Le labyrinthe des mirages
118 pages
Français

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Description

Ni les dérives criminelles des entreprises de construction Grégoire et fils Inc., ni Ramone- le narcotrafiquant, prince du crime des bidonvilles de Caracas- n’ont eu raison de Jean Royer,
Sergent détective au Service de police de la ville de Montréal (la liberté), de David Egan, procureur criminel (l’égalité) et du Dr Raphael Simard (la fraternité).
Mais l’embrocheur, le pervers absolu qui se dévoile progressivement au fil des trois investigations de l’inséparable trio a réussi à troubler l’esprit de Jean Royer, l’enquêteur-star. Dès lors, l’errance de la machine à tuer pourrait-être sans fin dans un Québec inédit. Sa capacité d’adaptation le protège. Mais l’épilogue de la trilogie des enquêtes de Jean Royer nous montre comment Le labyrinthe des mirages va le perdre, comment Karim Khoury, si semblable à Jean Royer, lui, va réussir après deux décennies d’échecs de la police.


Les dérives de la pédophilie dans l'église au Québec.
L’un des écrivains francophones le plus novateur a créé un univers, cruel et poétique, d’une profonde humanité. Il nous révèle qu’un secret est à découvrir au-delà des horreurs commises. Pour les arrêter ?

ÉPILOGUE DE LA TRILOGIE

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 mars 2017
Nombre de lectures 8
EAN13 9791091590273
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection Haret Noir
www.lavalettediteur.fr
ISBN : 9791091590273
À Émilie-Pier Gagné, ma blonde, ma fiancée, ma vie
La vérité était beaucoup plus simple : il fallait avouer.
Pierre Vadeboncœur – Un amour libre
Table des matières
Couverture
Page de titre
Page de copyright
Dédicace
Exergue
Prologue
Première partie
Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre IV
Chapitre V
Chapitre VI
Chapitre VII
Chapitre VIII
Chapitre IX
Chapitre X
Chapitre XI
Chapitre XII
Chapitre XIII
Chapitre XIV
Chapitre XV
Chapitre XVI
Chapitre XVII
Chapitre XVIII
Chapitre XIX
Deuxième partie
Chapitre XX
Chapitre XXI
Chapitre XXII
Chapitre XXIII
Chapitre XXIV
Chapitre XXV
Chapitre XXVI
Chapitre XXVII
Chapitre XXVIII
Chapitre XXIX
Troisième partie
Chapitre XXX
Chapitre XXXI
Chapitre XXXII
Chapitre XXXIII
Quatrième partie
Chapitre XXXIV
Chapitre XXXV
Chapitre XXXVI
Chapitre XXXVII
Chapitre XXXVIII
Chapitre XXXIX
Chapitre XL
Chapitre XLI
Chapitre XLII
Chapitre XLIII
Chapitre XLIV
Chapitre XLV
Prologue

