Espion de l Étrange
166 pages
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Espion de l'Étrange , livre ebook

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Description

Dans le petit monde de la famille Dekk, il y a le père, Thomas, dissident tchèque réfugié en France après le Printemps de Prague. Il y a le fils, Karel, étudiant en Lettres à la Sorbonne.


Il y a la banlieue parisienne en proie à des apparitions monstrueuses, et l’Europe où services secrets et empires industriels s’affrontent pour le contrôle de la réalité.


Ajoutez un vaisseau alien de la taille d’une lune, une aberration topologique du réseau RER, une cité transmonde appelée Noireville et même le milieu des écrivains français de science-fiction et vous aurez une idée de ce qu’est Espion de l’étrange.

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Informations

Publié par
Date de parution 10 janvier 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782361831141
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Espion de l'étrange
Serge Lehman

© 2012-2020 Les Moutons électriques à l’exception de « Sur l’échine de la Grande Ourse » qui est © 2005 Librairie L’Atalante et reproduite avec leur permission
Conception Mérédith Debaque


Dans le petit monde de la famille Dekk, il y a le père, Thomas, dissident tchèque réfugié en France après le Printemps de Prague. Il y a le fils, Karel, étudiant en Lettres à la Sorbonne. Il y a la banlieue parisienne en proie à des apparitions monstrueuses, et l’Europe où services secrets et empires industriels s’affrontent pour le contrôle de la réalité.
Ajoutez un vaisseau alien de la taille d’une lune, une aberration topologique du réseau RER, une cité transmonde appelée Noireville et même le milieu des écrivains français de science-fiction, et vous aurez une idée de ce qu’est Espion de l’étrange.
Dans ce recueil qui rassemble deux romans et cinq nouvelles, Serge Lehman, le scénariste de La Brigade chimérique et de L’Homme gribouillé , revisite avec jubilation les sources de son écriture : le désir impossible d’être un auteur de pulp , l’amour pour les histoires de quatrième dimension et l’humour à la Métal Hurlant .
Au sommaire de cette intégrale : Dans la zone crépusculaire (Préface), Brève préface à la deuxième édition, Espion de l’Étrange, L’homme qui voulait sauver l’univers, Sur l’échine de la Grande Ourse, Collector, Le système Dogoudjiev, L’ange des profondeurs, Les notes-de-l’Étrange, L’homme aberrant (nouvelle bonus !)


