Chroniques Verticales - Saison 1 Épisode 4
27 pages
Français

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Chroniques Verticales - Saison 1 Épisode 4 , livre ebook

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Description

Le comportement de Vol Parfait a été héroïque lors de l'attaque des araignées. Mais il est maintenant temps de passer l'épreuve qui en fera un homme. Le courage qu'il puise dans les yeux de Petit Chat et le soutien de son cousin suffiront-il à le faire affronter l'iguane à dents de sabre ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791095442288
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Chroniques Verticales Laurent Copet Saison 1Épisode 4
1 Un choc sourd fit trembler la vire. Le poing de Vol Parfait frappa le vide. Il rouvrit les yeux pour découvrir un spectacle stupéfiant. Juste devant lui, à moins d’une longe de distance, un énorme rocher avait remplacé le corps de l’araignée. Vol Parfait perçut avec un temps de retard la chaleur du liquide qui lui re couvrait le visage. Il identifia les entrailles de la bête, disséminées aux quatre coins de la vire par l’impact. Hébété, il ne songea même pas à se débarrasser de la substance po isseuse qui le recouvrait. Il leva les yeux. Sur la paroi, une ombre furtive disparut. « Hé ! » cria faiblement Vol Parfait. Il ne parvint pas à en dire davantage. C’est elle, pensa-t-il, sans vraiment savoir de qui il parlait. C’est elle. Il se traîna jusqu’à Salto Angel. « Salto… hé, Salto… » Son cousin ouvrit les yeux. Il regarda autour de lui le sol jonché de cadavres mon strueux. « C’est toi qui as fait ça ? murmura-t-il. — Est-ce que tu peux te relever ? — J’en sais rien. Je me souviens plus… » Vol Parfait aida son compagnon à s’asseoir. Il réalisa qu’il n’avait lui-même pas la force de se tenir debout. « Tu as décroché, dit-il. Une sacrée chute. S’il n’y avait pas eu la vire… — Ma jambe, grimaça Salto. J’ai vraiment mal. Je crois qu’elle est cassée. » Vol Parfait masqua du mieux qu’il le put son inquiétude. Sa propre cheville le lançait, mais il pensait être capable de se relever d’ici un moment. « On doit reprendre des forces, dit-il. — Un véritable festin », fit Salto avec un sourire fatigué. Il leva le menton vers les tas de viande qui leur tendaient les bras. Vol Parfait regarda autour de lui. Il découvrit quelques fourrés un peu plus loin. Salto Angel ouvrit son sac et en sortit une pierre tranch ante. « C’est tout ce que j’ai », murmura-t-il. Vol Parfait saisit la pierre. Ça m’aurait été bien utile tout à l’heure, quand ce tte araignée s’est jetée sur moi alors que j’étais désarmé. Son regard se porta sur le bloc de roche tombé du c iel. Ses pensées se remirent à tourbillonner un instant. Une intervention divine. Non, un membre du clan venu leur porter secours. Mais alors, pourquoi se cacher ? Il en revint à la même conclusion. C’était elle. L’inconnue, celle qu’il avait aperçue dans la grotte quelques saisons auparavant. Qu’est-ce que cela signifiait ? Plus tard, le supplia son esprit épuisé. Vol Parfait essaya de se lever mais des vertiges l’assaillirent et il dut ramper sur la vire en direction des fourrés. Il cisailla les branches, les débarrassa de leurs feuilles et les disposa en tas. Il retourna chercher les pierres à feu dans le sac de Salto, se maudissant pour cet effort supplémentaire. Lorsqu’il eut fait prendre le feu, il s’approcha d’un des cadavres. Il s’agissait de l’araignée décapitée lors de l’assaut. L’absence de sa tête, de sa gueule monstrueuse, le soulagea. Il rassembla ses forces et abattit la pierre tranchante qui vint se planter dans le flanc avec un bruit spongieux. Au moins, il pouvait se permettre de choisir les meilleurs morceaux. La cuisson lui parut durer une éternité. L’odeur de chair grillée lui mit l’eau à la bouche et il pensa qu’il pourrait bien dévorer jusqu’à la dernière araignée présente. Il se jeta sur le premier morceau et n’en fit qu’un e bouchée. Les forces revinrent. Autour de lui, le monde vacilla lorsqu’il entreprit de se relever, mais cette fois-ci il tint bon. Sa cheville le lança, il parvint jusqu’à Salto Angel en boitillant. « Tiens, goûte-moi ça. » Ils ne dirent rien et se contentèrent de manger pen dant un long moment. Plongé dans ses pensées, Vol Parfait n’en finissait plus de rev ivre la scène. Maintenant que tout était terminé, il en frissonnait.
« Les autres, finit par demander Salto Angel. Où sont les autres ? — Ma cordée a fui aussitôt, répondit Vol Parfait. J ’ai vu plusieurs araignées leur donner la chasse. — J’espère qu’ils s’en sont tirés. — Tandem et ta mère ont réussi à s’enfuir eux aussi. Mais ils avaient beaucoup moins d’avance. Je n’ai pas eu le temps de voir… — Et toi, tu es venu, le coupa Salto Angel. — J’étais le seul à pouvoir le faire. Ton père et P ichenibule devaient protéger leur cordée. — Je sais… Simplement, toi, tu n’étais pas obligé de venir. — Il fallait bien que quelqu’un fasse diversion. » Un nouveau silence s’installa. Vol Parfait en profi ta pour envelopper plusieurs quartiers de viande dans de larges feuilles et les glisser dans le sac. Puis il déroula la corde qu’il portait en permanence autour de la taille et saisit les deux pitons passés au sherpa de Salto. Il s’attacha, surpris de constater la décept ion que provoquait chez lui ce geste simple et banal. Une nouvelle fois, il se vit lors de sa descente vertigineuse. La sensation grisante d’évoluer en harmonie avec la Falaise, d’ê tre libre, totalement libre de ses mouvements. Et pourtant, le moindre faux pas… « Tu n’étais même pas attaché, fit Salto Angel en écho à ses propres pensées. Tu aurais pu décrocher et nous faire un vol… parfait. » Il laissa échapper un petit rire fatigué. Vol Parfait se joignit à lui, nerveux en imaginant son corps chuter dans l’infinité du Néant. « C’était comment ? » reprit Salto. Vol Parfait se sentit gêné de répondre. Il n’était pas censé dire ça. Mais il connaissait son cousin par cœur, ses excentricités et sa folie imprévisible. « C’était chouette, reconnut-il. Incroyable. Mais tant qu’à faire, je préfèrerais laisser passer un peu de temps avant de recommencer ce genre d’acrobatie. Surtout que si j’avais décroché pour de bon… — Ouais, je sais. Petit Chat ne s’en serait jamais remise. » Vol Parfait rougit jusqu’aux oreilles. Il détourna le regard. Petit Chat. Pas une seule seconde il n’avait pensé à elle. La culpabilité s’abattit sur lui et il considéra tout à coup les événements sous un jour nouveau. Il se traita d’imb écile, d’inconscient, s’en voulut de son comportement stupide. Tu t’es jeté dans le vide. Sans être attaché, avec pour cible un arbre minuscule, ou quelques pauvres ronces. Armé de ton petit pieu effilé, même pas un vrai poignard ! Le rire de Salto Angel retentit. « T’es vraiment fou, dit-il. En fait t’es pire que moi. — Quand même pas », marmonna Vol Parfait avant d’éc later de rire à son tour. Aussitôt, une partie de la tension qui l’habitait s ’envola. Il ressentit un soulagement bienvenu et se laissa aller pendant un long moment, sans même savoir pourquoi il riait. Lorsqu’il se fut calmé, il désigna la corde qu’il tenait dans les mains. « Tu crois que tu pourras remonter, avec ta jambe ? demanda-t-il. — Ça m’étonnerait. » Le visage de Salto Angel s’ass ombrit. « Un individu avec une jambe cassée n’a aucun avenir au sein du clan, fit- il. Je ne pourrai jamais suivre. Il vaut mieux que je reste ici. Tu vas devoir remonter sans moi. » Vol Parfait regarda son cousin avec une intensité e xtrême. Toute trace de bonne humeur avait disparu. « J’étais à plus de deux clous de hauteur quand cette chose est venue te renifler, dit-il. Et je lui ai sauté dessus à pieds joints, d’accord ? » Salto Angel ouvrit de grands yeux et regarda le cadavre pulvérisé avec un air de dégoût. « L’intersaison n’est pas loin, poursuivit Vol Parfait. On est à une bonne distance du Néant et s’il faut que tu attendes sur cette vire que ta jambe se répare, alors j’attendrai avec toi. Il est hors de question que
je parte sans toi. » Salto Angel n’osa rien dire. Il avait perçu une telle autorité dans la voix de Vol Parfait qu’après ça, toute parole devenait superflue. Il so ngea que son cousin avait raison. L’intersaison approchait et il disposerait...
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