A l ombre de Lalla Chafia
208 pages
Français

A l'ombre de Lalla Chafia , livre ebook

208 pages
Français

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 1985
Nombre de lectures 114
EAN13 9782296186699
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Écritures arabes
Collection dirigée par Marc GontardCollection Écritures arabes
N° 1 BAROUDI Abdallah, Poèmes sur les âmes mortes.
N° 2 ACCAD Évelyne, L'Excisée.
N° 3 ZRIKA Abdallah, Rires de l'arbre à palabre. Poèmes.
N° 4 La parole confisquée. Textes, dessins, peintures de
prisonniers politiques marocains.
N° 5 ABA Noureddine, L'Annonce faite à Marco ou A l'aube
et sans couronne. Théâtre.
ABA C'était hier Sabra et Chatila.
N° 6 AMROUCHE Jean, Cendres. Poèmes.
N° 7 Jean, Étoile secrète.
N° 8 SOUHEL Dib, Moi, ton enfant Ephraim.
N° 9 BEN Myriam, Sur le chemin de nos pas. Poèmes.
N° 10 TOUATI Fettouma, Le printemps désespéré.
N° Il ABA Noureddine, Mouette ma mouette. Poèmes.
N° 12 BELHRITI Mohammed Alaoui, Ruines d'un fusil orphelin.
Poèmes, suivis de L'Épreuve d'être. Pamphlet.
BENSOUSSANAlbert, L'Échelle de Mesrod. Récit.N° 13
MORSY Zaghloul, Gués du temps. Poèmes.N° 14
BELAMRI Rabah, Le Galet et l'Hirondelle. Poèmes.N° 15
BEKRI Tahar, Le chant du roi errant. Poèmes.N° 16
HOUARI Leïla, Zeida de nulle part.N° 17
LAABI Abdellatif, Discours sur la colline arabe.N° 18
BEREZAK Fatiha, Le regard aquarel.N° 19
AMROUCHE Jean, Chants berbères de Kabylie.N° 20
KALOUAZ Ahmed, Point kilométrique 190. Roman.N° 21
SAOUDI Fathia, L'oubli rebelle. Beyrouth 82. Journal.N° 22
KACIMI El Hassani, Le mouchoir.N° 24
FARÈS Nabile, L'exil au féminin.N° 25
OUEDJ Marc, Mort de Cohen d'Alger.N° 26
BEN Myriam, Sabrina, ils t'ont volé ta vie. Roman.N° 27
RAITH Mustapha, Palpitations intra-muros.N° 28
YACINE Jean-Luc, L'escargot. Roman.N° 29
LAABI Abdellatif, L'écorché vif.N° 30 Le baptême chacaliste. Théâtre.N° 31
COISSARD O. et DJEDIDI H., Chassés Croisés.N° 32
TAWFIK El Hakim, L'Ane de sagesse.N° 33A L'OMBRE
DE LALLA CHAFIABOUKHEDENNA Sakinna, Journal: Nationalité:N° 34
Immigré(e).
BENSOUSSANAlbert, Le dernier devoir.N° 35
BEKRI Tahar, Le cœur rompu aux océans. Poèmes.N° 36
HOUARI Leila, Quand tu verras la mer.N° 37
ACCAD Évelyne, Coquelicot du massacre.N° 38
CHNIBERMohamed Ghazi, Les murmures de la palmeraie.N° 39
REZZOUG Leila, Apprivoiser l'insolence.N° 40
HADDADI Mohamed, La malédiction.N° 41
BEREZAK Fatiha, Le regard aquarel II.N° 42
BENKERROUM-COVLET Antoinette, Gardien du seuil.N° 43
MOULESSEHOULMohamed, De l'autre côté de la ville.N° 44
GHACHEM Moncef, Cap Africa.N° 45
AL HAMDANI Salah, Au-dessus de la table, un ciel.N° 46
BENSOUSSANAlbert, Mirage à trois.N° 47
KOROGHLI Ammar, Les menottes au quotidien.N° 48
Gilles ZENNOU, Les Nuits.N° 49
FARES Tewfik, Empreintes de silences.N° 50
TAMZA Arriz, Ombres.N° 51
@ L'Harmattan, 1989
ISBN: 2-7384-0453-7Driss BOUISSEF REKAB
A L'OMBRE
DE LALLA CHAFIA
Éditions L'Harmattan
5-7, rue de l'École-Polytechnique
75005 PARISPREFACE
Voilà bien le récit le plus inattendu à jaillir de la geôle-tombeau
de Kénitra, où l'auteur achève avec ses camarades sa quatorzième
année de détention. D'un homme à la jeunesse saccagée par
l'arbitraire, subissant depuis longtemps un enfermement immérité, on
pouvait attendre un plaidoyer vibrant, ou le cri d'une haine
accumulée pendant plus d'une décennie, ou la longue plainte misérable
d'un être broyé par l'injustice: Driss Bouissef Rekab nous donne
un texte dénué d'emphase, au ras des choses de la vie, imprégné
d'humour, tout à tour charmant, émouvant, bouleversant, toujours
passionnant.
« Ceux de Kénitra ». Sauf pour leurs proches, ils forment dans
notre imaginaire un bloc compact, indivisible, opaque, et le nom
de leur geôle est devenu leur collectif patronyme. Des
hommesprison. Grâce à ce livre, l'un d'eux émerge de l'anonymat et se
révèle à nous dans son irréductible singularité. Le moins qu'on
puisse dire est qu'il échappe à la banalité. Né près de Tétouan d'une
