Deux minutes d arrêt
80 pages
Français

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Deux minutes d'arrêt , livre ebook

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Description

Frédéric Bordet, son épouse Myriam et leur petit garçon Théo rentrent tranquillement de vacances en train. Lui est comédien de seconde zone, téléfilms, pubs, théâtre de boulevard. Elle travaille dans l'hôtellerie, pour un grand groupe international. Durant le voyage de retour, Myriam se lève pour aller chercher des cafés à la voiture bar. Théo va avec elle. Ils ne reviennent pas. Frédéric fouille le train de fond en comble. Ils ont disparu. Entre Paris, Lyon et New York, Frédéric, mari et père brisé, commence son enquête, prêt à tout pour retrouver sa famille…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 février 2016
Nombre de lectures 4
EAN13 9782304242256
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0017€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Deux minutes d'arrêt
Thomas Lécuyer
© Editions du Manuscrit 2016 ISBN:9782304242256
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Du même auteur : Nous ne sommes que des rêves, Éditions Le Manuscrit, 2008. Kaléidoscope, Éditions Le Manuscrit, 2007. Directeur artistique d’une salle de spectacles àproducteur d’un ce Lausanne, ́lèbre festival de blues en Suisse, auteur, scénariste et journaliste, passionné de jazz, Thomas Lécuyer, les pieds sur terre et la tête dans les nuages, construit sa vie autour de ces paroles d’Étienne Roda-Gil : « Je veux être utile à vivre et à rêver ». Son premier roman nous fait traverser la vie et le monde au rythme saccadéet inattendu du jazz.
Chapitre 1
Le front collé à la fenêtre, Frédéric se laissait bercer par le paysage qui défilait sous ses yeux. Lancé à trois cents kilomètres heures, le TGV semblait traverser des décors figés de boule à neige qu’un collectionneur quelconque n’allait pas tarder à secouer. Dehors, tout paraissait inerte, désincarné, emprisonné dans de brèves secondes d’immobilité qu’offrait à son regard la valse des vallons, des champs et des clochers français que traversait le train dans une indifférence presque bourgeoise. Ses pupilles qui erraient ainsi le long des paysages lui offraient une torpeur bienvenue. Il laissa son esprit s’envoler, autorisant bientôt des nuées de questions décousues surgir de ses volutes pensives. Il avait laissé tant de choses en suspens là-bas. Bientôt, il faudrait reprendre le cours normal des choses, continuer à dérouler méthodiquement le fil de la vie quotidienne, avancer, avancer, bravement, les manches retroussées. Vivre. Il y avait le boulot, les potes, la famille, Paris, les rêves, les projets, le passé, rien de bien folichon, il était bien loin des personnages qu’il incarnait à longueur d’année sur les planches ou à l’écran, non, il y avait simplement la vie, à dérouler coûte que coûte, vaille que vaille. Le prochain tournage, une saga télé de l’été, alambiquée et dramatique, pour une grande chaîne. La rentrée de Théo en primaire. La fin des travaux de leur petit loft de la rue Custine. Myriam qui allait se remettre à voyager. Les soirées au Mansart avec les potes. La vie. Sa vie. Ni pire, ni meilleure que celles des a utres. Mais ça allait. Alors pourquoi, toujours, ce goût amer ? –Fred ? –Mh ? –Ça va ? T’es où là ? –Mh ? Oh nulle part, je pense juste à cette rentrée» Myriam et Théo étaient assis là, en face de lui. Ils avaient pris des places en vis à vis, toujours plus confortables et pratiques pour gérer l’hyperactivité du petit, qui ne tenait pas en place plus de dix minutes. Trois heures dix-huit de trajet entre Marseille et Paris, même si la prouesse technologique était remarquable, cela restait long pour un petit garçon de six ans. Si on s’en tenait aux statistiques, il fallait donc lui trouver une vingtaine d’activités différentes. Le repas, une mini-sieste de vingt min utes, quelques livres feuilletés, des cartoons de la Warner (il avait une addiction pour les Beep Beep et Coyote de Chuck Jones), l’albumPet Sounds des Beach Boys en boucle pour le calmer en cas de surexcitation irritante pour les voisins, en tout et pour tout, on avait déjà tué presque deux heures. Le train allait bientôt s’arrêter à Lyon. –Fred, attends, ne commence pas à te stresser de suiteOn n’est même pas rentrés–‘ passe trop vite–Comment ? –Ça passe trop vite.
–Oh ne commence pas à ronchonner heinC’est déjà un miracle d’avoir pu caler ces 10
