Deux victimes
67 pages
Français

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Description

La duchesse Charlotte-Adélaïde de Maubois, qui va se marier aux Indes, a pris place dans le rapide de Marseille. Elle emporte de merveilleux bijoux sur le sort desquels veille le policier Mirabel.


Ce dernier, après avoir causé au moment du départ avec un riche américain, Harry Gedworth, remarque dans le wagon un individu qu’il croit reconnaître ; mais il ne peut préciser ses souvenirs.


L’inconnu suspect s’est retiré de très bonne heure dans son compartiment. Le policier attend vainement son retour : lorsqu’il rentre enfin dans le sleeping, l’homme a disparu.



Avec « LES BANDITS DU RAIL », Georges SPITZMULLER (1866–1926) nous livre une saga policière rocambolesque et exaltante qui tient le lecteur en haleine jusqu’à son dénouement sans jamais perdre de son intérêt un seul instant.


Ce foisonnant récit aux multiples personnages et rebondissements démontre combien l’auteur maîtrisait à la fois le format, le genre et la narration.


Édité à l’origine en 1921 sous la forme de fascicules qui sont désormais introuvables, il était temps que le roman-feuilleton « LES BANDITS DU RAIL » retrouve sa fonction première, celle d’enchanter les lecteurs.


Que ce souhait de l’écrivain soit aussi vrai auprès des lecteurs d’aujourd’hui qu’il le fût avec ceux d’hier, car Georges SPITZMULLER n’avait d’autre but que celui-ci, comme le prouvent les propos du journaliste Georges BERGNER, quelques mois après la mort de l’auteur :



« Georges SPITZMULLER a contribué, pour sa part, à réhabiliter le roman populaire. Il lui plaisait de distraire un public nombreux et divers, de l’entraîner dans des aventures de tendresse et d’héroïsme, de préférer le mouvement de la phrase au fini du style, de captiver par des intrigues sans épisodes scabreux, de montrer des personnages à panache plutôt que des freluquets à veston étriqué.



Il composait dans l’allégresse, avec l’aisance que donnent la bonne humeur et le désir de séduire, sans escompter une renommée raffinée. Plusieurs de ses ouvrages révèlent des ressources d’érudition, de mesure, de goût délicat. Il aurait pu les développer, mais il mettait sa coquetterie à les suggérer simplement. La spontanéité de son imagination, la vivacité de sa plume, la souplesse de ses qualités lui ont permis d’aborder plusieurs fois le théâtre avec un certain succès. »

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9791070030769
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CHAPITRE LXXXV
SIMONE

L'impasse du Rouet, au petit Montrouge, est une sorte de longue cour, de couloir assez exigu, qui ressemble à une ruelle de campagne.
Elle s'ouvre dans l'avenue de Châtillon, sur la droite en allant vers les fortifications.
Elle est sale, laide, triste et d'aspect désagréable ; elle pue la misère et le vice...
Les maisons qui la bordent, bâties tout de guingois, sont vieilles, hideuses et maculées de lèpre...
Biscornues, elles s'élèvent sans ordre, avec des avancées et des reculs, formant ainsi une sorte de boyau tortueux.
Si elle était cinq ou six fois plus longue, l'impasse du Rouet serait le plus affreux coupe-gorge de Paris...
Mais, heureusement, elle est fort courte et peu fréquentée...
Les maisons qui la composent — si elles n'avaient, pour la plupart, deux ou trois étages — sembleraient d'antiques fermes pauvres, délabrées, avec leur ruisseau fangeux, leurs pavés inégaux, où picorent des poules étiques et pataugent des canetons minables...
Pourtant, une de ces maisons, petite, à étage unique, vers le fond de l'impasse, contraste avec ses voisines par son apparence proprette et plus riante.
Une porte, flanquée de deux fenêtres toujours closes, soigneusement lavées, au vert encore frais tranchant dans le crépi blanchâtre de la muraille, attire l'attention.
Certains habitants de l'impasse, gens besogneux et peu gâtés par l'existence, considéraient cette maisonnette pimpante avec une sorte d'envie...
Sur la porte, une plaque d'émail portant, en lettres noires, ces mots :

SIMONE PERRET
Brodeuse.

— Si elle n'avait que ce qu'elle gagne en brodant pour manger, disaient les commères de l'endroit, elle ne ferait que la moitié d'un repas par jour !...
— Moi, disait une autre, cyniquement, si j'étais aussi bien tournée que cette Simone Perret, ce n'est pas dans l'impasse du Rouet que je voudrais habiter, mais avenue des Champs-Élysées ou dans le quartier de l'Europe.
— Surtout, qu'elle fait ce qu'il faut pour ça !... ajoutait une autre.
— Oui... et même que son bon ami est tellement laid que je n'en voudrais pas pour des cent et des mille !... Un négro !... et quelle mine !... Vous ne l'avez jamais vu, vous, madame Poche ?
— Si... un soir... mais il était tard et il marchait vite... le col de son pardessus relevé... Je n'ai pas bien distingué.
— Moi, je l'ai rencontré en plein jour... Il sortait de chez sa belle... Ah ! il me ferait peur avec ses yeux blancs et ses lèvres épaisses, toutes grises !...
— Alors, vous croyez que c'est un nègre ? demanda M me Poche, intéressée.
— Pour sûr !... et bon teint encore !...
— Et M me Perret, qui est si jolie et si mignonne, peut aimer un homme pareil !...
— Je ne dis pas qu'elle l'aime ! Seulement, elle le reçoit, et il doit lui donner de l'argent...
— Il ne vient pas bien souvent, toujours !... Au fond, elle est bien tranquille !... Elle fait ce qu'elle veut.
— Bah ! elle ne bouge jamais de chez elle... Elle ne voit personne... Elle vit comme une ermite avec son chien !...
— La voilà !... murmura M me Poche, en poussant le coude de son interlocutrice.
— Oui... Elle va à ses provisions...
Et les deux femmes s'arrêtèrent de bavarder pour toiser, presque insolemment, une jeune femme qui apparaissait dans l'impasse et marchait vers l'avenue de Châtillon.
Elle était petite de taille, mais si bien faite et de proportions tellement harmonieuses qu'elle paraissait presque grande et élancée.
Souple, fine, mince, elle avait une démarche aisée et gracieuse, un peu timide...
Elle allait, le front bas, gênée de sentir s'appesantir sur elle les regards hostiles des mégères...
Son joli visage, nacré, rosissait d'émoi et ses cils bruns battaient, rapides...
On ne voyait de sa tête que le profil incliné, délicat et charmant, avec le nez légèrement retroussé, la bouche d'un contour séduisant, le menton arrondi et ferme.
Sous le chapeau modeste, une masse de cheveux couleur de châtaigne mûre...
Vite, elle passa devant les deux femmes et disparut vers la droite de l'avenue de Châtillon.
Les autres, aussitôt, reprirent leurs commérages avec une recrudescence malveillante.
Enfin, elles se séparèrent pour retourner à leurs occupations si longtemps différées.
Une heure environ se passa...
L'impasse du Rouet restait calme et déserte...
Simone n'était pas encore rentrée.
Tout à coup, un taxi-automobile s'arrêta dans l'avenue, presque à l'entrée de l'impasse, et un homme en descendit.
Le docteur Noir...
Il régla rapidement le chauffeur et, d'un air défiant, se dirigea précipitamment vers la maisonnette de Simone.
Une ou deux femmes, seulement, attirées par le bruit des pas, accoururent à leur fenêtre ou sur le pas de la porte.
Lui, très vite, arriva devant le logis de la brodeuse et, d'une clef qu'il tenait à la main, ouvrit hâtivement...
La porte refermée, il se trouva dans un minuscule vestibule, propre et quiet...
Il appela aussitôt :
— Simone !...
Le silence de la maison ensevelit bientôt le son de la voix...
— Tiens !... elle est sortie !... murmura Sophronyme...
Et, en homme qui, non seulement, connaît les lieux, mais en est le maître, il ouvrit une porte.
Il entra dans une petite salle à manger rangée, coquette, bien que très humble avec son meuble de hêtre peint en noyer...
Le docteur s'assit sur un fauteuil de reps vert et jeta sur la table son chapeau de feutre à grands bords.
— Pourvu qu'elle ne tarde pas trop ! fit-il avec une expression ennuyée.
Il regarda autour de lui avec indifférence.
Pour un observateur, cette petite pièce si modeste aurait été révélatrice de précieuses indications sur celle qui l'habitait... qui avait procédé à son aménagement.
Tout y dénotait le goût de l'ordre, de la propreté, de la méthode...
Tout révélait une nature calme, honnête, aux désirs simples...
Cependant, çà et là, des dessus de meubles, en broderie riche... des gravures accrochées au mur... des bibelots placés avec goût disaient aussi un esprit affiné, des aspirations artistiques...
Dans le choix des tableaux, on pouvait deviner une âme un peu romanesque... éprise d'idéal, amoureuse de la nature...
Des paysages d'automne... ou des vues crépusculaires... des amoureux... l'un escaladant le balcon enguirlandé de lierre d'une Juliette... l'autre jouant d'une guitare sous les fenêtres d'une Carmen... ou, enlacés, se promenant lentement dans une allée morose...
Tout cela décelait un cœur tendre, affectif et sensible, sentimental, en un mot.
Mais Sophronyme, trop préoccupé, à n'en pas douter, par ses propres pensées, ne remarquait rien.
Pourtant, il devait bien connaître celle qui demeurait là, car, d'un ton à la fois maussade et hésitant, il murmura :
— Acceptera-t-elle ?...
À le voir, on comprenait qu'une grande agitation l'emplissait, qu'il venait ici à l'improviste, pour une question grave... qu'il allait proposer — commander, plutôt — à Simone, une besogne pour laquelle il lui croyait peu de goût...
Et le visage étrange de cet homme prenait déjà une expression dure, irritée, impérieuse, comme si quelque résistance l'exaspérait... comme s'il était résolu à mater l'indocile...
Mais, à la porte d'entrée, le bruit d'une clef tournant dans la serrure vint faire tressaillir le docteur Noir.
Il se dressa brusquement, marcha vers la porte du vestibule...
Celle-ci s'ouvrit et Simone apparut.
À la vue de Sophronyme, elle jeta un cri d'apeurement, de surprise.
— Vous !... oh ! que j'ai eu peur !... balbutia-t-elle.
Elle se forçait à sourire ; mais elle se tenait immobile devant l'homme, le visage pâli, la poitrine haletante, et, de la main, comprimait son cœur.
Le médecin jeta, bougon :
— Quelle niaiserie !... Peur de quoi ? Tu sais bien que nul autre que moi ne peut entrer ici ?... Je le suppose, du moins ?
Elle dit, avec effort, humble :
— Oui... certes !... mais c'est plus fort que moi !... Je m'attendais si peu... Je ne savais point que vous alliez venir...
— Suis-je donc forcé de te prévenir ? demanda-t-il, bourru.
— Non !... seulement, n'est-ce pas ? d'habitude, vous m'annoncez toujours votre visite à l'avance... Mais cela ne fait rien, évidemment !... Vous pouvez venir quand il vous plaît... et sans m'avertir...
— Je n'en ai pas eu le temps !... déclara-t-il, radouci. Des événements importants ont nécessité ma présence à

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