L assassin invisible
263 pages
Français

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L'assassin invisible , livre ebook

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Description

Le tout Paris est en effervescence, la Une des journaux est dans toutes les têtes, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre : on a assassiné le banquier Montreil ! Montreil ! L’un des acteurs les plus éminents de la haute société parisienne.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782361834012
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Zigomar, tome 1
Léon Sazie

© 2012-2017 Les Moutons électriques
Couverture par Melchior Ascaride
Conception Mérédith Debaque


Le tout Paris est en effervescence, la Une des journaux est dans toutes les têtes, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre : on a assassiné le banquier Montreil ! Montreil ! L’un des acteurs les plus éminents de la haute société parisienne.
Devant le drame, c’est Paulin Broquet, l’estimé agent de la Sûreté, qui prend l’enquête en mains. Mais il est des questions dont nul ne voudrait avoir la réponse. Car ce matin n’est pas qu’un sordide fait divers, c’est un commencement. C’est l’instant où le mal étire ses ailes, le moment où Zigomar, le maître invisible, sort de l’ombre et dévoile au grand jour son génie criminel. Et des hôtels particuliers les plus huppés aux égouts de la capitale, nul ne sera à l’abri. Car ce sont la mort et la maladie qui marchent sur les pas de Zigomar.
C’est une parution importante que ce Zigomar de Léon Sazie (1862-1939). Une erreur corrigée, pourrait-on dire. Le génie du mal, qui précédera le Fantômas de Souvestre et Allain de quelques mois, fit frémir les lecteurs 164 épisodes durant dans le journal Le Matin en 1910. Jamais réédité depuis la première moitié du vingtième siècle, c’est une portion importante de la littérature populaire qui est remise à sa juste place : à la disposition des lecteurs.


