Vents Mauvais
244 pages
Français

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Description


Une croisière de rêve qui se transforme en un cauchemar, une lutte pour survivre et un mystère à résoudre...




RÉSUMÉ


C’était parti pour ressembler à une croisière de rêve et c’est très vite devenu le pire de ses cauchemars. Jamais Mimi n’aurait imaginé se retrouver dans une situation aussi effroyable.


Où trouvera-t-elle la force de survivre ?


Tandis qu’elle entend des hurlements sur le pont, elle se demande une dernière fois pourquoi elle a mis les pieds sur ce bateau maudit.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9791096622177
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Retrouvez notre catalogue sur : www.editions-plumessolidaires.com
CLAIRERIVIECCIO
Vents Mauvais
© ÉDITIONSPLUMESSOLIDAIRES
2017, Éditions Plumes Solidaires
Email : contact@plumes-solidaires.com
Site internet : www.editions-plumessolidaires.com
Réalisation graphique de la couverture : Marilyn Ne el
Corrections : Céline Taris, à « La Scribe et la Mus e »
Vérifications du Bon à tirer : Audrey Moui
Mise en page papier : Iman Eyitayo
ISBN-13 (numérique): 979-10-96622-17-7
Tous droits réservés pour tous pays Dépôt légal: Avril 2018
Prologue
La vague est énorme, toute en écume, assourdissante et crépitante. C’est un mur d’eau qui domine et rattrape le voilier.
À la barre, Bijou attend le dernier moment pour offrir le Narval à la déferlante sous un angle meilleur. Le bateau, qui répond à peine, fini t par s’exécuter dans le fracas de l’océan. Il se soulève et s’incline, un instant sub mergé par les flots qui le précipitent et l’abandonnent au sommet du rouleau.
Pendant la glissade, le marin risque un œil derrièr e lui. Il entrevoit le profil de la vague suivante aux contours fouettés par le vent. D epuis qu’il a pris son quart au petit matin, il n’a pas encore distingué la couleur du ci el. Il a l’impression d’être entré dans la mer.
Soudain, une pression brutale sur son épaule…
C’est la main de Wilfried qui se referme sur sa cla vicule. Le propriétaire du voilier a surgi de la cabine arrière où il a installé ses qua rtiers avec Ghetty, sa compagne. Wilfried, un type bizarre, ni bavard, ni aimable, m ais un skipper d’une efficacité et d’une autorité redoutableséo bien avant le; capable d’anticiper l’état de la mer et de la mét reste de l’équipage. À croire que ce géant taciturn e a le cerveau greffé sur son bateau.
Les yeux plissés par les embruns, il évalue la situ ation. En fin de nuit, la brise a forci et son bateau s’est retrouvé trop toilé. Il faut af faler la grand-voile et ne laisser que le petit foc à l’avant. Maintenant!
D’un coup de patte, il écarte Bijou et se saisit de la barre pour remonter au vent. Dans un premier temps, le Narval qui a le mors aux dents ne veut rien entendre, puis il reconnaît la main de son maître, s’y soumet et pivo te sur lui-même.
Aussitôt la bôme accomplit un brusque quart de tour et vient se caler au-dessus de la tête des hommes. La grand-voile, le foc et leurs cordages, à présent détendus, battent à contre vent, s’entortillent et sifflent d ans l’air. Le voilier s’immobilise, méchamment ballotté par la houle tel un vulgaire bo uchon.
D’une autre empoignade, le skipper replace Bijou au x commandes et s’élance hors du cockpit en luttant contre la gîte et les éclabou ssures pour garder l’équilibre sur le pont. En quelques pas, il parvient au mât contre le quel il se cale pour rabattre et ferler la grand-voile sur la bôme.
— Reprends le cap au lieu de me regarder, imbécile! hurle-t-il à Bijou qui, effectivement, ne l’a pas perdu des yeux depuis le début de la manœuvre.
