Le puits qui parle
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Français

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Description

Nice. Le carnaval. La comtesse de Brévelines, déguisée en gitane, se trouve aux prises avec un admirateur insistant travesti en Arlequin.


Quand minuit sonne, l’amoureux éconduit annonce à la jeune femme qu’à cette heure, son mari qui jouait au Casino de Monte-Carlo doit être mort.


Quelques semaines plus tard, la veuve emménage dans sa propriété familiale qui a la réputation d’être hantée.


Très vite, la fillette de la comtesse raconte qu’elle entend des voix sortir du puits du parc.


Le notaire, ami de la famille, qui se passionne pour les énigmes et les mystères et se prend pour un bon détective, décide de mener son enquête...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 2
EAN13 9782373474701
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE PUITS QUI PARLE
Roman policier
par Marcel PRIOLLET
AVANT-PROPOS
« Littérature Populaire » !
***
Le terme est souvent lancé comme une insulte à la f ace du lecteur passionné ou occasionnel !
Une littérature qui s'adresse au peuple en oppositi on à celle destinée aux e lettrés et qui est montrée du doigt depuis sa création à la fin du XVII siècle.
Les qualificatifs sous lesquels les condamnent les membres d'une caste supérieure, d'une élite n'ayant d'yeux que pour la littérature savante, celle, inaccessible, par déficit de moyens ou d'éducation aux moins nantis, varient avec le temps tout en conservant les mêmes consonan ces péjoratives. La « littérature mercantile » devient une « littératur e commerciale ». Le « roman à quatre sous » se transforme en « roman de gare ». L a « littérature populaire » se mue en « paralittérature ».
Même la renommée des auteurs évolue au fil du temps et ceux ayant alimenté la littérature populaire d'avant-hier sont aujourd'hui devenus des écrivains avec un grand É et leurs romans, des œuvr es incontournables (Eugène Sue, Alexandre Dumas, Jules Verne…).
Mais la réputation d'un pourvoyeur de cette « sous- littérature » peut également varier du tout au tout en quelques décenn ies. Ainsi, George Simenon, Léo Malet ou Frédéric Dard dorment-ils au Panthéon des « Écrivains » quand tant de leurs confrères de l'époque ou des générati ons précédentes sombrent encore dans un oubli qui sied si peu à leur talent et à leur production.
Parmi ces « écrivains » qui mériteraient amplement de se voir greffer une majuscule,Marcel PRIOLLETfait figure de tête de file.
Il faudrait être fou ou totalement présomptueux pou r espérer dresser une liste exhaustive de la production deMarcel PRIOLLET tant celle-ci est gigantesque et tant sa vie demeure obscure.
Les romans et feuilletons de l'auteur se déploient sur un demi-siècle de littérature populaire, et sont signés sous de nombr eux pseudonymes(René-Marcel de Nizerolles, Henry de Trémières, Marcel-Re né Noll, René Valbreuse)et ont nourri les nombreuses collections des plus prol ifiques éditeurs de l'époque [Ferenczi & fils, Eichler, Fayard, Tallandier, Le L ivre National, La Librairie Contemporaine, Éditions S.E.T.,…].
Mais si l'auteur, à l'époque, a ému autant de lecte urs, c'est aussi à travers les nombreux genres qu'il a abordés [policier, sent imental, fantastique, aventure…], sachant bien évidemment les mélanger po ur le plus grand plaisir de tous.
Car, siMarcel PRIOLLETfait une spécialité des séries fasciculaires s'est sentimentales qui titillent les glandes lacrymales de son lectorat sur plusieurs dizaines de titres [« Trompée au seuil de la chambre nuptiale »,« La mariée aveugle »,« Née en prison »,…] il sait aussi l'enthousiasmer autour des aventures trépidantes de ses héros [« La vie d'un aviateur »,« Les voyages aériens d'un petit Parisien à travers le monde »,« Les aventuriers du ciel », « Les Robinsons de l'île volante »,…] sans omettre de faire frissonner les amateurs d'émotions fortes et de romans policiers [« Tip Walter, le Prince des Détectives »,« Old Jeep & Marcassin »,« Monseigneur et son clebs »,…].