Livre I
Le Maître invisible




I
LA SIGNATURE ROUGE
Dans Paris retentit ce matin un cri d’indignation générale, de terreur, de colère. Dans toutes les mains, sur les boulevards, dans les rues, en tramway, en omnibus, on voyait des journaux fébrilement parcourus ornés de manchettes à sensation.
Les camelots couraient, hurlant de leur voix éraillée :
« Demandez… tous les détails… Le drame de la rue Le Peletier ! Le crime mystérieux… Assassinat du banquier Montreil !… »
Hier soir, le garçon de bureau Michel avait trouvé son maître à terre baignant dans une mare de sang, la poitrine trouée d’un coup de poignard. Épouvanté, Michel donna l’alarme.
On courut prévenir le commissaire de police qui ne tarda pas à arriver avec un médecin. Par téléphone on prévint le parquet et la préfecture de police.
M. Montreil gisait à terre ayant perdu beaucoup de sang par une blessure effroyable. Toutefois le médecin constata que la victime respirait, que son cœur battait encore…
Un des employés de la banque fut envoyé aussitôt rue Chalgrin où le banquier habitait avec sa famille un ravissant hôtel. On voulait prévenir les deux fils du banquier : Raoul l’avocat, Robert le médecin, qui eux avec tous les ménagements possibles apprendraient à leur mère, à leur sœur Raymonde, le grand malheur.
La famille Montreil, très unie, vivait dans la plus affectueuse intimité. Les enfants adoraient leur mère, leur père, et manifestaient pour eux une vénération sans bornes. Les deux frères ne se quittaient jamais et semblaient n’avoir qu’une pensée, qu’une volonté.
La tête en feu, le cœur angoissé, l’âme en émoi, le docteur Robert se précipita dans le bureau de son père ; il se jeta sur le banquier le couvrant d’affectueux baisers.
« Oh, quel malheur ! Quel épouvantable crime ! Notre père, si bon, si tendre !… L’assassiner !… lui, le meilleur des hommes ! »
Les magistrats, M. Urbain juge d’instruction, M. Baumier chef de la Sûreté, arrivés peu avant le docteur, laissèrent un moment s’épancher sa douleur, puis le juge d’instruction vint à lui et lui dit :
« Monsieur, soyez fort ! Faites appel à toute votre énergie, à tout votre courage. Les premières heures sont précieuses pour la justice. Veuillez nous permettre de poursuivre notre tâche… »
Près de M. Baumier se tenait Paulin Broquet, le plus habile, le plus fin des inspecteurs de la Sûreté, le plus célèbre des détectives français.
Il laissa d’abord les magistrats poursuivre leur enquête, l’établir officiellement. Son heure d’intervenir ne sonnait pas encore. Il ne se départit seulement de son flegme, de son indifférence qu’au moment où le docteur et Robert Montreil, arrachant les vêtements du banquier, découvrirent la blessure pour y appliquer un pansement sommaire. Broquet s’approcha des médecins et demanda à voir la blessure, à l’examiner. La blessure se trouvait au côté droit du corps, un peu au-dessous de la clavicule.
« Oh ! oh ! dit Paulin Broquet. C’est un beau coup de poignard ! »
Il ajouta :
« Quant à l’assassin, il est gaucher.
— Gaucher ! s’écria-t-on. Comment pouvez-vous voir cela ?
— Le coup se trouvant marqué à droite de la victime a été porté par la main gauche du meurtrier.
— Ce n’est pas une preuve certaine, dit le juge d’instruction. Le meurtrier pouvait frapper avec la main droite, à droite, en se tenant à droite de la victime… ou derrière. »
Le détective s’inclina et répondit :
« C’est vrai ! Mais cela ne s’est pas passé ainsi. En voici la preuve. »
Il désigna le cou du banquier :
« L’assassin tenait M. Montreil au cou avec sa main droite. Voyez, à gauche du cou la marque de quatre ongles, celle du pouce est à droite de la glotte… Donc c’est avec la main gauche que le coup a été porté. »
À ce moment, l’employé du service anthropométrique prenait la photographie du bureau du banquier, du théâtre du crime.
« Ne pourriez-vous pas, lui demanda Broquet, prendre de façon très visible les traces sanglantes qu’on devine sur le coffre-fort ? »
Le photographe lui répondit que la porte du coffre-fort étant de couleur marron et les traces sanglantes très sombres, rien ne viendrait sur la plaque.
Paulin Broquet n’insista pas. Mais il demanda une grande feuille de papier de copie de lettres qu’il mouilla et prépara minutieusement. Avec des précautions infinies il l’appliqua sur la porte du coffre-fort, des deux mains il pressa fortement les tampons de carton-buvard dont il la chargea pour que l’empreinte qu’il désirait prendre fût parfaite.
Au bout de deux ou trois minutes, il retira un à un les cartons-buvards sur la porte du coffre-fort ; au milieu de la double feuille de papier blanc apparut alors, aux yeux étonnés de Robert et des magistrats, un large trait de sang formant un Z épouvantable.
« La signature de l’assassin ! dit gravement Paulin Broquet. Gardez-la bien monsieur le juge, précieusement… Gardez ce Z que vous reverrez certainement plusieurs fois encore. Gardez ce Z… C’est un signe voulu. Une signature tracée là, exprès pour nous. »
Plus bas, pour que Robert n’entendît pas, il ajouta d’un air entendu, mystérieux :
« Exprès pour nous ce Z… pour nous, la justice… pour les autres, les complices… peut-être aussi pour la victime ! »


II
LE DERNIER VISITEUR
Le pansement terminé amena un mieux sensible dans l’état du blessé. Ses forces, à l’avis du médecin, lui permettaient maintenant d’être transporté sans danger jusque chez lui.
Les magistrats, poursuivant leur enquête, examinèrent la disposition des locaux de la banque. Ils revinrent ensuite dans le cabinet du directeur pour procéder aux premiers interrogatoires. On fit entrer le chef de la comptabilité, le caissier.
Paulin Broquet s’écarta un peu pour laisser plus libres les employés en présence des magistrats ; il se dirigea lentement vers la cheminée dans laquelle brûlait un feu de coke à pleine grille. Puis se baissant, il ramassa dans les cendres quelques bouts de papier déchirés à demi consumés, qu’il examina minutieusement.
« Oh ! oh ! fit-il revenant vers son chef et le juge d’instruction, voici qui est étrange… Ce sont des effets, des billets à ordre. Pour la première fois je vois brûler des papiers de ce genre, des papiers plus précieux que des billets de banque… En effet si ces billets ont été payés, celui qui les a souscrits les emporte précieusement. S’ils ne sont pas encore payés, plus sérieusement encore le détenteur les garde. On ne les détruit jamais ainsi…
— Très juste, fit le chef de la comptabilité.
— D’ailleurs, conclut Paulin Broquet, nous saurons la raison de cette anomalie, car voici des fragments d’adresse qui, avec le concours de votre comptabilité nous permettront de retrouver ceux qui les ont signés. »
Le détective soigneusement rangea les bouts de papier dans un grand portefeuille.

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