fuite de ce dernier confirme ces soupçons.

Des mois plus tard, Simon Lepreux, l’autre neveu du défunt, vient passer quelques jours dans la demeure seigneuriale.

Il est retrouvé poignardé, dans la « Chambre de pierre », une mystérieuse pièce du bâtiment.

L’inspecteur GASPIN, chargé de l’enquête sur cette seconde mort, ne se doute pas qu’un coup du sort va l’aider à résoudre les deux « crimes » en même temps...

Sujets

• Nouvelles
• Fiction

Informations

• Publié par: Oxymoron Éditions
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782373479751
• Langue: Français

Extrait

Inspecteur GASPIN

DANS UN VIEUX CHÂTEAU

Roman policier

par Claude ASCAIN

CHAPITRE PREMIER

CADAVRE AU MATIN

La route montait, ce n'était qu'une suite de virage s, dans le bois, dont la voiture épousait excellemment les courbes. Le pied sur l'accélérateur, Simon Lepreux clignait légèrement un œil à cause de la fumée de cigarette.

Il eut un sourire en voyant le grand mur qui cernai t le parc, atteignit le portail, stoppa. Au-delà d'une grande pelouse circulaire, on voyait, par la grande grille, le manoir à demi caché par un hêtre rouge, énorme.

À gauche, la maison des gardiens, en style normand, rustique.

— Hé, bonjour, m'sieur Lepreux !... Vous entrez la voiture ? Voilà, voilà, j'ouvre le portail !...

Le jeune homme annonça qu'il allait rester au châte au. Un jour ou deux, il ne savait pas encore. Il ajouta, rieur :

— Je suis un petit peu chez moi, je crois !...

— Dame, assura le gardien, qui fit chorus. Et... vo us avez prévenu m'sieur le notaire ?

— Maître Jornet ? Pourquoi ? Je n'ai pas besoin de son autorisation.

— Alors, censément, le château n'est plus à vendre ? Puisque vous allez l'habiter.

— Mais si... Ne vous tourmentez pas.

La femme était déjà partie pour préparer un lit. Il y avait six mois que ne venait plus personne. Depuis la mort subite de l'on cle. Le jeune homme alluma une nouvelle cigarette après avoir tendu son étui, mais Treulin préférait le tabac gris roulé à la main.

me On bavarda de choses et autres, M Treulin reparut, empressée. Tout était prêt, là-haut.

— J'ai laissé le trousseau de clefs sur la table de la chambre, ajouta-t-elle.

Lepreux passa une partie de la soirée à écouter la radio chez les gardiens et se retira vers vingt-deux heures. L'homme montra le billet de mille francs qui lui avait été fourré dans la main, et sa femme convint que m'sieur Lepreux était généreux.

Le lendemain, levé à l'aube, le gardien se mit en r oute pour le fond du parc, avec pelle et pic. Une vieille souche de chêne à dé terrer et sur laquelle il travaillait depuis plusieurs jours.

Lorsqu'il revint vers neuf heures pour un casse-cro ûte, il trouva sa femme, l'air angoissé.

— Ah, je m'apprêtais à courir te chercher !... M'sieur Lepreux a disparu !...

— T'es pas folle, non ?

Elle parla à mots hachés. Elle expliqua qu'elle éta it allée porter le petit déjeuner, et que...

— Mais viens voir, plutôt !...

Il la suivit en maugréant. Les femmes, ça se mettai t des trucs en tête, ça cherchait midi à quatorze heures.

Il pénétra dans la chambre, le lit était défait, le s vêtements accrochés dans e la salle de bains voisine. Certes, si le manoir dat ait authentiquement du XVIII , on avait effectué des transformations qui en assura ient le confort moderne.

— M'sieur Simon avait bien demandé d'être réveillé à neuf heures, s'pas ?... Alors, qu'est-ce qu'il est devenu ?

Treulin déambula dans le long corridor, tourna des boutons de porte, au hasard, chercha au premier et au second étage. Il e n explora le moindre recoin, le plus petit réduit.

On descendit dans le grand hall, la femme, d'une ma in incertaine, ouvrait d'autres portes.

Le grand salon... La salle de billard... La bibliot hèque... La salle à manger d'apparat... La petite salle à manger... L'office...

Treulin était plus agité qu'il ne voulait le laisse r voir.

— Oh, assez avec tes jérémiades, Mathilde !... On l e retrouvera... Il n'est tout même pas parti en pyjama... Puisqu'y a son cos tume et sa valise !...

Pourtant, non, toujours personne. C'était à la fois grotesque et angoissant.

Soudain, le regard du gardien qui errait machinalem ent sur le sol découvrit un bout de cigarette consumée. C'était presque sous la cage de l'escalier monumental, non loin d'une porte basse.

— L'est passé par là ?

Treulin se jeta sur le battant, un énorme vantail d e chêne muni d'une poignée de fer qui remplaçait toute serrure. La por te résista, elle paraissait bloquée. Il n'était jamais entré dans cette pièce n i Mathilde. On disait qu'elle était hantée, que cela portait malheur.

Il fit le tour du manoir, atteignit la partie Est, muni d'une échelle qu'il appliqua contre la muraille. Il monta pesamment jusqu'à une petite fenêtre étroite, ogivale, située à environ deux mètres cinquante du sol.

Il y en avait deux de ces fenêtres sans vitre, défe ndues par de gros barreaux de fer. Il regarda, faillit dégringoler de saisisse ment, se raidit, accrocha les mains.

Le cadavre de Simon Lepreux gisait sur le sol.

Le malheureux avait les bras en croix, dans une mar e de sang noir et coagulé.

Malgré le tremblement de ses jambes qui se dérobaie nt sous lui, Treulin revint au galop.

— Mathilde... Saute sur ta bécane !... Va chercher les gendarmes !

— Ah, mon Dieu... Qu'est-ce ?

— Saute sur la bécane, que je te dis ! rugit-il.

Treulin allait rester là, il monterait la garde dev ant la porte...