E-Réel
22 pages
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E-Réel , livre ebook

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Description

Au fur et à mesure de sa navigation, Léo comprit le sens des symboles. Ce site prétendait bel et bien répertorier les attentats dans le monde. Des points d’interrogation pour les attentats non revendiqués, des croix pour les attentats meurtriers, des zéros barrés pour les attentats échoués. Quel pouvait bien être l’intérêt de mettre en place pareille cartographie ?
Qu’un site détienne de telles informations semblait tout bonnement impossible. Pourtant l’impossible s’affichait là, en chair et en cristaux liquides. Léo conclut que le site était certainement tenu par un groupe d’hommes liés aux services secrets. L’explication était loin d’être convaincante, mais au moins elle apaisait ses tourments.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 mai 2011
Nombre de lectures 0
EAN13 9782363150110
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

VORTEX : E-Réel
Alexis Sz
ISBN 978-2-36315-181-0

Mai 2011
Storylab Editions
30 rue Lamarck, 75018 Paris
www.storylab.fr
Les ditions StoryLab proposent des fictions et des documents d'actualit lire en moins d'une heure sur smartphones, tablettes et liseuses. Des formats courts et in dits pour un nouveau plaisir de lire.

Table des mati res

Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Biographie
Chapitre 1

Plus Léo avançait dans son article, plus il avait le sentiment d’explorer une coquille vide. Les mots sonnaient creux, les accroches tombaient à plat et les phrases s’alignaient sans profondeur. Toute la saveur de sa prose avait été retirée, petit à petit. Toute la chair de son écriture avait progressivement disparu, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien. Au moins cette troisième version serait la bonne. Non pas celle qui le satisferait lui, plutôt celle qui paierait le loyer. Et Léo ne savait que trop à quel point être un auteur fauché était désagréable. Bien sûr, être un journaliste sans le sou avait un je-ne-sais-quoi de poétique. Seulement quand on écrit des articles, personne ne vient récupérer vos textes après votre mort. Pour espérer un succès d’outre-tombe, il faut écrire des livres, des pièces de théâtre, ou bien peindre des toiles. La passion de Léo étant le journalisme, le jeu n’en valait pas la chandelle et mieux valait manger à sa faim coûte que coûte.

Le journaliste, donc, armé de son clavier et d’une tasse de café, ne cessait de revenir sur son document. Cette heure était la sienne, celle de l’entre-deux, où les lumières voisines sont éteintes et les oiseaux ne chantent pas encore. Toujours en habits de ville, il jetait de temps à autre un regard par la fenêtre. Du vingt-septième étage de son immeuble, la vue était belle et donnait matière à inspiration. Inspiration qu’il s’efforçait justement de tempérer. Ce soir, il était parfaitement seul. Même son collègue Alix, avec qui il conversait habituellement en ligne, n’était pas de la partie.

En cette période électorale, on lui avait commandé un texte sur les promesses de l’opposition. Envoyer des piques au gouvernement était à la mode, une façon pour les journaux bien-pensants de jouer la carte de la rébellion. L’Echo Urbain, quotidien pour lequel il travaillait, ne faisait pas exception à la règle. Dans son article, Léo avait fait état des promesses d’un bord comme de l’autre, depuis plusieurs décennies. En analysant les échéances passées, aucun ne sortait vraiment glorieux. Un papier à l’origine incisif mais objectif. C’était perdu d’avance, Léo le savait bien, il n’était jamais parvenu à se formater lui-même. Si Marc, son rédacteur en chef, l’avait une fois de plus félicité pour son style, l’ensemble était à revoir. Le lecteur d’aujourd’hui voulait du « easy reading », c’était le terme employé dans le jargon, et il fallait rester dans la ligne éditoriale du journal. La ligne de l’Echo Urbain ? Pour Léo, de l’écriture sage maquillée en anticonformisme.

