Quatre enquêtes d’Erem de l’Ellipse
157 pages
Français

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Quatre enquêtes d’Erem de l’Ellipse , livre ebook

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Description

Dans une France médiévale à l’histoire revisitée par les Clans et les rituels, Erem du Clan de l’Ellipse met ses déductions hors du commun au service de la justice pour élucider les crimes et les énigmes les plus étranges de son monde.
Suivez son histoire depuis Paris, en passant par Strasbourg, Rouen et Provins, où il affrontera, tour à tour les mystères et les dangers de ces villes, qu’ils prennent la forme d’une simple lettre, de reptiles humanoïdes, de pétrifications et de complot.


Meurtre à Provins, l'une des quatre nouvelles de ce recueil, a été récompensée par le prix Zone Franche 2011 lors de sa première publication dans le webzine Mots & Légendes 3.




Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 septembre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782372270298
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Quatre enquêtes d’Erem de l’Ellipse Textes : Anthony Boulanger Préface : Mathieu Guibé
Illustration de couverture : Didier Normand
Illustrations intérieures : Virginie Jaydem
Pour Marion, un périple à travers nos villes,
Pour Valérian, et nos nombreuses discussions sur la « Saga Sanglan te »,
Pour Eric Verger, en souvenir du Collectif Hydrae, où tout a commencé.
Lorsqu’un fait semble contredire une longue suite d e déductions, c’est qu’on l’interprète mal. Sherlock Holmes,Une étude en rouge, par Sir Arthur Conan Doyle
Sommaire Préface de Mathieu Guibé Dans les catacombes de Paris, il devint adulte Strasbourg et le Sang des Nico Las Entre les clochers de Rouen Meurtre à Provins Présentation d'Anthony Boulanger Présentation de Didier Normand Présentation de Virginie Jaydem Mentions légales Résumé
Préface Rédiger une nouvelle est un exercice difficile, d’autant plus dans les genres de l’imaginaire où l’auteur doit esquisser un monde sans jamais réelle ment en dessiner les contours. Les bornes narratives qui jalonneront le récit doivent être choisies avec soin pour trouver le parfait équilibre sans lequel le lecteur se sentira frustré d’avoir passé si peu de temps dans un univers prometteur. Pour avoir eu la chance de travailler avec Anthony sur l’un de ses recueils, je peux vous affirmer que l’auteur est rompu à l’exercice et qu’il y excelle. Les décors de ses multiples histoires ne font jamais de l’ombre aux intrigues, vous serez ainsi happé directement par le propos dont la forme ne distillera qu’une saveur supplémentaire au doux parfum de l’imaginaire d’Anthony. Et pour ce recueil Quatre enquêtes d'Erem de l’Elli pse, Anthony vous a concocté un livre métallique, plus exactement à la nuance ferreuse du sang. Car dans cette Europe médiévale gouvernée par des Clans, le fluide vital est à la fois source de magie et de pouvoir. Les inégalités sociales poussées à leur paroxysme, l’auteur semble s’être inspiré des concepts de gens bien nés ou de sang bleu pour creuser son idée. Exit la poésie biologique, ici le sang est bien écarlate et qui possède quelques gouttes de ce fluide provenant d’u ne tierce personne obtient bien des façons de la contrôler via la magie sanguine. Ainsi la population se compose des Sangs Innés, ceux dont le sang et la connaissance permettent d’exploiter les propriétés magiques de l’hémoglobine grâce aux rituels et de fait, qui obtiennent des positions sociales élevées au détriment des Sangs Mornes, commun des mortels condamnés à respecter l’ordre établi. Dans cette société où règnent les jeux de pouvoir, les complots et trahisons, les guerres de Clans, Erem, le protagoniste principal, héritier du Clan puissant de l’Ellipse, se positionne comme un électron libre aux préoccupations aux antipodes de ses confrères. L’esprit aiguisé, une perspicacité d’exception, il emploie ses extraordinaires facultés intellectuelles pour comprendre. Comprendre les Landes Spectrales, ces émanations mystérieuses d’où naissent de nombreuses créatures aux propriétés fascinantes en résonance avec le sang, comprendre l’esprit criminel pour résoudre bon nombre d’enquêtes. Car oui, Erem est un enquêteur hors pair et il aura fort à faire, car dans un monde où le sang est la clef du pouvoir, du contrôl e absolu, de la magie, vous devez bien vous attendre à ce qu’il coule plus que de raison… Mathieu Guibé
Dans les catacombes de Paris, il devint adulte
PourEmilie Milon, merci pour ton enthousiasme permanent !
