Mourir au paradis
142 pages
Français

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Description

Au cours de ces chauds étés méditerranéens, le département du Var vit à l’heure du tourisme. Farniente pour les vacanciers, travail accru pour les autres, entre autres pour les forces de l’ordre ; les accidents en tous genres, les infractions et les délits habituels sont en augmentations avec l’afflux touristique en cette période ; c’est le quotidien de la police toulonnaise, un rituel bien ordonné depuis de longues années. Pourtant en cet été 2013, plusieurs meurtres vont briser la routine classique et interpeller varois et touristes plus habitués à la médiatisation d’accidents nautiques qu’à celle, plus brutale, d’assassinats ! La brigade criminelle de l’antenne varoise du SRPJ saisie, va devoir rapidement les élucider, surtout lorsque l’un d’entre eux, ô crime de lèse-majesté, est commis dans cette île paradisiaque de Port-Cros, parc national mondialement connu. Entre notables aux méthodes particulières et aux amitiés douteuses, à leur puissance financière et politique, et un passé relativement lointain enveloppant de son voile mystérieux les habitants de la petite île de l’archipel hyérois, les policiers de la PJ arriveront-ils à délier le fil ténu de cette intrigue singulière ?

Informations

Publié par
Date de parution 20 janvier 2015
Nombre de lectures 6
EAN13 9791029002144
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Mourir au paradis
Du même auteur
(Aux Presses du Midi)
Au cœur de l’apocalypse, Autobiographie, 2004. Des lendemains ensoleillés, Aventure, 2006. Des larmes de sang… sous les châtaigniers, Policier, 2007. Crimes et bâtiments, (En collaboration avec Daniel Thouvenot) Policier, 2008. Les roses rouges, Roman, 2009. In Mystérium, Suspense, 2011. In Véritas(Suite et fin du précédent), Suspense, 2013.
Site internet : alaindelattre-romancier.com
Alain Delattre
Mourir au paradis
Roman policier
Les Éditions Chapitre.com 123, boulevard de Grenelle75015 Paris
© Les Éditions Chapitre.com, 2015 ISBN : 979-10-290-0214-4
1
Toulon, soirée du 14 juillet… Une musique douce accompagnait les bavardages des convives. Après avoir assisté au classique défilé militaire et au non moins traditionnel feu d’artifice, comme un rituel immuable, bien rôdé depuis de nombreuses années, ils s’étaient retrouvés dans cette magnifique propriété sur les hauteurs de la préfecture varoise. Nichée sur le flanc Sud du Mont Faron, par l’opulente et arrogante architecture de sa maison, elle en imposait à ses voisines, pourtant débordantes d’un charme indiscutable, mais plus discret aussi. Celles-ci semblaient rejetées dans un banal et indéniable anonymat. Autour de l’impressionnante piscine à débordement, tables et chaises blanches, en fer forgé, attendaient le bon vouloir des invités qui, pour le moment, privilégiaient la position debout et le bavardage. Par petits groupes d’hommes ou de femmes, tantôt mixtes aussi, les papotages allaient bon train. Un exquis buffet froid et des vins locaux parmi les meilleurs crûs pouvaient satisfaire les gourmets les plus exigeants. Au milieu de cet aréopage de notables, d’élus politiques, de sportifs de renom, slalomaient des serveurs et serveuses, élégamment revêtus d’une tenue blanche et noire, qui distribuaient champagne et petits fours. La température était douce, l’air sec, le ciel généreusement étoilé. Les hommes, en costumes légers ou smokings, les femmes dans des robes longues ou, au contraire, courtes à souhait, paraissaient rivaliser d’élégance. Le maître de maison, par sa faconde et ses propos apparemment captivants, retenait l’attention d’une bonne demi-douzaine d’hommes attachés à l’écouter. Plus loin, de jolies femmes épanouies devisaient, avec un certain libertinage, sur la plastique musclée et bronzée de jeunes stars montantes du rugby. Devant l’immense piscine, dans une féérie de lumières, s’étendaient la grande ville et sa rade magnifique entourée de collines urbanisées. Un ferry appareillant pour la Corse, biffait de son sillage brillant le miroir sombre de la grande darse. Les plus prestigieuses unités de la « Royale » mouillaient dans le port militaire voisin. Il était ceinturé par d’impressionnantes et austères murailles construites dans le sang et les larmes des bagnards, dont les délits ne justifiaient