En tapant les dernières corrections, il se revoyait à son arrivée dans la capitale. Jeune, insolent, plein d’espoir. Sa plume traverserait les frontières, dépoussiérerait la presse actuelle, séduirait un public nouveau. Tous ces gens qui ne lisaient plus, il les ferait revenir. Il avait bien vite déchanté… Heureusement, Marc l’aimait bien, sans lui peut-être que personne ne l’aurait jamais lu. Marc n’en était pas moins exigeant et restrictif : tout devait être « made in Echo Urbain », tant par le ton que le traitement des sujets. C’est tout juste si on lui laissait le droit à quelques petites touches personnelles.

L’article achevé venait d’être envoyé à la rédaction, et Léo savait que cette fois, il serait pris. A présent, ce n’était plus qu’un texte impersonnel qu’il était préférable de signer par un pseudo. Un texte que rien, ou si peu, ne permettrait de distinguer d’un autre.

Vu l’endroit que désignait l’aiguille de l’horloge, autant faire nuit blanche et prendre un peu d’avance. Pour la fin du mois, Léo devait rédiger un dossier sur le terrorisme en Europe. Cette fois, il ne se laisserait plus avoir par ses velléités d’auteur et enverrait une première version qui serait acceptée d’emblée. De toute façon, presque toute la documentation était prête. Par acquis de conscience, il s’attarda sur le net. Son moteur de prédilection était OnlineBot, outil peu connu fournissant des résultats liés à l’actualité. Il tapa quelques mots-clés : « Nouveau terrorisme », « Terroristes européens », « Nouvelles formes d’attentat »… A sa cinquième ou sixième recherche, un lien l’interpella. Il se nommait : « Carte du terrorisme en temps réel ». Ce n’était pas un résultat direct mais un lien publicitaire, ce qui n’était pas une garantie de sérieux. N’importe qui pouvait louer un espace et le lier à des résultats. Il cliqua néanmoins sur le lien. Une simple page sur fond noir présentait la carte du monde accompagnée de symboles. Tout était étrange dans ce site. Aucun titre ni texte de présentation, l’adresse web n’était qu’une suite de chiffres et de lettres indistincts. Etait-ce un de ces sites malveillants, cherchant à intégrer des logiciels espions dans son ordinateur ? Pas d’après son logiciel pare-feu. Sur chaque pays étaient disséminés différents sigles, ouvrant une page lorsqu’on y passait le curseur. Ainsi, un point d’interrogation avait été placé sur Milan : Léo cliqua dessus.

« Lieu : centre des affaires financières. Heure : 19 h 34 Universel. Auteur(s) : Ligue du Nord Véritable. Revendication : inconnue. Matériel : plastique Ch 4, 3.5 kg. Dégâts : superficiels. Pertes : néant ».

Au fur et à mesure de sa navigation, Léo comprit le sens des symboles. Ce site prétendait bel et bien répertorier les attentats dans le monde. Des points d’interrogation pour les attentats non revendiqués, des croix pour les attentats meurtriers, des zéros barrés pour les attentats ayant échoués. Quel pouvait bien être l’intérêt de mettre en place pareille cartographie ? C’était probablement une supercherie. Voilà bien le piège du net : sans même s’en apercevoir, Léo avait passé une demi-heure, sur un site qui n’était d’aucune utilité. Des informations bien entendu fictives, peut-être liées, qui sait, à une sorte de jeu de rôles.

Léo se déconnecta et créa un nouveau document texte. Il traça les grandes lignes de son dossier, s’appuyant sur ses connaissances et quelques documents. Au moins parvint-il à effacer quelque peu le sentiment d’avoir perdu son temps. Quelques minutes plus tard, il se traîna vers son canapé et s’endormit, rêvant de scoops et de célébrité.

Le flash-info l’éveilla en sursaut. Après un court sommeil, un réveil brusque aide toujours à se mettre d’attaque. Aujourd’hui, Léo avait couverture de manif’ et réunion à la rédaction. Mais tandis qu’il prenait sa douche, un événement le stoppa net dans son élan. Le chroniqueur radio délivra une information qui lui fit échapper le savon des mains. Léo ferma le robinet, s’enveloppa de son peignoir et couru au salon pour écouter la fin du flash. Trop tard. Avait-il bien entendu ou n’était-il pas bien réveillé ?

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