Le complot climatique
358 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description

Dans ce polar climatique d'un genre nouveau, le lecteur n'est pas seulement captivé par une intrigue policière qui le fait voyager aux quatre coins du monde. Il découvre également les enjeux de la négociation internationale sur le climat et se trouve plongé dans les arcanes du monde universitaire. Deux univers sur lesquels l'auteur porte un regard à la fois critique et bienveillant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 02 octobre 2014
Nombre de lectures 94
EAN13 9782336357768
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
4e de couverture
Copyright
























© L’Harmattan, 2014
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
www.harmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
EAN Epub : 978-2-336-70787-7
Titre

C HRISTIAN DE P ERTHUIS






Le complot climatique

Roman
Dédicaces


Pour Adèle, Élise et Léonard
En souvenir d’Anne
PARTIE I GWENAËLLE
1 Dauphine : salle B408
8h25, porte Dauphine. L’orage éclate. La chaussée circulaire se transforme en une immense toile de tambour sur laquelle rebondissent des milliers de gouttes, dans un grondement assourdissant. Coincé entre le périphérique et le boulevard des maréchaux, le bâtiment de l’université disparaît derrière un rideau d’eau. Un piéton en perdition se rue dans sa direction, vaguement protégé par un carable maintenu en équilibre sur le crâne. De nombreux automobilistes se rangent sur les bas-côtés.
La silhouette d’un bus émerge sur la place. A l’intérieur, les passagers replient leurs journaux et rangent leurs smartphones. Le déchainement des éléments transforme un banal déplacement quotidien en une aventure collective. Les langues se délient et chacun y va de son commentaire. Sur la plate-forme centrale, la femme brune montée Porte de Champerret se hisse sur la pointe des pieds pour mieux jauger la situation. Malgré les paquets d’eau qui s’abattent sur la place, les véhicules continuent de progresser en direction du boulevard. La passagère se retourne pour rassurer un retraité assis sur la banquette, inquiet à l’idée de rater sa visite de contrôle à l’hôpital Ambroise Paré. Elle-même n’a plus aucune chance d’être à l’heure à l’université ! Elle récupère le petit sac à dos rouge bordeaux calé au pied de la barre centrale, saisit la feuille pliée dans sa poche extérieure et se poste devant la sortie.
Le bus atteint le boulevard. Le chauffeur accepte de libérer les voyageurs qui piaffent d’impatience. Il actionne les soufflets de la portière qui se replient. Un vent chargé de pluie s’engouffre par l’ouverture. Les passagers reculent instinctivement, attendent qu’un téméraire ose se lancer. Le retraité se met à hurler qu’il est malade, que la porte doit immédiatement être refermée, qu’il va porter plainte. La femme brune consulte une dernière fois sa montre, agrippe son sac et s’échappe du véhicule. Son pied droit glisse sur le rebord du trottoir et elle manque de s’étaler sur l’asphalte. Rétablissant in extremis son équilibre, elle laisse échapper dans les débordements du caniveau la feuille qu’elle serrait à l’instant précieusement dans la main.
8h33, Gwenaëlle Le Penhoc’h, professeure agrégée d’économie, franchit le porche de l’université Paris-Dauphine. Dans sa hâte, elle ne reconnaît pas la silhouette massive du président de l’honorable institution qu’elle bouscule légèrement en se dirigeant vers le minuscule guichet, à gauche de l’entrée :
– Bonjour. Je dois faire passer mon examen de master et je viens de perdre la convocation avec le numéro de la salle. Savez-vous où se déroulent les épreuves ?
– Moi, je suis de la société de gardiennage ! Je termine juste mon service de nuit. Mais attendez, je demande au collègue : Eric ! Pour les renseignements sur les salles d’examen, il faut s’adresser où ?
– Au quatrième étage, au service des plannings qui ouvre ses portes à neuf heures, répond une voix rauque provenant du fond de la pièce. Avant, on peut consulter le planning au bureau général des appariteurs, au rez-de-chaussée.
– Merci, j’y file.
La salle des appariteurs est bien ouverte, mais vide. Il y a des jours où la poisse ne vous lâche pas, fulmine intérieurement Gwenaëlle. La silhouette de Monsieur Diap apparaît au fond du couloir. Le chef des appariteurs avance avec précaution, un gobelet de café fumant à la main. Son visage s’éclaire quand il reconnaît Gwenaëlle. Peinant à reprendre son souffle, l’enseignante s’adresse à lui :
