Le Tueur au miroir
158 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

158 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

" Je n'ai fait que leur donner un instant de gloire. " Willy B. Richardson, alias William R. Bradford (1948-2008), le " Killer Photographer ".
Fasciné par leurs tatouages, il les appâte avec son appareil photo, fige leurs désirs de starlettes sur du papier glacé, puis les tue et s'empare de ce qu'il convoite. Le lendemain, on retrouve le corps de ces jeunes femmes sur les berges du Saint-Laurent, le pubis orné d'éclats de miroir et un morceau de peau découpé.
Pour piéger celui qu'à Montréal on appelle déjà " le tueur au miroir ", il faut des flics borderline : Louise Beaulieu, qui se fiche des limites et des règles, et Carrie Callan, qui, sous son air bien sage, est un vrai pitbull.
Des photographies à clé, un secret de famille, des messages cryptés... Le passé rattrape Louise. Désorientée, elle ment et triche. Et Carrie soupçonne l'impensable : des liens entre l'enquêtrice québécoise et Singleton, le redoutable tueur en série qu'elles ont traqué ensemble un an auparavant.

" Un thriller intelligent et addictif ! " Pascal Jaubert, librairie Jaubert, Riez-la-Romaine.
" Mitchelli fait tourner une machine diabolique. " Patrick Cargnelutti, quatresansquatre.com
Ce thriller est librement inspiré des meurtres commis par William R. Bradford, condamné aux États-Unis en 1988.


Informations

Publié par
Date de parution 19 octobre 2017
Nombre de lectures 8
EAN13 9782221202555
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0450€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection dirigée par Glenn Tavennec
L'AUTEUR

Fabio M. Mitchelli est né à Vienne (Isère) en 1973. Il a été révélé au grand public par son thriller La Compassion du diable (Fleur Sauvage, 2014 ; Milady Thriller, 2016), surnommé « le livre bleu ». Son talent : mentir vrai en plongeant le lecteur dans la tête de véritables serial killers. Le tueur au miroir est son deuxième roman après Une forêt obscure .

© Éditions Robert Laffont, S.A.S., Paris, 2017 En couverture : B. Lhenry / Éditions Robert Laffont. © arsgera/123RF.
ISBN numérique : 978-2-221-20255-5 ISSN 2431-6385
Suivez toute l’actualité des Editions Robert Laffont sur
www.laffont.fr
 

 

 
Vous souhaitez être tenu(e) informé(e)
des prochaines parutions de la collection
et recevoir notre newsletter ?
 
Écrivez-nous à l'adresse suivante,
en nous indiquant votre adresse e-mail :
servicepresse@robert-laffont.fr
À celle qui m'a vu grandir, celle qui m'a protégé. Toi qui as tant enfanté et œuvré pour les tiens, tu as dû partir, ton repos est mérité. À Jeanne Z. L.
 Dites-vous que ce que vous croyez savoir de moi n'est rien à côté de ce qu'il en est vraiment...
William Richard Bradford, en 1988 lors de la proclamation de sa condamnation à la peine capitale
 
 Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères, un seul être vous manque, et tout est dépeuplé...
Alphonse de Lamartine, « L'isolement », dans Méditations poétiques , 1820
Avis au lecteur


Ce récit s'inspire de faits réels : l'escalade criminelle de William Richard Bradford, un tueur en série américain qui fut incarcéré à la prison d'État de San Quentin, en Californie. Il fut condamné pour les meurtres de sa voisine de quinze ans, Tracey Campbell, et d'une barmaid, Shari Miller, tous deux commis en 1984. En 2006, l'affaire fut relancée après la redécouverte de cinquante-quatre photographies trouvées dans l'appartement de Bradford lors de son arrestation en 1984. Les clichés, datant des années 1980, représentaient des femmes prenant des poses de mannequins. Presque toutes avaient été portées disparues...
Pour les besoins du récit, l'auteur a volontairement modifié la géographie et la chronologie des événements réels, ainsi que le nom des personnes impliquées.
Certains passages évoquent des articles parus dans la presse ou sur des sites Internet spécialisés.
Malgré de nombreuses scènes empruntées à la réalité, ce roman est une fiction.
Prologue

Octobre 1975, Anchorage (Alaska)
There's nothin' to it, just say you wanna do it
Open up your heart and let the lovin' start
 
La voix haut perchée de George McCrae s'échappait des enceintes de l'autoradio en grésillant. La musique, aux accents mielleux mêlés de biguine, de soul et de disco, emplissait l'habitacle de la Ford Gran Torino 1974 couleur caramel. Le véhicule était garé derrière le club Crazy Venus, à l'angle de la 15 th , au nord d'Anchorage.
Le type était étendu sur le siège passager rabattu au maximum. Les gémissements de sa partenaire couvraient presque la voix du chanteur et la paume de sa main gauche collée à la vitre embuée produisait de longues traces dégoulinantes.
Daniel était fasciné par cette putain qui lui avait redonné la vigueur d'un taureau andalou. Six mois. Six mois qu'il baisait comme un adolescent qui découvrait le sexe, comme un camé qui ne pouvait plus se passer de son héroïne. Il en avait oublié la chasse dans les grandes plaines froides, les errances interminables dans la forêt de Tongass, les traques au caribou. Les magazines spécialisés avec lesquels il avait signé de juteux contrats en tant que conseiller technique n'avaient aucune nouvelle de leur fameux chasseur. Daniel avait changé, il avait réellement déposé les armes. Il avait mis à la retraite son bon vieux calibre .223. Même si le souvenir de sa première traque venait souvent le hanter.
Amy accéléra le mouvement en lâchant un petit gémissement. Daniel agrippa les mèches de sa longue chevelure rousse qui se balançait, puis appuya sur ses épaules. Il voulait la sentir encore plus profondément, plus loin. Assise sur son sexe en érection, Amy ondulait tel un serpent au rythme de  Rock Your Baby , comme si rien n'était plus important que ce moment-là. Plus rien. À part peut-être la mauvaise nouvelle qu'elle allait annoncer à son client régulier...
Elle eut un spasme. Daniel se raidit et enfonça ses ongles dans la peau de sa partenaire. Il se figea enfin en poussant un long râle animal. Amy se laissa aller en avant et appuya sa poitrine sur le torse de son client, le souffle court. Ses seins, petits et fermes, vinrent s'écraser sur les pectoraux de Daniel, qui avait du mal à se remettre de son orgasme. Puis, d'un coup de reins, elle se redressa en souriant. Passant une main sur la vitre givrée pour former une lucarne, elle jeta un coup d'œil aux environs. Le décor était recouvert d'une neige et d'une glace déjà polluées par les gaz d'échappement et les pas. Les lumières criardes des enseignes, sur les façades des établissements de nuit, peinaient à arroser cette pénombre entre chien et loup. Cette nuit sur Anchorage qui semblait ne plus finir, cette nuit qui enveloppait les pires secrets...
— Tu as joui, toi ? Je t'ai sentie, hein ? demanda Daniel en se redressant et en écartant la jeune prostituée.
Il y eut un grésillement dans la radio, l'animateur de la station ânonna quelques mots, et le groupe canadien The Guess Who vint couper le sifflet à George McCrae avec leur titre phare, American Woman .
Amy hocha timidement la tête et se décala sur sa gauche pour venir occuper le siège conducteur.
— Tu me rends dingue, tu sais ça ? Tu es la seule qui me fait cet effet... mais l'argent gâche tout.
Il renifla et laissa glisser son regard sur l'entrecuisse d'Amy.
— Essuie-toi, lâcha-t-il en lui jetant un mouchoir. Ne pourris pas mes sièges, le foutre, ça laisse des traces sur le cuir... Tu sais, je te paie, Amy... et ça, ça ruine tout le sens moral de notre relation !
— Nous, c'est pas pareil. Je sais que je te plais, et puis on se connaît... On pourrait peut-être...
— Peut-être quoi ? Tu crois que je vais quitter ma femme ?
La main de Daniel se referma soudain sur la gorge de la jeune prostituée. Il eut un bref ricanement, la langue coincée entre les dents. Terrifiée, Amy trouva la force d'articuler :
— J'ai un truc très important à te dire, Daniel...
Ce dernier se laissa gagner par le flash qui traversa son crâne à cet instant-là.
Il revoit sa première chasse. Le club, la strip-teaseuse. L'avion, la forêt. Quatre ans déjà...
Il desserra lentement les doigts et Amy tenta de reprendre son souffle dans une quinte de toux.
— Bon, abrège... De quoi tu voulais me parler ?
Sans répondre, Amy se rhabilla à la hâte, ramassa son sac à main qui traînait à ses pieds, ouvrit la portière. Une fois à l'extérieur, elle fit signe à Daniel d'abaisser la vitre.
— Allez, c'est bon, donne-moi mon argent !
Il se pencha en avant, ouvrit la boîte à gants et en sortit son portefeuille. Il tira quelques billets qu'il tendit à Amy.
— Quoi ? Tout ça pour ça ?
Elle soutint son regard et grinça :
— Toi, t'as pas fini de te prendre des claques dans la vie, pauvre type !
Interloqué, il eut un rire nerveux avant de descendre du véhicule. Il s'approcha lentement de la jeune femme, se frotta le nez puis lui administra une gifle retentissante qui la déséquilibra. Elle vacilla sur ses talons, la lèvre inférieure fendue. Il rugit d'une voix qui résonna dans la poitrine de la malheureuse :
— Ne t'avise plus jamais de me parler de cette manière !
Les images affluent. 1971... le corps abandonné, la forêt de Tongass, près de la rivière Eklutna.
Agacé, Daniel haussa le ton en bégayant :
— Ne, ne, ne ne me fo fo force pas à faire des des des des co co conneries.
— T'inquiète, la connerie, tu l'as déjà faite, répondit Amy en essuyant du revers de la main le sang sur ses lèvres.
— Je comp pr pr prends pas...
— Je suis enceinte !
Daniel prit une longue inspiration, comme boxé, allumé par l'impact d'un puissant uppercut asséné par un champion poids-lou

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents