Ladainian Abernaker - l intégrale
149 pages
Français

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Ladainian Abernaker - l'intégrale , livre ebook

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Description

Ladainian Abernaker est un très vieux vampire, aigri et inadapté à la vie moderne. Sa seule passion : le blues. Son seul ami : Ezequiel, un corbeau.


Tout naturellement, il vit à Chicago, une ville qu’il a vu naître, grandir et prospérer. Réfugié dans son bar à musique, le Willie’s, il traverse les années avec cette seule obsession : faire perdurer le blues de Chicago, cette sonorité si particulière qui, à elle seule, apaise son esprit torturé.


Le monde extérieur n’est là que pour lui permettre de satisfaire cette idée fixe, il n’a aucun autre intérêt à ses yeux. Ainsi, il exerce la douce activité de tueur à gages afin de gagner l’argent nécessaire à sa marotte et ne porte aucun intérêt à l’organisation vampirique dirigée par le Duc.


Malheureusement, ce dernier ne l’entend pas de cette oreille. Entre ce chef indésirable et une multitude d’autres trouble-fêtes, la vie de Ladainian n’est pas aussi calme qu’il le souhaiterait.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782373420821
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Avertissement

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Ladainian Abernaker - Vampire Blues
Lydie Blaizot
Éditions du Petit Caveau - Collection Sang%Numérique
Come on
Oh baby don't you wanna go
Come on
Oh baby don't you wanna go
Back to that same old place
Sweet home Chicago

