Nelson Brown, détective privé... de toute intelligence
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Français

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Nelson Brown, détective privé... de toute intelligence , livre ebook

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Description

L’illustre Nelson BROWN est un détective anglais à la réputation internationale que Paris peut s’enorgueillir d’abriter.


Son sens de l’observation, son intelligence, sa perspicacité sont enviés par tous les enquêteurs de la police française et de Scotland Yard.


Mais, malgré ses qualités, Nelson BROWN ne cesse de commettre des bourdes, de voir des complots là où il n’y en a point, de suspecter des innocents et de laisser partir les coupables...


Son leitmotiv : « Mes déductions n’en restent pas moins d’une logique irréfutable. Je regrette seulement que les faits soient en désaccord avec elles... »



Adrien VÉLY s’exerce à une parodie des romans policiers qui fleurissaient au début du XXe siècle, en jouant avec les codes du genre tout en se posant en observateur des mœurs de ses contemporains à la veille et durant la Première Guerre mondiale.


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782373479270
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

NELSON BROWN,
Détective privé… de toute intelligence
par
Adrien VÉLY
À PROPOS
NELSON BROWN
La bonne humeur et l'esprit resteront toujours les fleurs les plus aimables de notre terroir, et les Français ne cesseront point d e les préférer à toute autre. M .Adrien VÉLY ajoute ui enà ce bouquet une sorte d'humour savoureux q ravive l'éclat.
Notre charmant collaborateur vient d'écrire un livre qu'il appelle :
Nelson Brown, détective privé... de toute intellige nce.
C'est une suite de récits humoristiques où apparaît la sottise non seulement du hérosNelson Brown,de toute cette littérature policière où un ce rtain mais public s'est beaucoup trop complu. M.Adrien VÉLYainsi de la critique fait littéraire et de la critique des mœurs. Il flagelle en se jouant ces ridicules où nous font tomber notre béat engouement pour de mauv ais romans anglais et pour de pires films américains. Il nous reprend à l a bonne manière française, en nous donnant à rire de son détective et de nous-mêm es. Son livre est profondément humain, puisque le rire est le propre de l'homme. Il porte en soi une profonde philosophie. Il est à sa façon une cri tique de la raison pure.
« Mes déductions n'en restent pas moins d'une logiq ue irréfutable, dit Nelson Brown, qui vient de commettre le plus tragique impair. Je regrette seulement que les faits soient en désaccord avec el les... »
Magnifique profession de foi, qui résume tout le ca ractère de ce moderne Don Quichotte, dans la folie duquel l'humanité pens ante et raisonnante pourra plus d'une fois se reconnaître.
L. C.
(Le Gaulois 22 juillet 1920)
La vocation de Nelson Brown
Cette dernière quinzaine n'a été signalée par aucun nouvel exploit de l'homme illustre dont j'ai la joie et la fierté de m'être fait l'historiographe. Le hasard des événements est la seule cause d'une tell e disette. D'ailleurs, le véritable génie consiste, non pas à accomplir tous les jours des actes extraordinaires, mais à être toujours prêts à en ac complir. Napoléon n'eut-il pas la paix d'Amiens entre Marengo et Austerlitz ?
Mais les notes que j'ai recueillies sur Nelson Brow n suffiraient à remplir des volumes, et je n'ai qu'à les feuilleter pour y glan er les plus passionnantes aventures. Je viens donc de les compulser rapidemen t, et j'y ai retrouvé tout un passage extrêmement intéressant, relatif aux circon stances dans lesquelles se révéla pour la première fois, la vocation de mon grand ami. Voici comment je fus mis à même de les connaître.
C'était il y a quelques années. Le roi des détectiv es était allé passer la seasonde son père, qui habite Twickenham, dans le s environs auprès immédiats de Londres. M. Phileas Brown, un beau et vigoureux vieillard, me reçut avec cette cordiale simplicité qui donne tant de prix et tant de charme à l'hospitalité anglaise.