Il ne connaîtrait jamais la paix.
Debout, le visage affecté par la brise du mois d’août et le cœur serré par la grandiloquente Ouverture n o 3 en ré majeur BVW 1068 de Jean-Sébastien Bach, il ressassait l’ensemble de son passé, cherchant à découvrir de nouveau la force de ses pulsions ; plusieurs mois déjà qu’il n’avait pas tué, qu’il entrait dans une nouvelle lumière créée par l’envie de rebrousser chemin, d’atteindre une manière différente de considérer la vie, à l’écart des zones rouges de la haine pour l’enfance, de la délectation des corps innocents, dilacérés par son sexe.
Sur le Lac-au-Saumon, deux canards venaient vers lui, comme des alliés devant l’avenir ; il sentait le bois du pin brûler à pleine bordée dans le foyer de son chalet, loué sans bail, payé en liquide à chaque mois au propriétaire, un homme d’affaires local.
À l’extrémité du lac, de vieilles cabines de pêcheurs sur glace restaient debout sur la rive, en attente d’être démontées sous peu ou de se voir avalées par la puissance noire des eaux pourtant si douces au premier regard. Il ne comprenait pas cet attrait pour la pêche. Cela le répugnait en raison de l’odeur des poissons, de leur peau graisseuse. Ces bêtes de la nature lui donnaient envie de vomir – lui rappelant cette agression oubliée entre des arbres morts, au cours de laquelle son propre sexe avait été négligé par l’homme s’étant dévolu aux autres et non à lui, à son corps, à sa vitalité blanche, pure, grande de douceur. Rien de lui n’avait été imposé ce jour-là, sinon une fracture, aussi vive qu’indomptable.
Aujourd’hui, des feuilles mortes, visqueuses et sombres restaient lovées contre les rives criant une agonie sourde à l’endroit du soleil, ce seigneur de l’éternité frôlant tous les morts à venir.
Il se souvenait de la satisfaction ressentie aux premières neiges hivernales constellant le terrain de ses parents, qui ne l’entretenaient que très peu, laissant des milliers de feuilles automnales au sol comme autant de gifles, dans cette banlieue malsaine de Joliette. Cet endroit épouvantable, où vivre était une condamnation à la comparaison la plus infâme. Et tous ceux de son âge ayant vécu cette journée de cendres savaient, ou avaient oublié, l’insulte de son rejet de 1987. Il avait été le seul à ne pas être touché, caressé, léché, embrassé, étreint, serré, frappé et violé. Il avait été le seul à être laissé de côté, attaché à un arbre afin de bien voir toute la langueur offerte aux autres.
Lui qui ne recevait jamais de caresses de ses parents. Lui qui ne recevait jamais d’embrassades de ses parents. Lui qui n’était jamais entendu de ses parents, pour qui leurs propres parents demeuraient la source même de l’existence. Tout se déroulait en amont pour eux. Sa vie ne valait rien. Ne renfermait rien d’autre qu’un silence en devenir au cœur même de ses oreilles aux tympans en continuelle détérioration.
Son corps non plus ne contenait aucun amour. Ni son cœur. Il était un passager anonyme de l’existence. Une chose que l’on oubliait. Un être décevant, perdu par un monde éperdu où les corps restaient purs, violables, désirables, sulfureux.
Comme le sien.
Une voiture passa à toute vitesse sur la 132 comme un soupir provenant de l’espace tout entier qui cherchait à le serrer contre ses flancs pour l’anéantir, le ramener à aujourd’hui.
Le vide de la vie et du monde, entre lui et les arbres, entre lui et les gens, entre lui et l’amour ; ce vide ne pouvait contenir que la mort. Il frotta ses doigts engourdis entre eux : on eût dit qu’il cherchait à toucher le vent, le polir peu à peu, morceau par morceau, comme une matière impensable pour l’œil humain. Il s’approcha du lecteur Apple et augmenta le volume, il se sentit devenir plus libre, plus vif, plus grand.
Il revoyait les visages des enfants de sa rue d’autrefois ; il réentendait le bruit des autobus scolaires, des rires du voisinage, le bonheur qui secondaient les avertissements du monde.
Mais il n’était plus là.
Depuis longtemps.
Il le savait.
En se retournant, il prit la hache qui mordait la bûche sur laquelle il s’échinait depuis peu. Remontant la butte jusqu’à son entrée, il entendit le rire des enfants jouant de l’autre côté du lac ; la réverbération laissait courir ses échos sur le corps de l’eau, perceptibles pour ses appareils : tout son épiderme se laissait embrasser par le désir, il sentait son dos devenir un arc, proposant son plexus à ce qui venait en lui, telles des images à admettre et combien satisfaisantes au plus profond de lui-même.
Il était à la fois le plongeur et l’eau, la vitesse et la caresse de la chute, le son infime de la perfection corporelle déployée dans le désir de s’unir à la source même de la vie, l’image surtout de la disparition, enfouie à l’épicentre de la répétition, de l’entraînement, de la loyauté éprouvée pour ce désir qui le terrassait depuis.
Une autre voiture passa sur la 132, disséquant cette fois la mélodie orchestrée de ses besoins, saccageant le délectable moment précédant l’euphorie.
Il monta les trois marches en bois de la galerie du petit chalet caché par les conifères, entra et ferma la porte à double tour, plaçant une chaise devant elle : c’était immanquable, ce besoin de tout barrer plus que nécessaire.
Toutes les fenêtres étaient fermées et tapissées, ne laissant pas filtrer le soleil, remplacé par les flammes du feu blotti dans l’âtre du poêle à combustion lente.
Le petit était sur le lit de sa chambre, drogué ; il caressa son visage tout en levant la hache pour commencer à le dépecer. Au même moment, les corneilles présentes sur le toit de la demeure s’envolèrent, paniquées par une onde de choc au son inconnu, venue au monde comme une éraillure propulsée de la terre. Personne n’entendait ses frémissements, à part ces charognards. Recouvert de sang et léché par les reflets des flammes prisonnières, le lit prenait les allures d’une œuvre inqualifiable. Il plongea son visage dans le sang. C’était chaud, c’était immonde, c’était inhumain, mais personne ne l’avait jamais arrêté.
Personne.
Première partie
I

Royer entra dans les lieux, son arme à la main ; l’endroit était désert. En sourdine, le système de son du bar jouait Till It’s Gone de Yelawolf. À ses côtés, 44, la tête penchée entre ses pattes avant largement écartées, le regard comme un reflet en contrejour, reniflait l’air ambiant. Royer restait branché sur son arme et sur 44 qui s’avisait des halos de violence du lieu.
Il bougea rapidement sa tête de gauche à droite : son regard s’unissait à celui de 44 : ils savaient ressentir. Puis, il ordonna sec, vif et précis :
— Cherche !
44 s’activa, le dos cambré, la tête en fureur, furetant le sol avec conviction. Dehors, le vent d’août fouettait les vitres des fenêtres : le propriétaire, dépassé par les événements, discutait avec deux agents en uniforme venus prêter main-forte à Royer.
Khoury, dans un bar de danseuses, s’était interposé devant trois Rock Machines, des motards décidés à revenir s’établir au Québec malgré les nouvelles lois antigangs et la dominance éternelle des Hells Angels.
— Je n’ai jamais vu autant de rage chez un homme…
— Vous voulez dire : de courage.
— Non, je parle de rage.
— Et moi, je vous dis que vous parlez de courage…
Comprenant la joute, le propriétaire répondit par l’affirmative à l’agent qui l’interrogeait. Des policiers étaient postés dans la cour arrière de l’établissement, d’autres fermaient la rue.
— Khoury ?
Un sale silence régnait, lourd et sombre. Des tables et des chaises étaient fracassées, des bouteilles jonchaient le sol crasseux.
— Khoury. C’est moi.
— Hmmm…
Royer accéléra le pas, reconnaissant le timbre de Khoury, son partenaire, son protégé, son ami, devancé par 44 qui se faufila en avance, derrière le bar. Contournant le comptoir, Royer vit Khoury, effondré par terre, le visage ensanglanté, les jointures ouvertes, la chemise maculée de sang.
— Khoury… soupira Royer, rangeant son arme dans son ceinturon.
— …
— Lève-toi.
Khoury ne bougea pas.
— Khoury.
La voix de Royer n’avait jamais été aussi conciliante, pleine de chaleur et de solidarité. Jamais Royer ne s’était senti devenir à ce point un vétéran. Il entrait, sans s’en rendre compte, dans un nouveau rôle de sa vie. Celui de protecteur, de mentor. S’agenouillant vers son partenaire, Royer repoussa lentement 44 qui lui léchait la joue droite.
Khoury, les yeux fermés, se mit à sangloter, dans un silence aux allures de cri assassiné. Le cœur de Royer se serra. Il connaissait cet état, cet envahissement par l’horreur. Approchant par instinct sa tête de celle de son partenaire, front contre front, seul à seul, le nouveau vétéran cherchait ses mots, malhabile et terrifié à l’idée de se tromper, se reconnaissant dans la folie violente des hommes perdant pied devant l’horreur, sentant en eux-mêmes la vie s’égorger sans relâche.
Khoury s’effondra contre la poitrine de Royer, le corps étouffé

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