Robert Johson
Sweet home Chicago
Vampire Blues
Chicago, 22 avril 2008
Danny, assis sur son canapé face à la table basse, rassemblait les dernières miettes de sa cocaïne journalière à l'aide d'un valet de pique. Il venait de s'enfiler trois lignes bien fournies et, déjà, le monde extérieur s'embellissait de teintes merveilleuses, moirées de petites étoiles aguicheuses. Il se pencha en avant, un doigt appuyé sur sa narine gauche et, d'une forte inspiration, ingurgita sa quatrième ligne avant de se laisser aller en arrière. Vautré dans le sofa, les jambes écartées, il fixait le plafond en ricanant bêtement. Là-haut, de drôles de monstres batifolaient sans entraves au milieu des lumières. Il s'esclaffa, une main sur le ventre, lorsqu'un éléphant rose doté d'une tête humaine – celle de son patron ? – éclata en gerbes scintillantes juste au-dessus de lui.
— Porte poisse, le valet de pique, fit une voix profonde.
Danny sursauta et contempla, ahuri, l'homme qui se tenait dans son salon. Plutôt grand, très sec, il ressemblait à une antiquité qu'un vendeur peu regardant aurait sorti de la naphtaline. Les traits burinés par l'âge, soulignés par un gros nez aplati et de grandes oreilles, il portait un vieux costume noir digne des Blues Brothers avec l'indispensable borsalino vissé sur le crâne. Des chaussures cirées noires et blanches complétaient cette panoplie ringarde à souhait. Les mains dans les poches de son pantalon, les épaules voûtées, il paraissait aussi inoffensif que le vieil épicier du quartier. Derrière lui, la porte de l'appartement était toujours fermée, verrou et chaîne de sécurité en place. Revenu de sa surprise, Danny s'extirpa de son canapé et s'avança en zigzags vers son visiteur. Il brandit un poing qui se voulait menaçant.
— Dis donc vieux schnock ! J'sais pas comment t'es entré et je m'en tape ! Barre-toi de mon herbe !
Danny comprit son erreur lorsque son regard rencontra deux puits de ténèbres glacés qui enserrèrent son esprit dans un étau de terreur pure. La sensation, d'une violence inouïe, mit aussitôt fin aux effets psychiques de la cocaïne. Il sentit avec une lucidité terrible l'intrusion, puis la fouille méthodique de ses pensées les plus intimes, sans qu'il ne puisse y opposer la moindre résistance. Son agresseur fourrageait en lui tel un bulldozer chargé de mettre à nu chaque parcelle de son âme. Paradoxalement, ce n'était pas douloureux. Le jeune homme avait presque l'impression de n'être qu'un simple spectateur, témoin silencieux d'un cambriolage hors normes. S'il n'y avait eu ce froid intense, cette peur irrépressible, il aurait pu se croire dans un nouveau trip. Malheureusement, tout ceci était bien réel. Soudain, il hoqueta, stupéfait, avant d'opérer un demi-tour rigide. Il ne contrôlait plus son propre corps ! Paniqué, Danny tenta de s'accrocher à un guéridon, puis au canapé, mais ses mains bougeaient à peine, tétanisées. Ses pas mécaniques, dénués de leur aisance naturelle, le rapprochèrent du balcon. Sans pouvoir s'y opposer, il ouvrit la porte coulissante, s'avança à l'extérieur et enjamba la rambarde. Il eut juste le temps d'admirer une dernière fois la ville illuminée avant de sauter dans le vide, incapable de pousser le moindre cri. Quatorze étages plus bas, ses os se disloquèrent sur le trottoir.
Ladainian Abernaker suivit sa victime des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse dans l'obscurité. Le bruit de sa rencontre avec le bitume parvint à ses oreilles sensibles quelques secondes plus tard et il maugréa, ronchon. Il détestait les camés. Tous ceux qui contaminaient leur sang si précieux avec des cochonneries, en réalité. Satisfait de sa besogne, il se concentra un instant et, derrière lui, la porte disparut sous un voile opaque, comme absorbée par un croque-mitaine. Il recula et la traversa avec autant de facilité qu'à son arrivée. Parvenu de l'autre côté, il se secoua, remit en place son chapeau et quitta l'immeuble d'un pas traînant. Un autre genre de travail, beaucoup plus plaisant, l'attendait à quelques kilomètres de là.
Une demi-heure plus tard, Ladainian avançait sous une bruine désagréable dans Howe Street, une rue sympathique d'Old Town, où le bâtiment le plus élevé ne dépassait pas deux étages. Le sien, bâti de pierre blanche, possédait au rez-de-chaussée une vitrine faite de bois sombre. Un néon bleu très discret annonçait de ses belles lettres déliées le Willie's , un bar à musique presque aussi ancien que le quartier lui-même. Ladainian le couva un moment des yeux avant d'y pénétrer, le sourire aux lèvres. Enfin de retour chez lui ! Il s'arrêta sur le seuil et, les yeux fermés, prit une profonde inspiration. Un merveilleux mélange d'odeurs titilla ses narines et il soupira d'aise, heureux. Ce bar était le seul endroit capable d'apaiser ses nerfs, le seul où il pouvait se détendre.
— Hello Boss !
Cathy, sa serveuse, lui adressa un geste jovial de la main. Son patron répondit par un signe de tête et la suivit du regard alors qu'elle circulait entre les tables en chêne bruni par l'âge. Comme chaque soir, elle vérifiait l'état de propreté des sièges en cuir rouge, la présence des cendriers, l'éclat des cuivres du comptoir et le bon fonctionnement des lampes qui diffusaient leur lumière tamisée dans toute la salle. Le bruit de ses pas sur le vieux parquet en bois était un pur ravissement aux oreilles du patron. Il ne se lassait jamais de l'écouter trottiner partout. Derrière le comptoir, Eddie, le colossal barman aussi noir que du pétrole, astiquait l'imposant miroir biseauté dont l'installation remontait à la création de l'établissement. Il ne manquait plus que la musique pour parachever ce décor idyllique. Ladainian se renfrogna. Sans le blues, le Willie's demeurait incomplet, amputé d'une partie de son âme. Un problème auquel il devait s'attaquer rapidement. Il consulta sa montre et, lorsqu'il releva la tête, Cathy se tenait face à lui. On ne pouvait guère la qualifier de belle – son visage carré s'était creusé davantage avec la cinquantaine – mais elle débordait d'une énergie communicative.
— Les gars se préparent, boss. On attend plus que ce fameux remplaçant au saxo.
— Merci, ma grande. Préviens-moi dès qu'il arrive.
Cathy hocha la tête avant de retourner à sa besogne. Ladainian se dirigea vers son bureau, saluant Eddie au passage et, dès qu'il passa la porte, il jeta d'un geste expert son borsalino sur le porte-manteau. Cette petite prouesse fut accompagnée d'un croassement et le vieil homme vint caresser son corbeau sous le menton.
— Salut, Ezequiel. Quelle fichue journée, mon pauvre garçon ! lâcha-t-il de sa voix profonde. Tu aurais vu cet espèce d'abruti ! Je suis sûr qu'il m'a confondu avec le concierge, tellement il était parti dans son trip !
Il s'installa derrière son bureau, alluma son ordinateur et envoya un email laconique à son employeur.
Livraison effectuée. Bien à vous.
Ladainian détestait ce genre d'engins, mais il reconnaissait volontiers leur utilité. Demain, il pourrait se connecter au site Internet de sa banque des Baléares afin de vérifier que la seconde partie de son salaire avait bien été virée. Un gain de temps et d'eff

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