Le barreur s’exécute et réoriente le voilier dans l e lit du vent. Le petit foc se gonfle à bloc, et le Narval reprend sa course éperdue dans l a tourmente. Dégoulinant, Wilfried réintègre le cockpit d’où il fait coulisser le pann eau étanche qui donne sur la partie avant du bateau, le carré et la cabine des équipier s. Il s’y engouffre aussitôt et referme derrière lui.
Tous les marins le savent : Les tempêtes ont le pou voir étonnant de donner la parole
au Grand Bleu. Prédateur en puissance, ce dernier n e fait pas dans les sentiments; bien au contraire, en mal de noyés, il leur hurle d es horreurs pour qu’ils n’oublient pas qu’ils n’ont que la vie à perdre. La vie, ni plus n i moins…
Jetés comme des mauvais sorts, ces étranges feuleme nts transpercent les coques et font douter les hommes de leur supériorité et de leur santé mentale.
— Mort, mort, c’est la mort que j’attends, c’est la mort que j’entends, c’est la mort qui t’attend. Mort, mort…
Sons écorchés, sons tordus, torturés. Comment l’Océ an peut-il rugir ainsi? Et si ce n’était que des hallucinations auditives? Simple produit du brouhaha et du chaos des rugissements, ramassis de syllabes ânonnées au hasa rd auxquelles les cerveaux ne peuvent s’empêcher de donner du sens.
Cette nuit, les flots effrayants qui se frottent au bateau crachent leurs insanités de déments aux oreilles des matelots. Seul Wilfried fa it la sourde oreille. Depuis le temps qu’il navigue, il connaît la musique et lui bat fro id. Pour lui, il n’y a guère qu’Ulysse qui ait entendu la voix claire des sirènes. Et encore, cela reste à prouver.
— Mort, mort, c’est la mort que j’entends…
En bas, le carré est vide et le désordre hallucinan t. Les cardans du réchaud à gaz malmenés par le tangage sont au supplice. Tous les tiroirs ont vomi depuis longtemps leur contenu hétéroclite sur les planchers. Objets et substances vont et viennent au gré du roulis infernal dans dix bons centimètres d’un l iquide vert et mousseux. C’est l’effet washing-machine dans offert par latoute sa splendeur. Le rinçage est en prime, maison!
Dans le vacarme des rouleaux qui étrillent son voil ier, Wilfried traverse tant bien que mal la pièce inondée pour rejoindre l’équipage qui s’affaire bruyamment dans la cabine avant. Ici, l’eau ruisselle le long des cloisons. D ouble-Zéro, un grand noir filiforme, lutte avec des bouts de chiffons détrempés contre une fui te au plafond. Accroupis devant ses longues jambes, Mimi et Cyprien, un jeune coupl e embarqué en dernière minute, s’activent avec la pompe et son tuyau d’évacuation. Wilfried les bouscule sans ménagement pour aller voir de plus près l’avarie.
— Le colmatage a encore lâché, lui crie le Noir.
— Est-ce que je t’ai demandé quelque chose? Non, alors, tu la fermes!
Comme s’il avait besoin qu’on lui fasse un dessin p our comprendre que la brèche s’est à nouveau ouverte, et peut-être même agrandie ces dernières heures!
Jamais il n’a essuyé autant de casse en si peu de t emps. Il a une pensée pour Ghetty qui lui répète régulièrement qu’il y a quelq ue chose de maudit dans cette traversée. Il va finir par croire qu’elle a raison. Oui, quelque chose, ou quelqu’un, leur porte la poisse. Depuis qu’ils ont quitté les côtes françaises, pas une réparation ne tient. Dès que la houle force et que le bateau piqu e du nez dans les flots, l’eau s’infiltre par un coffre de rangement situé à la proue et se d éverse directement dans la cabine située juste au-dessous.
Cette nuit, avec la tempête, il en rentre deux fois plus que les marins ne parviennent à en sortir. Le niveau ne cesse de monter, et la va lve d’évacuation de la pompe se trouve maintenant sous la ligne de flottaison. Mimi et Cyprien, qui ne s’en sont pas rendu compte, peuvent bien s’acharner à pomper, leu rs efforts sont inutiles.
