Éva, Eugénie et Marguerite
281 pages
Français

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Éva, Eugénie et Marguerite , livre ebook

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Description

Tome 1
Entre 1910 et 1955, trois femmes issues de milieux différents habitent le village de Sainte-Élisabeth. Menant leur vie en parallèle, elles subissent l’influence de la toute puissante religion qui régissait tout jusqu’à la première moitié de ce siècle.
Éva, née en 1910 à l’île de Miscou au Nouveau-Brunswick, est donnée à une riche famille de la côte. Exploitée comme domestique, elle entrera chez les Trappistines. En compagnie de sa soeur, Éva fuira le monastère et s’établira à Sainte-Élisabeth où elle mariera un veuf afin d’assurer sa sécurité.
Eugénie, née en 1916 à Sorel, appartient à une famille à l’aise. Vivant avec une mère hautaine et froide, Eugénie trouve refuge dans la religion, la pratiquant à outrance. Mariée à un cultivateur de Sainte-Élisabeth, elle poursuivra sa quête religieuse, allant jusqu’à sacrifier l’avenir de son fils.
Marguerite, née en 1930 à Montréal, tel un papillon, est attirée par les boîtes de nuit et le plaisir facile. Elle payera un lourd tribut pour ses folles aventures. Naîtra Lili, une boiteuse que la société refuse d’accepter. Marguerite déménagera à Sainte-Élisabeth où elle formera une famille décriée par la société puriste.
Un homme, quêteux de son métier, bouleversera l’existence de ces femmes. Le curé du village, gardant les paroissiens sous sa coupe, s’octroie un rôle important dans le quotidien du magnifique village de Sainte-Élisabeth.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 juillet 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9782923447230
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ÉVA, EUGÉNIE ET MARGUERITE
DE LA MÊME AUTEURE

G ENS DU VOYAGE, UNE EXPÉRIENCE DE CARAVANING , RÉCIT , 2004

D ÉJÀ PARUS

                  L ILI , ROMAN

                  CHARLES , ROMAN
   É VA , E UGÉNIE ET M ARGUERITE     P REMIÉRE IMPRESSION : JUILLET 2006    D EUXIÉME IMPRESSION : FÉVRIER 2009

L’auteure tient à remercier Pierre Bélanger pour son aide généreuse et ses précieux conseils.

Page couverture Raymond Gallant
Infographie et mise en pages
Pyxis
Réviseur Nicolas Gallant, m.a.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Savignac, Lina, 1949-
Éva, Eugénie et Marguerite: roman
L’ouvrage complet comprend 3 v.
ISBN-13: 978-2-923447-05-6 (v. 1) ISBN-10: 2-923447-05-0 (v. 1)
I. Titre.
PS8637.A87E93 2006C843'.6C2006-941114-X PS9637.A87E93 2006
Dépôt légal
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2006 Bibliothèque nationale du Canada, 2006

