La libération explosive
124 pages
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La libération explosive , livre ebook

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Description

Alors là attention, ceci n’est pas un roman de gare. C’est un roman de gars. C’est un roman jeune, français, contemporain, urbain, un roman des cités, de la came, de la castagne, de la boxe clandestine à mains nues, des descentes de policiers véreux qui tournent mal, du cynisme sociétal, et de l’embrouille généralisée. C’est aussi une écriture d’un rythme, d’une vigueur et d’un souffle indéniable.
Ce texte simple, fraternel, brutal et franc se renifle d’un coup, comme une ligne de coke, en grognant d’aise. C’est une lecture jubilante, carrée, superbement visualisée, vraiment, à ne pas manquer. On savoure jouissivement l’abrupt déploiement de cette courte tranche de vie, que Max nomme fort judicieusement “le temps de l’épanouissement carnassier.”

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 février 2012
Nombre de lectures 18
EAN13 9782923916453
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA LIBÉRATION EXPLOSIVE DE L'ÂME : UNE AVENTURE DE MAX PEINE
LORDIUS
© ÉLP éditeur, 2012 www.elpediteur.com elpediteur@yahoo.ca
ISBN978-2-923916-45-3
Image de la couverture : Ken ShakataGaNai,Guns Ammo 2 Source Flickr, galerie de kcdsTM
Polices libres de droit utilisées pour la composition de ce billet : Linux Libertine et Libération Sans
ÉLP éditeur, le service d'éditions d'écouter lire penser, un site dédié à la culture Web francophone depuis 2005, vous rappelle que ce fichier est un livre numérique (ebook). En l'achetant, vous vous engagez à le considérer comme un objet unique destiné à votre usage personnel.
Chapitre 1 Unité pour Malades Difficiles
La descente aux enfers continuait. Il fallait plaider la folie.
— Mieux vaut, me dit mon avocat, l’hôpital psychia-trique que la prison. Après trois ans de détention préventive, j’étais bien de son avis. N’importe quoi plutôt que ce trou à rats insa-lubre infesté de pensionnaires au relationnel rugueux et de gardiens guère plus aimables. Je me suis dit que j’aurais de meilleures chances de me faire la belle à l’hosto. Parce que je ne pouvais pas compter sur le binoclard scri-bouillard qui me faisait face au parloir pour m’aider à m’évader. Déjà bien s’il m’aidait à éviter la perpétuité. — Je préfère l’acquittement, répondis-je.
Il secoua la tête et prit un air contrit, comme s’il raison -nait un gamin capricieux. — Vous en avez trop fait. Tuer votre femme, oui, on aurait pu invoquer la légitime défense en arguant qu’elle vous avait agressé : elle était d’un naturel violent. Mais la découper en morceaux, non. C’est en adéquation avec la thèse de la folie mais pour l’acquittement, c’est compro-mis.
— Écoutez, je sais que j’ai un peu dépassé les bornes. Mais j’avais bu. Tellement bu que je ne savais plus ce que je faisais. Et je crois que c’est le mélange avec les cachets qui m’a fait perdre les pédales. J’étais envahi d’idées noires, à cause de la vie maritale, la routine quotidienne, tout ça. Alors mon généraliste m’avait filé des cachets. Bref, ce soir là, j’étais plus moi-même, je contrôlais plus rien, vous comprenez, Maître ?
Drôle de coutume d’appeler les baveux Maître, comme si on était leur élève. Même le juge passe pour un élève, il appelle l’avocat Maître, lui aussi. Et pour les femmes avo-cates, on n’accorde pas le genre. Grave faute de français, pour une corporation qui prétend maîtriser la langue. Maîtresse, ce serait cocasse et guilleret.
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— La prise de boissons alcoolisées en excès, déclara doc-tement mon avocat, est un facteur aggravant en justice.
— Pourtant, la justice oblige souvent les alcooliques à se faire soigner. Donc s’ils sont malades, ça devrait atténuer la peine.
— La justice des hommes est imparfaite.
— Je regrette d’avoir tué ma femme…
— Ah ! Très bien ! renchérit mon vis-à-vis. Exprimez donc des remords pour les jurés. Par contre, il en faudra plus pour attendrir le juge, d’autant que c’est une femme.
— Ce que j’aimerais bousiller cette juge ! Quelle race abjecte ! Jésus a dit « Ne juge pas ou tu seras jugé ». En prison, j’avais lu le Nouveau Testament. Ce qui m’avait frappé le plus, c’est le gouffre béant entre l’ensei-gnement de Jésus et son interprétation par l’Église. S’il revenait, il serait assez consterné. — Je vous comprends, en un sens. C’est un sale métier, mais il en faut. Abstenez-vous cependant, lors de l’au-dience, de laisser transparaître vos sentiments à l’égard de la corporation des magistrats. Pendant l’expertise médi-cale, contentez-vous de sembler contrit, abattu, débous-
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solé. Surtout ne tentez pas de singer un fou furieux. Vous passeriez pour un simulateur. Soyez vous-même.
— J’suis pas idiot. J’vais pas leur faire un numéro de schizo en crise. Vous bilez pas, Maître, je jouerai la comé -die finement. Les gratte-papier en blouse blanche n’y ver-ront que du feu.
— Je suis confiant : notre dossier comporte des éléments permettant d’obtenir un séjour en Centre Hospitalier Spé-cialisé. o0o Et voilà comment je m’étais retrouvé dans cet hôpital psychiatrique de haute sécurité. Mais le séjour serait long : vingt ans incompressibles. Et retour en détention si les médecins me jugeaient guéri. Il s’agissait donc de ne pas paraître trop sain ! Enfin, pour bien enfoncer le clou liberticide, obligation d’un suivi médical après la libéra-tion.