Les membres du Clan de l’Ellipse traversaient un des ponts jetés par-dessus la Seine avec une hâte peu commune pour leur statut, quittant l’Île d e la Cité et leur messe qui se tenait en la Cathédrale Notre-Dame du Rouge. Les Sangs Innés, ma îtres des quartiers centraux de Paris, se faisaient ouvrir un passage, indifférents aux piéto ns qui s’inclinaient devant eux, indifférents aux murmures étonnés de voir une telle diligence. Pour les Sangs Mornes, apercevoir un membre de l’Ellipse était peu courant, mais voir ainsi réunis à quelques pas Dirafem, le meneur du Clan, son frère et second, Gassem, ainsi que certains de leurs descendants, tenait du rarissime. Au sein du groupe, Erem de l’Ellipse tentait d’afficher l’air arrogant de sa famille. Du haut de ses seize ans, c’était la première fois qu’il était officiellement inclus dans les affaires du Clan par so n père Dirafem et tenait à se montrer digne de lui et des Sangs Innés. La situation n’était pas encore tout à fait claire dans son esprit, mais il ne doutait pas de son importance capitale pour qu’un garde, un Sang Morne au service du Clan, se permette d’interrompre la messe des hommes qui avaient droit de vie et de mort sur lui. À quelques pas de lui, Erem avait entendu la porte latérale s’ouvrir et s’était tourné vers celle-ci, comme la plupart des membres du Clan. Un brouhaha i ndigné avait pris place quand l’assistance avait reconnu un simple garde se découper dans la l umière de la porte. Aussitôt, Gassem s’était dressé et, ramenant un silence empli de colère dans la nef, s’était approché de l’homme de main. Les traits qui durcissaient son visage n’auguraient rien de bon pour le Sang Morne. Ce dernier s’était jeté à terre, tombant à genou devant son maître et avait murmuré des mots qu’Erem n’avait pu saisir. Il lui avait tendu un vélin et s’était aplati un peu plus. Ce qu’Erem avait parfaitement vu par contre, ce furent les couleurs qui quittaient les joues de son oncle et la peur qui traversait ses pupilles à la lecture du parchemin. Gassem avait alors rejoint so n frère dans le bas-chœur et lui avait répété le message à l’oreille. Dirafem s’était levé, affichant le même air dur et peu amène que le Clan lui avait toujours connu et avait quitté sa place, délaissant, pour la première fois depuis qu’Erem y assistait, la messe du Spectre. Regagnant le côté de la nef, il a vait fait signe à ses deux fils de le suivre, et Gassem en avait fait autant avec les siens. D’autres éminences du Clan les avaient rejoints. Hâtant le pas en quittant la passerelle, Erem se po rta aux côtés de Lupem, son frère de sept ans son aîné. Dans ce monde où les contacts entre Sangs Innés étaient proscrits, il veilla à garder une distance de courtoisie avec lui. — As-tu entendu quelque chose ? demanda Erem. — Non, rien. Père n’a pas desserré les lèvres depuis que Gassem lui a parlé. À en juger par la taille de notre escorte, ce n’est pas une attaque en tout cas. Peut-être un des Clans périphériques s’est-il permis d’outrepasser son autorité et nous allons régler ça. — Tu as peut-être raison… Tu as remarqué le visage de Gassem quand le garde lui a parlé ? — Oui, jamais je ne l’avais vu ainsi. Plutôt que de t’inquiéter, réjouis-toi d’être aux premières loges pour connaître le fin mot de l’histoire, lâcha Lupem avec un demi-sourire. Quelle que soit la situation, tu vas voir à quel point Père sait être efficace. Les deux frères et le reste du Clan continuèrent la route en silence. Ils marchèrent à un rythme tout aussi soutenu pendant quelques minutes, enfilant les rues et ruelles les unes après les autres jusqu’à ce qu’ils ralentissent devant l’ouverture s ombre d’un souterrain. Les deux frères y reconnurent l’entrée des catacombes… Les premières marches descendantes