Le mort en croupe
64 pages
Français

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Description

Rien de plus logique qu’un assassin disparaisse, son forfait effectué. Mais il est assez rare que le cadavre en fasse de même.


C’est pourtant assurément le cas, dans le meurtre d’un jeune notable. Du moins, d’après les dires d’un voisin infirme qui a entendu des cris et des détonations provenant du pavillon situé en face de chez lui. Surtout qu’il a aperçu un homme quitter les lieux, un sac volumineux sur l’épaule. Le tueur et la dépouille auraient fui dans une vieille voiture rouge, le premier au volant, le second sur la banquette arrière.


Le célèbre Commissaire MARCASSIN, chargé de cette étrange affaire, va entraîner son fidèle ami Gordon PERIWINKLE alias OLD JEEP, dans l’aventure en marchant sur des œufs, car la victime autant que le principal suspect sont de hauts diplomates respectés...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782373474305
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

OLDJEEP et MARCASSIN - 8 -
LEM ORT EN CROUP E
De Marcel PRIOLLET
I
— Je vous ai déjà dit que les coupes de champagne s e présentaient sur une assiette...
C'était, en moins d'une demi-heure, la quatrième ob servation que s'attirait « l'extra ». Et le maître d'hôtel ajouta en grommelant :
— Si c'est comme ça qu'on vous a appris à travaille r, chez Potot et Chabel !
De fait, l'extra ne faisait guère honneur à la célè bre maison qui l'avait envoyé, pour aider les serviteurs habituels. Chargé du buffet, aux côtés du maître d'hôtel et d'une femme de chambre, il n'avai t témoigné d'aucun zèle, d'aucune tenue.
On ne pouvait lui tenir rigueur, certes, d'un habit noir un peu démodé et d'un plastron à la blancheur douteuse. Mais il avait des gestes gauches, remplissait maladroitement les verres, se montrait distrait, se mblait avoir hâte que la soirée prît fin.
Fort brillante, d'ailleurs, cette soirée que son Ex cellence, M. Camillo de Monteros, donnait dans son hôtel de l'avenue Friedl and. Elle renouait une tradition. Et si pendant les années de guerre et d'occupation le fastueux étranger avait suspendu toutes mondanités, il entendait offr ir aujourd'hui un dédommagement à ses innombrables amis et relations.
La réception avait débuté par un dîner qualifié d'i ntime — vingt-cinq couverts. La soirée, elle, réunissait tant d'invité s que les salons risquaient d'être trop petits.
Ancien ministre plénipotentiaire, M. de Monteros, d 'origine sud-américaine, s'était fixé à jamais dans ce Paris qu'il affection nait, disait-il, à l'égal d'une seconde patrie. Il y menait une vie de grand seigne ur et l'on chuchotait volontiers qu'il jouait encore un rôle, à l'occasio n, dans les coulisses diplomatiques.
Mais connaissait-il seulement tous les gens qu'il a ccueillait ? On pouvait en douter, tant était mécanique et machinale la poigné e de main qu'il accordait à chacun. Auprès de lui, le secondant dans sa tâche, se tenait la maîtresse de maison : Rafaèle de Monteros.
C'était une splendide créature, sculptée comme un m arbre antique, avec un teint mordoré, des cheveux d'ébène et de longues pa upières qui laissaient filtrer un regard d'une extraordinaire langueur. Elle avait une voix roucoulante, aux notes chaudes. Elle apparaissait beaucoup plus jeun e que son mari. Les initiés affirmaient que vingt-cinq années les séparaient et qu'elle était encore une
enfant, ou presque, lorsque Camillo l'avait épousée . Mariage d'amour, disaient les uns. D'amour unilatéral, ajoutaient les autres.
Le flot des invités se raréfiant enfin, les époux v enaient de renoncer à recevoir les retardataires. Ils se mêlaient mainten ant aux groupes qui s'étaient formés, çà et là.
Parmi les lumières, les parfums, les plantes vertes et les fleurs, aux sons d'un orchestre qui se laissait deviner plutôt qu'il ne se faisait voir, la fête battit bientôt son plein... Le buffet, bien qu'on se trouv ât entre gens de bonne compagnie, était assailli. Les serveurs avaient for t affaire. L'extra, lui, ne se troublait guère pour si peu. Pas un de ses gestes n 'était plus rapide que l'autre. Il semblait planer au-dessus de cette mêlée.
