L énigme d Orvieto
165 pages
Français

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L'énigme d'Orvieto , livre ebook

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Français

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Description

L'Enigme d'Orvieto est une histoire policière qui se déroule vers 1995. Le narrateur, employé à Paris dans un ministère, est en train d'effectuer une étude sur la situation de la culture en France et dans le monde, lorsqu'il est confronté au mystère d'un double meurtre survenu dans une chambre hermétiquement close d'un hôtel de la ville italienne d'Orvieto. Le narrateur mène l'enquête et, de péripéties en péripéties, renvoie le lecteur aux célèbres énigmes d'Edgar Poe, Arthur Conan Doyle, et Gaston Leroux. Le parcours du narrateur aborde aussi la crise du domaine de l'imaginaire propre aux pays industrialisés, crise qui se poursuit en ce début de XXIè siècle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2010
Nombre de lectures 60
EAN13 9782296694682
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’ÉNIGME D’ORVIETO
Pierre Grou


L’ÉNIGME D’ORVIETO

ROMAN


L’Harmattan
DU MÊME AUTEUR

Principaux ouvrages économiques :
L’Aventure économique, L’Harmattan, 1987.
Unification de la pensée et mondialisation économique, L’Harmattan, 1997.
Les Arbres de l’évolution, en collab. avec Laurent Nottale et Jean Chaline, Hachette, 2000.
Impératif technologique ou déclin économique, L’Harmattan, 2005.
Des fleurs pour Schr ö dinger, en collab. avec Laurent Nottale et Jean Chaline, Ellipses, 2009.
L’Argent, obscurantisme du XXI e siècle, Bruno Leprince, 2010.

Œuvres de théâtre :
Chvéïk dans la mondialisation, en collab. avec Anne-Marie Favereau, L’Harmattan, 2005.
Le Brave Soldat Chvéïk dans la guerre d’Irak, en collab. avec Anne-Marie Favereau, Syllepses, 2006.
Les Tribulations de Scapin, L’Harmattan, 2008.
Le Goinfre, L’Harmattan, 2009.


© L’Harmattan, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattanl@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-11227-8
EAN : 9782296112278

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
À Charles Chaplin
PROLOGUE
Où l’on assiste, dans un contexte politique tendu, à une répétition rendant hommage à la tradition comique.


Dès le moment où je mis les pieds sur les planches, je fus soulagé,
tout me parut clair. J’entrai, tournant le dos au public, une idée à
moi. De dos, j’avais l’air impeccable, en jaquette, haut-de-forme,
avec canne et guêtres, le traître typique de l’époque édouardienne.
Puis je me retournai, montrant mon nez rouge. Il y eut des rires.
Charles Chaplin
Histoire de ma vie


Le désordre mondial a de beaux jours devant lui.
Vargale


Il était quatorze heures. Nous étions à environ cinq années de la fin du XX e siècle et le téléphone a sonné sur mon bureau.
Alors, tu viens, oui ou non ?
Je ne progresse pas rapidement.
Fais un saut jusqu’ici. Tu ne sortiras pas du sujet.
Bon, d’accord !
Béatrice me sollicitait pour assister à la répétition d’un spectacle qu’elle préparait.
À tout à l’heure, et sois discret !
C’est de cette manière qu’a débuté l’enchaînement d’événements qui m’a rapidement confronté à l’incroyable énigme d’Orvieto.
Ce jour-là, je me trouvais à mon bureau du ministère. J’avais à rédiger en un bref délai un rapport sur l’avenir de l’exception culturelle française. Novice dans la question, j’avais accumulé du matériel, mais j’avais du mal à y voir clair. Je résumais le problème en me demandant pourquoi on en était arrivé à devoir se protéger contre une présence massive de films américains violents et stupides. La tâche n’apparaissait pas aisée et ma compagne m’avait dérangé.
Pourtant, trois quarts d’heure plus tard, j’empruntais, au Château de Vincennes, le bus qui conduit à la Cartoucherie. Situé en plein bois, ce lieu a longtemps été consacré à des activités militaires, puis la ville de Paris en est redevenue propriétaire. Au début des années 1970, le Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine et quelques troupes de comédiens à la recherche d’un local sont parvenus à s’installer dans de vieux bâtiments abandonnés par l’armée. S’est alors constitué, presque en pleine forêt, un ensemble de salles théâtrales unique en région parisienne et peut-être au monde.
Dix minutes plus tard, je franchissais le porche d’où l’on accède au vaste espace consacré au spectacle.
Mon regard a été accroché par une voiture officielle garée près du Théâtre du Soleil. Le véhicule portait un fanion que je ne connaissais pas. Plus loin sur la droite, devant le Théâtre du Chaudron, une escorte de motards attendait.
Je me suis approché de plusieurs personnes qui formaient un attroupement sur la pelouse.
De quoi s’agit-il ? ai-je demandé à une jeune femme.
Le président de la Bosnie-Herzégovine est venu rendre visite à Ariane Mnouchkine.
L’animatrice du Théâtre du Soleil poursuivait avec un groupe d’artistes une grève de la faim en solidarité avec les assiégés de Sarajevo.
Je me suis esquivé. Béatrice m’avait recommandé la discrétion, car ses recherches sur l’expression comique auraient pu paraître déplacées. On protestait ici contre une barbarie qui, comme cela venait d’être le cas à Srebrenica, massacrait des populations innocentes.
J’ai parcouru quelques dizaines de mètres et me suis engouffré dans un bâtiment en retrait.
Les rangées de sièges disposées devant la scène étaient à moitié occupées. Je me suis assis dans un coin.
Il s’agissait, m’avait-elle annoncé, des Tribulations de Scapin, une adaptation lointaine des Fourberies de Scapin, mais je n’avais pas voulu connaître à l’avance de quelle manière l’animatrice et ses comédiens avaient transformé l’intrigue. Quelques personnes sont encore arrivées et l’enchaînement des scènes a commencé.
Il serait fastidieux de résumer ici les éléments de la nouvelle histoire imaginée par l’animatrice et ses collaborateurs. Disons que l’on y retrouve tous les personnages créés par Molière, mais qu’ils sont placés dans un contexte complètement différent, celui de la fin du XX e siècle. Par suite, une part importante du paysage est consacrée au phénomène du chômage.
Le schéma dramatique est bien construit et, pendant tout le déroulement de la répétition, je ne me suis pas aperçu que le temps passait.
À la fin du spectacle, les quelques spectateurs dispersés sur les sièges de la salle se sont levés et se sont discrètement dirigés vers la petite porte donnant sur l’extérieur.
Lorsque je me suis retrouvé sur la pelouse, j’ai constaté que le véhicule d’Ali Izetbegovic et son escorte de motards s’étaient retirés.
Béatrice, ses comédiens, quelques spectateurs et moi avons quitté la Cartoucherie et, laissant le bois derrière nous, nous avons rejoint un bistrot du centre de Vincennes. Nous nous sommes assis autour de plusieurs tables. Béatrice, très affairée, a commencé à se déplacer d’un groupe à l’autre. Puis elle est revenue vers moi.
Viens, que je te présente l’interprète du rôle de Scapin, Marco Sigieri.
Je me suis levé et je l’ai suivie.
Marco était assis avec Norma, une autre comédienne de l’équipe. Il m’a tendu la main.
Enchanté, ai-je dit.
Prenez place avec nous, a-t-il proposé.
Il me l’a dit avec un léger accent italien que j’avais entendu pendant la représentation.
Merci et encore bravo ! Votre talent m’a conquis. Où avez-vous appris l’art de la pantomime ?
Dans mon pays d’origine.
En prenant des cours ?
Par moi-même. Mime et travail sur la Commedia dell’arte, dans un cirque itinérant.
Vous ressemblez à un personnage fellinien.
Norma a réagi.
Il siffle souvent la musique des clowns qui termine Huit et demi. J’ai poursuivi.
Et après le cirque ? Avez-vous suivi les traces de vos compatriotes qui venaient à Paris jouer devant le jeune Jean-Baptiste Poquelin ?
J’ai débarqué ici il y a une quinzaine d’années.
Cela a été dur ?
Du café-théâtre, comme tout le monde à l’époque.
Et maintenant ?
Je recherche des formes d’expression plus radicales. J’aimerais ridiculiser la pourriture ambiante, le crime organisé, les mafias, l’intolérance…
Vaste programme. À l’aide du comique ?
Avec les moyens du bord, dont le rire.
Vous vous sentez investi d’une mission ?
Le ton de ses propos est devenu plus exalté.
Dans les sociétés avancées comme les nôtres, nous devons donner l’exemple ! Comment voulez-vous que les pays pauvres en quête d’une morale en trouvent une s’ils s’inspirent du modèle lamentable que nous leur offrons ?
Celui de l’argent !
Exactement.

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