pas toujours les sentences disproportionnées auxquelles ils étaient soumis. Époque lointaine où la justice s’appliquait toujours avec une extrême sévérité. Coupes en main, trois hommes souriants bavardaient calmement de projets immobiliers futurs. L’un d’eux, la quarantaine, de taille moyenne, visage ceint d’une barbe brune impeccablement taillée, expliquait avec force détails les tenants et les aboutissants de ce nouvel ensemble sur la presqu’île de Saint-Mandrier, programme toujours à l’état d’étude pour l’instant. Le second, qui semblait très intéressé, n’était autre qu’un élu influent d’une commune voisine. Le dernier, quant à lui, écoutait leurs paroles d’une oreille distraite. Sa soixantaine énergique et sportive, ses yeux bleus brillants et le teint halé des pratiquants assidus de la plaisance, lui conféraient un charme indéniable qui ne devait pas laisser la gente féminine indifférente. S’approchant rapidement, un solide gaillard d’une cinquantaine d’années à la chevelure blonde filasse, mit fin brutalement à leur discussion. Sanglé dans un smoking
bicolore, veste blanche pantalon noir, le nouveau venu s’imposa d’une voix autoritaire : – Mes amis, permettez-moi de vous présenter un futur associé avec lequel, j’en suis certain, nous allons normaliser d’ambitieux projets communs hors de nos frontières. Puis, se tournant vers celui qui l’accompagnait : – Mon cher Kostya, tu as devant toi mes plus fidèles amis. Albin, notre parlementaire préféré, Jean-Pierre, mon associé, le comptable de la société, et Olivier, industriel notoirement connu en Suisse, et aussi ami de longue date. À nous quatre, nous formons la SCI la plus flamboyante de notre région. Kostya, lui est un homme d’affaires très influent en Ukraine, ce qui va nous permettre d’étendre nos activités en Europe de l’Est. Si le parlementaire et le gestionnaire serrèrent fermement la main de l’Ukrainien en lui souhaitant la bienvenue, il n’en fut pas de même du prénommé Olivier. Il accepta mollement la poignée de main, sa grimace et ses yeux céruléens annonçant une colère en devenir qui en disaient long sur ce qu’il pensait du brun adipeux au regard inquisiteur qui le fixait lui aussi, sans tendresse. L’antipathie s’avérait réciproque ; ces deux hommes ne s’aimaient pas du tout et leur avenir commun en deviendrait vite problématique ! – Richard, puis-je te parler en particulier ? Réclama fermement l’industriel. – Mais bien sûr, Olivier ! Excusez-moi un instant, mes amis, lança le maître de maison, grand seigneur. Ils s’éloignèrent quelque peu, sans que pour cela leurs paroles fussent entendues : – Richard ! Je t’ai déjà annoncé que jamais, au grand jamais, je ne travaillerai avec ce type ! Avec sa sale tronche d’Oustachi et son passé sordide, il est absolument répugnant. Tu n’es pas sans savoir qu’il a bâti sa fortune sur le trafic d’armes, celui d’êtres humains et sur le blanchiment. Et il continue d’ailleurs, avec des « gérants » entièrement à sa botte. Non, ne nie pas ! Je me suis renseigné. Tu vois, en Suisse, j’ai gardé quelques amitiés dans les hautes sphères de la Police. Ça sert quelquefois. Ce mec est un mafieux notoire, sans scrupules et, de surcroit, très dangereux. Hors de question qu’il devienne un associé, sinon je m’en vais et je retire mes billes. Bien évidemment, tu sais ce qui va arriver ? – Calme-toi, on nous regarde ! Les affaires vont mal ici. Le marché de l’immobilier s’effondre, les recettes s’amenuisent. Nous avons la possibilité d’investir en Ukraine grâce à Kostya, ne gâchons pas cette opportunité, le temps que l’orage s’éloigne en France. En quelques années, nous nous enrichirons à nouveau. Tu veux laisser passer cette chance ? – Jamais je ne m’allierai avec l’un de ces monstres, tu m’as compris ? Imagines-tu une seule minute comment ils traitent ceux qui s’opposent à eux, là-bas ? Et ces pauvres adolescentes qu’ils enlèvent pour les jeter sur les trottoirs des grandes villes occidentales ? – Oui, oui, je sais ! Mais tu vois toujours le mauvais côté des choses ; toujours ta moralité désuète et intransigeante qui nuit terriblement aux affaires ! Réfléchis, ne réagis pas à chaud. C’est dans ton intérêt aussi que nous investissions là-bas. Alors, son interlocuteur se retourna et fila rapidement vers d’autres convives parmi lesquels il héla une femme grande et mince, que seyait une éblouissante robe de soirée pourpre. – Anne-Marie, nous partons ! – Déjà ? Que se passe-t-il ? Je t’ai aperçu avec Richard, tu n’avais pas l’air content. – Viens, je t’expliquerai dans la voiture. Je n’ai pas pour habitude de sabler le champagne avec des voyous ! Nos amis s’acoquinent avec des gens peu recommandables, ma chère. Leur départ précipité jeta un froid sur l’assemblée, surprise de cette réaction alors qu’une ambiance bon enfant régnait jusqu’alors. Tandis que le couple s’éloignait,