Mais il ne faut pas oublier qu'avant tout,Marcel PRIOLLETest un conteur et qu'il ne se contente pas d'offrir des personnages i ntéressants en se disant que pour le format court des séries fasciculaires, cela suffira à remplir son office. Non, l'auteur prend chaque épisode comme une histoi re à part entière et la fignole de la même manière. Le scénario tient alors la route et est plaisant à lire et les personnages récurrents font office de cerise sur le gâteau d'une lecture de bon goût. Aussi n'est-il donc pas rare, dans un tex te deMarcel PRIOLLET, que les genres se mêlent pour napper les sujets à la mo de de son époque, car, comme tout bon auteur de littérature populaire, il s'adapte à son lectorat et lui propose ce qu'il aime, ce dont il a envie en l'émou vant, le dépaysant, le surprenant… en lui faisant vivre des aventures, tou t simplement.
Enfin, n'occultons pas queMarcel PRIOLLET était un écrivain imaginatif et qu'il n'est pas rare que, malgré la concision de ce rtains textes, ceux-ci se basent sur des idées que l'on aurait pu qualifier de « gén iales » pour tout autre auteur mieux considéré [on notera ainsi l'excellence du nœ ud de l'intrigue de l'épisode « Le bal des disparus »de la série« Monseigneur et son clebs »].
Jusqu'à présent, pour vous rendre mieux compte des dernières qualités de l'auteur mises en avant dans cet avant-propos, vous pouviez vous référer aux deux séries policières rééditées parOXYMORON Éditions [« Old Jeep et Marcassin » et« Monseigneur et son clebs »]. Grâce à la collection éponyme mise en place aujourd'hui, vous pourrez également c onstater les atouts de « bon faiseur » de l'auteur en vous plongeant dans des ti tres issus de l'une des plus e ère cultes collections du début du XX siècle : « Le Roman Policier » [1 série] des éditions Ferenczi & fils.
À travers ces courts romans édités, en premier lieu , en fascicules de 32 à 48 pages, vous pourrez vous délecter des sujets qui passionnaient les lecteurs des années 1920 et découvrir un auteur qui faisait preuve de métier en s'adaptant à une collection dite « policière », mai s dont les titres pouvaient tout
aussi bien concorder avec les collections « aventures » de son éditeur.
Ces divers titres seront d'ailleurs réédités dans l es décennies suivantes, dans les autres collections Ferenczi & fils avant d e disparaître totalement… jusqu'à aujourd'hui.
Si la littérature populaire de l'époque méritait qu 'un éditeur « moderne » la remette au goût du jour et permette que le lectorat actuel puisse la savourer à nouveau,Marcel PRIOLLET, lui, de par son travail, méritait au moins d'avoi r une collection à son nom. C'est désormais chose faite !
Bien que le talent d'un écrivain se juge avant tout , et uniquement – peut-on être tenté de dire, – par ses écrits, voici quelque s éléments biographiques pour conclure cet avant-propos.
Marcel PRIOLLETris le naît à Ivry-sur-Seine le 6 août 1884 et meurt à Pa 10 novembre 1960.
Il écrit, au début Julien PRIOLLET.
de
sa
carrière,
notamment,
avec
son
frère
Il est nommé aux grades de Chevalier de la Légion d 'Honneur [1928], et d'Officier de la Légion d'Honneur [1937], pour enfi n être promu Commandeur de la Légion d'Honneur [1952].
Il est enterré au cimetière du Montparnasse.
Comme vous pouvez vous en rendre compte, les élémen ts biographiques connus surMarcel PRIOLLETtrès succincts, mais, heureusement, sa sont production l'est beaucoup moins, pour le plus grand plaisir des lecteurs de l'époque et, dorénavant, des lecteurs d'aujourd'hui .
Bonne lecture.
*1*
CARNAVAL
Nice, perle fine enchâssée dans l'écrin de sable bl ond de la Riviera, Nice avec ses jardins, son air limpide, sa brise tiède e t parfumée, Nice connaissait la folie des soirs du Carnaval.
Tout le jour, la joie avait déferlé par les avenues plantées de palmiers et d'orangers. Dans l'éclaboussement des confettis, pa rmi le tourbillonnement des masques, au son des musiques et des rires, Sa Majes té Carnaval avait exercé son éphémère royauté.
Et maintenant, c'était la nuit, la nuit méditerrané enne, avec ses myriades d'étoiles, son mystère troublant, ses effluves volu ptueux où l'air marin se mêle aux senteurs des jasmins et des orangers en fleurs.
La fête continuait, turbulente dans les rues où, ce soir-là, bien des libertés sont permises, plus discrète dans les palaces qui r éunissent tout ce que la ville renferme d'élégances et de mondanités, où l'aventur ier cosmopolite coudoie l'authentique aristocrate, où, sous le masque, s'éb auchent des idylles, se nouent des aventures, triomphe le flirt, se perpétue en un mot la vie oisive des heureux de ce monde.
Le bal auquel, chaque année, le prince Boresky conv iait tout ce qui portait un grand nom, que ce fût dans le monde de la nobles se, de la politique, de la finance ou des arts, était sans contredit l'une des fêtes les plus recherchées par les étrangers qui venaient demander à la Côte d'Azu r l'abondance de ses plaisirs raffinés plus encore que le réconfort de s on ciel éternellement bleu.
Le costume travesti et le loup étaient de rigueur.
Il s'ensuivait d'étranges qui propos, des confusion s amusantes, des intrigues, car chacun se faisait un joyeux devoir d e cacher sa personnalité.
La griserie du bal n'exerçait pas la même influence sur toutes les vertus si l'on en jugeait par la façon dont une jeune et joli e créature, costumée en gitane, venait de rabrouer un arlequin dont le visage dispa raissait sous un loup de soie écarlate.
— Une dernière fois, monsieur, avait-elle dit, je v ous prie de cesser ce jeu.
« Il ne manque pas, dans le bal, de belles danseuse s qui écouteront avec complaisance vos galants propos... Je vous répète q ue vous faites fausse route !
Ces paroles avaient été prononcées avec une telle a utorité que l'homme
sembla s'avouer vaincu.
Il s'inclina, puis s'éloigna parmi les couples, pen dant que l'inconnue se dirigeait vers la large baie qui faisait communique r le grand salon du palais du prince Boresky avec une terrasse plantée de palmiers, d'où l'on dominait la ville.
La gitane traversa la terrasse, atteignit un coin d 'ombre où des sièges étaient disposés et se laissa tomber, assise dans u n confortable rocking-chair.
Elle respira avec délices l'air embaumé de la nuit. Puis, comme nul importun n'était à côté d'elle, elle retira le loup de velou rs noir qui masquait le haut de son visage.
Celui-ci apparut très pur, très fin, comme le refle t d'une âme que rien ne tourmente, mais empreint d'une majesté particulière qui semblait indiquer que toute frivolité était bannie de ce front blanc.
La jeune femme laissa son regard errer sur les mill e feux multicolores dont se parait la ville en fête. Le spectacle était féerique.
Un mince croissant de lune, accroché au velours ble u sombre du ciel, complétait l'illumination.
Au loin, le « ressac » des flots faisait entendre s a chanson éternelle.
Des salons voisins, arrivaient par bouffées les not es attardées d'une valse langoureuse. La brise de la nuit avait des douceurs de caresse.
Un soupir gonfla la poitrine de la jolie gitane. Elle sourit mélancoliquement.
— Comme on comprend que l'amour soit roi, sous un p areil climat ! murmura-t-elle.
« Heureuses... celles qui peuvent s'abandonner à la griserie d'un tel soir, contempler cet Eden enchanteur en appuyant doucemen t la tête sur l'épaule de l'être aimé... savourer à la même minute le parfum des fleurs et le goût d'un baiser…
Lentement, la belle créature avait renversé la tête en arrière, les yeux clos, comme si elle offrait ses lèvres à quelque immatéri elle caresse.
Mais un léger cri d'effroi lui échappa. Un visage a vait frôlé le sien.
— Encore vous ! s'exclama-t-elle en se dégageant br usquement et pendant qu'elle replaçait, mais trop tard, le loup de velou rs sur sa face.
Devant elle se tenait l'arlequin masqué de rouge.
— Belle comtesse, murmura l'homme, je n'avais pas e u besoin de voir à découvert vos adorables traits pour percer votre in cognito.
« La comtesse Irène de Brévelines, sous son costume de gitane, a été reconnue par son esclave... car quel autre nom donn er, madame, à l'homme qui
ne respire qu'en votre présence et qui cesse disparaissez...
de viv re dès que vous
— C'est mal à vous, monsieur, répliqua fièrement la jeune femme, d'abuser de l'immunité que vous confère le masque pour me po ursuivre de vos odieuses assiduités.
« J'aime à croire que si le comte était là...
— Mais il n'est...
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