– Bonjour Monsieur Diap. Pouvons-nous s’il vous plaît consulter le planning ? C’est très urgent. Je dois surveiller mon examen de master mais j’ai perdu le numéro de la salle en sortant du bus.
– Mais oui ! Suivez-moi dans le bureau. Vous voyez, c’est assez commode : les salles sont regroupées suivant les ailes des bâtiments. Vous vous souvenez de l’aile où a lieu votre épreuve ? Non ? Alors, on va commencer par l’aile B. C’est généralement là que se tiennent les examens. Rappelez-moi le numéro de votre master.
– Economie du climat.
– Ça je connais ! Au service des plannings, ils ne reportent que le code de chaque master sur les tableaux, pas leur intitulé. Il me faut le numéro.
Gwenaëlle n’a jamais été une grande spécialiste de la chose administrative. Parfaitement rodée au maniement des chiffres et des équations, elle peine déjà à retrouver son numéro de sécurité sociale. Pour ce qui est du code de son master, elle sèche totalement ! Monsieur Diap observe le visage défait de l’enseignante qu’il voudrait bien tirer de ce mauvais pas. S’il ouvre l’ordinateur pour faire une recherche, il risque de perdre un temps fou avec le logiciel maison qui est tout sauf convivial. Mais il y a le récapitulatif hebdomadaire affiché dans le poste de sécurité, juste de l’autre côté du couloir. Il y emmène Gwenaëlle qui, résignée, lui emboîte le pas. Il décroche la liasse de papiers punaisée au mur, retire la feuille datée du vendredi 13 avril 2012 et la tend à son interlocutrice :
– Vous avez toutes les informations là-dessus : gardez la feuille ! J’irai en récupérer un autre exemplaire chez les collègues de la scolarité, lorsqu’ils seront arrivés.
– Grand merci.
– Mais de rien. N’hésitez pas à nous solliciter. Vous savez, nous, on est enchantés quand on a l’impression de servir à quelque chose !
Gwenaëlle n’a pas entendu la réplique de l’appariteur. Elle se hâte vers l’escalier central en parcourant la feuille. Par chance, un seul examen est programmé à 8h30 : au quatrième étage en salle B408. Elle grimpe les marches quatre à quatre.
8h40, salle B408. Un certain brouhaha accompagne l’entrée de Madame Le Penhoc’h dans la salle moite où discutent une trentaine d’étudiants, goguenards. L’enseignante rejoint rapidement le bureau situé sur l’estrade qui fait face à la salle.
– Une Bretonne, ça devrait savoir résister à la tempête, souffle à son voisin Martin, le play-boy de la promotion. Regarde-moi ça : les cheveux en bataille, le mascara qui se barre en compote, et ce chemisier défait qui dévoile ses splendides nichons.
Aude qui n’a jamais accroché avec ce professeur lance sur un ton mielleux :
– Madame, nous étions bien convoqués à huit heures et demie ? Est-ce que l’horaire de l’examen a été décalé ?
Élodie, la déléguée de la promotion, se sent obligée d’ajouter que le président de l’université est passé à deux reprises dans la salle en demandant si l’enseignante était arrivée, elle d’habitude si inflexible avec les horaires.
Gwenaëlle a la réputation de ne tolérer aucun flottement durant ses cours. De taille moyenne, cette femme n’en impose pas spécialement par son physique, mais une incroyable force émane de son visage rond et basané. Ses lèvres charnues et sensuelles expriment une sorte de moue ironique, parfois un peu cassante. Ses yeux noisette, à l’iris légèrement translucide, se posent sur ses interlocuteurs pour ne plus les lâcher. Ils peuvent décocher de véritables flèches paralysantes. Arrivée au centre de l’estrade, Gwenaëlle s’appuie sur le rebord du bureau et fixe les étudiants, le corps légèrement penché en avant. Elle demeure silencieuse, inspire de longues goulées d’air pour évacuer sa contrariété, attend que le brouhaha diminue pour prendre la parole d’une voix calme et déterminée :
– L’examen dure deux heures. A 10h45, nous devons libérer la salle. Martin, plutôt que de bavarder avec votre voisin, venez distribuer les copies : une par étudiant. Youlia, pourriez-vous, s’il vous plaît, entrouvrir les fenêtres ? Cette salle est un bocal totalement irrespirable. Je ne distribuerai le sujet que lorsque vous serez tous assis, quatre par travée, et alignés. Je vous rappelle que l’examen est strictement individuel et sans documents. Tout le temps que vous prenez à vous installer est perdu pour votre épreuve. Pour ma part, je suis prête à distribuer les sujets dès que chacun sera en place et le silence revenu.
Les consignes, lancées sur un ton tranchant

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