Le papillon rouge
59 pages
Français

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Description

Des meurtres mystérieux suivis de vols ont lieu dans des hôtels en Allemagne. Seul indice, un objet représentant un papillon rouge est retrouvé à chaque fois sur les lieux.


Le ou les assassins ont déjà sévi à deux reprises dans le « Schwarzwald hôtel » près de Bade. Le célèbre détective anglais Ardinson y fouine, incognito – ou presque –, puisqu’il est reconnu et appelé par Miss Mulwer, ce qui n’échappe pas à un bien curieux duo, dont l’attitude va très vite attirer la suspicion de l’enquêteur.


Mais une troisième personne, une vieille et sombre princesse, semble également compromise dans les homicides.


Pour résoudre l’affaire, Ardinson va devoir multiplier les déguisements dans le but d’approcher les différents protagonistes...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 6
EAN13 9782373470932
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

couve

LE PAPILLON ROUGE

Roman policier

 

par Marcel VIGIER

*1*

 

Hattie, depuis un instant, se promenait le long de la terrasse, lorsque, soudain, elle s'arrêta. Un cri de joie fusa de ses lèvres :

— Mister Ardinson !

Un jeune homme gravissait lestement les marches du perron.

À l'appel de Hattie, il leva les yeux ; un léger mécontentement se manifesta sur ses traits. Mais il se reprit aussitôt :

— Miss Mulwer ! Comment se fait-il que j'aie le bonheur de vous rencontrer ici ?

Ils se serrèrent la main d'un shake-hand vigoureux et la jeune fille expliqua :

— Je suis à Bade avec mon père... mais vous ?

Il haussa les épaules.

— Oh ! Une lubie... la nostalgie des voyages...

Elle le scruta, comme si elle ne l'eût pas cru :

— Dois-je supposer que le mystère qui plane sur cet hôtel vous a attiré ?

Il se détourna, évitant de répondre. De la main, il montra la montagne agreste et noire :

— Comme c'est grandiose !

Elle était fixée et n'insista pas. Toutefois elle se rapprocha, comme pour chercher près de lui une protection.

— J'ai peur ! William !

Il la fixa de ses yeux gris, immobiles :

— Vous ne devez pas avoir peur, puisque je suis là.

Elle frissonna.

— Ce qui se passe est tellement extraordinaire.

La prenant par le bras, il l'entraîna, et ils firent quelques pas en silence.

Machinalement, elle regarda autour d'elle :

— Tiens ! Le baron Neubauer est parti ?... Il était assis dans ce fauteuil quand vous êtes arrivé !

Le jeune homme eut un geste de contrariété.

— Vous dites : le baron Neubauer ?

— Oui ! Qu'y a-t-il, là, d'extraordinaire ?

— Rien !... Toutefois, vous me montrerez ce baron... Je regrette beaucoup que vous ayez prononcé mon nom à haute voix...

Un valet, portant deux valises, avait rejoint Ardinson, ils rentrèrent dans le hall et le jeune homme gagna sa chambre, Hattie restant en arrière.

Un gentleman élégant surgit comme par enchantement de derrière une plante verte.

— Déjà en promenade, miss Mulwer ?

Elle lui sourit.

— Mais oui, comte !

L'attitude désintéressée, il demanda :

— N'est-ce point Willy Ardinson, le célèbre détective londonien, avec qui vous étiez tout de suite ?

Une rougeur légère monta à son front ; néanmoins, elle mentit avec audace :

— Non, ce gentleman est William John Harrisson, architecte... un ami d'enfance.

Il parut ajouter foi à cette affirmation et parla d'autre chose. Mais, après un court instant d'entretien, il s'éclipsa.

Soucieuse, la jeune fille le regarda s'éloigner et murmura, avec une colère contenue :

— Comment se fait-il que cet Autrichien connaisse Willy ?

Elle s'en allait à travers le hall, lorsque son père la rejoignit. Câline, elle se suspendit à son bras :

— Vous savez ?... Ardinson est ici !

Il hocha la tête :

— Probablement... à cause de ces affaires...

— Je le suppose, mais il ne m'a rien dit...

Sir Mulwer demeura une minute silencieux.

— Je suis très content qu'il soit venu... vraiment, cette atmosphère de drame qui flotte dans cet hôtel devenait insupportable.

Elle se pencha :

— Le comte Jenbach l'a reconnu... cela me semble louche.

