Division Givre, T6 - Dépression
100 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Division Givre, T6 - Dépression , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
100 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

A la fin, nous nous souviendrons non pas des mots de nos ennemis, mais des silences de nos amis.


Martin Luther King

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782373420715
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DIVISION GIVRE
Tome 6 : Dépression
Jean Vigne
Éditions du Petit Caveau - Sang Neuf
Avertissement

Salutations sanguinaires à tous !
Je suis Van Crypting, la mascotte des éditions du Petit Caveau.
Si vous lisez cette histoire avec un Kindle, n'hésitez pas à activer les polices/fontes de l'éditeur (dans le menu des polices).
Si vous rencontrez un problème, et que vous ne pouvez pas le résoudre par vos propres moyens, n’hésitez pas à nous contacter par mail (numerique@editionsdupetitcaveau.com) ou sur le forum en indiquant le modèle de votre appareil. Nous nous chargerons de trouver la solution pour vous, d'autant plus si vous êtes AB-, un cru si rare !
Qui n’est jamais tombé n’a pas une juste idée de l’effort à faire pour se tenir debout.


Multatuli .
Erika
V enise, 02 h 33, six mois auparavant.
  
 
Sa main gantée de velours claque le bois vétuste d’une porte dérobée. Une entrée discrète à l’arrière de l’illustre bâtisse, la Biblioteca Marciana, joyau d’architecture dressé sur la place Saint-Marc. Erika patiente, peu pressée par le temps. Qui possède l’éternité ne se brûle point d’une précipitation vaine. Son regard pénétrant se pose sur la lagune apaisée en cette douce nuit d’hiver. Un miroir offert à une pleine lune généreuse sous ce ciel dépourvu de toute pollution. Erika pourrait apprécier ce joyau blanc reflété sur l’écrin d’or noir. Oui, elle aimerait tant ressentir ébahissement et fascination, à l’image de ces enfants humains dont le cœur n’est pas souillé d’indifférence. Malheureusement, le sien ne s’émeut plus depuis très longtemps, trop peut-être.
Un bruit de foule attire son attention. Quelques badauds fêtent joyeusement la fin du carnaval de Venise. En cette heure tardive, les masques sont tombés, restent les costumes pailletés aux couleurs ronflantes. Visiblement éméchés, ces imbéciles ne connaissent pas leur chance. D’autres n’ont pas joui de la même fortune. Erika passe une langue gourmande sur ses crocs présents, la douce sensation du sang frais encore accrochée à son palais. Le carnaval a ceci de magique que la nuit venue, protégé par son masque, un vampire peut sans effort se fondre dans la foule et trouver une proie facile. Un insecte qui, une fois dégusté, finit généralement dans l’un des nombreux canaux de la cité lacustre. Ici, point de routes, d’avenues, de bruits tonitruants et motorisés. À peine la masse de touristes endormis, les venelles discrètes et sombres deviennent propices au meurtre. Pourquoi parler de meurtre ? Le lion se préoccupe-t-il du sort de la gazelle ? Il ne s’agit que d’un peu de nourriture, des créatures secondaires destinées à servir la cause plus grande d’êtres supérieurs. Et ici plus que nulle part ailleurs, la pitance foisonne, déambule, jacasse à n’en plus finir. D’un murmure, Erika souffle devant la beauté paradisiaque du lieu.
— Ah, Venise, lorsque je me coule en ton sein, je me gorge de ton espérance, j’abreuve ma soif de ta passion et j’oublie alors que pour nous, seul l’Enfer nous est offert . Tu avais raison, Falbio, tu ne peux t’imaginer à quel point.
Depuis bientôt deux siècles, Erika n’a jamais manqué cette fête particulière où les esprits s’égarent dans la frivolité éphémère. Une trêve bienvenue pour briser ses longues absences à traquer les ennemis des vampires. Ils sont nombreux ! Bien entendu, le Conseil de l’Est ignore ses orgies dantesques, persuadé de sa bonne tenue en toutes circonstances. Dans le cas contraire, ils désapprouveraient sans nul doute. Les membres de cette vieille institution fardée n’ont qu’un seul but, ne faire aucune vague et ne dévoiler en rien l’existence des suceurs de sang à la face du monde. Triste réalité qu’imposer ainsi la loi du silence, alors qu’ils ne sont qu’absolue puissance. Erika chasse son soudain désir d’indépendance. Cette fois, sa présence à Venise n’est pas le fruit d’une quelconque envie de débauche. Viktor, haute autorité du Conseil, l’a mandaté pour une mission particulière. Dangereuse si l’on y songe, mais Erika ne craint ni le péril ni la mort. Son viol l’a formé au pire. Sa renaissance, l’abandon de cette fragile coquille humaine au profit d’une créature sombre, capable des plus vils desseins. Il y a si longtemps, des siècles, une éternité.