Un jour que nous nous trouvions tous deux seuls, so n fils s'étant rendu dans la Cité pour quelques affaires, il me fit le récit suivant :
« Dès son enfance, Nelson montra de merveilleuses d ispositions pour enchaîner les faits et pour en tirer des déductions . Dès l'âge de cinq ans, il déployait à cet égard des aptitudes qui nous confon daient, moi et ma chère et toujours regrettée femme, qui repose maintenant dan s le sein du Seigneur. Mais c'est à neuf ans seulement, et à la suite d'événeme nts que je vais vous raconter, qu'il fit choix de la carrière qui a rendu son nom à jamais célèbre. Un jour, je vis entrer Nelson dans mon cabinet. Je m'aperçus tout d e suite à son air grave qu'il avait un sujet de préoccupation :
— Que se passe-t-il, mon garçon ? lui demandai-je ? Votre cerceau est-il crevé ou votre ballon percé ?...
— Il ne s'agit pas de cela,father,me répondit-il. Mais, d'abord, êtes-vous sûr que personne ne peut nous entendre ?...
— Si nous prenons la précaution, de parler à voix b asse, nous pouvons être rassurés à cet égard.
— Bien, mon père, fit Nelson en baissant le ton... Je me conforme à votre avis judicieux.
— Et alors, petit conspirateur, de quoi s'agit-il ?
— De ceci : Dorothea veut faire sauter la maison.
Dorothea, mon cher monsieur Vély, était une vieille bonne que nous avions alors, et qui avait élevé mon fils.
— Dorothea !... Mais vous êtes fou, Nelson !... C'e st la plus brave femme de la terre !... Quelle raison voulez-vous qu'elle ait pour faire sauter la maison ?... Quel intérêt ?...
— Une bonne a-t-elle d'habitude de serrer de la pou dre dans les armoires de la cuisine ?...
— De la poudre !...
— Oui,father...acard,ce que j'ai trouvé dissimulé au fond d'un pl  Voici pendant que Dorothea était au marché.
« Il me montra une boîte, remplie d'une fine poudre noire. Et il ajouta :
— N'y a-t-il pas là de quoi faire sauter une maison comme la nôtre ?...
— Oh ! oh ! voilà qui est grave, mon garçon !... Et je vous trouve très imprudent de manier ainsi un explosif !...
— Je le manie avec précaution, mon père... D'ailleu rs, je ne compte pas m'en embarrasser... Voulez-vous me donner une feuil le de papier, votre bâton de cire et votre lampe à alcool ?...
« Il enveloppa la boîte, cacheta le paquet et me di t :
— Je vous serais obligé d'enfermer ceci dans votre coffre-fort... Je ne l'en retirerai qu'en présence des autorités...
« Je fis ce que me demandait Nelson. Puis, m'adress ant à lui :
— Voilà votre trouvaille en sûreté. Mais prouve-t-e lle que Dorothea...
— Soit animée de desseins criminels ?
— Oui...
— Vous reconnaîtrez, mon père, qu'il est assez surp renant d'avoir découvert en sa possession une telle quantité de matière dest ructive... Cela, c'est un fait, un fait matériel, qui parle suffisamment par lui-mê me... Quant aux mobiles, à la raison, à l'intérêt, comme vous disiez tout à l'heu re, c'est ce qu'il me reste à rechercher... Et je vais m'y employer sur-le-champ avec votre permission...
— Je vous y autorise de grand cœur, mon garçon... J e sais que vous aimez à scruter le fond des choses...
— Je vous remercie,father...bien entendu, que Dorothea se doute Inutile, de ma découverte...
— Cela va de soi...
— Peut-être, d'ailleurs, manifestera-t-elle du trou ble en constatant que sa machine infernale a disparu... Dans ce cas, elle s'accusera elle-même...
— Vous avez tout à fait raison, mon brave petit dém on...
« Le soir, avant le dîner, Nelson nous apporta le r ésultat de son enquête. Nous en fûmes littéralement émerveillés, ma chère f emme et moi. En quelques heures, il était parvenu à savoir l'année de la nai ssance de Dorothea, à quelle famille elle appartenait, le nombre et la désignati on des places qu'elle avait faites avant d'entrer chez moi, les personnes qu'el le voyait, celles avec qui elle était en correspondance, le bar qu'elle fréquentait , et la marque dewhisky qu'elle y consommait ! Il avait pris toutes les dim ensions de sa chambre, recueilli de la poussière sur sa cheminée, relevé s es empreintes digitales sur divers meubles. Enfin, il avait acquis la preuve qu 'elle ne s'endormait que la tête enveloppée d'un foulard bleu. C'était admirable !
« Dorothea nous servit le dîner, sans qu'il nous fû t possible de remarquer sur ses traits la moindre altération.
— C'est une gaillarde, fit Nelson... Demain, je l'interrogerai...
« Puis, ma chère femme s'alla coucher. Le lendemain matin, Nelson était déjà réveillé quand Dorothea vint, comme elle le fa isait chaque jour, tirer ses rideaux.
— Approchez, Dorothea, lui dit froidement mon fils. .. J'aurais quelques explications à vous demander...
— C'est, sans doute, au sujet de votrebreakfast ?...bien, chère petite Eh chose, il faudra que vous vous passiez aujourd'hui de votre premier déjeuner, vu que l'on m'a volé, dans mon armoire, ma boîte de ca cao en poudre...
— Assurément, mon cher monsieur Vély, Nelson s'étai t trompé en ce qui concerne l'objet même de son enquête... Songez qu'i l n'avait que neuf ans !... Mais il n'en avait pas moins déployé, dans les déta ils, dans les à-côtés, des qualités d'intelligence, d'observation, de divinati on, qui dénotent un cerveau puissant. Aussi ne fus-je nullement surpris, quand je le vis quelques instants plus tard, de l'entendre me déclarer :
Father,je veux être détective.
Adrien VÉLY
T. S. F.
LeHuchet dormait à poings fermés, quand soudain il se réveilla en sursaut. La porte de sa chambre s'était ouverte violemment, et il aperçut, debout à son chevet, Nelson Brown, une lampe à la main, les chev eux ruisselant d'eau.
— Qu'y a-t-il ! s'écria notre ami en se dressant su r son séant.
Le Huchet, depuis la veille, était l'hôte des Serme use, qui l'avaient invité à passer quelques jours à la campagne, dans leur prop riété. Il était arrivé me accompagné du célèbre détective anglais. M. et M Sermeuse avaient été extrêmement flattés de recevoir sous leur toit cet étonnant Nelson Brown, dont les enquêtes retentissantes et les succès prodigieu x avaient consacré la renommée dans le monde entier. Dès l'abord, la cult ure étendue de Nelson Brown, sa conversation originale, spirituell e, nourrie d'expérience et de me faits, avaient séduit Sermeuse ; quant à la gentill e M Sermeuse, elle avait été conquise par la haute distinction du détective, par cette ardeur compassée qui lui donnait un charme énigmatique. On s'était couch é fort tard, après une longue et attachante causerie.
Et nous retrouvons Le Huchet, arraché à son premier sommeil par l'étrange apparition de son compagnon, et s'écriant :
— Qu'y a-t-il ?
— Quelque chose d'assez grave, mon vieux, répondit Nelson Brown, en posant sa lampe sur la table de nuit et en s'asseya nt près du lit.
— Auriez-vous découvert un crime dans cette paisibl e demeure ?
— Peut-être.
— Allons, bon !... Vous voyez des crimes partout.
— Je n'ai rien vu... mais j'ai entendu.
— Entendu ?... Quoi ?...
— Eh bien, voici la chose, ami... Je venais de me c oucher, j'avais éteint ma lampe, et je ne pensais qu'à prendre un repos répar ateur, quand tout à coup, dans le silence de la nuit, je perçus un bruit lége r, anormal... C'étaient de petits heurts qui se succédaient sans interruption... Mais ils ne se succédaient pas à des intervalles réguliers... Ils étaient saccadés, les uns comme précipités, les autres plus espacés... Que pensez-vous de cela ?
— Moi ?... Mais rien du tout !...
— Ça ne m'étonne pas... Vous n'êtes pas habitué, co mme moi, à observer
les moindres choses et à en tirer des déductions im médiates... Mon cerveau se mit tout de suite à travailler... Au bout d'une dem i-heure – le bruit continuant sans cesse – j'étais en transpiration, mais je tena is la clef du rébus... Ces heurts inégaux qui frappaient mon oreille, c'étaient tout bonnement des lettres de l'alphabet Morse... Comprenez-vous maintenant ?