Mais je n’en étais pas là. Pour l’instant, j’étais en UMD : Unité pour Malades Difficiles. C’était surtout pour les malades que c’était difficile. Le personnel médical n’était pas plus aimable qu’en prison. Pourtant les infirmiers pré-tendaient que j’avais droit à un traitement de faveur. Je
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disposais d’une chambre individuelle capitonnée. Des fois qu’il me prenne l’envie de me frapper la tête contre les murs. C’était leur tronche que j’avais envie de cogner contre n’importe quel objet dur. Les pulsions violentes augmentaient en moi, proportionnellement à la durée de ma détention. En arrivant, je pensais me faire la malle presto. J’ai dû rapidement déchanter. J’en arrivais même à regretter la prison. C’est tout dire. Mais c’était trop tard pour les regrets. Le docteur était aux petits soins, et aux gros médocs. Tous les jours, son sbire en blouse blanche me piquousait et me faisait avaler des cachetons pour faire bonne mesure. Camisole chimique, que ça s’appelle. La camisole de force emprisonne le corps, la chimique enchaîne l’esprit. Les blouses blanches avaient tout un vocabulaire politiquement correct. Ils ne disaient pas camisole de force mais contention ; pas fou mais malade mental ou mieux, handicapé psychique ; pas électrochocs mais sismothérapie. J’avais de la chance dans mon mal-heur : le doc estima que la sismothérapie n’était pas adap-tée à ma maladie. Par contre, les cachetons, ça y allait ! C’était pour mon bien, qu’il disait le gros infirmier blond. Les premiers temps je résistais au traitement. Le
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patient que j’étais se montrait impatient envers la prise des petites pilules. Alors le gros blond me tabassait. Dis-crètement. Car c’était interdit par le règlement. Mais ça lui faisait tellement plaisir à ce sadique. Il adorait que je résiste ! Il commençait par arborer un immense sourire béat. Il joignait ses mains dans le dos et tirait les épaules en arrière, tout en levant le menton. Il s’étirait avant l’exercice ! Et après l’exercice, il m’administrait les médocs. Je restais enfermé dans ma chambre en permanence : je n’étais pas alors un patient « patient » envers le traite-ment. Isolement : je n’avais pas le droit de sortir. J’étais tombé de Charybde en Scylla, comme j’avais lu dans un bouquin à la prison. J’y pensais avec nostalgie, à la taule ! J’avais pensé avoir touché le fond en préventive, mais même quand on se croit au fond du trou, l’adage « on sait ce qu’on perd, on sait pas ce qu’on trouve » reste vrai. En taule, j’avais la promenade, les livres, la télé… Les blouses blanches avaient même le culot d’affirmer que l’isolement me faisait du bien : « l’enfermement est une façon de contenir l’angoisse des patients ». Je dus changer de stratégie pour ne pas devenir ce qui apparaissait dans mon dossier médical : dingue. Ils avaient
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un nom médical pour ça : schizophrénie. Foutaise ! Mais ça leur faisait plaisir de cataloguer tous les pensionnaires. Moi, j’avais même droit à plusieurs étiquettes : antisocial (c’est vrai que je perdais mon sang-froid les premiers temps quand je voyais Blondin entrer dans ma cellule) et violent. J’ignore comment je réussis à élaborer un plan aussi astucieux malgré les neuroleptiques à dose massive qui rendaient mon esprit opaque. Fallait vraiment que je sois super malin à jeun, pour qu’il me reste tant de neurones sous traitement !
Je feignis des malaises plusieurs jours d’affilée. Le doc, dans sa grande mansuétude, réduisit les doses d’abrutis-sants. J’étais toujours dans le brouillard le matin. Mais l’après-midi, et surtout en fin de journée, j’arrivais à émerger. Je découvris aussi que faire de l’exercice phy-sique et boire beaucoup d’eau m’aidaient à évacuer ces saloperies de calmants.
L’eau, c’était la seule substance que je pouvais consom-mer à volonté. L’alcool par exemple était interdit aux patients. Je dois reconnaître cependant que cette daube n’avait pas sur moi un bon effet à haute dose. Ça me fai-sait partir dans des délires un peu excessifs qui m’avaient
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propulsé dans cette ornière fâcheuse et qui avaient envoyé ma femme au cimetière.
Bref, comme les patients n’avaient pas trop la possibi-lité de faire du sport, je fis de l’exercice dans ma chambre individuelle-cellule. C’est fou (attention, c’était un mot banni dans l’établissement) comme on peut se dépenser sans se déplacer : pompes, abdos, flexions des jambes, sauts sur place… L’exercice m’aidait à dissiper les effets des médocs. J’avais élaboré ma propre stratégie de chimio-résistance.
Comme je prenais mes cachets bien gentiment à pré-sent, le docteur, dans sa bienveillance paternelle, m’oc-troya le droit de faire une longue promenade dans le parc chaque après-midi. Ce fut une vraie bouffée d’oxygène, au propre comme au figuré ! Je découvris l’univers de l’hôpi-tal. Les murs étaient blancs, pourvus de rampes pour que les patients abrutis de calmants puissent se déplacer. L’odeur désinfectante de la Javel était si omniprésente que je ne la sentais plus. Je mis plus de temps pour m’habituer aux cris d’angoisse ou de douleur des patients en prove-nance de leur chambre, quand je me baladais dans les cou-loirs. Leurs appels à l’aide me tapaient sur les nerfs. Je décidai de ne pas m’apitoyer sur leurs cris de détresse
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