jours avec tout ce qu’on a en suspens–Oui, ben justement, c ’est ces choses en suspens, là, j’ai l’impression d’être attendu de pied ferme, que tout le monde, ou presque, va me sauter dessus dès demain matin, c ’est pas le plus agréable comme perspective Mee. –Pa’, tu m’en mets un autre ? –Quoi mon grand ? Il est déjà fini celui-là ? AttendsTiensVoilàJe t’en mets deux d’un coup–Pa’, dis, un jour, on ira dans un magasin Acmé pour faire des courses ? –Un magasin acné ? –Acmé ! C’est là où le coyote il achète tous ses trucs–Aaaah ! Alors non, tu vois, on n’ira pas, parce qu ’en fait c ’est tout pourri comme magasin, d’ailleurs la preuve, Coyote, même avec tout ce qu’il achète, il n’arrive jamais à attraper Beep Beep, parce que les machines et les gadgets de chez Acmé, ils ne marchent jamais. –Ils nefonctionnentjamais. Ce sont les gens qui marchent. Les machines, ça fonctionne. –Ou pas. Merci Mee, pour ton intervention. –Oui, mais moi j’aimerais bien tout de même y aller dans un magasin Acmé. Pour acheter de la dynamique. –D’la dynamique ? Ah ah ! Salut, j’ai huit secondes pour vous dire qu’mon fils Théo, c ’est d’la dynamique ! Frédéric imita le bruit d’une grosse explosion avant d’exploser lui-même de rire avec sa femme et son fils. Il les regarda. Finalement, ça a llait mieux qu’il ne le pensait. Ces vacances leur avaient fait un bien fou. Son père avait eu raison : seuls les souvenirs créent des liens. Vivre, faire, partager des choses ensemble lui avait permis de resserrer les liens familiaux. Il adorait son fils mais avait déjà pourtant l’impression de moins en moins le connaître. La faute au temps qui passe trop vite, a u tourbillon des obligations quotidiennes, qui fait que finalement, on ne vit pas vraimentavec, mais plutôtà côté de ceux qui partagent nos vies. Ces dix jours dans les calanques lui avaient aussi permis de retrouver Myriam telle qu’il l’avait connue et dont il était tombé fou amoureux dix ans auparavant. Un joyau caché sous une couche de poussière grise qu’il avait suffi de laisser s’envoler sous les brises méditerranéennes pour qu’il retrouve tout son éclat. –Mee, je te rassure, tout va bien. Ces vacances m’ont fait un bien fou ! Je suis beaucoup plus serein maintenant–Tout à l’heure, on n’aurait pas dit–Désolé, je pensais juste àÀ Greg. Il va me faire chier, celui-là, je le sens, dès demain. On tourne trop tôt, dans huit jours à peine. Ça va être l’enfer pour apprendre les textes. –Oui, enfin bon, mon chéri, tu peux quand même toi aussi prendre un peu de vacancesDeux ans, deux ans sans bouger tous ensemble de Paris ! Ils ne peuvent rien te reprocher les cocos. –Ouais, peut être. Mais ils vont bien trouver un moyen de me faire chier j’en suis sûr. –Tu sais Fred, ne psychote pas avant d’y être. Et puis, surtout, surtout, secoue les puces de ton agent merde ! François en fout pas une depuis des mois ! Y’en a marre de ces plans foireux. Tu vas pas faire des téléfilms toute ta vi e, J’ai pas épousé « Joséphine ange gardien » moi ! –Meec ’est sympa merci,  Non, tu sais, si tu voulais épouser dubankable, fallait te taper Jean. Le César, l’Oscar, tout ça. On se connaissait à l’époque du Carré Blanc. J’aurais
pu te le présenter. –Non mais tu ne m’as compris, c ’est pas du tout ça que j’ai voulu direJe veux juste que tuMyriam fut interrompue par le petit jingle d’annonce et la voix du contrôleur. «Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, dans quelques instants notre TGV entrera en gare de Lyon Part Dieu. Lyon Part Dieu deux minutes d’arrêt.»
Chapitre2
Myriam se leva et caressa légèrement la main de son mari. –Je vais aller me chercher un café. Tu veux quelque chose ? Frédéric fit non de la tête. –Je prends Théo. Ça le dégourdira. Théo fit non de la tête. –Mais si Théo. Allez, viens mon amour, viens avec M aman, ça te fera du bien, on va jusqu’à la voiture-bar. Je t’achèterai des crocodiles. –Mee, je ne crois pas que–Des crocos ? Trop cool ! Je viens ! Le petit garçon décolla les yeux de l’iPad, enleva les écouteurs de ses oreilles, se leva et prit la main de sa maman. –Tu as un peu de sous, chéri ? Je n’ai pas de monnaie. Frédéric farfouilla dans sa poche de jean et en sortit un billet de vingt euros. –Tu me prends un café aussi ? Myriam fit oui de la tête. Elle était belle avec ses nouvelles lunettes. De grandes lunettes immenses, celles à la mode en ce moment, de forme arrondie et rétro, avec une monture épaisse et sombre. Cela donnait un peu de sérieux à son visage d’enfant. On lui avait souvent reproché cet air immature même si elle n’y était pour rien. Le temps ne semblait pas avoir d’emprise sur elle. À bientôt trente ans, elle en paraissait à peine vingt-cinq. Ses cheveux courts, tel un écrin de velours blond, se posaient doucement autour de son visage aux formes rondes et douces comme une gourmandise de confiseur. Ses yeux bleus dégageaient une lumière si intense qu’ils semblaient parfois à Frédéric comme deux feux follets dansant dans la nuit. Elle prit Théo par le bras et ils traversèrent doucement le wagon. Il se retourna pour faire un coucou à son père. Il avait les yeux de sa mère. Le train ralentissait de plus en plus. Dehors, on pouvait apercevoir les collines lyonnaises de Fourvière et de la Croix Rousse se découper dans la lumière rosée du soleil déclinant, comme l’écho d’une lointaine carte postale italienne. La porte du wagon se referma sur Myriam et Théo. Bientôt, Frédéric ne vit plus que deux ombres main dans la main, puis ils disparurent complètement, une fois passés dans la voiture suivante.
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