Pourtant, il redescendit sur terre et s'intéressa s oudain à un personnage dont on eût juré qu'il n'avait pas dîné, tant il fa isait une ample consommation de sandwiches, de gâteaux et autres victuailles. L'ext ra lui présenta un plateau. Il invita rondement :
— Goûtez donc à ces chauds-froids de volaille, mons ieur Trinchant !
L'homme eut un sursaut.
— Tiens !... vous me connaissez ?
— Parbleu ! C'est l'inconvénient d'être célèbre, vo yez-vous...
— Oh ! célèbre... n'exagérons rien, mon ami. Mais, je vous en prie, ne me faites pas remarquer...
— En plein travail, monsieur Trinchant ?
— Comme vous dites. Chut !
L'homme qui ne voulait pas être remarqué était pour tant... remarquable. Il détonnait dans ce milieu. Son frac ne sortait pas d e chez le meilleur faiseur. Il avait oublié de se raser. En outre, il offrait aux regards une silhouette étique, toute en hauteur, au dos voûté et surmontée d'une f ace couleur safran, ravinée et grimaçante. On pouvait lui donner une soixantain e d'années, sans crainte de générosité excessive.
Il attarda un instant, son regard, aigu comme celui du corbeau, sur le serveur.
— Moi aussi, dit-il, il me semble vous avoir déjà v u...
— C'est bien possible, monsieur Trinchant. Dans mon métier, vous savez, on rôde un peu partout...
— Dans le mien aussi !
Ils rirent ensemble ; puis le squelettique personna ge pivota sur ses talons et
s'éloigna.
Quelques minutes plus tard, l'extra se montra à nou veau familier avec un autre invité. Mais pas tout à fait de la même façon ...
Il s'agissait, cette fois, d'un très élégant garçon , large d'épaules, svelte de taille, avec des yeux pleins de lumière et une aisa nce toute sportive.
— Champagne, Monsieur ? proposa l'envoyé de Potot e t Chabel.
Puis, dans un souffle, comme en confidence :
— Il y a du nouveau. Quand je filerai, marchez sur mes talons !
— Compris ! fit l'autre.
Il semblait tenté de s'attarder auprès de l'étrange serviteur. Mais celui-ci, d'un regard éloquent, lui enjoignit de mettre fin a u colloque.
Cet ordre muet semblait motivé par l'approche d'une femme qui n'était autre me que M de Monteros. Consciente du rôle qu'elle assumait c e soir, elle venait s'assurer que tout marchait bien, du côté du buffet.
Elle était vraiment belle. Le décolleté de sa robe, pailletée d'or sur fond bleu, laissait émerger des épaules rondes, comme des fleu rs jaillies d'un vase. Elle avait un port allier et des lèvres si rouges, si se nsuellement dessinées, qu'on leur pardonnait d'être un peu fortes.
Le maître d'hôtel et la femme de chambre eurent enc ore la plus détestable opinion de l'extra, lorsque celui-ci se montra inco rrect au point d'adresser la parole à la patronne. Le sens des mots leur échappa , car ce n'avait été qu'un murmure. Mais ils virent la belle Rafaèle tressaill ir, toiser l'impudent et pâlir un peu sous le fard. Et, très distinctement cette fois , ils entendirent la jolie femme qui ripostait :
— De quoi vous mêlez-vous ?
Qu'avait donc dit le bizarre extra ? Oh ! moins que rien. Une toute petite phrase :« Je crois bien que M. Robert de Causse ne viendra pas ce soir... »
Mme de Monteros ayant disparu, le maître d'hôtel ne put taire son sentiment.
— Décidément, vous manquez de classe, mon garçon. V ous venez de vous faire remettre à votre place. Estimez-vous heureux que Madame ne vous ait pas prié de prendre tout de suite la porte...
— La porte ? Eh bien, oui... je la prends !...
L'extra, en lançant cette réplique, avait suivi du regard la disparition de Rafaèle de Monteros. Et, au lieu de gagner l'office comme il eût dû le faire s'il avait été vraiment décidé à partir, il marcha sur l es traces de la jolie femme.
Mais il ne l'approcha qu'au moment où elle quittait elle-même les salons bruissant de monde et traversait un vestibule désert.
me En entendant marcher derrière elle, M de Monteros se retourna. Un court moment, elle demeura incompréhensive, le visage barré d'un pli hostile.
Que lui voulait encore cet homme ?
Mais lui, impératif cette fois :
— Montez dans votre appartement. Je vous y retrouve dans un instant...
— Mais...
— Police ! annonça-t-il, en exhibant une carte.
Rafaèle suffoquait. Mais telle était l'autorité du personnage qui venait de se démasquer, qu'elle se décida à obéir. Elle tourna l entement sur elle-même et commença de gravir les degrés d'un somptueux escali er, accompagnée du bruissement de sa longue robe pailletée.
Le policier ne l'escorta pas. Mais il n'eut pas lon gtemps à attendre avant d'être rejoint par le sémillant invité de tout à l' heure, celui-là même à qui il avait confié :« Il y a du nouveau ! ». Qu'ils fussent de connivence, tous les deux, cela ne faisait aucun doute.
Ils n'échangèrent encore que quelques brèves parole s.
— Que se passe-t-il ? demanda le nouveau venu.
— J'ai reconnu la voix du téléphone.
— Ah ?
— Et puis Trinchant est ici, cette vieille fripouille de Trinchant...
— Alors ?
— Les deux faits concordent. Mais venez... On nous attend.
Dans la galerie du premier étage, où les rumeurs de la réception ne parvenaient plus qu'étouffées, les deux hommes se h eurtèrent à une jeune soubrette qui put croire qu'ils s'égaraient. Mais q uand elle sut, à son tour, qu'elle avait affaire à des policiers, elle s'étonna, tremb la un peu, se mit aussitôt au service de ces messieurs.
— Conduisez-nous auprès de votre maîtresse. Et pas un mot à qui que ce soit. Surtout pas à votre maître. Sans ça, gare !...
— Bien, Messieurs. Bien. Si vous voulez me suivre...
me M de Monteros s'était retirée dans un petit salon at tenant à sa chambre. C'est là qu'elle reçut le faux extra et son compagn on.
Elle demeurait très femme du monde. Mais l'éclat de son regard et la crispation de ses traits laissaient deviner une intolérable angoisse.
— Je vous écoute, Messieurs... Que se passe-t-il do nc ? Un malfaiteur se serait-il glissé parmi nos invités ? Je ne saisis p as...
L'homme qui avait exhibé une carte de police se pré senta :
— Commissaire Marcassin, de la P. J. Ne me regardez pas de cet air étonné, Madame. Peut-être avez-vous déjà vu ma phot ographie et hésitez-vous à me reconnaître. J'ai sacrifié ma moustache, pour vous servir...
Avec éclat, il ajouta :
— Et pourtant, je n'aime guère ces trucs-là ! Au co urs de ma carrière, cela ne m'est pas arrivé trois fois de me camoufler ains i. Mais c'est une idée d'Old Jeep... Au fait, que je vous le présente, ce cher Old Jeep... Gordon Periwinkle, si vous aimez mieux. Oui, ils ne font qu'un ! S'il n'é tait pas là, je vous dirais tout le bien qu'on doit penser de lui. Un « as » ! Le dépar tement de la Police Fédérale l'a envoyé en France pour étudier nos méthodes. Et ça l'amuse de travailler avec moi à l'occasion...
Changeant de ton, Marcassin — le fameux limier de l a brigade criminelle — attaqua résolument :
— Parlons de vous, Madame... et surtout de votre co up de téléphone.
— Quel coup de téléphone ? fit-elle.
— En fin d'après-midi, aujourd'hui, vers six heures ... J'étais à mon bureau du quai des Orfèvres. On m'a passé la communication. U ne femme, qui refusait de se nommer, m'a fait des révélations fort intéressan tes… et tout à son honneur.
— Je vous assure, monsieur le commissaire...
— Chut ! Ne vous donnez pas la peine de ruser, chèr e Madame. Cette femme, c'était vous. Il n'y a pas deux voix pareill es à la vôtre, dans Paris. Et c'est ce diable d'accent, aussi, qui vous a trahie. .. Bien entendu, si vous n'aviez pas parlé de M. de Monteros, si vous n'aviez pas do nné son adresse en précisant, par surcroît, qu'il y aurait beaucoup de monde chez lui, ce soir... j'aurais eu beaucoup plus de mal à identifier ma co rrespondante de l'après-midi. Mais quand je vous ai entendue parler, tout à l'heu re… Remarquez, d'ailleurs, que tout ceci restera entre nous. Ne sommes-nous pa s liés par le secret professionnel ? Nous allons donc bavarder gentiment, en amis...
Marcassin avait une façon bien à lui de gagner les bonhomie, qu'elle fût feinte ou non, donnait une...
confiances. Sa
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