Elvira Time, 2
101 pages
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Elvira Time, 2 , livre ebook

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Description

« Pour certains, le lycée, c’est l’enfer. Pour moi, la situation s’est pourtant considérablement améliorée depuis que Ludwig, le savant fou prépubère, m’invente des armes sur mesure pour embrocher du vampire pendant que Belinda, sous les traits de ma prétendue avocate, me permet de toucher la prime de mes exécutions, avant ma majorité.

Mais bien entendu, il a fallu que les politiques s’en mêlent : je n’ai certainement pas besoin d’une réorientation gouvernementale quant à l’intégration des Tolérés. Ma bienveillante croisade anti-raclures multicentenaires dans les couloirs du bahut va être bien plus hard, s’il m’est dorénavant interdit d’exploser un ou deux de ces petits vampires à collier.

Dénuée de la fibre patriotique, née pour zoner du mauvais côté de la légalité, d’aucuns disent que je suis à deux doigts de verser dans le crime, ce qui se traduit maintenant par verser du sang de Toléré. Il faut bien l’admettre, ces gens sont loin d’avoir tort... »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 avril 2016
Nombre de lectures 2
EAN13 9782375680087
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Elvira Time
JAIL TIME
Intégrale de la saison 02

Texte : Mathieu Guibé
Illustrations : Diane Özdamar

Editions du Chat Noir
Prologue

« Défense ! Défense ! »

Les encouragements de la foule couvraient les rebonds et le crissement des semelles sur le parquet. Les voix exultaient pour éveiller le meilleur des joueurs, exhorter leur volonté à vaincre et à ne jamais céder. Ce soir se jouait la finale de basket du championnat inter-établissements de l’État. Les Black Panthers du lycée Lincoln affrontaient à domicile les Giant Squids ; les deux équipes offraient jusque-là un match prenant, le score serré en faveur des panthères dopant les spectateurs anxieux de connaître l’issue de la rencontre. La fin du deuxième quart temps approchait, ses dernières secondes défilaient à grande vitesse sur l’horloge. Les joueurs de Lincoln relancèrent alors l’offensive après avoir encaissé un panier qui ramenait leurs adversaires à égalité. Une fois la remise effectuée, le pivot jeta un œil au timer et, d’instinct, tenta un lancer de l’autre bout du terrain. Lorsque le buzzer retentit, le ballon traversa parfaitement l’arceau, accordant trois points à l’équipe.
La foule se leva en furie, sous une pluie de pop-corn, de sodas et de hourras. Sur ce geste superbe, les panthères repartirent aux bancs avec une avance suffisante pour garder le moral lors d’une finale, même si nous n’étions encore qu’à la moitié du match. Pour les joueurs, c’était l’heure d’un repos bien mérité, mais avec, de part et d’autre, des réorganisations stratégiques. Pour le public, la fête ne s’arrêtait pas. Les pom-poms girls du lycée Lincoln se positionnèrent sur le terrain. Les premières notes de « Really don’t care » de Demi Lovato retentirent et la chorégraphie se mit en place. Bien loin d’un simple spectacle de club lycéen, le show était outrageusement acrobatique comme si un coach tyrannique avait la charge de ces filles toutes taillées sur le même modèle. Le jeu des sons et lumières n’avait rien à envier à la mi-temps du Super Bowl : il était épileptiquement calibré pour vous rappeler que vous pouviez avoir mal aux rétines, comme les films de Michael Bay.
Rien n’avait été laissé au hasard, l’événement étant retransmis sur la télévision locale. La capitaine des cheerleaders enchaînait les flips, les portés et s’apprêtait à plonger de la pyramide humaine dans les bras de ses homologues masculins. La hauteur était suffisante pour se rater et en payer les conséquences, aussi la foule retint sa respiration. Un atterrissage plus tard, la musique se conclut sur ce point d’orgue et le public applaudit alors que la jeune fille était déposée au sol par ses camarades.

« Mesdames et messieurs, vous pouvez applaudir bien fort les filles du lycée Lincoln, elles se sont illustrées toute la saison sportive avec des chorégraphies impressionnantes et elles ont remporté le titre régional qui leur est remis ce soir ! Je vous demande d’applaudir bien fort, Kristie Merren, capitaine des Black Kittens, notre équipe de cheerleaders , pour la remise du trophée. »

Les lumières s’éteignirent et une poursuite s’alluma pour capter le retour de l’adolescente sur le terrain. Cliché de la blonde populaire, elle s’avança en distribuant, alternativement à gauche puis à droite, un salut de miss parfaitement effectué, sourire calibré aux lèvres. Elle serra la main du présentateur d’un soir qui lui confia un trophée presque aussi grand qu’elle, alors que les néons se rallumaient.

Peut-être veux-tu dire quelques mots au nom de ton équipe que tu as menée à la victoire ? Tes parents sont dans la salle ? »
La jeune fille, bien contente de se mettre en valeur, ne manqua pas de se saisir très professionnellement du second micro.
Ma mère est présente, mais mon père est en Iraq.
— Je vois. C’est l’occasion d’avoir une pensée pour tous nos soldats mobilisés sur le front. Malgré la distance, je suis persuadé qu’il serait fier de toi. À vrai dire…
Le présentateur marqua une pause loin d’être innocente.
En fait, j’en suis persuadé. »
Il invita du bras la jeune fille à regarder un écran de projection installé au mur, alors que les lumières s’éteignirent, un unique halo demeurant sur l’adolescente et l’animateur. Apparurent alors des images de son père, en uniforme de combat, camouflage à l’appui. La qualité du signal laissait à désirer, mais la webcam faisait son office. L’expression travaillée et professionnelle de la barbie à peine pubère se décomposa, les larmes au bord des yeux. Un « oh my god » fuita par le micro avant qu’elle n’étouffe ses halètements de sa main libre et que le discours de son paternel ne couvre le bruit des sanglots.

