Exil
339 pages
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Description


La société de consommation a terminé d’épuiser l’humanité. Désormais la guerre civile fait rage à travers la planète. Pendant que les gouvernements tentent de préserver les infrastructures, seuls les plus riches tirent leur épingle du jeu : des dizaines d’années plus tôt, des précurseurs s’étaient lancés dans l’édification de gigantesques villes flottantes bâties pour fuir la misère et s’isoler au large. Les plus folles rumeurs circulent à leur sujet : technologie d’avant-garde, richesse totale, soins poussés à l’extrême, le tout dans un luxe et un confort absolus. On raconte également que leurs habitants sont éternellement jeunes.


Mais si ces forteresses pharaoniques sont réellement étrangères au malheur qui frappe la Terre, pourquoi a-t-on vu l’une d’entre elles mettre le cap sur l’Alaska ?


Surgie des brumes qui nimbent Resurrection Bay, une éco-cité jette l’ancre face à Seward. Cette arrivée inattendue attise les passions et réveille les convoitises : certains trouvent la proie bien trop tentante. L’occasion est unique.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 novembre 2018
Nombre de lectures 20
EAN13 9782374536248
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

PRÉSENTATION
La société de consommation a terminé d’épuiser l’humanité. Désormais la guerre civile fait rage à travers la planète. Pendant que les gouvernements tentent de préserver les infrastructures, seuls les plus riches tirent leur épingle du jeu : des dizaines d’années plus tôt, des précurseurs s’étaient lancés dans l’édification de gigantesques villes flottantes bâties pour fuir la misère et s’isoler au large. Les plus folles rumeurs circulent à leur sujet : technologie d’avant-garde, richesse totale, soins poussés à l’extrême, le tout dans un luxe et un confort absolus. On raconte également que leurs habitants sont éternellement jeunes.
Mais si ces forteresses pharaoniques sont réellement étrangères au malheur qui frappe la Terre, pourquoi a-t-on vu l’une d’entre elles mettre le cap sur l’Alaska ?
Surgie des brumes qui nimbent Resurrection Bay , une éco-cité jette l’ancre face à Seward. Cette arrivée inattendue attise les passions et réveille les convoitises : certains trouvent la proie bien trop tentante. L’occasion est unique.



Stéphane Desienne est établi sur les bords de la Loire, le dernier fleuve sauvage d’Europe, dit-on. Il est féru de science-fiction depuis son plus jeune âge, influencé par le côté obscur des technologies, l’exobiologie, les thèmes liés à la survie.
Puisque dans le futur, tout peut arriver, ce n’est pas le pire qui provoque la terreur, mais son anticipation.

Site Web de l'auteur



Bibliographie :

Romans
Toxic Saison 1, Gephyre Editions 2018 (1ere Edition Walrus Books, 2014).
Anneaux, Mirabelles et Macchabées , Nutty Sheep Editions, 2018.

Nouvelles
En immersion avec Bella Rush : août 2014, auto-édition numérique, dans le cadre du Ray Bradbury’s day.
Monaztère : février 2014, bonus pour Toxic l’intégrale & épisode 6, chez Walrus Books.
Hérésie Minéral e : décembre 2013, collection Micro chez Walrus Books.
Faces Cachées : mars 2013, AOC n° 28 chez Présence d’esprit.
Dealer d’iceberg : octobre 2012. 2e place au concours ENSTA Paris Tech 2012, chez Presses de l’ENSTA.
EXIL
INTÉGRALE Saison 1
Stéphane DESIENNE
ROMAN SF
Collection du Fou
UN NOUVEAU DÉPART
1
Des tempêtes homériques battaient régulièrement le Golfe d’Alaska, et la profonde entaille sur la côte portait bien son nom : Resurrection Bay . Car après avoir frôlé la mort de si près, ce havre était comme une sorte de renaissance : les naufragés redécouvraient la lumière, le calme. Ils revenaient à la vie.
James Dokes mâchonnait son bout de cigare, l’œil rivé sur la poupe du Molly Pen . Il avait connu son comptant de frayeurs, tutoyé la grande faucheuse au cours de l’une de ces colères dont l’océan avait le secret. Le chaudron glacé du Diable, racontait-il parfois, pour effrayer les recrues.
Son équipage remontait les casiers en acier, avec maîtrise et célérité. En dépit du froid mordant, les gestes demeuraient précis et parfaitement coordonnés. Les prises s’accumulaient sur la plage arrière et finissaient, après triage, dans une cuve de rétention où elles patientaient jusqu’à la vente. Avec les crises qui avaient laminé l’économie mondiale, la pêche au crabe rapportait beaucoup moins. L’industrie périclitait faute de capitaux, de bateaux, mais également de clients, de négociants et de consommateurs devenus aussi rares que certaines espèces de poissons. Dokes parvenait tout juste à payer le mazout – hors de prix en ces temps de pénurie généralisée – et ses hommes, en maintenant vaille que vaille son entreprise à flot.
Il se battait, contre le sort, la bise hurlante, le martèlement des vagues qui frappaient la coque ; il luttait au péril de sa vie pour conserver son travail, sa dignité. Penché sur le microphone, le marin annonça le changement de cap. Il restait encore un bord à tirer face au vent, et à lever plusieurs dizaines de ces casiers de huit cents livres que ses employés négociaient sur un pont aussi glissant qu’une patinoire.
Les nuages de brume rôdaient autour du navire qui gîta sur tribord pour enfiler sa dernière passe. La zone recelait des chausse-trappes, comme des rochers à fleur d’eau. Dokes connaissait tous les pièges de la baie. Il naviguait sans radar, en panne depuis des années. La faute à des pièces détachées trop chères. Il doutait même de leur disponibilité voire de l’existence du fabricant.
— Mike ! hurla-t-il par la fenêtre de la timonerie, magne-toi le cul, bordel ! On est dans le jus !
Le maître leva un pouce pour signifier qu’il avait bien reçu le message de son patron. Ils avaient dû remplacer l’une des bobines de la ligne de pont, ce qui avait entraîné un retard. Les hommes reprirent leur travail de bagnard, relevant les pots, libérant les crabes – certains spécimens dépassaient le mètre d’envergure –, tirant sur les câbles, sans relâche. Malgré l’effort, les visages souriaient : ils savaient que ce soir, ils dormiraient au chaud, dans leurs foyers auprès de leurs femmes.
Le métier avait changé, pensa Dokes. Les modestes navires encore en exploitation ne permettaient que des sorties de quelques jours et la pêche se pratiquait tout au long de l’année dans des conditions plus difficiles qu’à la grande époque où un matelot pouvait empocher cinquante mille dollars pour trois mois de campagne. Un temps béni, un temps de légende.
Le capitaine ralluma son cigare. Il ne perdit de vue qu’un instant les strates fumantes, ces rideaux blancs tirés en travers de la baie, qui stagnaient au ras des flots, pour attraper le cendrier. Lorsqu’il se releva, ses yeux s’écarquillèrent :
— Putain !
Le violent coup de barre surprit les pêcheurs. L’un d’eux tomba, déséquilibré par l’inclinaison soudaine du pont, manquant de passer par-dessus bord. Dans une eau à quelques degrés à peine au-dessus de zéro, les chances de survie se mesuraient en minutes. Son harnais le sauva. Le lien se tendit brutalement, le plaqua sur le sol.
La forme sombre, que Dokes devina gigantesque, se présenta par le travers. Elle avait surgi entre deux bancs de brume, et il se demanda comment il allait éviter la collision avec une montagne qui glissait sur une mer étale. En position sur arrière toute, les moteurs rugirent à pleine puissance pour freiner la course de son frêle esquif. Il serra les dents, sectionnant presque le cigare qui pendait de ses lèvres.
La coque du Léviathan défilait à quelques dizaines de mètres, son équipage indifférent au drame sur le point de se produire. Sa masse colossale écartait le brouillard à l’image d’un chasse-neige géant en train de repousser la poudreuse sur le bas-côté. Les pêcheurs réalisèrent la dangerosité de la situation et hurlèrent dans l’espoir d’avertir quelqu’un à bord de cette monstruosité. Un effort voué à l’échec.
Dokes se cramponna à la barre. Il ordonna à tous de se préparer au choc, les yeux aimantés par la muraille de métal vers laquelle il fonçait. Des années de labeur, une vie entière sur le point de se fracasser contre un roc que rien ne semblait en mesure d’arrêter. Il se sentit dans la peau d’un insecte en train de percuter une voiture lancée à vive allure. Une tache insignifiante éclatée sur un pare-brise géant. Le patron du Molly Pen serra les poings.
Le choc attendu ne survint pas.
L’embarcation lilliputienne redressa soudain sa course, comme poussée, écartée par un miracle ou une force invisible. Dokes aurait pu toucher ce titan des mers tellement il s’en trouvait proche. Durant un moment, ils voguèrent de conserve. Un silence de cathédrale s’installa à bord du Molly Pen . Pas longtemps. Le capitaine retrouva ses esprits et éloigna son navire non sans proférer une bordée de jurons à l’attention de ces malotrus. Il s’empara des jumelles.
Entre deux volutes blanches, il l’aperçut.
La coque haute de dix étages au moins était parcourue de passerelles et de plateformes métalliques. Il arrêta son balayage. Sur l’une d’elles, une femme regardait dans sa direction. Sa chevelure amazone ondoyait à la manière d’une oriflamme claquant au vent ; elle lui adressa un signe de la main. Dokes cligna des yeux : lui avait-elle souri également ? L’instant d’après, elle avait disparu. Il crut à un mirage.
— Bon Dieu ! Qu’est-ce que c’est que ça ? marmonna-t-il.
Une fois en sécurité, l’équipage prit la mesure de la taille du vaisseau, qui lui, ne relevait pas de l’hallucination. Il était réel, immense, bien plus qu’un de ces pétroliers géants du passé. Chacun réalisa alors ce qu’il devait à la chance. Sauf Dokes.
Il avait le sentiment que la bonne fortune n’avait rien à voir dans ce miracle. La femme sur la passerelle en revanche… Il revit son sourire : comment avait-elle fait pour les sauver ?
2
An all american road , une destination en elle-même. C’était ainsi que, naguère, l’on présentait aux touristes la route qui reliait Anchorage à Seward, un cordon ombilical fragile et tout juste praticable en hiver. Emily Redwild ne l’avait pas empruntée depuis des lustres et si les réflexes revenaient très vite, la prudence restait de mise. Même en été. Les animaux improvisaient leurs traversées sans crier gare, provoquant parfois des accidents mortels. Elle abaissa la vitre.
Le sifflement discret de la turbine mue par la pile à combustible lui parvint comme un murmure à peine couvert par le son des pneumatiques sur le revêtement craquelé. L’asphalte souffrait du manque d’entretien. L’accumulation des nids-de-poule nécessitait une conduite alerte.
Elle croisait de rares stations-service à l’abandon, quelques bourgades vidées de leurs habitants, des maisons délabrées devant lesquelles rouillaient des carcasses de véhicules, en s’enfonçant au cœur d’une région victime de l’exode, d’une récession qui avait déprimé la planète. Heureusement, se dit-elle, le paysage demeurait à peu près fidèle à ses souvenirs, même si de nombreux stigmates signalaient les effets du changement climatique. Les glaciers avaient reculé, les chapeaux de neige autrefois généreux avaient à présent des allures de kippa. La forêt s’étendait de part et d’autre du ruban de bitume,

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