— Pas le moins du monde...
— Vous serez toujours le même : un homme charmant, mais sans aucune pénétration... Eh bien, sachez,old fellow,qu'il y a, installé dans cette maison, un poste de télégraphie sans fil...
— Allons donc !... Mais vous êtes fou !
— Je suis sûr de ce que j'avance.
— Un poste de télégraphie sans fil ?... Et pourquoi ?...
— Suivez-moi bien... Cette propriété se trouve situ ée sur un renflement de terrain, lequel est percé d'un tunnel où passe la v oie du chemin de fer... Cette voie est très importante... Les trains y circulent très nombreux... À l'une des sorties du tunnel, c'est la station, avec des embra nchements de première utilité... Bref, le point où nous sommes présente u n incontestable intérêt stratégique... Si, donc, un poste de T. S. F. peut envoyer des renseignements sur la marche des convois...
— Mais c'est insensé !... Vous n'allez tout de même pas soupçonner me Sermeuse, qui est la crème des hommes, ni M Sermeuse, si peu compliquée, si candide, – ah ! oui, si candide ! – si exquise !...
— Je ne soupçonne personne, ami... Je suis en prése nce d'une tentative criminelle qui nécessite mon intervention... Je pou rsuivrai mon enquête jusqu'à la découverte des criminels, quels qu'ils soient !. .. Ah ! je sais bien qu'il y a des moments où le devoir est singulièrement pénible !.. . Et je n'ai point été sans penser avec angoisse aux conséquences possibles... Quand je fus arrivé à la fin de mes déductions, j'avais la tête en feu.... J'ai versé de l'eau dans ma cuvette, j'y ai plongé ma tête, j'ai allumé ma lampe, passé un pantalon, et je suis venu vous trouver... Voilà...
— Tout cela est très joli, peut-être même très fort , dit Le Huchet, en sautant à bas de son lit... Mais je ne serai convaincu que quand j'aurai entendu moi-même.
— C'est tout ce qu'il y a de plus facile... Venez...
Ils passèrent tous deux dans la chambre du détectiv e. Le Huchet prêta attentivement l'oreille :
— Mais je n'entends rien ! fit-il au bout de quelqu es instants.
— C'est curieux, moi non plus, confessa Nelson Brown.
— Je crois que vous avez eu la berlue...
— Je suis certain, au contraire, d'avoir entendu, tout à l'heure...
— Eh bien, mon cher, je vous laisse à vos déduction s... Je vais me recoucher.
Et, pendant que Nelson Brown, homme méthodique, vid ait sa cuvette et replaçait le pot à eau, Le Huchet regagna sa chambr e, sauta dans son lit, me s'endormit aussitôt, et rêva que l'irréprochable et gentille M Sermeuse se servait de la T. S. F. pour lui donner un rendez-vo us d'amour.
Le lendemain, Nelson Brown le prit à part et lui an nonça que, la veille au soir, dès qu'il s'était retrouvé seul, les bruits s uspects avaient recommencé.
— Voilà qui n'est pas ordinaire, déclara Le Huchet. .. Vous allez me faire le plaisir de suspendre votre enquête pendant vingt-qu atre heures. Ce soir, je veux coucher dans votre chambre et me rendre compte par moi-même de ce qui s'y passe...
— À votre aise, sceptique incorrigible... J'y conse ns... Demain, vous serez convaincu.
Le soir venu, quand tout le monde se fut retiré, le s deux amis changèrent de chambre, en se souhaitant mutuellement bonne nuit. Dès que le jour eut reparu, Le Huchet alla trouver Nelson Brown.
— Eh bien ! demanda le détective, vous avez entendu ?...
— Oui.
— Et vous êtes convaincu, maintenant ?...
— Moins que jamais.
— Vous êtes entêté.
— Non pas... Mais, comme vous, j'observe les choses et j'en tire des déductions immédiates... J'ai été à bonne école ave c vous...Old fellow, j'ai découvert le coupable...
— Mais puisque, selon vous, il n'y en a pas...
— Il y en a un tout de même...
— Je ne vous comprends plus... Enfin, ce coupable, quel est-il ?...
— Le chemin de fer...
— Le chemin de fer ?...
— Oui... Suivez-moi bien... Hier au soir, j'ai rema rqué, en entrant dans votre
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