Ces sales petits terriens n’ont décidément pas gran d-chose dans la tête! s’agace le skipper en serrant fort les poings. Combien de temp s faudra-t-il à ces pauvres débiles pour devenir enfin dignes de son voilier? Le Cyprien, un gamin qui ne jure que par le manuel de «l’école des Glénan», la bible des apprentis navigateurs, et la Mimi, une pisseuse qui veut participer. Il n’y a rien de plus crétin que la bonne volonté en mer, rien. Il les avait pourtant bien prévenus, avant le départ, que son Narval se méritait. C’était à prendre ou à laisser. Et comme les autres , ils avaient pris, persuadés d’être à la hauteur et de répondre à l’appel de la mer! Comme si elle les attendait…
Stupides petites caboches vides!
— Hé, les mômes! Vous savez comment ça finit, les mauvais marins ?
Pas de réponse évidemment… À peine un soupçon d’eff roi dans le bleu limpide de leurs yeux écarquillés.
— Au fond! Vous voulez y aller, ou quoi?
Si c’était à refaire, il les aurait laissés moisir à Honfleur. Mais on était fin septembre, les dépressions commençaient à balayer sérieusement l’Atlantique et il était temps de larguer les amarres s’il voulait atteindre la Casam ance au Sénégal avant décembre, comme prévu. Dépourvu de pilote automatique, le Narval avait besoin de chair humaine pour avancer.
De toute sa vie de marin, c’est bien la première fo is qu’il a embarqué autant de tocards, comme il les appelle. Seul, Bijou fait à p eu près l’affaire. Et encore, avec ses blagues salaces et les chansons d’amour ridicules q u’il braille à longueur de journée, il lui tape sur le système. Quant à son Sénégalais de copain… Si Bijou ne l’avait pas imposé, Wilfried s’en serait bien passé.
Les Noirs, ce n’est pas parce qu’il trafique avec e ux qu’il les aime. Encore moins Ghetty qui a baptisé Double-Zéro «Blanche-Neige» et qui se refuse à lui adresser la parole.
— Willy, tu diras à Blanche-Neige qu’ici, ce n’est pas le pays des merveilles. Alors qu’il ne s’approche pas de moi, sinon…
C’est viscéral, elle ne peut pas l’encadrer et s’ap plique à lui faire sentir qu’il ne sera jamais son égal… Jamais!
Pourtant, Ghetty est Antillaise et métisse. Quoi qu ’elle en dise, la peau de ses ancêtres était aussi noire que celle de Double-Zéro .
Ils ont de l’eau jusqu’aux genoux.
Chapitre 1
Wilfried vient de trouver la solution, comme toujou rs. Il arrache le tuyau de l’aspirateur, raccorde l’une de ses extrémités à ce lui de la pompe et envoie l’autre à Double-Zéro :
— Attrape, Blanche-Neige, et débrouille-toi pour re monter ça dehors!
C’est le principe des vases communicants. Il connaî t ça, Double-Zéro, il aurait même pu y penser tout seul. Son père était plombier, et des histoires de tuyaux, il lui en avait raconté toute son enfance.
Tuyaux de merde ou de jus de vaisselle, tuyaux bouc hés, crevés, encrassés des cheveux de ces Blanches après lesquelles il avait c avalé, la queue en l’air, jusqu’à son dernier souffle aviné. Aussitôt orphelin — sa mère était depuis longtemps retournée tapiner sur les trottoirs de Barbès — Double-Zéro avait foutu le camp avec la seule chose qu’il possédait encore, son destin, un précie ux trésor. Il l’avait confié à la mer, comme jadis ses grands-pères, pêcheurs inconnus des côtes africaines. C’était toujours mieux que de perdre son âme en «faisant la France» comme Papa. Par la suite, il avait connu Bijou et s’était toujours déb rouillé pour embarquer avec lui : le Noir et le Breton, frères de vents et d’océans.
Une heure plus tard, le sort du Narval et de ses oc cupants à peine réglé, Wilfried retourne vite auprès de Ghetty dans leur cabine à l ’arrière. Si jamais sa petite femme n’était pas malade, elle voudrait peut-être qu’il l ’attache pour la punir d’avoir eu des mauvaises pensées…
À l’extérieur, un sale bouillon jaillit en force pa r-dessus bord au grand soulagement de Double-Zéro qui doit s’arc-bouter dans le cockpi t pour maintenir l’extrémité du tuyau de fortune dans la bonne direction. À côté de lui, Bijou, toujours à la barre et ravi de voir retourner à la mer ce qui lui appartient, entonne u n vieux tube des années quatre-vingt.
— «Ô mon bateau-ô-ô-ô. Tu es le plus beau des bateaux, et tu me guides sur les flots…»
Et pour la première fois de la journée, ils aperçoi vent, droit devant, un pâle rayon de soleil qui traverse à la verticale la masse nuageus e et vient se refléter, orangé, sur les flots démontés.
Peu à peu, le vent faiblit, et les hommes peuvent à nouveau se parler et s’entendre. C’est la fin.
— Foutu Gascognebarre pour! râle le Breton en pesant de tout son poids sur la esquiver une dernière déferlante. Il y avait longte mps qu’on ne s’était pas fait secouer comme ça!
— Encore heureux que Wilfried nous ait sauvé le cou p, répond l’Africain en brandissant le tuyau qui recrache toujours du liqui de.
— Mouais… C’est un sale facho, mais faut reconnaîtr e que c’est aussi un bon, ce type-là, un très bon…
— C’est pour ça qu’on est encore là, non?
— Mouais…
D’ici dix jours, ils devraient toucher les côtes de Madère, l’île verte au sud-ouest du Portugal; une bonne escale en perspective. Les deux amis se voient déjà faire la tournée des bars à filles et à marins de Funchal, l a capitale de l’archipel. Il n’y a rien de meilleur pour décompresser que de se frotter à l’es pèce humaine dans sa plus simple condition : débraillée, excitée et enivrée. Rien de meilleur aussi pour se donner envie de reprendre la mer après consommation!
En fin d’après-midi, la houle est nettement moins h achée. Le Narval se stabilise et cesse d’enfourner les vagues par l’avant.
Toujours en bas pour assurer l’évacuation, Mimi et Cyprien, les «P’tits» dixit Bijou, commencent eux aussi à voir la fin du tunnel. Tremp és jusqu’aux os et épuisés par leur nuit blanche et leur journée de pompage, ils réagis sent chacun à leur façon. Cyprien, qui vendrait son âme pour devenir un marin, est ple in d’énergie, surexcité par ce qu’il vient de vivre, ivre de liberté et d’aventure. Sa p artenaire, elle, a le moral en petits morceaux. Elle se demande bien ce qu’elle fait là, à quatre pattes, en train de soulever une à une les plaques du plancher pour que son copa in puisse aspirer dans les cales.
Mais qu’est-ce qui lui a pris de le suivre dans cet te galère? Quelle idée elle a eu d’embarquer à bord de ce bateau qui prend l’eau et qu’elle aime de moins en moins?
Dire que dans un avion elle aurait les pieds au sec , la tête dans les nuages et un bon plateau-repas sur les genoux. Au lieu de quoi, pour les beaux yeux de Cyprien, elle patauge à bout de forces dans cette flotte glaciale en plein hiver.
— T’as vu ça un peu, Mimi, le coup du tuyau de l’as pirateur, c’était du grand art! On a réussi! On a presque tout évacué. C’est génial!
— C’est ça, Cyprien, c’est génial! Géniale, ton idée de croisière à la voile! Génialement stupide, ouière. À ce! C’est bientôt Noël, et on n’a toujours pas vu Mad rythme-là, on va mettre un an pour aller en Afrique , si on ne coule pas avant. Voyage minable, ambiance minable! Non mais tu ne vois pas que c’est l’enfer, ton truc?
— …
— Ne me dis pas que, toi, tu trouves ton bonheur da ns tout ça? On vit comme des galériens, privés de téléphone et d’eau chaude pour se laver, et ton skipper est un malade mental qui se prend pour le roi du monde!
Cyprien n’en revient pas. Jusque-là elle avait l’ai r de tenir le coup, et la voilà qui disjonctes ne les trouve pas. Alors, il! Il cherche les bons mots pour la réconforter, mai fait ce qu’il sait faire de mieux lorsqu’elle pique sa crise, il la prend dans ses bras, la serre très fort et lui souffle au creux de l’oreill e qu’il l’aime. Il lui explique que c’est la fatigue, que tout va bien se passer et que, bientôt , le soleil brillera. Puis il essaye de la faire rire :
— Si tu pleures, j’aurai encore plus d’eau à pomper!
Elle sourit, ravale ses sanglots et son angoisse, s ’en veut de l’avoir détesté. Elle verra plus tard pour la crise de nerfs. Chaque chos e en son temps…
— Mets tout ce que tu peux au sec, sauve la farine et les pâtes si tu les trouves!
Elle se remet au travail, enlève une nouvelle plaqu e du plancher et tâtonne à la recherche de vivres. Ses doigts gourds rencontrent des objets durs et serrés les uns contre les autres qu’elle prend pour des conserves. Elle en attrape un, histoire de savoir ce que c’est.
— Cyprien? Cyprien? Viens voir, s’il te plaît…
Sa voix est blanche, comme si elle venait de croise r un revenant; dans sa main, une grenade emballée de film plastique. Déstabilisés, d ’autres paquets étanches se sont mis à rouler dans les fonds inondés. Les tubes et l es pièces d’acier s’entrechoquent.
— Qu’est-ce qui se passe encore? Les pots de farine ont pris l’eau? Ne te mets pas dans un état pareil…
— Cyprien! On va tous sauter, c’est rempli d’armes là-dessou s! Je n’y comprends plus rien…
Intrigué par les trémolos de l’urgence et de l’hystérie, il s’approche :
— Ben ça alors!
C’est tout ce qu’il trouve à dire avant de la soula ger délicatement de la grenade qu’il remet en place.
— Ne me raconte pas qu’on a le droit de trimballer tout ce bazar!
— Je… Je… J’en sais rien, Mimi. Je vais demander au x autres s’ils sont au courant… En attendant, on va faire comme si on n’av ait rien vu. Après tout, ce ne sont pas nos oignons, d’accord?
Sonnée, elle repose lentement le couvercle de bois sur la cargaison d’explosifs. Si elle ne meurt pas noyée aujourd’hui, ce sera d’une balle dans la tête demain; autant dire qu’elle a gagné le pompon! Quant à Cyprien, elle le connaît suffisamment pou r savoir qu’il a un sacré penchant pour l’illégalité. Le skipper transporte des armes, et alors? pense à coup sûr son petit ami. Ce type assure co mme un Dieu à bord!
S’il n’avait pas confisqué tous les téléphones port ables de l’équipage sous prétexte de les mettre en sécurité dans sa cabine, elle enve rrait volontiers un texto à Nath, sa grande sœur : «skipper = trafiquant d’armes. Help:( »
Hélas, tant qu’elle ne sera pas sur la terre ferme, impossible de raconter sa vie et ce qui se passe à bord à ses proches! D’un autre côté, avouer à Nath, l’aînée, la sage, la raisonnable, qu’elle crève de peur et regrette de s ’être embarquée dans cette aventure, reviendrait à reconnaître qu’elle a commis une énor me erreur en partant avec Cyprien. Et puis Nath, qui passe son temps à raccommoder les neurones d’une poignée de trauma crâniens dans un centre médical, serait bien trop contente d’apprendre que Mimi, l’éternelle vacancière de la famille, s’est e nfin fichue dans le pétrin.
Le vent est tombé, et le tangage a perdu en intensi té. Les vagues se sont arrondies, et l’écume qui frisait sur leurs crêtes insolentes a complètement disparu. Lesté par les
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