La pendue du Pré-Catelan
37 pages
Français

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La pendue du Pré-Catelan , livre ebook

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Description

Au Pré-Catelan, au cœur du Bois de Boulogne, au petit matin, une jeune femme est retrouvée nue, pendue à un arbre.


L’identité de la victime ne tarde pas à être découverte, il s’agit d’une starlette en vue.


L’inspecteur Gonzague GAVEAU, dit « Le Professeur », est chargé de l’enquête.


Les premières constatations démontrent que la comédienne a été étranglée avant d’être suspendue.


Un crime ! Dans le milieu du cinéma, voilà qui promet d’exciter tous les folliculaires, d’autant que la vie privée de la nymphette permet de multiplier les suspects potentiels depuis ses amants, ses rivales jusqu’à ce mystérieux boiteux en trench-coat qui a été aperçu non loin des lieux du meurtre...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782373475203
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE S E NQUÊ TE S DU P ROFE SSE UR
- 3 -
L APENDUE DUPRÉ-CATEL AN
de René BYZANCE
C HAPITREPREMIER
OÙ L'ON DÉ COUVRE UNE FE MME NUE
Naguère, dit-on, le Bois de Boulogne a été le théât re, la nuit, de scènes scandaleuses. Des nymphes et des faunes s'ébattaien t dans ses fourrés à la clarté mouvante de la lune. Des satyres hantaient s es clairières ; des dryades amoureuses sollicitaient, de gestes non équivoques, les passants attardés.
Fort heureusement, la morale la plus stricte règne à nouveau sur Paris et sur ses alentours. Le bois a retrouvé son innocence syl vestre et les flâneurs, les familles dominicales, les canotiers des lacs, les t urfistes de Longchamps ou d'Auteuil savourent seuls aujourd'hui la fraîcheur de ses ombrages.
Aussi, est-ce avec une stupeur indignée que Titou B ason, gardien du Stade du Pré-Catelan, découvrit, un matin de septembre, u ne femme nue tout près de son pavillon. Nue, l'inconnue l'était comme Vénus s ortant de l'onde, comme la Vérité jaillie du puits où elle se dissimule jalous ement.
Et, circonstance aggravante, cette créature impudiq ue se balançait à quelques mètres du sol. Les frondaisons déjà rouill ées à l'approche de l'automne faisaient ressortir l'éclat d'une peau à l'éblouissante blancheur, les ors d'une chevelure dénouée plus courte, hélas ! que ce lle d'Ève au temps où notre aïeule commune était l'unique locataire des jardins de l'Éden.
Titou Bason, gars fort pudique, ne s'attarda pas da ns la contemplation d'un tableau enchanteur. Il partit avec la vélocité d'un champion des Jeux olympiques et il allongea sa foulée comme si Pujazon lui-même avait été lancé à ses trousses.
Ancien recordman de France des 1500 mètres, Titou conservait de beaux restes quoique la trentaine, l'inactivité et, chuch otait-on, quelque penchant pour la bouteille eussent compromis sa forme. C'est à pe ine essoufflé qu'il parvint au commissariat de La Muette et qu'il lança aux inspec teurs de service :
— J'ai trouvé une femme nue !
— Un attentat à la pudeur, c'est une bagatelle, fit un policier sans interrompre la belote aux enchères qu'il jouait ave c ses collègues.
— Mais cette femme, fit Titou, est pendue à une bra nche.
— Un suicide alors, ce n'est pas bien grave non plu s. Enfin, pour vous faire plaisir, on va prévenir le patron.
M. Moulinac, commissaire de Police de La Muette, ét ait un fonctionnaire modèle. Ponctuellement, il passait trois fois par j our à son bureau. Le matin, avant de faire une promenade hygiénique au Bois ; à midi, pour s'enquérir des
événements et à la fin de l'après-midi pour signer le courrier. Homme du monde jusqu'au bout de ses ongles vernis et taillés en am ande, il était d'une politesse exquise.
Mis au courant des faits, il fit introduire Titou B ason :
— Vous dites, Monsieur, que vous avez été mis en pr ésence d'une créature du sexe féminin dépouillée de tous voiles ? fit-il en rajustant son monocle.
— C'est exact. Elle est pendue à une branche.
Le commissaire se demanda s'il enverrait sur les li eux un quelconque secrétaire ou s'il ferait à la morte anonyme l'honn eur de se rendre en personne au pied de son gibet.
— Est-elle jolie au moins ? dit-il.
— Oh ! Monsieur le Commissaire, elle est plus belle qu'une statue de musée.
Cette réponse décida M. Moulinac. Au fond, il n'aur ait qu'à modifier légèrement l'itinéraire de sa balade quotidienne.
— Monsieur Dodu, dit-il, à son premier secrétaire, j'ai décidé de me déplacer moi-même. Veuillez avoir l'obligeance de m'accompag ner.
Pendant l'absence de Titou, nul n'avait dérobé le c adavre. Tout près de lui, des passants arpentaient le lacet de routes qui ens errent les terrains du Racing, sans se douter qu'ils manquaient un extraordinaire spectacle. Un châtaignier vénérable masquait son voisin, de même essence, sur lequel était branché le corps.
— Effectivement, elle est parfaite, fit M. Moulinac , émoustillé. Une ligne, des hanches, des jambes... quel dommage que le visage s oit blême et contracté !... Dépendons cette malheureuse, de plus près nous la v errons mieux.
— Je vais quérir une échelle, proposa Titou Bason.
— C'est ça, mon Ami. D'avance, je vous remercie.
Resté en tête-à-tête avec son secrétaire, M. Moulin ac émit une opinion.
— Bien entendu, dit-il, il s'agit d'un suicide.
— Je ne partage pas ce point de vue, fit Dodu. Les gens n'ont pas l'habitude de se mettre tout nus pour se supprimer.
— Cher ami, les désespérés ont d'étranges lubies.
« Cette jeune femme a désiré peut-être nous offrir, comme un ultime souvenir de son passage sur la terre, la vision merveilleuse de sa vénusté.
— Dans ce cas, patron, je vois assez mal la particu lière traversant une partie de Paris dans le plus simple appareil avant de venir échouer ici.
— Elle a pu se déshabiller dans le Bois.
— Dans cette hypothèse, nous retrouverons ses vêtem ents... Non, croyez-moi, patron, il est impossible que la victime elle- même ait pu lancer la corde sur la branche, passer à sa gorge un nœud coulant et s'élever dans les airs comme un ange. Sûrement, elle a été exécutée.
— Un crime, murmura M. Moulinac, lugubre.
Si une calvitie distinguée n'avait été l'une des ca ractéristiques de son élégance, nous dirions que le commissaire était déf risé. De naturel doux et paisible, il détestait toutes les violences. Et, pr ofessionnellement, il avait la phobie des meurtres et autres affaires de sang, qui troublent la quiétude des hauts fonctionnaires de la police. Déjà, il se sent ait accablé par la charge d'une enquête, par la rédaction de rapports, par...
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