À travers les branches
65 pages
Français

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Description

Mis en terre par un écureuil étourdi, un gland est devenu un petit chêne au bord d'une rivière paresseuse. Découvrant qu'il peut parler, il demande au vent de transporter un message à un autre arbre afin de se faire un ami. Son voeu est exaucé: un grand érable à sucre planté sur un terrain de banlieue dans une grande ville lui apprend qu'il a reçu son message.
C'est ainsi que naît une amitié télépathique au cours de laquelle le jeune campagnard et le vieux citadin vont apprendre à connaître la vie de l'autre et découvrir des horizons nouveaux.
Ce roman fantastique "à quatre mains" est structuré sur le mode d'une correspondance qui rend compte de l'évolution des deux arbres, mais aussi de l'observation des humains qui vivent dans leur environnement immédiat. Il est destiné au grand public.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 11 juillet 2014
Nombre de lectures 8
EAN13 9782897261771
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

«C’est une triste chose que de penser que la nature parle et que le genre humain n’ é coute pas.»
Victor Hugo 1802 - 1885
Bonjour à n ’importe qui,
Les humains l’ignorent. Ce n’est pas la seule chose qu’ils méconnaissent d’ailleurs, à cause de leur cerveau inutilisé. Je vais donc vous révéler un secret qui remonte à l’époque préhistorique : nous, les arbres, pouvons communiquer entre nous. Je vous jure !
C’est gr â ce au vent. Il joue les communicateurs entre nos ramures et transporte sur de tr è s longues distances nos pens é es t é l é pathiques, comme de fines poussi è res que nos feuilles absorbent.
Vous croyez que le bruissement dans notre feuillage ne sert qu’à vous faire r ê ver ou à favoriser la sieste sur un hamac les apr è s-midi de canicule ? D é trompez-vous. Nous sommes prisonniers du sol, mais nous voyageons en pens é e. Nous avons d é velopp é un moyen id é al de g é n é rer des amiti é s. Parfois, tout pr è s de nous, parfois à des endroits inattendus. Le vent sait souffler l à o ù il faut…
Voil à comment j’ai é t é instruit de ce merveilleux pouvoir qui nous a é t é donn é à l’époque o ù , il y a trois milliards d’ann é es, des mol é cules ont é volu é lentement pour constituer les multiples esp è ces du monde v é g é tal.
Nous n’étions pas vraiment des arbres, plut ô t de gigantesques foug è res. Enfin, c ’est l’image que moi je m’en fais.
Mais, commen ç ons par le commencement.
Je m’appelle Ch ê ne. J’adore mon nom parce que, quand les humains me tournent autour, ils le prononcent avec admiration. Je grandis lentement, mais je vis tr è s vieux, à moins qu’on ne me transforme en meubles. C ’est comme une deuxi è me existence, qui dure des si è cles parfois, m ê me si elle se d é roule dans des mus é es.
Je suis n é à cause d’un é cureuil é tourdi qui a enterr é un gland sur la berge d’une petite rivi è re o ù il m’a oubli é . Ils sont comme ç a, les é cureuils. C’est leur fa ç on d ’être utiles : en plantant des arbres. Mais, au rythme o ù les humains d é boisent la Terre, ils seront bient ô t totalement d é pass é s. Ils s’agitent trop, passent leurs journ é es à courir, à grimper, à jouer aux trap é zistes sur nos branches, à crier, à se morfondre pour le moindre inconv é nient. Ils meurent jeunes, br û l é s, vid é s, le c œ ur en d é route. Dommage.
J’ai mis beaucoup d’ann é es à grandir et j’ai eu beaucoup de chance. J’habite à la campagne, sur un grand terrain sur lequel ont pouss é plusieurs essences d’arbres qui agr é mentent une habitation o ù logent deux humains passionn é s par tout ce qui pousse dans la terre. On les appelle des « Proprios » . Je ne sais pas ce que cela veut dire. On a beau ê tre un ch ê ne, certaines notions nous é chappent. Il y a une Claudia femelle qui voue un culte aux fleurs, et un Michel m â le qui prend soin des arbres.
Ce dernier m’a vite protégé des dents des castors, notre ennemi naturel, en m’entourant d’une clôture de fil de fer. J’ai eu une enfance heureuse, dérangée seulement à intervalles réguliers par le bruit d’une grosse machine rouge que chevauche Michel pour tondre les cheveux verts du sol.
Mais un automne, la crue de la rivi è re fut telle à cause des pluies qui dur è rent des jours, que j’ai bien failli ê tre d é racin é et emport é dans l’eau tourbillonnante. Et c’est alors que, pour la premi è re fois, j’ai entendu la voix jeune d’un autre arbre qui me disait :
— Ne t’en fais pas. Michel va prendre soin de toi.
— Qui est l à ? ai-je pens é sans comprendre que c’était ainsi que les arbres « parlent » ?
— Je suis Maronnier. Tu ne peux me voir. Je suis masqu é par la maison des Proprios. J’étais moi aussi une noix que Michel a mise dans la terre noire d’un pot. La noix s’est fendue et a permis que je sorte de terre à l’air libre. Apr è s deux ans, Michel m’a plant é dans le sol et je grandis depuis lors. Un jour nous serons assez grands pour voir notre feuillage par-dessus le toit.
Et Maronnier de m’expliquer ce que je viens de vous raconter, c’est- à -dire comment les arbres ont appris à parler.
Il avait vu juste. Au d é but j’ai craint d’être sacrifi é . Je me sentais trop jeune, à quinze ans tout juste, pour ê tre transform é en lattes de plancher comme celles que Michel a transport é es dans la maison, il y a deux mois, afin de proc é der à une r é paration.
Une bête monstrueuse, tout en métal peint en jaune, et qui poussait des grondements assourdissants, s’est approchée de moi en soufflant des vapeurs grises qui étouffaient mes feuilles. Je me suis accroché, mais une sorte de pelle m’a extirpé du sol avec la majorité de mes racines pour me transporter dans un trou que la machine avait creusé au préalable.
Elle a repouss é la terre autour de mon tronc et est repartie dans le tapage en laissant de profondes traces sur la chevelure verte du sol. Michel et Claudia ont longtemps jet é un regard triste sur le d é sastre. L’air empuanti m’a fait perdre conscience et je me suis endormi pour quelques semaines.
Un Noyer noir tr è s â g é , qui me regarde chaque jour du haut de sa noblesse, m’a racont é plus tard que Michel avait é t é tr è s assidu. Il a vers é de la nourriture appel é e engrais à mes pieds et a laiss é couler de l’eau pr è s de mon tronc durant six ou sept heures chaque jour d’une longue semaine. Il venait flatter mon tronc matin et soir, me parlait, m ’encourageait dans mes efforts de survie. Il chantait m ê me une chanson à voix basse, toujours la m ê me : « J’ai plant é un ch ê ne, au bout de mon champ… »
Curieusement, c’est cette chanson qui a fini par me tirer de mon sommeil quelques mois plus tard, apr è s ce que Noyer noir a appel é « l’hiver » .
Claudia doutait du succ è s du sauvetage. Elle craignait que mes bourgeons ne s’ouvrent plus jamais. Michel persistait à m’encourager de ses paroles simples, m’ exhortant à me ressaisir, à faire monter la s è ve jusqu’aux derni è res branches. Ce n’est pas une entreprise facile lorsqu’on mesure six m è tres et que ses forces vives sont somnolentes.
Et un bel après-midi ensoleillé, Michel est resté longtemps à regarder une de mes branches à mi-hauteur, la main en visière sous sa casquette déformée. Puis il a souri de toutes ses dents et s’est approché pour caresser longuement mon tronc de sa main chaude en murmurant des mots doux. Si, si, je vous jure que c’est vrai. Il m’a dit :
— Bravo ! petit Ch ê ne. Tu es une le ç on pour nous les humains. Il ne faut jamais abandonner. Un jour tu seras aussi grand que Noyer noir et ses noix et tes glands nourriront les arri è re arri è re petits descendants de l’écureuil qui n’a jamais retrouv é le gland qui t’a fait na î tre sur le bord de la rivi è re.
J’ai frissonn é de plaisir et… je l’avoue… d’orgueil. À un point tel qu’une dizaine de petits bourgeons d’ une autre branche ont é clat é , r é v é lant la pr é sence de minuscules feuilles vert tendre encore tout enroul é es en fuseau.
Maintenant, deux ans plus tard, fier de ma nouvelle frondaison, je me sens pr ê t à conna î tre l’ univers. J’aimerais qu’un arbre lointain per ç oive mes messages t é l é pathiques et me r é ponde. Ce n’est pas que je sois arboricentriste, mais mis à part Michel et Claudia, les humains m’intimident. Donc, j’ en appelle à un arbre diff é rent de moi pour m’apprendre la vie à la ville, le sort r é serv é aux arbres l à o ù il y a beaucoup d’humains. Moi, je lui apprendrai la vie aux champs.
— Oh é le vent, le joli vent, le vent du Nord ! Je t’appelle. Viens cueillir mon message !




— Youhou Ch ê ne, es-tu l à ?
Il s’en est fallu de peu que ton message ne parvienne pas jusqu’à mes oreilles. Le sifflement du vent é tait si fort que j’avais peine à entendre mes propres pens é es lorsque j’ai re ç u ton appel. Je suis tr è s heureux d’avoir port é attention lorsque, durant une accalmie entre deux bourrasques, le vent m’ a murmur é à l’oreille, probablement pour me calmer, qu’un jeune ch ê ne cherchait à se faire un ami en ville. Le vent sa

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