— Pourquoi cela ? Willy est assez populaire !...

— C'est une impression.

Ils avaient regagné la terrasse, puis, côte à côte, ils descendirent le perron, pour se perdre dans le vaste parc entourant l'hôtel.

Dès qu'ils eurent disparu, deux hommes surgirent de derrière un bouquet d'arbres.

— C'est bien lui... vous avez entendu ?

L'autre crispa le poing :

— Qu'il ne nous gêne pas... ou sinon !

Le premier ricana :

— Comme vous êtes brutal, mon cher baron ! Pourquoi voulez-vous que ce petit « tec » anglais soit plus malin que le chef de la police de Bade ?

« En vérité, vous me semblez un peu nerveux.

— Non !... Je connais l'homme et suis persuadé que l'unique moyen de nous mettre à l'abri est de...

Il eut un geste bref de la main.

L'autre, encore une fois, sourit :

— Mais non... Prévenez la princesse... Je crains plus sa haine que la sagacité du détective.

— C'est une grave erreur de votre part. Dieu veuille que vous n'ayez pas à vous en repentir.

— Amen... En attendant, voyez prudemment la princesse et continuons notre tactique.

Vivement, ils se séparèrent et, après s'être assurés que personne ne les avait vus, ils se dirigèrent l'un vers le parc, l'autre du côté de l'hôtel.

*2*

 

Cependant, le détective avait gagné sa chambre. Comme le valet, après avoir déposé à terre les valises, se retirait, il le rappela :

— Envoyez-moi le directeur... Prévenez-le que je suis la personne qu'il attend...

L'homme s'inclina et disparut.

Seul, Ardinson erra par la pièce ; il paraissait de mauvaise humeur et fronçait le sourcil.

— Comment deviner que Hattie était ici ?... Et encore, elle prononce mon nom à haute voix !

Et après un temps :

— Allons, c'est à recommencer !

On frappa à la porte et le directeur entra. Ils se connaissaient déjà et se serrèrent la main amicalement.

— Du nouveau ? demanda le policier.

Burkert leva les bras au ciel :

— Ne m'en parlez pas ! Encore un mort, et toujours ce même papillon rouge, sans autre trace. Le chef de la police de Bade n'y comprend rien.

— Vous avez un de ces papillons rouges ?

Le directeur extirpa de sa poche un objet écarlate. Cela avait, en effet, assez la forme d'un papillon : deux ailes de soie, ailes soutenues par de minces fils d'acier.

Ardinson examina avec attention ce bibelot étrange, puis le glissa dans sa poche.

— Oui... Je verrai cela... Vous n'avez rien de plus à m'apprendre ?

— Non ! Je ne pourrais que vous répéter ce que contenait ma lettre.

Ils échangèrent quelques mots à voix basse et Burkert acquiesça :

— C'est très facile, je vais m'en occuper moi-même.

Il s'éloigna, laissant le détective seul. Celui-ci ouvrit prestement une valise, en retira un complet gris et divers autres objets.

Quelques minutes plus tard, il était entièrement transformé. Ce n'était plus l'élégant jeune homme, mais un svelte vieillard, portant beau ; les cheveux blancs pommadés, la forte moustache passée au fer. À sa boutonnière rutilait une décoration écarlate.

Sans bruit, il quitta la pièce, se glissa dans un escalier de service au bas duquel il trouva une auto qui l'attendait. Sans un mot, il y sauta et la voiture démarra, s'enfonçant dans le parc.

Une heure plus tard, lorsque presque tous les pensionnaires étaient réunis sur la terrasse, en attendant le déjeuner, la même limousine stoppait devant le perron.

Un élégant vieillard en descendit, tandis que deux valets déchargeaient une lourde malle de cuir fauve. Le vieillard gravit lentement les marches, puis, le monocle incrusté sous l'arcade sourcilière gauche, il jeta un coup d'œil hautain à l'assistance.

On l'admira et, en un chuchotement discret, tous reconnurent qu'il avait grande allure. Seule, Hattie n'y prêta attention ; elle se pencha vers son père, assis près d'elle :

— Ardinson ne descend donc pas ?

Sir Mulwer la regarda malicieusement :

— Vous me paraissez bien impatiente !

Elle se tut et baissa la tête afin de dissimuler la rougeur soudaine qui avait envahi son front.

Un peu plus loin, le comte Jenbach...

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