Les Éditions la Caboche 5-115, boul. Yvon-L’Heureux Nord Belœil (Québec)    J3G 6L6 Téléphone: 450 714-4037 Télécopie: 450 714-4236 Courriel: info@editionslacaboche.com
Toute reproduction d’un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit est strictement interdite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.
À Léonie
Nées d’un rêve, Éva, Eugénie et Marguerite ont trouvé sur leur route un homme patient et attentif qui a su déployer un savoir-faire exceptionnel.
Merci Raymond
ÉVA
Elle venait de loin Éva; le coin de pays où elle a grandi à respirer l’air salin sentant bon le varech se limitait à la petite île perdue au nord du Nouveau-Brunswick.
En 1909, son père, un grand Jersiais, avait adopté Miscou comme terre d’accueil. Il faut dire qu’il connaissait déjà l’isolement qu’impose une île. L’odeur du large imprégnait sa peau et ses jeunes mains calleuses avaient remonté plus d’une ligne chargée de poissons. Comme son grand-père et son père, il était rompu aux durs labeurs de la pêche, mais Johnny avait des rêves bien à lui et voulait plus. Là-bas, loin vers le nord-est de l’Amérique, on discourait sur l’abondance de morues si grosses que jamais mémoire d’homme n’a souvenir. Dans ce coin de terre française, selon le dire des vieux, perdure l’espérance d’une vie meilleure, difficile certes, mais le sentiment de tout recommencer et de se tailler une vie à part grâce aux pêches miraculeuses le fait rêver.
Le sol natal et celui d’Amérique présentaient-ils une différence après tout? Entre les vents de la Manche et ceux du large golfe Saint-Laurent, une promesse soufflait. Les années d’avantguerre avaient été une dure période pour les Acadiens, peu d’entre eux possédaient des richesses au début du vingtième siècle. Leur seule ressource consistait en la force brute des bras fournie par les familles nombreuses. Le Canada mettait tout en œuvre pour inciter à l’occupation de nouvelles terres cultivables et la colonie du Dominion encourageait l’immigration des pionniers parlant anglais. Comme beaucoup d’autres, Johnny débarqua sur les terres fertiles de l’Acadie, au cœur même d’une population farouche et combative, défendant fièrement sa langue, son territoire et ses poissons.
Que l’Acadie est belle, accueillante et riche de sa culture française! Habitué à la rudesse de Jersey, Johnny est convaincu qu’au début sa vie comportera certaines difficultés et qu’il devra arracher sa part de bonheur à la mer, à la terre de roches et aux marais. Il n’en faut pas plus pour qu’il s’installe près de la mer et s’achète une barque suffisamment forte et grande pour prendre le large.
Les dimanches, son embarcation touche terre et Johnny va voir les filles de Lamèque, car femme il lui faut s’il veut s’implanter solidement dans ce coin de pays. Malaisé pour un homme de vivre seul. Le sang du Jersiais est vif et veut donner des fruits. L’Acadie regorge de femmes fortes, vaillantes et souvent belles comme l’aurore. Johnny s’endimanche pour aller voir Rose, sa promise. Il s’est débarrassé de l’odeur persistante du poisson, a ajusté son col de celluloïd et enfilé son pantalon le plus neuf. Rose l’attend patiemment sur le bord de la mer, vêtue de sa robe de coton garnie d’un petit col de dentelle crochetée, seule parure qu’elle se permet; ses cheveux relevés en chignon apportent la juste note d’élégance nécessaire pour séduire. Ses vieux souliers un peu avachis s’adaptent bien à la marche sur les cailloux de la grève. Son amoureux arrivera bientôt. Le cœur léger, Rose voit enfin poindre à l’horizon la voilure du bateau rouge. L’épaisse chevelure de Johnny, malmenée par le vent et par l’effort déployé à garder le cap, laisse entrevoir un homme passionné dont le rythme cardiaque s’active, car le galant sait fort bien que sa belle l’attend sur le rivage.
Peu d’expressions d’amour en ce temps-là: une éducation sévère ainsi que la religion musellent n’importe quelle ardeur. Pour une fille de dix-huit ans aussi jolie que Rose, sortir sans chaperon reste difficile. Les parents de la jeune fille lui font confiance et comptent sur elle pour se garder bien loin de toute tentation. Johnny, quant à lui, retient sa fougue avec toute la difficulté du monde. Leurs gestes et leurs baisers se veulent chastes comme la bonne société l’exige; jamais Rose n’accepterait d’écart de conduite sauvage. La belle invite le pêcheur à marcher le long de la grève, puis, timidement, ils s’entretiennent de leurs projets. Conscient que la petite cabane où vit Johnny s’avère trop exiguë, le jeune Jersiais se dépêchera à construire une maisonnette qui, aussitôt terminée, accueillera la perle de son cœur.
Dès l’aube, un lundi de novembre 1910, le curé de la petite église de Lamèque célèbre le mariage de l’immigré et de la délicate fleur du jardin des Leblanc.
La douce madame Johnny Thompson sort de l’église sous un ciel gris. Elle repousse bien loin derrière les présages de ce ciel avare. La vie promise par son époux sera belle et bonne. Dans sa barque rouge, le fier pêcheur ramène sa femme chez lui, à Miscou. Déjà, la petite maison au bord de la mer recueille les premiers soupirs si longtemps retenus des amants. La mariée a apporté son trousseau fait de rudes draps de lin et la courtepointe, cousue par ses sœurs, sert d’écrin à leurs amours. Peu importe les murs sans peinture, les rares meubles et le peu de raffinement de la maison, les promesses d’espoir, elles, sont bien réelles. Johnny lui murmure que les jours meilleurs viendront et Rose ne veut entendre que ce seul chant. La nouvelle mariée mettra un peu de gaieté dans la maison en ajoutant un bouquet de fleurs sauvages dans la cuisine rappelant la fraîcheur des prés salés. Les rideaux de cretonne capteront la lumière du jour et retiendront la noirceur hors des murs de bois rugueux. Avec les moyens qu’offre l’île, Rose accomplira des merveilles. À elle seule, l’odeur du pain cuit embaumera l’air ambiant et Johnny n’aura d’autre choix que d’y trouver le bonheur.
Le chant des sirènes annonce déjà à Rose une grossesse. Par un soir d’août, alors que la tempête rage, que la grève n’est que tourmente et que les déferlantes s’abattent sans ménagement sur le petit quai de Johnny, Rose met au monde une première fille. Seule et isolée sur cette île, elle subit les vagues de douleur et pousse le dernier cri, celui de la délivrance. Une mignonne petite brunette niche maintenant au creux de ses bras. Attendri et impuissant, Johnny regarde le bébé et passe son doigt rude sous le délicat petit menton. Cette fille de pêcheur se prénommera Éva; Éva pour contrer la rudesse de la mer ce soir-là ou tout simplement parce qu’une vie nouvelle commence avec elle.
La mer se fait généreuse, pourvu que Johnny se lève tôt et trime dur toute la journée. La tombée du jour le surprend à ravauder ses filets. Que ce soit sous un soleil de plomb, le vent ou l’orage, Johnny rapporte de quoi nourrir sa petite famille; le salaire, toutefois bien maigre, est de quelques cents pour une chaudiérée de poissons. Les Robin versent peu en espèces et de préférence, distribuent aux pêcheurs affamés des bons de ravitaillement

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