étaient abritées sous un porche de pierres noircies par la vie quotidienne du quartier Denfert et étaient surveillées par une dizaine de gardes armés de hallebardes, et arborant sur leurs tabards l’ellipse symbolisant leur Clan d’attache. Entre deux des hommes, un petit être malingre, portant loques et haillons, se tenait assis par terre. À l’approche de Dirafem et de ses suivants, il se releva en dépliant sa longue carcasse. Dessinée à la craie, la même ellipse que celle des gardes était visible sur le tissu couvrant son torse où elle surmontait un dessin hâtif de crâne. Sous la peau blafarde de ses bras et de ses jambes nus dépassaient des pointes disgracieuses, telles des épines qui ne demandaient qu’à perforer la fine membrane d’épiderme translucide qui les recouvrait. Le visage de l’homme arborait également dans les narines, les joues et les arcades sourcilières des aiguilles blanches qui transperçaient la peau de part en part. — Maître, commença le garde ayant conduit la troupe. Voici Carniss, du Clan de l’Ossuaire. C’est l’homme dont je vous ai parlé, celui qui a trouvé les contenants et le message.
Dirafem n’eut pas un regard pour son homme de main. Son attention pesait telle celle d’une Gargouille sur le dénommé Carniss qui se recroquevilla quelque peu. Erem contempla la scène, tentant de deviner dans les mouvements et les postures du représentant de l’Ossuaire s’il allait céder. Il avait beau s’être rabaissé devant Dirafem, ses yeux ne cillaient pas dans l’ombre du grand homme. La peur qu’il affichait était-elle feinte ou réelle ? Le jeune garçon penchait pour la première hypothèse, qui cadrait plus avec l’attitude qu’affichait ce Carniss et ce qu’il savait de sa famille. L’Ossuaire était un Clan de Sangs Innés au même titre que l’Ellipse et les milliers d’autres qui régnaient sur ce continent, ses villes et ses villages. Contrairement à beaucoup par contre, il n’était libre ni de ses mouvements, ni de sa politique. Enfermé dans les catacombes, condamné à y exploiter les gisements de pierre de taille des sous-sols de Paris, il était le vassal de l’Ellipse, bien que d’après les légendes, il fut installé depuis des temps immémoriaux en cette place. Dans une curiosité morbide, Erem attarda son regard sur les pointes qui parsemaient les membres et le visage de Carniss. Il n’avait jamais eu l’occasi on de constater de ses yeux les témoignages des croyances de ce Clan, qui consistaient à s’implanter les os de leurs ancêtres pour renforcer les rituels liés au Sang. Le défi silencieux entre Dirafem de l’Ellipse et Carniss de l’Ossuaire semblait pouvoir durer encore plusieurs heures quand le père d’Erem fit un pas sur le côté, laissant le soleil qui frappait son dos tomber sur la figure de son vis-à-vis. Celui-ci baissa la tête et se couvrit les yeux aussitôt. Le Clan de l’Ossuaire ne supportait pas la lumière, aussi voulut-il reculer dans l’ombre des escaliers. Le claquement des manches des deux hallebardes qui se croisèrent derrière lui le retint dans son geste. — Je n’ai pas le temps de jouer avec vous, Carniss, annonça Dirafem d’une voix glaciale. Puisque c’est vous qui avez découvert les récipients que l’on m’a décrits, puisque vous avez à coup sûr lu le message que l’on m’a rapporté, je préfère vous mettre en garde tout de suite. Je ne prendrai pas de gants avec vous, ni avec aucun autre des rats de votre Clan. Au moindre geste qui me paraîtra suspect, je veillerai personnellement à ce que votre sang rejoigne ma collection, et que vos os soient pulvérisés et brûlés devant votre Clan. Erem jeta un coup d’œil rapide à Lupem. Celui-ci restait stoïque. Si les deux frères avaient déjà entendu leur père parler sur ce ton, ils n’étaient pas dupes. Jamais Dirafem n’avait autant été sur le point d’exploser. La froideur de sa voix était aux antipodes de la fureur qui bouillonnait en lui. — J’entends vos mots, maître Dirafem, répondit Carniss, suave. Vous proférez des menaces dont la portée vous échappe, et je mettrai sur le compte de votre situation si particulière cet emportement. Le Clan de l’Ossuaire ne veut pas de guerre avec l’ Ellipse, guerre que vous déclencheriez si vous passiez à l’acte. Vous avertir de la présence de ces jarres et de ce message ne constitue-t-il pas à vos yeux une preuve suffisante de notre loyauté ? Car si vous êtes ainsi énervé, c’est bien parce que vous vous rendez compte que l’Ossuaire aurait pu tordre l’Ellipse en quelques secondes. Tout le visage de Paris et de cette partie du continent en aurait été remodelé. Carniss affichait un grand sourire à présent, se délectant encore du pouvoir qu’il avait, d’après ses dires, détenu quelques instants. — Ne jouez pas au plus fin avec nous, intervint Gas sem, rien ne me dit que vous n’avez pas prélevé quelques volumes avant de nous avertir. — Vous constaterez que les récipients sont toujours pleins à ras bord. Suivez-moi. Carniss tourna les talons et descendit les marches de l’entrée des catacombes. Le réseau souterrain qui courait sous Paris et s’étendait chaque mois de plus en plus n’avait pas toujours porté ce nom. On trouvait des traces écrites le désignant sous le nom de l’Antre du Grand Ver, à une époque où les infiltrations brumeuses des Landes Spectrales l’avaient contaminé. Des créatures de cauchemar surgissaient régulièrement de failles du terrain ou hantaient les berges du fleuve avant que les Sangs Innés de l’Ellipse ne les chassent et ne scellent les passages, là où l’Ossuaire était resté inactif. Ces années de combat avaient forgé la popularité du Clan localement et lui avaient permis de récolter de précieux échantillons de sang pour leur s rituels et asseoir un peu plus leur autorité. Depuis que les Landes Spectrales avaient disparu, les membres de l’Ossuaire avaient rebaptisé le lieu d’un nom qui leur seyait mieux. Encadrée par leurs gardes, l’Ellipse s’enfonça dans le tunnel… Erem eut le sentiment que ses sens furent immédiate ment anesthésiés dès qu’il descendit la dernière marche. Une flaque d’eau froide l’accueillit et lui baigna les pieds, détrempant ses bottes. Les torches disposées dans des anneaux à l’entrée du tunnel ne jetaient qu’une lumière maladive sur
le groupe, faisant bouger les ombres et faussant les perspectives. De plus, elles produisaient une fumée âcre qui emplissait aussitôt la gorge et les narines. Un de ses cousins plus jeune ne put étouffer une quinte de toux, et le regard courroucé de Dirafem à Gassem en dit long sur ce qu’il en pensait. Le petit affichait sa faiblesse devant des Sangs Mornes et un Sang Inné d’un autre Clan, c’était intolérable. Le bruit était toutefois atténué par la proximité des murs et le claquement des bottes ferrées des gardes sur la pierre. — Carniss, de combien allons-nous nous enfoncer dans les galeries ? — Pourquoi donc, maître Dirafem ? Auriez-vous peur du noir ? répondit le petit homme. Ne vous inquiétez pas, j’ai fait éclairer votre chemin, tout le monde n’a pas du sang de Nyctalope dans ses veines. — À votre place, j’aurais peur pour vous qui allez avoir dans votre dos un Clan en colère. Votre assurance semble démultipliée depuis que nous sommes sur votre territoire, mais vous oubliez que vous me devez allégeance. Vous marchez sur un fil fragile. — Nous n’irons pas loin, rassurez-vous, nous n’avons qu’une centaine de mètres à parcourir. Celui qui a voulu vous adresser ce message n’était pas plus courageux que vous. Erem vit son père encaisser la pique avec rage. Le dénommé Carniss ne se rendait pas compte de ce qu’il était en train de provoquer. Dirafem était prompt à la colère, lent à la clémence, et rancunier. Il allait faire payer à leur guide les libertés qu’il prenait. Le groupe passa un carrefour s’ouvrant sur deux voi es. L’embranchement était surmonté d’un alexandrin peu engageant – Arrête, c’est ici l’empi re de la Mort – encadré par plusieurs crânes blanchis par les années dont les orbites vides transperçaient du regard les visiteurs. Une fois que Carniss eut conduit le groupe vers la droite, Dirafem laissa deux gardes en arrière. Erem se douta que c’était pour barrer l’accès à d’éventuels suiveurs mais, quand il aperçut, dans la branche de gauche, deux autres membres de l’Ossu aire, il félicita son père de sa prudence. En cas d’attaque, les deux gardes tiendraient l’étroit cou loir de longues minutes et donneraient l’alerte. Erem n’avait que peu d’éléments à sa disposition po ur alimenter ses réflexions. Il avait entendu parler d’un message adressé à l’Ellipse, de jarres qui contenaient vraisemblablement un sang précieux, d’après les dires de Carniss, mais il n’a vait aucun moyen d’assurer la véracité de ces informations. Quelqu’un l’avait-il d’ailleurs dans le Clan ? Le garde qui était venu chercher son père avait-il constaté de ses yeux l’existence des jarre s, ou tout cela n’était-il qu’un stratagème de l’Ossuaire pour les attirer dans leur labyrinthe et les prendre entre l’enclume et le marteau le moment venu ? Dirafem et Gassem avaient-ils une idée du no mbre de membres de ce Clan ? Peut-être le Grand Ver, qui avait donné son premier nom aux catacombes, était-il toujours en vie et allaient-ils de leur pas alerte le nourrir ? Le tunnel continua dans les ténèbres pendant plusieurs mètres. À la manière de ses frères de Clan, Erem progressait en effleurant du bout des doigts les murs. À la granulosité de la pierre succédait parfois une surface lisse qu’il devinait être celle d’un os. Il frissonnait à chaque fois, imaginant u ne poigne squelettique l’enserrer sur ordre de l’Ossuaire et ne plus le lâcher jusqu’à être privé de son sang, ce si précieux fluide. Les capacités des Sangs Innés avaient modelé ce monde : lorsqu’un Sang Inné possédait quelques gouttes du sang d’autrui, il avait alors droit de vie et de mort sur lui. Il lui suffisait de soumettre cet échantillon à un rituel parmi des centaines existant pour disposer de ce droit. En mêlant son propre sang à celui de sa cibl e et celui d’une créature ou d’une substance vectrice de pouvoir, comme celles des résidents des Landes Spectrales, il était donc possible de tuer, mais également d’annihiler la volonté de quelqu’un, de le faire tomber malade, ou au contraire, de le fortifier, le soigner. Certaines légendes disaient même que des rituels permettaient la résurrection, mais Erem avait trop peu d’expérience en la matière pour juger de la véracité de ces rumeurs. Le groupe déboucha soudain dans une grande salle, dans un coin de laquelle trônait une fontaine. Les torches étaient plus nombreuses ici, déjà allumées, et des membres de l’Ossuaire reculèrent dans les coins à l’approche de la compagnie armée et inconnue. Il y avait là beaucoup d’enfants, aux corps déjà piqués des os de leurs ancêtres. Quelques femm es également, qui laissèrent leurs travaux de lessive pour aller auprès de leurs bambins. Les murs accueillaient à intervalles réguliers des alcôves contenant des ossements. Plus que ce spectacle macabre auquel il s’était attendu depuis ses premiers pas dans les Catacombes, Erem fut surpris de la quantité de papillons bruns à ocres qui vivaient en ce lieu. Ils recouvraient littéralement certains enfants, ainsi que tout un coin de la salle, le plus pro che de la fontaine, et voletaient en nuages épais.
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