En attendant David
84 pages
Français

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Description


Ana a rendez-vous. Avec David. Elle l’a rencontré sur Internet et, après quelques messages, la voilà partie en train, pour un week-end à la campagne. Plein de promesses.


Pourtant, de cet inconnu qui l’a séduite, elle ne connaît pas grand-chose, pas même son visage.


Bizarrement, quand Ana arrive à destination, il n’est pas là pour la recevoir. D’ailleurs, le domaine où elle pénètre s’avère finalement être la propriété de Peter, un ami de David, qui lui promet la venue de celui-ci pour plus tard.


Petit à petit, tout devient étrange. Qui sont réellement David et Peter ? Et où Ana se trouve-t-elle vraiment ? Pourquoi ce week-end doit-il finir en bain de sang ?


Une histoire implacable où les faux-semblants, la folie et les cadavres parsèment la route qui mène à la révélation finale...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 janvier 2019
Nombre de lectures 53
EAN13 9782374536293
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
Ana a rendez-vous. Avec David. Elle l’a rencontré sur Internet et, après quelques messages, la voilà partie en train, pour un week-end à la campagne. Plein de promesses.
Pourtant, de cet inconnu qui l’a séduite, elle ne connaît pas grand-chose, pas même son visage.
Bizarrement, quand Ana arrive à destination, il n’est pas là pour la recevoir. D’ailleurs, le domaine où elle pénètre s’avère finalement être la propriété de Peter, un ami de David, qui lui promet la venue de celui-ci pour plus tard.
Petit à petit, tout devient étrange. Qui sont réellement David et Peter ? Et où Ana se trouve-t-elle vraiment ? Pourquoi ce week-end doit-il finir en bain de sang ?
Une histoire implacable où les faux-semblants, la folie et les cadavres parsèment la route qui mène à la révélation finale…


***


Après avoir écrit des ouvrages d’histoire locale et des contes bretons, Serge Le Gall s’est tourné vers le roman policier. Dans ses polars historiques, il met en scène Samuel Pinkerton, détective espiègle et malin. Dans ses polars contemporains, il fait la part belle au commissaire divisionnaire Landowski, un grand flic solitaire et perspicace. Délaissant parfois ses deux enquêteurs fétiches, il vous entraîne aussi dans des histoires à vous créer des montées d’adrénaline. Suspense garanti !
EN ATTENDANT DAVID
Serge Le Gall
Les Éditions du 38
1
Dimanche, fin d’après-midi

Ana est immobile.
Ses paupières sont closes. La bouche de la jeune femme est légèrement entrouverte et un regard attentif posé sur elle pourrait observer une légère palpitation au cou située juste sur la carotide.
Elle a posé les mains bien à plat, la droite sur la gauche, sur ses cheveux lissés. Des doigts fins et longs, capables de prendre, de saisir, de caresser. Capables aussi de serrer au risque d’aller trop loin et de faire naître la douleur. Mais puisqu’on ne lui a pas épargné la souffrance…
Ses bras ouverts encadrent son visage et dégagent sa poitrine, comme si elle était prête à s’offrir, à se donner. Malgré cette attitude qui pourrait porter à confusion, il émane d’elle une sorte de sérénité. Un moment de temps hors du temps. Quelque chose d’indéfinissable aux confins du bien et du mal dans un monde qui ne veut plus reconnaître son nom.
La jeune femme ne bouge pas. Le tissu vieux rose de sa chemise à manches courtes se soulève lentement au gré de sa respiration. Un petit pli se creuse puis se tend juste en dessous de son sein gauche comme pour témoigner de sa féminité d’une manière simplement pudique.
Elle a disposé deux tabourets. Elle est assise sur le premier qui touche le mur. Elle a placé le second juste devant elle pour y faire reposer le pied de sa jambe gauche repliée. Dans son dos, elle a glissé un gros coussin recouvert de velours vert anglais.
Elle porte de fines chaussettes basses en voile gris ourlées d’une broderie d’un ton légèrement plus soutenu. Ses pieds sont glissés dans des ballerines rouges ornées de pompons de couleur marron.
Sa jambe relevée a contraint la jupe, rouge elle aussi, ainsi que le jupon bordé de fine dentelle, à se replier naturellement vers le bassin en quelques molles ondulations. Sa cuisse est ainsi totalement découverte jusqu’au liseré de sa culotte toute blanche qui bâille légèrement dévoilant discrètement les contours plus sombres d’un trésor intime.
Posée à ses pieds, il y a une assiette de faïence ornée de motifs jaunes et bleus. Le liseré du marli est irrégulier. Il témoigne du décor peint à la main. Le fond de l’écuelle contient du lait qui semble attendre la venue du chat.
Le soleil couchant qui rase les cimes ocre sa peau et en fait ressortir le grain lui donnant ainsi l’image d’une métisse comblée goûtant l’arrivée du crépuscule avec volupté. On croirait entendre la rumeur d’une journée tropicale qui se meurt lentement sans avoir peur de disparaître.
Sereine et accueillante, Ana semble rêver d’animaux fantastiques se rassemblant autour du point d’eau et qui viendraient lui faire allégeance à la fin du jour. D’hommes aussi. Puissants et beaux. Nus peut-être.
Tout est calme. Enfin.
Devant elle, à trois pas, s’ouvre l’escalier descendant vers le jardin. Sur la deuxième marche, commence une traînée rouge qui zèbre le marbre beige comme si un peintre surréaliste venait de donner un coup de brosse d’un geste rageur.
De même sur les autres, jusqu’en bas, d’une couleur plus intense. À rejoindre sur le dernier degré une large tache épaisse et brillante.
Une flaque de sang.
2
Vendredi précédent, après-midi
 
Elle franchit enfin le seuil.
Durant tout le voyage, elle a envisagé toutes les entrées possibles. De même le portail, le jardin, la maison. Les gens. Comme si elle était déjà venue.
On ne sait jamais vraiment où l’on débarque. On attend des choses. Rien ne se passe comme on l’avait prévu. Puis d’autres événements arrivent, envahissent, bousculent et s’imposent. Parce qu’il n’y a guère de choix à faire parfois.
 
Dans le compartiment triste, il n’y avait que des zombies silencieux, absorbés par leurs pensées. Belles ou noires leurs pensées, elle n’aurait su le dire. Il n’y a rien de plus énigmatique qu’un visage gris et fermé à double tour. De quoi emmurer le plus doux des bonheurs comme la plus grande des tristesses. Les voyageurs ne peuvent choisir ce qui leur prend la tête. À la faire exploser comme une pastèque bien mûre au jus brûlant qui, en coulant, se fraie un chemin à la manière d’un serpent venimeux.
Elle s’est souvenue d’une séquence qu’elle avait suivie à la télévision. Il n’y avait personne dans la salle. À part elle, triste et seule en ce jour de grisaille tenace. Avec ces coulures épaisses d’eau de pluie chargées de poussière bavant sur les vitres d’une façon obscène. Elle a vu des images. Elle ne sait plus bien si c’était un reportage ou une fiction. Peu importe. Des camions militaires, des soldats désœuvrés. Un gradé qui caresse machinalement ses bottes du bout de sa cravache de cuir. Un peloton qui attend arme au pied. Des gens alignés de dos contre un mur. Plusieurs hommes. Une femme aussi avec de belles jambes nues. Elle n’a pas vu les visages déjà tournés vers le néant. Puis cette salve de balles meurtrières qui déchire la torpeur d’un climat trop lourd. Les corps qui tressautent sous les impacts. Juste avant que le sang éclabousse le mur de beige sale et coule en traînées indécentes. Et d’autres gens qui passent sans regarder les filets rouges qui se fraient un passage dans la poussière et qui filent vers le caniveau comme des serpents en fuite. La violence la plus pure.
Un moment dans le wagon, il y a eu un enfant turbulent capable d’effacer la suie de l’âme par des rires incroyables, lancés comme des défis. Un homme au cou de poulet perdu dans une chemise trop grande a grommelé à la manière d’un dromadaire oublié par un cirque moribond dans un terrain très vague. La mère de l’enfant, un peu gênée, mais fière de sa progéniture, a saisi le bambin par les bretelles de la salopette toute neuve pour le soustraire à la vindicte populaire. C’est curieux de voir comment le naturel de l’enfance télescope le monde des adultes. La fraîcheur naturelle s’embourbe dans les codes sociétaux et, finalement, s’y noie.
Belle, la mère de l’enfant, avec la poitrine généreuse d’une femme qui se donne sans compter. Opulente et disponible, comme ces esclaves noires de Goa livrées au regard de maquignon des acheteurs désabusés. Parce qu’il fallait être choisie pour survivre. Elle avait dans le fond des yeux un signe de sang et de feu qui ne sait ni mentir ni se dérober quand le faiseur d’amour est en marche, nu et viril dans la quiétude sensuelle de l’alcôve.
Elle les a imaginés.
Elle d’abord. Déshabillée. Porte légèrement entrouverte, lit défait, draps froissés. Le couloir inondé d’une ombre complice jouant au clair-obscur, le soleil indiscret caressant la peau. Avec cet insolent rideau de tulle qui n’arrêtait pas de frémir.
Lui ensuite. Musclé et sombre. De musc parfumé, avec des relents de tabac cueillis dans un bar de nuit quand l’aube s’étire au bord du canal comme une femme alanguie.
Elle encore. Jambes écartées, cheveux en bataille, tête en arrière. Offerte au chasseur. La pression de l’homme, la bouche indiscrète effleurant la peau à l’orée de ce qu’elle a de plus intime. Avec ce corps magnifié qui se tend, se défend des reins et tente de se soustraire, parce que c’est le jeu, avant de se laisser emporter.
Lui enfin, la prenant entièrement, l’investissant en force douce et consommant sans aucune retenue avant de se laisser jaillir dans un souffle puissant, comme si c’était le dernier.
Eux enfin, vautrés comme des mammifères assoupis, une main sur les reins pour l’un, la bouche sur le cou pour l’autre, les sexes humides et tièdes. Les yeux brillants derrière des paupières mi-closes. Et le drap fripé qui témoigne du plaisir exprimé.
Le temps de quelques kilomètres de ballast avalés par le convoi ferraillant, la voyageuse en a rêvé. Elle a appuyé sa main entre ses cuisses à faire se tendre le tissu du vêtement puis elle a osé davantage en remontant ostensiblement sa jupe un peu trop serrée. Elle a bougé un doigt puis deux, en pianotant sans partition. Pour en être aussi. Puis elle s’est fendue d’un soupir discret en refermant l’espace pour emprisonner l’exquise volupté en train de l’envahir.
Un peu plus tard, il y a eu la traversée d’un tunnel gobant le train et ne laissant à l’intérieur du compartiment qu’une lumière blafarde donnant un teint de craie aux voyageurs immobiles. Quand elle s’est déplacée dans l’allée d’un pas chaloupé, elle les a regardés un à un. Le voyageur se résigne en attendant d’arriver à destination. Ils n’ont pas fait attention à elle. Sauf peut-être l’homme au cou décharné qui a quitté sa place aussitôt.
Elle est restée debout à l’extrémité de la voiture à deux pas du soufflet, le regard vide et les yeux tombés à l’intérieur comme une poupée martyrisée. Elle a patiemment attendu son tour, le besoin n’était pas si pressa

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