― Personne... croasse son corbeau dressé sur son épaule.
Erika caresse le crâne du volatile, la mine pensive.
― Pas d’inquiétude, Blacknight, notre hôte est là. Il est toujours ici à se terrer tel un chien. Je sens son odeur pestilentielle, une vraie puanteur, mais tu as raison, assez perdu de temps.
Elle s’apprête à insister d’un poing ferme pour signaler sa présence. Le propriétaire étrangement muet se douterait-il de quelque chose ? Une sonorité métallique réfrène son geste. Un dernier coup d’œil sur la place Saint-Marc et la porte se dérobe pour dévoiler le visage anguleux d’un individu d’âge mûr. Proche de la soixantaine, grand et fin, il dégage une prestance indéniable. Une force intérieure dont ce regard bleu acier traduit fidèlement la détermination. Un homme à ne pas prendre à la légère, surtout si l’on connaît sa véritable nature.
― Erika, lâche ce dernier, clairement contrarié.
― Tu sembles mécontent de ma présence, Antonio. Tu me désoles.
― Mécontent, moi ? Disons, surpris. Tu traînes dans cette ville de manière régulière sans jamais daigner me rendre visite et là, miracle. N’as-tu donc plus personne à assassiner, un enfant, une mère, un bébé peut-être ? Une mort de soif dans ton genre, cela m’étonne de te croire intéressée par l’art et la culture.
Le ton clairement dédaigneux agace Erika. Elle renifle bruyamment, tout en rétorquant :
― Disons que mon odorat développé m’a attirée jusqu’à toi. Impossible de te manquer malgré la puanteur ambiante.
― Mon ouïe l’est tout autant et je n’apprécie guère les insultes lâchées derrière ma porte.
― Ce qui me déplaît n’est point l’odeur, mais ce qu’elle masque et tu le sais bien, Antonio.
L’homme avale la provocation d’une courte grimace.
― Bon, que me veut Viktor pour m’envoyer un de ses laquais me lécher les bottes ?
Au tour d’Erika de voir son front plissé par l’attaque, rictus aussitôt gommé au profit d’un sourire faux.
― Ne me laisseras-tu donc point entrer ?
L’individu hésite. Il sort d’un pas, jette un œil à droite, à gauche, relève le visage pour inspecter les hauteurs prestigieuses de la bibliothèque.
― Tu m’offenses, Antonio. Crois-tu que j’abuserais d’un tel subterfuge pour te tromper ?
― Les sujets de ton espèce n’inspirent confiance qu’aux imbéciles ou aux suicidaires, ma belle. Je ne suis ni l’un ni l’autre.
― Je n’ai nullement besoin de ton accord pour pénétrer chez toi. Ce n’est qu’une légende sans intérêt à laquelle s’accrochent nombre d’humains pour se rassurer.
― Une de plus, souffle l’homme.
― Tout cela n’est que pure politesse. Si je veux te tuer, je te tue. Si je veux te vider de ton sang, je peux aussi. Si je veux entrer, j’entre. Rien ni personne ne peut m’en empêcher et tu le sais.
― Vraiment ?
Nouveau sourire pour montrer combien cette menace ne l’affecte en rien. Il recule et, d’une courbette désuète, l’invite chez lui.
― Si madame veut se donner la peine.
Erika investit les lieux d’un pas lent. Antonio ferme alors à double tour le passage. Un acte qui pousse Erika à s’étonner :
― N’est-ce pas les habitants de Venise qui devraient te craindre ?
Antonio hausse les épaules.
― Nous ne sommes plus au XVIe siècle, ma belle. Toi plus que quiconque, tu devrais le savoir. Les humains n’ont plus peur de grand-chose, et lorsqu’ils se sentent menacés, aujourd’hui, ils agissent. Ils ont les moyens de nous chasser et de tous nous éradiquer. L’époque des fourches et des torches est révolue, place à Internet, la NSA et les drones de combat.
Erika défait lentement ses gants de velours, tout en lâchant d’une mine absente.
― Faudrait-il qu’ils nous

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents