Le complice
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Français

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Description

N’est-il pas drame plus classique que celui d’un homme se suicidant d’une balle dans la tête par dépit amoureux ? Que celui-ci soit bien plus âgé que la belle qu’il chérit et qu’il soit multimillionnaire quand son rival est jeune et désargenté n’y change rien !


Mais, dans un tel cas, si la police ne retrouve pas l’arme, le suicide se transforme immédiatement en homicide.


Et s’il faut chercher à qui le crime profite, le pauvre « fiancé » de la femme convoitée devient vite suspecté et tout aussi rapidement accusé, même s’il se défend du meurtre.


Heureusement pour les deux amants, l’inspecteur MIC est toujours prêt à résoudre les mystères impénétrables, même quand il est en vacances...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 8
EAN13 9782373476866
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

AU LECTEUR
Des divers récits qui suivent, quelques-uns ont été rédigés à l’aide des notes et dossiers que m’a confiés l’inspecteur Mic(1) ; d’autres m’ont été directement racontés par lui, et furent transcrits par moi aussi exactement que possible. Réunis tels quels, ils constituent pour a insi dire les mémoires du célèbre policier, dont je ne fus, en l’occurrence, que le fidèle secrétaire et le confident.
Alfred MORTIER.
(1) Son nom véritable était Micanel, mais dès le co llège, ses camarades l’appelaient déjà Mic, et cette abréviation familiè re a persisté durant toute sa carrière.[Retour]
LE COMPLICE
Par
Alfred MORTIER
I
Cet été-là, contraint par divers projets de théâtre de rester dans le voisinage de Paris, j'avais loué pour moi et les miens une pe tite villa, « Les Glaïeuls », à Vieux-Moulin, un joli bourg situé à huit kilomètres de Compiègne. L'habitation s'élevait en bordure de la forêt, sur la route qui conduit à Pierrefonds ; elle était entourée d'autres résidences estivales. L'une d'entre elles, le « Clair-Logis », qui jouxtait la mienne, appartenait à un certain M. Lav ialle, confortable négociant parisien (Papiers en gros, boulevard Voltaire), don t je fis d'ailleurs la connaissance peu de jours après notre arrivée. C'ét ait un brave homme d'une cinquantaine d'années, qui avait comme moi la passi on du jardinage, ce qui nous rapprocha ; il passait ses étés dans sa propri été avec sa femme et sa fille Gilberte, une charmante blonde de dix-huit ans, qui venait de terminer ses études et de passer avec succès sa licence ès lettres.
Vers la fin du mois de juillet, une dizaine de jour s après notre installation, un dimanche, M. Lavialle nous invita à dîner, ma femme et moi. L'on nous présenta un jeune homme de physionomie fine et distinguée :
— Mon neveu, déclara le négociant ; journaliste... et poète » ajouta-t-il d'un ton légèrement railleur, en homme qui évidemment tr ouvait plus profitable de vendre du papier que d'en noircir.
Mais sa fille Gilberte ne parut point de cet avis, et je crus m'apercevoir qu'entre les deux cousins régnait je ne sais quelle tendre familiarité. Ce neveu, nommé Henri Picol, qui était secrétaire de la rédac tion d'une feuille locale de Compiègne, partit après le dîner vers sa tâche noct urne, et je ne le revis que le dimanche suivant, tout à fait à l'improviste d'aill eurs. Aux approches du crépuscule, en revenant de faire un tour dans le bo is tout proche, un murmure de voix me parvint ; je m'arrêtai instinctivement, et, derrière un rideau d'arbres, à une vingtaine de mètres, j'aperçus Gilberte et son cousin en conversation fort animée ; soudain le jeune homme la saisit par la ta ille. Gilberte s'abandonna, et ils échangèrent un baiser prolongé. Je m'éloignai d iscrètement, non sans penser que cette sorte de fiançailles en catimini risquait fort de ne pas recevoir l'approbation du père Lavialle, qui devait rêver po ur sa jolie progéniture autre chose qu'un folliculaire sans le sou, et poète par-dessus le marché.
La nuit tombait quand je regagnai la route ; mais a u moment où je traversai la chaussée pour rentrer aux « Glaïeuls », je fus à demi heurté par un cycliste :
— Espèce d'idiot, lui criai-je, vous ne pouvez pas allumer votre lanterne !
Le cycliste avait mis pied à terre et s'excusait fo rt poliment avec un accent anglais assez marqué. Et brusquement, au moment où il éclaira son petit phare, nous nous reconnûmes :
— Sam Buxton ! m'écriai-je. Que diable faites-vous dans ces parages ? Je vous croyais fixé à New York.
— J'en suis revenu depuis trois mois. Mais venez do nc boire un cocktail dans mon cottage, à quelques minutes d'ici.
J'avais connu Buxton cinq ou six ans auparavant, da ns un bar de Montparnasse, par l'entremise d'un peintre de mes a mis. Sam faisait soi-disant de la peinture aussi ; en réalité c'était une espèc e d'amateur largement pensionné par son père, un gros banquier de New York. Esprit original d'ailleurs, de la catégorie des humoristes un peu sombres et âc res, caractère qu'aggravait l'usage excessif des alcools.
Sur la route de Pierrefonds, à 800 mètres du bourg, il habitait, tout seul, une vieille bâtisse Louis XIII qu'on appelait « Le Cast el », entourée d'un jardin inculte, mais spacieux, planté d'arbres et orné d'u ne pièce d'eau. En me promenant du côté des Étangs Saint-Pierre, j'avais souvent remarqué cette vétuste demeure de style, sans me douter qu'elle ab ritait le camarade Buxton.
Tandis que le valet de chambre faisant office de ba rman agitait son shaker, Sam m'expliqua à mi-voix que son père était mort si x mois auparavant, lui laissant plus de trois millions de dollars, soit en viron soixante millions de francs.
Les cocktails une fois servis, et le valet disparu, Sam entra dans les confidences. Il me dit d'un air las que des tas de jeunes filles de la haute société new-yorkaise lui avaient fait les yeux doux, mais q u'il ne s'y était pas laissé prendre ; qu'il s'ennuyait à mort et ne savait que faire de tant d'argent, n'ayant pas d'autre plaisir que de fumer une bonne pipe agr émentée d'un verre de whisky ; que rien ne l'intéressait plus, ni les fem mes, ni le jeu, ni les livres, ni même la peinture, car il avait la certitude de sa m édiocrité artistique ; enfin qu'il ne trouvait parfois quelque dérivatif que dans le s port, l'auto, à condition de marcher à une allure folle, « à tombeau ouvert », e t qu'il espérait bien un jour ou l'autre se casser la figure, et être ainsi délivré de ce monde cupide, fourbe, ignoble, et surtout mortellement banal.
Tandis qu'il parlait ainsi, je le regardais ; bien qu'il eût à peine dépassé la quarantaine, il accusait bien dix ans de plus ; il n'avait pas le type noueux, équarri des Anglo-Saxons. Sa défunte mère était née , je crois, en Louisiane, et il avait hérité du physique maternel. Son visage olivâ tre, au nez aquilin, aux traits ravinés, sa chevelure mêlée de mèches grisonnantes, ses yeux noirs parfois sans lueur, lui composaient une physionomie assez c urieuse, mais marquée d'une lassitude prématurée, de la griffe du spleen. Et je songeais à cette fréquente injustice du destin, qui octroie d'énorme s richesses à des êtres qui n'en sont pas dignes, parce qu'ils ne trouvent d'in térêt à rien, et à peine à eux-mêmes. Mais peut-être, au contraire, y avait-il dan s cette discordance de l'argent et de son possesseur une sorte de revanche de la fortune, comme une ironie du Destin, la facétie cruelle d'un Dieu qui s'amusait à combler un homme
de biens, tout en lui retirant la faculté d'en joui r, en le desséchant comme un arbre mort, en l'anémiant de sa sève généreuse ; ca r, à défaut de lui-même, cet homme eût pu trouver plaisir à secourir la misère h umaine.
Se balançant dans un rocking-chair, l'Américain sir otait son quatrième cocktail, tandis que je murmurai malgré moi :
— Quand je vous ai connu, le monde ne vous amusait déjà pas beaucoup. Je vois qu'à présent il vous dégoûte tout à fait.Damned boy !un Secouez-vous peu. Avec votre montagne d'or, quel bien vous pourriez faire ! Et ce serait le vrai remède à votre spleen. La joie d'autrui vous en gué rirait.
À ces mots il bondit, se dressa devant moi le regar d incendié par l'alcool ; ses lèvres serrées laissèrent passer un sifflement sarcastique :
— La philanthropie, ça jamais ! Me prenez-vous pour un imbécile ? Certes je ne refuserai pas un secours à quelque malchanceux ; je ne suis pas un monstre. Mais me consacrer à des œuvres pies, non. Je mépris e trop l'humanité, la Société abominable qu'elle a créée pour vouloir rem édier à ses tares, à son insuffisance. Qu'elle meure, cette société, qu'elle crève, plutôt que de l'épouser en lui fournissant sa dot !
Et il éclata d'un long rire aigu d'alcoolique, d'un rire spasmodique, qu'il apaisa ensuite d'une ample rasade. Puis sentant con fusément qu'il m'avait déplu, il se ressaisit, devint soudain cordial, aim able, arbora les manières du gentleman qu'il était malgré tout, me fit monter au premier étage dans un vaste atelier, me montra quelques-uns de ses croquis, poi nt maladroits du reste ; enfin, en me reconduisant, car il se faisait tard, il m'offrit une belle promenade en auto pour tous les miens dès le lendemain, ce que j 'acceptai.
II
La randonnée eut lieu, et fut des plus agréables, c ar rien n'est aussi beau qu'une course à travers cette immense forêt de Comp iègne, peuplée à perte de vue de frondaisons d'une noblesse séculaire, où le soleil et les ombres créent un poème changeant et magique dans le mystère des h alliers. Nous rentrâmes au coucher du soleil ; la somptueuse hispano nous d éposa devant « Les Glaïeuls », où les miens s'égaillèrent. Je demeurai en arrière pour remercier encore Buxton et le féliciter de ne pas s'être livré à des excès de vitesse ; j'allais le quitter, lorsque nous aperçûmes dans le bois une apparition délicieuse qui s'avançait ; les derniers rayons du soleil, se joua nt dans le feuillage, nimbaient d'un halo d'or les cheveux blonds de...
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