Chuchotements dans la nuit
59 pages
Français

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Chuchotements dans la nuit , livre ebook

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59 pages
Français

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Description

Un Lovecraft grande période, un de ses romans les plus longs, et surtout dans une dimension tragique qui en ferait presque un roman réaliste. Presque.


Un homme qui vit seul dans les montagnes isolées du Vermont, par temps de cataclysme et d'inondation charriant d'étranges cadavres. Empreintes découvertes au matin, bruits dans la nuit, tous les ingrédients de la peur sont là.


Le narrateur lui vient de la ville, et c'est un feu d'artifice aussi pour mettre tous les moyens de communication moderne au service de la transgression fantastique, du surnaturel. Train, voiture, téléphone, télégramme, courrier postal. Les photographies qu'on fait, et qui sont volées, et même des enregistrements avec des outils radiophoniques, avant la révélation finale de ces cerveaux placés avec électrodes dans d'étranges bocaux, à partir de quelques révélations einsteiniennes et écho de la récente découverte de Pluton.


Écrit du 24 février au 26 septembre 1930, période inhabituellement longue pour Lovecraft, basé sur la description d'inondations réelles, et d'un voyage de Lovecraft lui-même sur les lieux, un livre géant aussi par la majesté de ces paysages hostiles de l'Amérique originelle, intouchée et mystérieuse.


Et si "The whisperer in the darkness", publié dans le fameux "Weird Tales" en août 1931, était aussi une magnifique et dérangeante porte d'entrée pour qui ne connaîtrait pas Lovecraft ou souhaiterait le redécouvrir?


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Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 septembre 2014
Nombre de lectures 149
EAN13 9782814510081
Langue Français

Extrait

Chuchotements dans la nuit


Howard Phillips Lovecraft


nouvelle traduction et introduction, François Bon

t iers livre éditeur
ISBN 978-2-8145-1008-1
dernière mise à jour le 20 juillet 2015
introduction
Howard Phillips Lovecraft a publié The whisperer in darkness dans Weird Tales en 1931, après l’avoir probablement écrit entre février et septembre 1930. Un des grands Lovecraft, de ceux qui envahissent insidieusement les perceptions inconscientes. Bêtes morbides proliférant dans l’obscurité, et s’acharner à faire preuve de leur existence.
Tout commence par de brutales inondations dans les zones sauvages et reculées du Vermont montagneux, aux vieilles traditions occultes. Le mot essentiel du récit c’est things , des «choses», et le mot partout récurrent dans le récit passera sans cesse des êtres mystérieux à ses acceptions courantes.
Comme toujours dans Lovecraft, le combat c’est avec la fiction elle-même. Non seulement la variation de tous les registres de style dans la correspondance du narrateur avec le personnage central, Henry Akeley, mais via l’usurpation de son identité.
Et, comme dans tout grand Lovecraft, prendre à bras le corps la modernité scientifique. On peut trouver désuets (mais quel incroyable rôle il leur donne) les instruments d’enregistrement et reproduction de la parole en 1927, mais il s’en prend aussi à Einstein : oui à la courbure de l’univers, mais est-ce que ça invalide des univers autres, et concomitants ? Et, magie ultime de prestidigitateur, le récit est censé se passer un an avant son écriture — entre temps, on a découvert Pluton, alors le récit embauche à son profit cette découverte pas encore faite, et qui viendra corroborer la peur et l’étrange. La conservation des cerveaux dans le formol était plus courante déjà, dans les romans d’anticipation.
Maison solitaire, chirurgie spéciale, combats dans la nuit — tout vient ici, feutré, sous les pages. Mais il est bien réel qu’à l’été 1928 Lovecraft fit lui-même un voyage dans le Vermont et y fut accueilli chez un de ses compagnons nouvellistes des Weird Tales . Les voitures de Noyes et d’Akeley auront un rôle essentiel dans le récit, mais aussi bien les horaires de train, le télégramme, le téléphone, ancrant dans la modernité les rouages du fantastique et de sa crédibilité. Alors qu’elles sont belles, ces pages du voyage réel dans les paysages de l’Amérique profonde, au long des fleuves et rivières, de Boston jusqu’aux montagnes.
Et ce grand art de Lovecraft, ne faire intervenir le voyage réel et ses paysages que dans la seconde moitié du récit, pour le faire encore mieux basculer dans l’horreur une fois que tout le reste est prêt, et seulement alors.

FB
I
S i seulement je pouvais sérieusement croire n’avoir vu aucune de ces horreurs à la toute fin. Croire que le choc mental était la cause de toutes mes suppositions — et pour comble la vision ultime qui avait provoqué cette course pour m’enfuir de la ferme désolée d’Akeley et démarrer de nuit sa voiture — ce serait ignorer les faits les plus élémentaires de ce qui vint clore cette expérience. Même aujourd’hui encore, et malgré l’intensité de notre échange d’informations et spéculations avec Henry Akeley, il ne m’est rien possible de prouver quant à ce que j’y ai vu et entendu ; et de la netteté évidente de l’impression causée sur moi par ces choses, et si j’ai tort ou raison dans mes déductions hideuses, même aujourd’hui je ne peux rien en prouver. Après tout, la disparition d’Akeley n’établit rien. Personne n’a rien trouvé qui cloche dans sa maison, hors les marques de balles sur les murs, dedans et dehors. C’est juste comme s’il était parti à l’ordinaire pour une ballade dans les crêtes et n’en était pas revenu. Même pas un signe que quiconque soit venu ici, ou que ces horribles machines et cylindres aient été entreposés dans son bureau. Qu’il eût craint mortellement ce qui peuplait ces crêtes boisées où il était né et avait grandi, ne signifiait rien non plus ; des milliers d’individus sont sujets à de telles peurs morbides. Son excentricité aurait suffi, de plus, à expliquer ses actes étranges et ses appréhensions ultimes.
Toute cette affaire commença, pour ce qui me concerne, avec l’inondation historique et sans précédent qui frappa le Vermont, le 3 novembre 1927. À l’époque, j’étais chargé de cours en littérature à l’université Miskatonic d’Arkham, Massachusetts, et pratiquant amateur et enthousiaste du folklore de Nouvelle-Angleterre. Peu de temps après l’inondation, parmi les divers comptes rendus des épreuves, souffrances et secours organisés qui remplissaient les journaux, apparurent d’étranges histoires à propos de choses qu’on avait aperçues, ballotant dans certaines des rivières en crue ; au point que mes amis furent nombreux à s’embarquer dans d’interminables discussions et en appeler à moi pour savoir de quelles lumières je disposais sur le sujet. Je me sentis flatté de ce que mes études du folklore fussent ainsi prises au sérieux, et fis ce que je pus pour éclaircir ces récits vagues et confus qui semblaient clairement une résurgence de quelques anciennes superstitions rurales. Cela m’amusa de constater comment des personnes de haute éducation insistaient sur l’idée que, sous les rumeurs, devait bien résider une couche obscure et distordue de faits réels.
Les récits ainsi portés à ma connaissance provenaient principalement de coupures de journaux ; on y retrouvait cependant le fil d’une source orale, qui fut aussi répétée directement à un de mes amis dans une lettre de sa mère, vivant à Hardwick, Vermont. Dans chaque cas, la description-type de ces choses était pratiquement la même, même si elles se révélèrent émaner de trois sources séparées. La première provenait de la rivière Winooski près de Montpellier, une autre était attachée à la West River dans le comté de Windham, une troisième enfin provenait de la vallée de la Passumpsic au-dessus de Lyndonville, comté de Calédonie. Bien sûr, beaucoup des articles épars mentionnaient d’autres sources, mais à les compiler, elles semblaient toutes se référer à un de ces trois premiers cas. Chaque fois, les habitants du lieu rapportaient avoir vu une ou plusieurs formes inquiétantes et surprenantes dans les eaux dévalant brutalement depuis ces crêtes où personne n’allait jamais, et dans leur tendance générale reliaient d’eux-mêmes leurs observations à un cycle mi-oublié de légendes que chuchotaient les plus anciens, qui les ressuscitèrent pour l’occasion.
Ce que les gens disaient avoir vu consistait en formes organiques telles que jamais ils n’en avaient observé auparavant. Bien sûr, dans cette période tragique, il y eut de nombreux corps humains noyés et brassés par les courants ; mais ceux qui décrivaient ces formes étranges étaient quasiment sûrs qu’il ne s’agissait pas de corps humains, malgré quelques ressemblances superficielles dans la taille et le dessin général. Ni non plus, rapportaient les témoins, d’aucune espèce d’animal connue dans le Vermont. C’étaient des choses rosâtres d’environ cinq pieds de long, avec un corps de crustacé marqué par une large paire d’ailes dorsales à très fine membrane et plusieurs jeux de branchies articulées. Et, là où aurait dû être la tête, une sorte de volume ellipsoïde convexe, recouvert d’une multitude de très courtes antennes. La façon dont ces comptes rendus de sources différentes tendait à coïncider de très près était vraiment à prendre au sérieux ; mais il fallait en modérer le constat par le fait que ces anciennes légendes, qui avaient circulé longtemps dans ce pays de bois et crêtes, en proposaient des descriptions à la fois morbides mais très colorées, qui avaient certainement marqué par anticipation l’imagination des témoins actuels. Ma conclusion était donc que ces témoins — dans chaque cas, de naïfs colons de ces régions rudes — avaient aperçu des cadavres humains flottants et gonflés, ou ceux d’animaux de ferme, emportés par les tourbillons et courants ; et que cela avait permis aux légendes mi-enfouies d’envahir ces objets de pitié en leur conférant ces attributs fantastiques.
Ce folklore ancien, même ainsi devenu flou, évasif et en partie oublié par la généra

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