« Ma chérie, avec l’aide de ta mère, le lycée m’a contacté pour me proposer ce direct avec toi, afin que je puisse te dire à quel point je suis fier de toi. Chose que je me suis empressé de refuser. »

Les sourcils de la jeune fille s’arquèrent, interloquée ; confiant, le présentateur sourit en coin.

« Je me suis empressé de la refuser, car il était impossible que je ne sois pas présent, ce soir, pour te prendre dans mes bras ! »

Un projecteur s’alluma alors dans les gradins qui étaient face à la jeune fille. Un homme, au milieu, se releva, ôtant casquette, lunettes de soleil et parka. En dessous de ce déguisement, le soldat en uniforme d’apparat était de retour chez lui pour surprendre sa fille. Les premières notes de Home de Daughtry, véritable hymne de ces retours-surprises au pays, orchestrés par la communauté – ou les médias –, résonnèrent dans les enceintes du gymnase alors que l’officier gagnait le terrain. Sa fille chérie se rua dans sa direction et lui sauta au cou comme une enfant de cinq ans. Le projecteur trahissait l’obscurité pudique qui encerclait cette réunion attendrissante, tout comme le micro du présentateur sournois qui furetait non loin du duo enlacé, captant un « tu m’as tellement manqué, papa ». Les applaudissements d’une audience larmoyante s’élevèrent alors, pour ce moment que les caméras ne manquaient pas d’immortaliser. Chaque future rediffusion boosterait les audiences au cours des semaines suivantes. Il était certain que les images tourneraient en boucle sur facebook & co dès le soir même. Les lumières se rallumèrent et deux chauffeurs de salle munis de canons à confettis firent feu sur le couple.
BAM ! BAM ! BAM !
Une troisième déflagration avait suivi, provoquant l’interrogation des deux préposés aux tirs. Lorsque les premiers confettis d’hémoglobines retombèrent sur Kristie, se mélangeant à la pluie de paillettes dorées, la jeune fille ne réalisa pas bien ce qu’il venait de se passer. Ce ne fut que lorsque le cadavre de son père, dont le torse avait implosé dans ses bras, retomba lourdement au sol, qu’elle comprit que le mélange poisseux qui recouvrait sa mise en plis n’était autre que le sang de son paternel. Horrifiée et le regard fuyant, cherchant sans doute à se réveiller d’un terrible cauchemar, elle poussa un hurlement strident. Ses yeux finirent par capter la silhouette d’une jeune fille dans les gradins. La spectatrice, perfecto de cuir ouvert sur un t-shirt live and (especially) let die , brandissait une arbalète en joue. Alors que sa chevelure rasée sur le côté dévoilait une inscription tatouée « W-pyr Killer » , la longue mèche blanche, jusque-là coincée derrière son oreille, glissa devant son œil de visée. Elle expira vers le haut, dégageant ses cheveux immaculés le temps d’un regard perçant, alors qu’elle se redressait et posait nonchalamment l’arbalète sur son épaule. S’il eut été question d’une arme à feu, fumant après usage, elle l’aurait sans nul doute soufflée façon Calamity Jane. Devant elle, sur le rang précédent, un jeune garçon avec un léger problème de surpoids – et qui tentait d’aggraver celui-ci au moyen d’un hot-dog débordant de choucroute – luttait avec une bouchée avalée de travers, conséquence des déflagrations surprises. Ce ne fut que lorsque la snipeuse lui décolla les poumons en s’appuyant du pied sur son dos qu’il recracha la nourriture coincée. Sa sauveteuse, sans lui prêter attention, se désigna du pouce face caméras.
Et moi, je t’ai manquée ? »
Les temps changent

On se foutait vraiment de moi. Pas une ola, pas une quelconque effusion de joie, pas même le moindre applaudissement. N’importe lequel de ces singes savants de presque deux mètres passant le ballon dans cet arceau placé cinquante centimètres au-dessus de son bras se voit élevé au rang de demi-dieu par la foule, mais tu tires un carreau sur plus de vingt mètres pour cartonner un héros national de retour d’Iraq et pas une once d’admiration. Mais où va le monde, je vous le demande ?
― Vous vouliez peut-être que je lui mette une pomme sur la tête ?
Seuls les genoux de sa fille qui jouaient des castagnettes mimaient un semblant d’acclamations, les autres me regardaient d’un air médusé à l’exception du concierge Ramos. Ce dernier m’assassinait littéralement de ses yeux, qui voyaient rouge – rapport à l’énième flaque visqueuse recouvrant le parquet ciré du terrain de basketball. Je feignis d’accorder une quelconque importance à son futur labeur, lui lâchant une oups-face des grands jours. Comme si gratter les chewing-gums collés sous les pupitres était une tâche plus valorisante… De qui se moquait-il à la fin ?
Le discrédit jeté sur mon exploit atteignit son apogée quand les lumières s’éteignirent pour tenter de plonger dans l’obscurité la carcasse encore toute fraîche du très prématuré vétéran de guerre.
Du pied, j’écartai gras-double pour me frayer un passage.
― Allez, décale-toi ! J’ai sauvé leur fête, ils vont pas me faire passer pour la rabat-joie de service !
Je descendis les gradins en piétinant nonchalamment les affaires des spectateurs trop choqués pour penser à autre chose qu’à s’écarter comme des marionnettes. Les plus stupéfiés d’entre eux sursautaient à mes « bouh » appuyés, suffisamment menaçants – ou bien était-ce mon arbalète ? – pour les sortir de leur torpeur.
Arrivée s

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