Préface
Dans la zone crépusculaire
Les sept textes qui forment le cycle de l’Espion de l’Étrange sont nés d’un désir de conciliation. J’avais entre vingt-cinq et trente ans quand je les ai écrits. À ce moment-là, la science-fiction américaine me servait de culture monobloc et, dans la multitude de ses courants, il y en avait un que j’aimais plus que les autres : le récit à la Twilight Zone . C’est-à-dire la série télé connue chez nous sous le titre La Quatrième Dimension , mais aussi, de manière plus large, toutes les histoires baignant dans le même climat : action située dans le présent de l’auteur ; charme du décor (en particulier celui des petites villes américaines, comme chez Lovecraft ou dans Twin Peaks ) ; sentiment d’une présence à la fois colossale et impalpable cachée sous la surface des choses ; mélange de merveilleux, de terreur et d’humour ; astuces et chutes logiques, etc.
Je regrettais que ce courant n’ait pas d’équivalent français. Je le regrettais d’autant plus que la Grande-Bretagne, elle, semblait posséder une tradition du même genre avec des œuvres telles que Quatermass, Les Coucous de Midwich, Chapeau melon et bottes de cuir… Tradition toujours vivante aujourd’hui, comme le prouve Le Bureau des atrocités de Charles Stross.
Les Américains, passe encore. Mais pourquoi les Anglais et pas nous ?
Il ne s’agissait pas seulement de variété littéraire. C’était surtout une manière de voir le monde, d’enrichir le quotidien en le perfusant de mystère, comme un remède au désenchantement. Si j’avais été plus ouvert, j’aurais vu, en France, des points de comparaison avec le projet des surréalistes dans l’entre-deux-guerres, et surtout celui de leurs héritiers de l’Internationale situationniste. La psychogéographie dont ils furent les inventeurs vise précisément les effets énoncés ci-dessus, même si les moyens mis en œuvre sont différents.
Mais en 1990, je n’y connaissais rien ; j’étais un post-adolescent dans l’ivresse de ses débuts professionnels aux éditions Fleuve Noir. Après les deux premiers volumes d’un opéra de l’espace intitulé La Guerre des sept minutes, j’ai eu envie de faire une pause et je me suis mis en tête d’écrire un Twilight Zone français : Espion de l’Étrange.
Ce livre a eu un destin bizarre.
Accepté par Nicole Hibert en mars 1991, il a été publié six mois plus tard dans la collection Anticipation. Entretemps, une nouvelle direction éditoriale avait pris le pouvoir au Fleuve. Jugeant, si mes souvenirs sont bons, que l’ Espion « était une parodie autoréférentielle », la nouvelle équipe m’a fait savoir qu’elle me considérait comme persona non grata et que mes manuscrits ne seraient plus publiés, ni même lus. Peu après, d’autres auteurs ont subi le même sort, en particulier Roland C. Wagner (qui apparaît dans le roman).
Avec le recul, je pense que c’était surtout une façon de marquer les esprits et d’établir que l’autorité avait changé de main. Mais sur le moment, je me rappelle avoir vécu cette éviction de manière traumatisante ; je rêvais d’entrer au Fleuve depuis que j’étais gosse. Et puis, l’ Espion n’était pas une parodie. Aussi bien que je le pouvais, c’est-à-dire mal, j’avais essayé de concilier le projet de Twilight Zone français, l’utilisation massive de décors familiers, la banlieue sud où j’avais grandi, le réseau RER, le quartier Saint-Michel et la Sorbonne (j’étais encore étudiant), Montmartre où mon père habitait, et le milieu des auteurs que je commençais à découvrir.
Je pensais que les deux étaient liés ; c’est une chose difficile à expliquer. Dans la relation fantasmatique que j’entretenais avec la science-fiction, je percevais les écrivains comme des personnages de roman. Quand je lisais la saga des Futurians, ce club de fans regroupant Frederik Pohl, Cyril M. Kornbluth, Isaac Asimov et d’autres dans le New York des années 1940 ; ou bien les lettres que H. P. Lovecraft écrivait de Providence à Robert Howard et Robert Bloch ; ou bien le récit qu’Alfred Bester faisait de sa rencontre avec un John Campbell obsédé par la dianétique dans les locaux de Astounding Stories , j’éprouvais une euphorie qui ressemblait à celle que me procurait Twilight Zone. Le monde me semblait plus riche, plus habitable, plus amical et plus intéressant.
Je voulais vivre dans ce monde, tout simplement. J’étais français. Il fallait que j’utilise des décors français et que je mette en scène des auteurs français, dans la même histoire. Pour parfaire l’effet de réel, j’avais écrit mon roman à la première personne et utilisé le nom du narrateur, Karel Dekk, comme pseudonyme. Après tout, San-Antonio faisait la même chose.
Viré du Fleuve Noir, je ne pouvais ni conclure La Guerre des sept minutes, ni poursuivre l’ Espion que j’avais conçu comme une série ouverte. Je me suis rabattu sur la seule chose qui existait alors : les fanzines.
Au début des années 1990, l’édition spécialisée était en France dans un état catastrophique. Comme Métal Hurlant, beaucoup des grandes collections qui avaient marqué la décennie précédente s’étaient arrêtées et celles qui continuaient – J’ai Lu, « Présence du Futur » chez Denoël, « Ailleurs & Demain » chez Laffont – ne publiaient pratiquement plus d’auteurs français. La dernière revue, Fiction, née au début des années 1950, était morte en février 1990, le mois même où j’avais publié mon premier roman. Il n’y avait plus d’anthologies professionnelles. En dehors du Fleuve Noir, il n’y avait plus rien.
J’ai donc poursuivi l’ Espion dans les fanzines. C’était assez naturel, car une première nouvelle rattachée au cycle, « L’homme qui voulait sauver l’univers » , était parue en septembre 1991 dans Miniature, jolie revue amateur publiée par Francis Valéry ; je l’avais écrite en même temps que le roman.
En mai 1992, j’ai achevé une deuxième nouvelle, « Sur l’échine de la Grande Ourse » , aussitôt placée dans Planète à Vendre, qui était alors ce que le milieu produisait de plus grand public : un quasi-magazine, illustré, grand format, avec couverture couleur. Je ne sais pas combien de lecteurs achetaient Planète , mais c’était un effort louable.
Cela dit, le fanzine le plus connu s’appelait Yellow Submarine et il était publié à Lyon par André-François Ruaud. À la fin 1992, il voguait vers son numéro 100. Pour fêter cet anniversaire, j’ai écrit une troisième nouvelle, au titre approprié : « Collector 

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