L idiot aux mains rouges
39 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
39 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Une vieille dame, aisée et philanthrope, est retrouvée sauvagement égorgée dans son appartement par sa concierge.


Le commissaire Odilon QUENTIN est chargé de l’enquête même si le coupable semble évident puisqu’au moment de la découverte, l’idiot du quartier, un jeune homme ayant les facultés mentales d’un enfant baignait dans le sang de la victime et jouait avec les perles de son collier.


Mais le policier en a vu d’autres en vingt-cinq ans de carrière et sait qu’il ne faut jamais faire confiance aux évidences... qui sont parfois trompeuses...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 8
EAN13 9782373475067
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Odilon QUENTIN
* 44 *
L’IDIOT AUX MAINS ROUGES
Roman policier
par Charles RICHEBOURG
CHAPITRE PREMIER
Comme par hasard, la prise de contact eut lieu dans une loge de concierge, ce qui n'était pas pour déplaire au commissaire Odi lon Quentin, de la Police Judiciaire ; toutefois, cette première entrevue se déroula dans un climat spécial, en dépit de la banalité du décor.
Une bouilloire qui chantonne et l'odeur du café fra îchement moulu ne suffisent pas à créer une atmosphère ; ces détails frappent les sens et l'observateur superficiel s'en contente. Pourtant, si l'on se donne la peine d'analyser certaines perceptions d'ordre strictemen t matériel, on aboutit parfois à d'étranges conclusions.
Ainsi, d'emblée, le fonctionnaire du Quai des Orfèv res comprit que l'entrevue se situait sous le signe de la contradiction : d'ab ord, la pipelette ressemblait à une marquise qui aurait oublié ses talons rouges. E lle était menue comme une souris, et ses cheveux de neige communiquaient à so n visage une douceur angélique. Il est exceptionnel de rencontrer Cerbère déguisé en séraphin...
Autre opposition, plus violente encore, entre la qu iétude du cadre et l'atroce sauvagerie, d'une tragédie sordide digne de la scèn e du Grand Guignol. Enfin, la voix mélodieuse et calme de la narratrice offrait u n contraste saisissant avec les horreurs qu'elle racontait :
— Ce que j'ai vu en entrant dans la salle à manger, Monsieur ?... Jamais je me ne l'oublierai, dussé-je vivre cent ans ! M Crémieux était étendue sur le parquet, la gorge béante, au milieu d'une énorme fl aque de sang. Benjamin pataugeait à quatre pattes dans cette mare visqueus e, la figure et les mains barbouillées d'écarlate, et il poussait des glousse ments de satisfaction chaque fois qu'il trouvait une perle du collier de la morte !
— Comment avez-vous constaté le décès de votre loca taire ?
— Ce n'était guère difficile : la tête de la malheu reuse était quasiment détachée du tronc ! Une blessure horrible ; l'intérieur du cou apparaissait comme une éponge pourpre, maculée de gros caillots noirât res... Seul, un rasoir avait pu provoquer une entaille pareille ; et, de fait, l 'arme du crime était là, sur le bord du tapis, large ouverte, confirmant ma supposition. .. L'idiot la contemplait avec ravissement !
— Vous avez parlé de perles, il y a un instant...
— Oui, si l'on veut ; mais j'ai employé un terme im propre qui vous a peut-être induit en erreur. En réalité il s'agissait de boules irisées montées en collier ; une chatoyante fantaisie sans valeur marchande, rie n de plus.
— Je vois... Et Benjamin, qui est-ce ?
— Un innocent qui vit de la charité publique ; il a l'apparence d'un homme bien bâti, mais son cerveau ne s'est pas développé au rythme de son corps ; c'est à peine s'il sait parler et il s'exprime géné ralement par gestes ou au moyen de vagissements. Il est pourtant doux comme un agne au et il adorait me M Joséphine... Il est vrai que le collier exerçait s ur lui un attrait irrésistible : chaque fois qu'il le voyait, il pleurait de joie !
— Selon vous, l'arriéré aurait donc assassiné la vi eille dame dans le but de satisfaire une enfantine convoitise ?
me — Comment pourrait-il en être autrement ? M Crémieux avait reçu plusieurs visites dans le courant de l'après-midi ; Benjamin est monté le dernier, et il est resté seul avec ma locataire jusqu'au mom ent de mon arrivée.
— Quelles ont été vos réactions, après la découverte du drame ?
— Prise de panique, j'ai dégringolé les escaliers, puis j'ai téléphoné au commissariat du quartier. Les agents sont arrivés v ingt minutes plus tard.
— Qu'auriez-vous fait si le meurtrier avait tenté d e s'échapper ?
— Pas de danger : j'avais fermé à clef la porte de l'appartement !
— Vous aviez songé à cela, malgré votre épouvante ?
— Pourquoi pas ? murmura la concierge en haussant d iscrètement les épaules. Mon geste a été instinctif... une sorte de réflexe de défense, si vous voulez.
Tels étaient les faits dans leur brutale simplicité , et l'affaire se réduisait à peu de chose ; deux personnages seulement : l'irres ponsable et la sexagénaire ; deux pièces à conviction : un rasoir et quelques pe rles de verroterie.
L'enquête était terminée puisque ces quatre élément s permettaient de répondre aux questions qui condensent le résultat d e toutes les investigations judiciaires : Comment ? – Pourquoi ? – D'un coup de rasoir, pour s'approprier quelques billes de verre teinté, un dégénéré avait tué une vieille femme. C'est tout.
Le problème semblait résolu ; cependant le commissa ire ne se contenta pas de cette solution simpliste ; il lui restait quelqu es points subsidiaires à élucider : comment l'assassin s'était procuré l'arme du crime notamment. Et puis, la victime n'avait-elle pas reçu d'autres visites au c ours des heures qui avaient précédé son décès ?
Vingt-cinq années de service actif à la P. J. avaie nt démontré à Quentin la fragilité des raisonnements basés sur les apparence s ; il était habitué à faire toute la lumière sur les énigmes proposées à sa sag acité : et pendant que les
experts et les photographes du parquet opéraient da ns l'appartement de la défunte, il poursuivait son interrogatoire, sur le mode familier qui lui était habituel (1):
— Si nous parlions un peu de la morte ?... proposa-t-il.
— Que vous dirais-je d'elle ?... Joséphine Crémieux est entrée dans l'immeuble il y a une douzaine d'années, peu après la libération. Elle avait cinquante-cinq ans à cette époque, mais elle en par aissait facilement dix de moins.
— Pas de relations masculines ?
— Aucune ; elle vivait avec le souvenir d'un mari t endrement aimé, mort en Allemagne dans un camp de concentration.
—...
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents