Le meurtre d un ange
55 pages
Français

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Le meurtre d'un ange , livre ebook

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Description

Tancrède ARDANT, cambrioleur mondain, traverse, la nuit, le parc du château de Labrouhe afin de se rendre dans les murs pour mettre la main sur un coffret d’émeraudes.


Un bruit attire soudainement son attention. Une femme pâle, effrayée, fuit les ruines d’une maison jadis brûlée.


Curieux, Tancrède inspecte les décombres et ne tarde pas à trouver le corps jeune fille morte étranglée.


Malgré cette découverte, il décide de mener son but à bien et se faufile dans la demeure seigneuriale pour s’approprier les bijoux.


Alors qu’il vient d’accomplir sa mission, un flot de lumière envahit la pièce : celle qui, tout à l’heure, courait, apeurée, le braque avec un revolver...


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 août 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070032824
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE MEURTRE D'UN ANGE

Par
Frédéric SIPLINE
CHAPITRE PREMIER
 
Tancrède Ardant s'arrêta à l'orée du bois et se dissimula dans l'ombre d'un tronc épais, silhouette invisible toute vêtue de noir.
La nuit tiède peuplait la clairière de visions fantastiques. Au milieu, baigné de lune, se dressait le château de Labrouhe, flanqué de sa tourelle pointue dont la flèche plongeait dans le velours étoilé du ciel.
Le parfum entêtant des cèdres, le murmure lancinant des cigales, la course lente d'un nuage contre la lune enveloppaient ce décor d'une sereine poésie.
Tancrède Ardant repéra soigneusement les lieux, détaillant l'aspect du château.
— C'est bien cela, souffla-t-il, avec un rire silencieux.
Il franchit en courant la pelouse illuminée par la lune et se jeta dans l'ombre des bâtiments. Il nota la poterne ogivale qui s'ouvrait dans le mur courbe de la tour, longea l'aile droite au pied de laquelle se balançaient les lourdes fleurs d'hortensias dont il distinguait le bleu irréel et parvint au perron. Il en gravit les trois marches et s'affaira avec des doigts agiles à en tâter la serrure. Mais il laissa rapidement ce travail et poursuivit son exploration.
Il contourna l'aile droite et se trouva bientôt dans la cour. C'était un quadrilatère que des bâtiments entouraient de trois côtés. Il s'accota silencieusement à la margelle du puits, protégé par l'obscurité que répandait sur lui l'épais feuillage d'un grand orme. Il retrouvait là la même disposition qu'il avait notée sur l'autre façade : aile droite, aile gauche, séparées par un petit corps central précédé, de ce côté-ci, par une vérandah.
Un grand porche en plein cintre se dressait de l'autre côté de la cour reliant deux appentis dans lesquels Ardant distingua des écuries. Ces appentis et le château étaient rattachés par un autre bâtiment bas qui formait le troisième côté de la cour. Le quatrième côté était ouvert sur la campagne. Dans la nuit, l'énigmatique visiteur pouvait contempler par-là les molles ondulations de la colline sur laquelle était bâti le château et qui se suivaient très loin, jusqu'au fond de la vallée où courait, invisible, la Garonne.
Ardant consulta son chronomètre : minuit.
— Attendons encore, murmura-t-il.
Sans bruit, il traversa la cour, sortit par le porche et se trouva au carrefour de trois allées. L'image immense de la lune, taillée en mille pièces scintillantes à travers les branches des arbres, se reflétait sur l'eau tranquille d'une mare. Une brume légère commençait à monter du sol, brouillant doucement un horizon de bois proches.
Tancrède s'éloigna silencieusement du château et s'engagea dans une allée qui plongeait dans la garenne, sous une voûte épaisse de branches et de feuillages où frémissait la caresse d'une brise légère.
Il vit bientôt se dessiner devant lui l'orée du bois. L'allée aboutissait à un pré large et nu et rencontrait un chemin transversal qui s'enfonçait à droite en dévalant au long de la lisière du bois jusqu'au ruisseau dont on entendait le murmure.
Le jeune homme s'arrêta et, tâtonnant dans le noir, s'assit sur une souche après avoir à nouveau consulté sa montre.
Un nuage qui couvrait la lune se dissipa soudain et le paysage, d'un coup, surgit de la nuit dans une lumière blafarde. Immobile, Ardant le contempla. Au milieu du pré, dans un fouillis de ronces, de broussailles et de figuiers sauvages, se dressaient les ruines d'un assez grand bâtiment qui dressait vers le ciel des moignons de poutres brisées au milieu de pans de murs écroulés. Ces débris déchiquetés se dessinaient en noir absolu sur le fond plus pâle du ciel. Leur aspect désolé faisait un tableau assez sinistre. Ardant inconsciemment se laissait aller à la mélancolie qu'il exprimait et son regard vaguait des buissons doucement agités par le vent léger sur les pierres éboulées, à l'immobilité sereine des étoiles, lorsqu'il tressaillit, brusquement rappelé à la réalité. Il lui parut avoir saisi un bruit, un frôlement indistinct, il crut avoir un instant vu une forme claire apparaître dans un coin des ruines, puis disparaître aussitôt, comme évanouie dans l'épaisseur de l'ombre.
Instinctivement il se recula, se raidit et redevint le Tancrède Ardant de l'Aventure. Il fouillait des yeux le bâtiment démoli lorsque la forme pâle réapparut. Cette fois, il n'y avait plus de doute. Comme immatérielle, elle se mouvait dans les rayons de lune, tour à tour révélée et engloutie par les clartés et les ombres. Cette forme pâle était une forme humaine, celle d'une femme vêtue d'une longue robe blanche.
Elle s'évanouit à nouveau et lorsqu'Ardant la revit elle courait silencieusement, comme un fantôme, à travers le pré, droit vers lui.
Il se rencogna autant qu'il le put au fond de sa cachette et la femme sortie des ruines passa devant lui, fit quelques pas, toujours courant. Il eut le temps, dans un instant, d'apercevoir son beau visage atrocement pâle auquel l'expression de la plus terrible épouvante ne parvenait pas à retirer tout son charme.
Les yeux égarés, elle fuyait vers le château. Dans l'ardeur de sa course, sa robe légère collait à son corps et en dessinait les formes graciles. Tancrède se redressa et la suivit des yeux jusqu'à ce qu'elle disparût, effacée par la distance et la nuit. Ses lèvres laissèrent échapper un sifflement :
— Fichtre, le joli fantôme !
Il se retourna vers les ruines. Rien n'y bougeait et au-dessus d'elles, la lune poursuivait dans le ciel sa course mystérieuse.
Il tira de sa poche-revolver une torche électrique plate et avança délibérément vers les murs éboulés. De près, on voyait aussitôt qu'ils avaient été détruits par le feu. Les hautes herbes les envahissaient de toutes parts, montant à l'assaut de ces restes misérables, se glissant entre les vantaux éboulés des portes, écartant les voussures disjointes, les longues lianes des ronces entremêlées de liserons rampant par les fenêtres béantes. Ardant fit lentement le tour de ce chaos en trébuchant dans les racines et les orties. Du pied, il poussa une première porte qui s'écroula avec fracas. La lumière de sa lampe éclaira une petite pièce emplie de plâtras et de débris de poutres calcinées couvertes de mousse et de champignons. Un rat déboucha sous ses pieds. Rien que la voûte du ciel pour plafond.
— Rien... dit Ardant.
Il poursuivit ses recherches et découvrit un long couloir encombré d'herbes poussées dans les pierrailles. La tache éclatante et ronde de sa lampe révéla des murs noircis par les flammes. Il fit quelques pas en promenant de-ci de-là le faisceau lumineux qui levait des ombres fantastiques et dansantes. Mais bientôt la lumière se fixa immobile devant lui :
— Aïe... aïe, murmura-t-il. Je t'avais dit, Tancrède, que tu étais trop curieux...
Il posa la torche sur une grosse pierre et se laissa tomber à genoux.
Le cadavre d'une femme gisait devant lui étendu sur le dos, de tout son long, dans les éboulis.
— Bon Dieu, pensa-t-il, quel sale travail ! Si je tenais le saligaud qui a fait cela !
Les doigts crispés de la morte étaient levés à la hauteur de sa gorge marquée nettement des traces livides de la strangulation. Sa chevelure blonde s'était dénouée et se répandait sous sa tête rejetée en arrière contre un débris de plâtras. Ses yeux bleus horriblement agrandis contemplaient le ciel d'un regard éteint.
Ardant, doucement, posa la main sur le cœur de la femme. Aucun doute : il ne battait plus, mais le corps était encore chaud, la chair élastique.
Le jeune homme se redressa :
— Vingt ans à peine, jugea-t-il. Dans quel pétrin es-tu en train de te fourrer, mon bon ami !
Il contempla quelques instants la forme étendue de la morte, rabattit du pied la robe qui s'était relevée au-dessus des genoux.
— Bon Dieu de Bon Dieu, le sale travail, filons, mon bon ami.
Il se pencha encore et délicatement ferma les yeux de la morte. Il dut maintenir plusieurs secondes sous ses pouces les paupières pour qu'elles demeurassent abaissées, puis par un souci absurde, il redressa la tête renversée et glissa sous elle pour la maintenir un morceau de bois que sa main rencontra et qui forma une...

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