Le silence fatal
48 pages
Français

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Description

Arsène Pavin, âgé de 68 ans, est retrouvé assassiné par sa gouvernante au retour de la messe.


Les soupçons se portent rapidement sur son neveu et héritier, Georges Ridol.


Si ce dernier nie sa culpabilité, son refus de dire où il se trouvait au moment du crime ne joue pas en sa faveur.


Quand des vêtements – correspondant à ceux d’un homme de sa corpulence ayant été vu en train de pénétrer dans la maison de la victime à l’heure de l’agression par un voisin – sont retrouvés chez le jeune Georges, le doute ne semble plus permis.


Pourtant, l’inspecteur de la Sûreté Vigeon semble convaincu de l’innocence de Georges Ridol. Il se fait fort de trouver ce que ce dernier refuse d’avouer afin de lui fournir un solide alibi...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791070032381
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

INSPECTEUR VIGEON
LE SILENCE FATAL
Récit policier

René TROTET DE BARGIS
CHAPITRE PREMIER
UNE MORT TRAGIQUE
 
Rue Du Sommerard, derrière le musée de Cluny, M. Arsène Pavin habitait une petite maison surélevée d'un étage et qui avait dû être jadis, le logis de quelque jolie fille d'Opéra ou la « folie » d'un fermier général amateur de parties fines.
M. Arsène Pavin logeait là, seul avec une vieille gouvernante fort bigote et très attentive au ménage de son maître.
Elle partageait son temps entre les soins à donner au vieux et artistique mobilier, ou à la cuisine que M. Pavin voulait délicate, et les offices de l'église Saint-Nicolas-du-Chardonnet dont elle était une assidue.
M. Arsène Pavin avait soixante-huit ans et vivait paisiblement de rentes amassées, durant quarante années, dans la commission en draps.
Les rentes de M. Pavin étaient des plus appréciables, puisqu'elles se montaient à une cinquantaine de mille livres.
Le bonhomme ne s'était jamais marié.
Il ne possédait aucune famille, à part son neveu, Georges Ridol, le fils unique de la douce Armande Pavin qui avait épousé, vingt-cinq ans plus tôt, l'huissier Ridol, de Mantes.
Arsène Pavin avait toujours beaucoup aimé sa sœur et, elle morte, il reporta sur l'enfant cette affection, mais, d'un abord brusque et bougon, le célibataire extériorisait peu ses sentiments.
Le jeune Georges habitait maintenant Paris.
Il y étudiait le droit et espérait s'établir comme avocat, ne se sentant aucun goût pour la basoche.
D'ailleurs, son père mort, l'étude de Mantes avait été vendue et, grâce à la petite fortune laissée par l'ancien huissier, le jeune homme pouvait vivre très confortablement pour un étudiant.
Ses diplômes conquis, il monterait un cabinet et n'aurait plus qu'à attendre la clientèle, sans être obligé d'accepter des causes infimes pour pourvoir à sa matérielle.
Tout cela, Georges Ridol le redisait souvent à son oncle, lorsqu'il allait lui rendre visite dans la coquette maison de la rue Du Sommerard.
Mais Arsène Pavin hochait la tête et marmonnait :
— Tu m'amuses, mon garçon !... Tes douze mille francs de revenu ne sont pas le Pérou !... Ah ! si tu étais un de ces jeunes gens acharnés au travail, dévorés d'ambition, tourmentés par l'envie ardente d'arriver, je serais tranquille !...
— Mais, mon oncle ! je travaille ! assurait Georges.
— Oui !... sans te faire mal ! reprenait l'oncle en haussant les épaules... Je connais cela !... Je te connais, surtout !... Tu aimes le plaisir... Tu fais la noce !
— Mais, mon oncle... je vous assure... essayait de se récrier le jeune homme.
— Allons ! ne me raconte pas d'histoires !... Je sais ce que je sais !... Tu es un amateur de cotillons et cela te perdra !... Ainsi, ose dire que, l'autre dimanche, tu ne te promenais pas avec une jeunesse en corsage rose du côté du parc Montsouris ?...
L'étudiant, rouge, baissait la tête, ennuyé d'avoir été aperçu par son oncle en galante compagnie.
Alors, Arsène Pavin, ironique et sévère, gourmandait son neveu et lui prédisait qu'il dépenserait tous ses sous avec ces femmes qui lui faisaient perdre son temps, au surplus...
Mais, le jeune homme parti, le célibataire avait un petit mouvement d'indifférence indulgente et grommelait, à part soi :
— Bah ! qu'il s'amuse !... Ce que je lui en dis, c'est pour le retenir un peu sur cette pente... Au fond, c'est un gentil garçon... intelligent, doux, affectueux... tout le portrait de ma pauvre Armande !...
Et M. Pavin, avec un soupir, ajoutait :
— D'ailleurs, pourquoi se ferait-il du mauvais sang pour son avenir ?... Ne suis-je pas là ?... À ma mort, je lui laisserai tout ce que je possède et il pourra vivre sans plaider, si cela lui chante !...
Cette fortune qu'il avait amassée par un labeur opiniâtre et une économie attentive, M. Pavin, à présent, n'en faisait aucun cas.
D'avoir été habitué, durant quarante ans, et plus, à se priver de toute dépense superflue, à se refuser le moindre plaisir, il continuait à mener une existence plus que simple...
Il ne se connaissait pas de défauts dispendieux, n'étant ni coureur, ni joueur, ni ami de la bonne chère, ni coquet, comme tant de vieillards qui ne veulent et ne savent pas vieillir.
M. Pavin, casanier, n'aimait pas les voyages.
M. Pavin ne fréquentait point les cafés ou les théâtres ou autres spectacles.
M. Pavin, amoureux de son bien-être, cependant, avait réuni en son logis de vieux et beaux meubles, mais était-ce là une dépense ? Ce mobilier conservait toujours sa valeur !...
Chez lui, de longues heures, le rentier demeurait à lire, inlassablement.
Comme il n'avait eu qu'une instruction incomplète, bâclée, parce qu'il avait dû gagner sa vie de bonne heure, Arsène Pavin ignorait des tas de choses.
Sur le tard, il occupait ses loisirs à parfaire son instruction et dévorait les auteurs classiques ou modernes, avec une égale avidité.
Sa gouvernante, M me  Moreux, l'en grondait, parfois, avec cette familiarité respectueuse des gens depuis longtemps au service du même maître.
Mais, puisque le bonhomme trouvait là son plaisir, elle le laissait faire en souriant, déplorant, néanmoins, qu'il ne songeât pas davantage à son salut éternel...
— Riche comme il est, il pourrait faire tant de bien à sa paroisse ! pensait-elle. Et, comme il a tout son temps libre, il pourrait s'occuper de bonnes œuvres, prier, méditer, assister aux offices !...
M. Pavin ne voulait pas entendre parler de cela.
Certes, il n'était point un athée, pourtant, il montrait, vis-à-vis de la religion, une insouciance d'homme qui n'a pas eu le temps de réfléchir à ces questions et que l'habitude entraîne dans le même cercle routinier...
 
* * *
 
Or, ce soir de décembre, froid et noir, M me  Moreux, rentrant de l'église, vers sept heures, fut surprise de voir ouvertes toutes les portes du rez-de-chaussée, car elle savait son maître maniaque et très attaché à ce que toutes les portes fussent bien closes.
En ronchonnant, la veille dame entra dans le salon... la salle à manger... le cabinet de travail et la bibliothèque et fut surprise de n'y pas trouver le célibataire.
Elle appela... mais aucune réponse ne lui parvint.
Alors, craignant que son maître n'ait été atteint, subitement, de quelque crise d'asthme – car il y était sujet – elle monta au premier étage.
La chambre à coucher de M. Pavin était vide aussi et, de plus en plus étonnée, la gouvernante se dirigea vers le cabinet de toilette.
Là, à terre, tout étendu, gisait le corps du bonhomme, inanimé... le visage convulsé.
M me  Moreux jeta un cri de stupeur.
Elle se précipita sur son maître et tenta de le soulever, mais elle ne put y parvenir car, saisie de terreur, elle venait de constater que le corps était déjà froid et raidi.
Elle lâcha ce qui n'était plus qu'un cadavre et, affolée, elle se rua dans les escaliers, en appelant au secours.
La première personne, qui entendit ses cris et accourut, était un charbonnier voisin dont le logement ouvrait sur une cour commune avec la maison de M. Pavin.
Le brave commerçant, le visage et les mains encore tout noirs, se présenta, effaré, devant la gouvernante, demandant :
— Et qu'esch-che que c'hest donc ?...
— Venez !... balbutia M me  Moreux en l'entraînant.
Dans le cabinet de toilette, l'Auvergnat, à la vue du rentier inerte sur le parquet, poussa une exclamation d'effroi et recula d'un saut qui bouscula une petite table.
— Bon chang ! le pauvre monchieur !...
— Ah...

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