Le noyé du sacré-coeur
42 pages
Français

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Description


LE NOYÉ DU SACRÉ-CŒUR


Au petit matin, un pochtron débarque au commissariat, pour déclarer avoir trouvé un homme noyé dans une flaque d’eau devant le Sacré-Cœur.


La nouvelle aurait eu de quoi faire sourire le commissaire Odilon QUENTIN, si toute mort n’était pas un drame, quelle qu’en soit la raison et si, surtout, il ne pressentait pas que ce fait quasi anecdotique n’était que le préambule d’une affaire bien plus importante et plus complexe.


Le déroulement de l’enquête confirmera qu’en plus d’être doué de perspicacité et d’intelligence, le policier n’est pas dénué d’intuition...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782373471236
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

couve

Odilon QUENTIN

 

* 11 *

LE NOYÉ DU SACRÉ-CŒUR

Roman policier

 

par Charles RICHEBOURG

CHAPITRE PREMIER

 

L'affaire du « Noyé », comme on l'appela longtemps par dérision, au quai des Orfèvres, fut fertile en incidents multiples et en rebondissements. Elle se présenta cependant, à l'origine, sous la forme d'un simple fait divers, tout juste bon à être relégué, dans les journaux, à la colonne des chiens écrasés.

Du point de vue strictement professionnel, le commissaire Odilon Quentin la considéra comme un clou de son cercueil ; mais il s'agissait là, bien entendu, d'une opinion toute personnelle, que justifiait en grande partie une série d'embêtements administratifs majeurs.

Quoi qu'il en soit, les faits se réduisaient à peu de chose : le 22 février, à trois heures du matin, M. Salomon Silberschatz, né à Pskow en 1908, apatride, exerçant la profession de maroquinier et domicilié à Paris, 41 rue du Roi-de-Sicile, entrait triomphalement au bureau de police de Montmartre où il annonçait qu'il venait de se casser la gueule !

— Qu'est-ce que vous voulez que ça nous fasse ? ironisa un brigadier atrabilaire et moustachu. Si vous êtes blessé, on va vous transporter à l'hosto ; et si vous ne l'êtes pas, je vais vous coller au violon pour ivresse publique !

Ces fortes paroles eurent un effet inattendu. Dans l'euphorie de sa cuite, M. Salomon Silberschatz comprit confusément le danger de sa situation, ce qui l'incita à se souvenir, très clairement cette fois, des causes de sa chute.

— J'ai buté sur un type qu'était étendu par terre, le nez dans la rigole, expliqua-t-il ; et je me suis étalé de tout mon long. En me relevant, j'ai constaté que l'inconnu n'avait pas bougé. Je l'ai secoué tant que j'ai pu... rien à faire ! J'ai l'impression que le zigoto a passé l'arme à gauche !

Le brigadier fronça ses sourcils broussailleux, et comme il était un fonctionnaire conscient et organisé, soucieux de ménager ses lourdes responsabilités, il courut mettre son supérieur hiérarchique au courant de l'incident ; celui-ci alerta le secrétaire du commissaire qui, à son tour, réveilla l'adjoint de service.

L'informateur bénévole fut prié de faire une déclaration écrite qu'il signa d'hiéroglyphes bizarres qui, d'après lui, étaient la représentation de son nom en yiddish ; puis il précisa l'endroit où il avait découvert le corps, et ne fut remis en liberté qu'après que deux agents eurent reconnu la véracité de ses propos.

C'est ainsi qu'au moment où les hommes de l'institut médico-légal prenaient livraison de leur « client », l'honorable maroquinier pénétrait dans un bistro encore ouvert afin de demander à l'alcool de rétablir son équilibre moral gravement compromis.

Les cadavres trouvés sur la voie publique sont soumis à toute une série d'opérations scientifiques, compliquées et précises, qui vont de l'autopsie pure et simple au relevé des empreintes digitales, en passant par la mensuration du crâne et l'examen des caries dentaires.

Ce travail méticuleux prend d'autant plus de temps que les spécialistes consignent dans un rapport écrit le résultat de leurs observations, aussi n'est-ce que le lendemain matin que le commissaire Odilon Quentin, de la police judiciaire, reçut la farde chamois contenant les précisions relatives au macchabée sur lequel avait trébuché M. Salomon Silberschatz.

La lecture de ce document administratif révéla un détail tellement déconcertant que le gros policier écarquilla les yeux, envoyant dans sa nuque son chapeau, du geste qui lui était familier.

L'inconnu s'était noyé ! Il s'était noyé dans une flaque d'eau ! Le compte rendu du médecin légiste qui avait pratiqué l'examen post mortem était formel à cet égard ; et en fonctionnaire consciencieux, le toubib avait truffé son rapport de considérations techniques, destinées à expliquer cette conclusion pour le moins ahurissante : il ne faut pas beaucoup de liquide pour provoquer la mort... le système respiratoire et la gorge sont ainsi constitués qu'une soupape y fonctionne... l'asphyxie ne tarde pas à se produire... etc., etc.

Malgré la pertinence de cette démonstration savante, le commissaire considéra le fait de se noyer sur la butte Montmartre comme une sorte de record macabre, et en son for intérieur, il estima que l'intéressé avait dû y mettre une singulière bonne volonté, à moins qu'une âme charitable ne l'ait aidé à passer de vie à trépas, ce qui était infiniment plus probable.

Le restant des paperasses encloses dans la farde contenait des généralités ; malheureusement, elles se révélaient négatives, et leur manque de précision les rendait inutilisables.

« Heure présumée du décès : entre onze heures du soir et deux heures du matin.

« Âge probable de la victime : de quarante-cinq à cinquante ans environ.

« Denture irréprochable ; aucune trace d'intervention chirurgicale ; pas de tatouages ; empreintes digitales inconnues aux sommiers ; aucun signe distinctif ; ni bagues ni alliance. »

L'examen des vêtements du défunt fournissait par contre quelques données plus précises : complet veston à deux rangées de boutons, d'un tissu de bonne qualité et de coupe excellente, portant l'étiquette de soie d'un tailleur londonien ; pardessus gris de la même provenance ; chemise de popeline à col attaché ; cravate sobre et élégante ; chaussettes assorties ; deux mouchoirs de batiste et souliers de marque danoise.

En un mot, c'était là l'équipement d'un homme cossu et de bon goût.

Les poches avaient, elles aussi, raconté leur petite histoire, et la nomenclature de leur contenu était consignée dans un court inventaire : porte-billets en peau de serpent contenant trente-huit mille francs ; monnaie d'appoint ; étui à cigarettes en or dix-huit carats, briquet Dunhill d'ancien modèle, du même métal ; stylo de bonne marque, crayon à bille, canif à deux lames contenant un cure-ongles et un tire-bouchon ; et une carte de visite, gravée sur pierre, portant l'inscription suivante :

*

PÉTRUS DELAET

Courtier en pierres précieuses

130 rue Courte-des-Béguines, Anvers.

*

Comme ce nom et cette adresse constituaient en somme les seuls éléments précis qu'il eût...

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