l’Ukrainien prit le bras du maître de maison et, discrètement : – Cher ami, chez nous les chevaliers blancs sont comme les héros : ils ont tendance à remplir les cimetières ! Votre partenaire en est un et il risque de devenir très dangereux pour les affaires. Vous savez ce qu’il vous reste à faire…
2
Presqu’île de Giens, commune d’Hyères, le 9 août… Comme des dentelles argentées brodées sur une longue robe sombre, les crêtes des vagues, balayées par le fort vent thermique de Sud-Ouest, brillaient sur l’immensité bleutée. Nombreux étaient les passionnés de voile qui profitaient de ce vent de force 7, assez habituel les après-midis d’été sur les bords de la Méditerranée. Sous un soleil de plomb qui ravissait les vacanciers, la presqu’île de Giens paraissait sereine dans son écrin de verdure. À l’abri du vent sur la petite plage du Fer à Cheval, touristes et indigènes se reposaient tout en jetant un œil protecteur sur les enfants qui jouaient dans l’eau. Après le pique-nique, certains somnolaient, vaincus par la forte chaleur : l’heure de la sieste avait sonné ! Douce béatitude que berçait le chant stridulant des cigales. Quelques avions décollaient de l’aérodrome proche, sans arrêter pour autant le concert des « musiciennes ». La mer limpide et calme de cet abri naturel, offrait encore plus de quiétude à la baignade. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes… Soudain, le parfum doux de résineux brûlés et une fumée envahissent le massif de la Pointe des Chevaliers, accompagnés d’un crépitement caractéristique. Puis, un hurlement :« Le feu ! La forêt est en feu ! » La fumée, devenue épaisse et l’odeur, plus forte, sortirent de sa léthargie toute cette foule agglutinée sur le sable chaud. Alors, d’autres cris: « Vite, partons avant qu’il n’arrive jusqu’ici ! « Les enfants sortez de l’eau ! Venez vite, y a le feu ! » Ici en Provence, tout le monde avait appris depuis longtemps à craindre l’éclosion d’un incendie en forêt, surtout en été. D’ailleurs, les anciens ne disent-ils pas qu’un incendie de forêt balayé par un fort vent, se propage à la vitesse d’un cheval au galop ? Un vent de panique rafraîchit subitement l’atmosphère. Sans prendre le temps de s’habiller, adultes et enfants décampèrent rapidement pour rejoindre les voitures garées plus loin sur le parking, surchargé en cette période. La seule route d’accès qui traversait la presqu’île, fut subitement engorgée, certains conducteurs, pris de panique, klaxonnant même, pour obliger leurs prédécesseurs à rouler plus vite ! Attisé par ce mélange curieux de Mistral et de vent solaire, une bonne dizaine d’hectares de forêt avait déjà disparu, et ce, en à peine une douzaine de minutes. Déjà bien fragilisés par de longues semaines d’une intense sècheresse, chênes lièges et pins maritimes centenaires, disparaissaient dans les flammes effroyables qui les dévoraient impitoyablement. Vers la Pointe des Chevaliers, le panache sombre ressemblait à un « grand dragon » avec son souffle incandescent. En rugissant, il se nourrissait allègrement de cette fragile nourriture livrée à son pouvoir destructeur. Le monstre, réveillé de sa longue hibernation, venait brusquement se rappeler au bon souvenir des hommes ! Les moyens aériens et terrestres très importants engagés sur le sinistre, n’affaiblissaient que très lentement le monstre en mouvement. Mais, peu à peu, le balai incessant des grands oiseaux jaunes et rouges larguant des tonnes d’eau et le combat démesuré des hommes au sol, eurent raison de sa ténacité. Après plusieurs heures de lutte, la « Bête » était terrassée ! À la tombée de la nuit, le bilan s’avérait déjà très lourd : plusieurs dizaines de victimes blessées, intoxiquées ou choquées, des centaines de personnes évacuées, une
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