mère espagnole et d'un père marocain, vétéran de l'armée de
Franco, blessé en Espagne, membre de la Phalange; lui-même petit
berger analphabète, chiffonnier cherchant son bonheur dans les
décharges publiques, écolier sous la férule bienveillante d'un jeune
instituteur français, élève au collège de l'Alliance israélite et
chantant avec componction les hymnes hébreux avec la chorale, lycéen
à Casablanca après quelques tribulations intimes: ces années de
formation, au parfum fort exotique pour le lecteur français, nous
sont contées avec une simplicité sans apprêt, d'une plume qui sait
évoquer les misères mais aussi les bonheurs d'une existence
toujours à la limite du dénuement et, déjà, avec la merveilleuse
sincérité qui, de la première page à la dernière, est sans doute la
qualité principale de l'ouvrage. Combien de mémorialistes pour
résister à la tentation de prendre la pose? Peut-être parce qu'il écrit
7du fond d'une cellule, retranché depuis quatorze ans de sa
communauté, à l'écart de tout miroir social où se contempler, Driss
est ce mémorialiste rarissime qui dit les choses telles qu'elles furent,
même celles qui ressortissent à sa sexualité, sans se soucier le moins
du monde de l'impression créée. Nul doute que des lecteurs
préféreront la seconde partie de son ouvrage. Nous aimons la première
pour ce qu'elle nous apprend d'un pays que la plupart des
Français réduisent à la place Djemaa el-Fna, et pour ce qu'elle nous
révèle d'un homme qui, comme souvent, est le fils de l'enfant qu'il
fut.
er juillet 1968, pouce levé vers le nord, Driss part en auto-Le 1
stop vers la France, où il entend poursuivre ses études
universitaires. A la page suivante, nous basculons dans l'horreur de la
prison secrète de Rabat où il va être affreusement torturé, première
étape de sa longue carrière carcérale. La rupture n'est pas artifice
de style. Elle traduit une réalité. C'est en France - la France de
que le destin de l'auteur prend son virage décisif.1968 -
II n'était point politique. Même la cause palestinienne l'avait
laissé longtemps indifférent. A Toulouse, parmi ses compatriotes
étudiants, dans l'enthousiasme fiévreux de l'après-Mai 68, il adhère
rapidement à une organisation gauchiste et devient un militant
conscient et organisé.
Avec un humour ravageur, l'auteur ressuscite admirablement le
climat de ces années tout feu tout flamme (les années de plomb
allaient venir...) où des jeunes gens disséquaient avec acharnement
la vulgate marxiste-léniniste, convaincus qu'elle contenait la clé de
l'avenir et qu'il suffisait, pour assurer la radieuse dictature du
prolétariat, d'en trouver la juste interprétation. Mais Driss n'est pas
un militant haut de gamme: il se refuse à quitter celle qui
deviendra sa femme, malgré les injonctions de ses camarades purs et durs
qui lui remontrent qu'étant trotskyste (hitléro-trotskyste...), la belle
Lucile est évidemment un flic voué à lui voler les secrets de la
révolution.
Les camarades français, pour la plupart, rentreront dans le rang.
Les marocains, et Driss avec eux, rentrent au Maroc.
Pour les uns, le mol édredon d'une société habile à récupérer
les brebis égarées, voire à les transformer, pour son plus grand
profit, en jeunes loups de la presse et des affaires.
Pour les autres, le choc frontal avec une autocratie prête à tout
pour perpétuer son pouvoir.
Driss ne cèle rien de la défaite subie. Défaite d'organisations
mal armées pour agir r dans un environnement largement
préindustriel, mal préparées à survivre à la brutalité implacable de la
8répression. Défaite personnelle de militants craquant sous les
tortures médiévales qui leur sont infligées. Driss lui-même reconnaît
avoir parlé. Qui ne l'eût fait dans de pareilles conditions? Après
l'avoir lu, comment croire encore à la fable complaisamment
entretenue d'un pouvoir marocain plus « fréquentable» que la
ma

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents