Camin Crousa
285 pages
Français

Camin Crousa , livre ebook

-

285 pages
Français

Description

Camin Crousa rassemble 23 nouvelles, disséminées dans des revues littéraires et dans la presse régionale de Provence, ou inédites pour cinq d'entre elles. Caractérisées par une diversité de tons, de thèmes, de styles et de messages, parmi lesquels la question des langues occupe une place de choix, elles sont unies dans une quête à travers le monde : la rencontre de l'humain dans ses rires et ses souffrances, ses outrances et ses beautés.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2009
Nombre de lectures 95
EAN13 9782296215313
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

CAMIN CROUSA
Chemins croisés@ L'Harmattan, 2009
5-7, rue de l'Ecole polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan l@wanadoo.fr
ISBN: 978-2-296-07361-6
EAN : 9782296073616Philippe BLANCHET
CAMIN CROUSA
Chemins croisés
Nouvelles provençales avec traduction en français
L'FItmattanCollection « Textes régionaux »
Éditions L'Harmattan
dirigée par Philippe Blanchet & Thierry Bulot
Créée en janvier 2002, la collection Textes régionaux a pour
vocation de publier des textes en langues régionales de France :
créations ou inédits, traductions (que la langue source soit une langue
régionale ou une autre langue) et édition ou réédition de tout
document rare ou épuisé, moderne ou ancien appartenant au
patrimoine linguistiquerégionalde la France.
Textes régionaux a une démarche d'ouverture: il s'agit de faire
découvrir, de valoriser, de diffuser des textes d'auteurs d'hier et
d'aujourd'hui, de donner à voir la modernité des langues et cultures
régionales ainsi que les échanges dont elles témoignent avec d'autres
textes, d'autres langues, d'autres cultures.
Textes régionaux souhaite ainsi contribuer à une approche
raisonnée et respectueuse de la diversité linguistique et culturelle, avec
la convictionque le plurilinguismeest toujours un enrichissement.C'est
pour cela qu'elle propose, toutes les fois que cela est possible, une
livraisonbilingue, ce qui l'amène à publier égalementdes traductions de
textes littéraires régionaux dans des langues de grande diffusion et des
traductions en langues régionales de textes du patrimoine littéraire
mondial
Déjà parus dans la collection « Textes régionaux» :
- Marcel Dalarun, A men leisi ("en prenant le temps qu'il faut",
poèmes en langue normande), 235 p., 2004.
. Daniel Laumesfeld, Récits, chansons et poèmes franciques,
2005, 134 p.
. Lisandru Marcellesi, I Disgraziati (récit en langue corse), 2005.
. Jean-Bernard Bouéry, Li coumpagnoun de la niue, roman en
langue provençale, 2006.Chemins croisés
j'avais déjà beaucoup marché et déjà usé trois bâtons.
Finalement je m'étais retrouvé à Saint Rémy, en Provence, sans
trop savoir comment. Je me revois là, sur la grande place. Ce
jour-là, il avait pas de marché. J'étais venu plusieurs fois etn'y
plusieurs fois j'étais tombé en plein marché. avais même faitJ'y
des achats. Je me souviens avoir trouvé des T-shirts portant led'y
mot « Provence» et en provençal en plus! J'en avais pris pour
mes enfants.
La rue en face, qui s'écoule vers l'hôtel de ville. Une autre
fois avais raflé une cravate magnifique, dans une boutiquej'y
«Souleiado@ » qui m'avait attiré le regard quand j'étais passé
devant. Je n'aime pas les formes géométriques. j'aime mieux les
formes souples et les couleurs fondues. Je n'aime pas non plus
associer le bleu et le rouge. j'aime mieux associer les teintes qui
se complètent sur la roue des couleurs, c'est-à-dire celles qui,
semble-toil, se font face. Avec le bleu, il faut de l'orange. Avec le
rouge, il faut du vert. Pourtant ce jour-là je fus hypnotisé par une
cravate rouge et bleue dont les indiennes provençales étaient
bien alignées en losanges sur un fond nacré. Je me l'offris
comptant, deux fois plus cher que ce que j'y mets de coutume. . .
Les boulevards qui ceinturent la ville. De là partent les
rayons d'une étoile inconnue, ou d'une rose des vents, vers des
lieux alentour dont je connaissais l'existence mais que je ne
savais pas indiquer. Je me rendis compte que ce n'était pas à
Saint Rémy que je voulais arriver. Je devais poursuivre
davantage. Je sentais bien, en moi-même, que j'étais presque au
6Camin crousa
Aviéu forço camina e deja gausi tres bastoun. Fin finalo
m'ère capita à Sant Roumié, en Prouvènço, sènso trop saupre
coume. Me revese aqui, sus la grand plaço. Aquéu jour, i'avié pas
Iou marcat. Proun cop i'ère vengu e proun cop i'ère toumba en
plen l'aviéu meme fa de croumpo. Me revèn de i'avé
trouva de T.shirt marca "prouvènço", e en prouvençau siouplè !
N'aviéu pres pèr mi pichot.
La carriero en fad, que regoulo vers l'oustau de vilo. Uno
autro fes i'aviéu fa piho d'uno cravato magnifico, dins uno boutigo
"Souleiado@", que m'avié tira l'uei en li passant davans. A iéu
m'agradon pas li formo geoumetrico. M'agradon miés li formo
souplo e li coulour foundudo. M'agrado pas nimai de mescla Iou
blu e Iou rouge. M'agrado miés d'aparia li tencho que se
coumpleton sus la rodo di coulour, valènt.à.dire aquéli que, ço
sèmblo, se fan fad. Emé Iou blu, fau d'aranja. Emé Iou rouge, fau
de verd. Empacho pas qu'en aquéu jour d'aqui fuguère pivela
d'aquelo cravato roujo e bluio que lis indiano prouvençalo i'èron
bèn renjado en lousange sus un founs coulour de nacro. Me la
paguère pièi tin.tin, dous cop mai que ié mete d'abitudo...
Libalouard qu'encenturon la vilo. D'aqui parton li rai d'uno
estello incouneigudo, 0 d'uno roso di vènt, vers d'endré dis
envirouno que li sabiéu e que li sabiéu ges traça. M'avisère que,
Sant Roumié, es pas 'qui que ié vouliéu arriva. Me falié longo mai
faire tira. Me sentiéu proun que quàsi i'ère, au fin bout de ma
quisto -0 de ma penitèncL L'endré devié s'endevina en quauque
liô dis Aupiho. Emai ounte ?
7bout de ma quête -ou de ma pénitence. L'endroit devait se
révéler quelque part dans les Alpilles, mais où ?
Je demandai aux passants. Une dame remontait le
boulevard. «Excusez-moi, madame, pourriez-vous m'indiquer
mon chemin? » lui fis je en français, et elle me répondit dans la
même langue. Elle ne savait pas. Une autre venait de l'autre côté.
Comme un éclair je revis mentalement des images d'un film qui
prétendait ressembler à Mireille. L 'histoire commençait avec un
jeune gars qui venait jouer la pièce à Saint Rémy et qui faisait le
tour des boulevards en voiture. A peine arrivé de ce côté, il voyait
une fille en minijupe, grimpée sur une échelle en train de faire je
ne sais plus quoi, laver les vitres peut-être. Ou peut-être était-ce
l'inverse? La dragueuse en voiture et le mâle en train de réparer
un panneau. Bref, ils échangeaient un regard salace. Ils ne
s'étaient jamais vus. Mais, dès le plan suivant, ils avaient pris
une chambrette sur le boulevard et bien sûr fricoté dans le lit
dont la fille sortait nue des draps, comme un serpent de son
fossé. j'avais zappé et même pas conservé ce truc ordurier sur la
cassette vidéo. Je cherchais de la poésie et j'avais trébuché sur
une merde. Ça devait être un soir où je n'étais pas dans l'humeur
des « Bronzés» et le titre m'avait fourvoyé. Il y en a qui salissent
tout ce qu'ils touchent.
C'est de ce côté que venait la jeune femme qui, elle, me
montra le chemin. Je ne sais pas pourquoi, mais je le lui avais
demandé en provençal. Je ne me rappelle plus de son visage,
mais elle était gaie et jolie, peut-être dans les quinze ans, et elle
avait aux joues ces petites fossettes qui me rendent toujours les
gens sympathiques. Et ses indications furent claires: « Il vous
suffit de prendre la rue juste derrière la place, elle vous conduira
tout droit au croisement des routes. Vous y trouverez des
panneaux ".
8M'entrevère vers li gènt que passavon. Uno femo
remountavo Iou balouard. " Fasès escuso, madamo, me sauprias
dire Iou camin ? " ié faguère en francés, e tambèn me
respoundeguè. Sabié pas. Uno autro venié de l'autre caire. Coume
un uiau me repassère en tèsto d'image d'un filme que tant cercavo
de retipa Mirèio. L'istàri coumençavo em'un jouine tipe que venié
jouga la pèço à Sant Roumié e que fasié Iou tour di balouard en
veituro. Tout bèu just arriva d'aqueste caire, veguè 'no chato en
jupo courteto, quihado sus uno escalo en trin de sabe plus dequé
faire, lava li carrèu belèu. 0 tant se pàu Iou countràri. La

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