Fluide Glacial, Gotlib... et moi
173 pages
Français

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Fluide Glacial, Gotlib... et moi , livre ebook

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173 pages
Français

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Description

Gotlib et Jacques Diament, amis depuis leur plus tendre enfance ont fondé en 1975 le magazine d'humour en bandes dessinées Fluide Glacial. Jacques Diament, ex-directeur de publication raconte dans cet ouvrage, cette aventure épique. Voici l'histoire des vingt premières années de Fluide Glacial, avec leurs évènements marquants et leurs péripéties savoureuses. Ce récit est celui d'un participant directement impliqué et heureux d'avoir réussi durant vingt ans, à s'amuser en faisant rire et sous-rire plusieurs générations.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2011
Nombre de lectures 338
EAN13 9782296448117
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Fluide Glacial, Gotlib… et moi
© L’Harmattan,
2010 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN: 978-2-296-13252-8
EAN: 9782296132528
Du même auteur chez l’Harmattan :
Les « Cafés de Philosophie »
Une forme inédite de socialisation par la philosophie
AVERTISSEMENT
Attention, cet ouvrage est sérieux mais pas grave. Ou alors, grave mais pas sérieux. C’est comme vous voudrez.
Gotlib et moi, amis depuis notre plus tendre enfance -ce qui remonte assez loin déjà -avons fondé en 1975 le magazine d’humour en bandes dessinées Fluide Glacial, aujourd’hui seul survivant d’une pléiade de publications de bandes dessinées qui avaient vu le jour à cette époque.
Et on m’a demandé, en tant qu’ex-directeur de publication, de raconter cette aventure épique.
Voici donc l’histoire des vingt premières années de Fluide Glacial, avec leurs évènements marquants et leurs péripéties savoureuses (la seule lecture du sommaire page suivante est assez édifiante), depuis sa naissance, jusqu’en 1996 où j’ai pris ma retraite.
Ce récit n’est pas celui d’un historien ni d’un biographe, mais celui d’un participant directement impliqué et heureux d’avoir réussi les vingt dernières années de sa vie professionnelle en faisant rire et sous-rire plusieurs générations de lecteurs (trices).
J’ai la racontouse qui m’étrangle la glotte
… J’en ai tout de même un bout à dégoiser.

Raymond Queneau Zazie dans le métro.
I – LA GENÈSE
« Si tu avais eu Jacques avec toi, ça ne se serait pas passé comme ça ». Et voilà comment l’histoire de Fluide Glacial a commencé.
Il était une fois, un dimanche de 1974 où Gotlib (Marcel pour les intimes) et Claudie, sa tendre épouse, étaient venus déjeuner à la maison. Gotlib me racontait les problèmes de gestion dans lesquels il se débattait avec L’Echo des Savanes qu’ils avaient créé, Brétécher, Mandryka et lui, et dont il avait accepté d’être gérant à l’époque.
Là, il me parait nécessaire de revenir un peu en arrière, de 60 ans à peine. Gotlib et moi avons fait connaissance à la rentrée des classes en 3 e  de collège, le lundi 2 octobre 1950. En ces temps reculés la rentrée des classes était fixée au 1 er  octobre et comme cette année-là le 1 er tombait un dimanche, nous rentrâmes (eh oui, le passé simple existe, pourquoi s’en priver ?), donc nous rentrâmes le lendemain lundi.
Par ailleurs, en ces mêmes temps reculés, c’est-à-dire cinq ans après la fin de la deuxième guerre mondiale, la crise du logement sévissait plus durement qu’aujourd’hui car les immeubles détruits par les bombardements n’avaient pas encore été reconstruits. Et donc, les gens qui avaient un logement n’en bougeaient pas. La conséquence en était que dans ce petit cours complémentaire (c’est ainsi qu’on appelait les collèges à l’époque) qui ne comptait que quatre classes de vingt cinq élèves, la nôtre n’avait pas vu arriver un seul nouveau depuis que j’étais entré en sixième, trois ans auparavant.
Or ce lundi-là je suis accueilli à mon arrivée par une rumeur extraordinaire : « Y a un nouveau ! » et j’aperçois effectivement à l’entrée de la cour, un garçon appuyé contre le mur, le cartable entre les jambes. C’était Gotlib, qui est donc entré dans ma vie sous une forme éminemment évènementielle.
Nous étions tous les deux bons élèves et avons été les deux premiers de la classe durant toute l’année. Nous partagions donc, au premier rang, le même pupitre à deux places. Ce qui crée une certaine complicité.
Surtout que nous étions complémentaires. Lui, introverti, finement spirituel (l’humoriste était déjà là) et moi, totalement extraverti, « élève intelligent mais trop bavard »écrivaient les profs sur mon livret, aimant rigoler, nanti d’un perpétuel zéro de conduite et de nombreux stages dans le couloir, à la porte de la classe.
Nous avons donc passé, en fin d’année, le BEPC (aujourd’hui le Brevet des Collèges) haut la main et les doigts dans le nez (cela demande effectivement une certaine dextérité) et comme nous avions besoin, l’un et l’autre, de gagner immédiatement notre pain quotidien, nous avons abandonné nos brillantes études pour aller travailler, lui dans un bureau, puis un studio de BD, moi apprenti, puis ouvrier, puis employé, puis cadre de direction dans les grands magasins. Mais nous n’avons pas cessé de nous voir et, de copains, nous sommes devenus amis puis, au fil des ans, amis intimes.
Durant les deux ans et demi du service militaire que nous avons effectué chacun de son côté, nous n’avons cessé d’échanger un abondant courrier et je me demande même si je n’ai pas, quelque part, une pile des lettres qu’il m’adressait, émaillées de dessins rigolards (ce n’était pas encore de la BD mais…).
Il était mon témoin lorsque je me suis marié ; il est le parrain de ma fille, nous nous sommes aidés à tour de rôle dans les moments difficiles.
Nous avons même fait œuvre commune lorsque, à mon retour du service militaire, fin 1958, il m’a trouvé un job aux Editions Lito (suédoises), où j’écrivais des textes français sur des albums illustrés pour enfants, dont les textes en suédois m’étaient totalement incompréhensibles. J’avais alors proposé à l’éditeur des histoires en vers de mirliton, à chanter sur l’air de chansons enfantines connues, J’ai du bon tabac ou La Mère Michel, etc. L’idée a été acceptée et une douzaine d’albums ont été publiés, bien sûr illustrés par Gotlib. Bref, nous ne nous sommes pas perdus de vue depuis 60 ans.
Nous revoici donc en ce fameux dimanche de 1974 où Gotlib me fait part de ses problèmes avec l’Echo des Savanes. C’est alors que Claudie lui adresse cette remarque qui est à l’origine de tout : « Si Jacques (c’est moi) avait été avec toi, tu n’en serais pas là ».
Vous avez remarqué j’espère (et si vous n’avez pas remarqué je vous le fais remarquer) que cette phrase est un peu différente de celle que j’ai écrite au début de ce chapitre. C’est parce que, si je suis bien certain du sens de ce qu’elle a dit, je ne me rappelle pas exactement les mots que Claudie a utilisés. Et comme je veux être honnête, j’ai employé à dessein des mots différents pour que cette phrase historique ne puisse pas être gravée dans le marbre.
Et la réaction de mon épouse a été immédiate : « Jacques n’a qu’un seul ami. C’est Marcel. Et il risquerait de le perdre en se mettant à travailler avec lui. Alors il vaut mieux pas… »
A partir de là, Gotlib ayant trouvé l’idée de ma collaboration très intéressante, m’a proposé d’apporter mes talents de gestionnaire à l’Echo des Savanes. Je lui ai rappelé que j’avais une femme et un enfant à nourrir et que, n’ayant pas un tempérament d’aventurier, je préférais garder mon emploi, bien que ce dernier fût particulièrement inintéressant et sans avenir. Mais au moins j’avais un salaire garanti à la fin du mois. Il m’a alors demandé de, au moins, jeter un œil sur la situation de l’Echo. J’ai accepté de jeter cet œil que j’ai récupéré vite fait en constatant que cette société était au bord de la faillite, à l’insu bien sûr de ses fondateurs.
Évidemment les talents de dessinateurs-humoristes de Gotlib, Brétécher et Mandryka ne leur étaient d’aucun secours pour gérer une société de presse et ils s’étaient fait gruger par tous leurs partenaires commerciaux sans que leur bonne foi puisse être mise en doute. Mais il n’était pas question que je pose un pied dans ce bourbier. J’ai même demandé à Gotlib, s’il préférait, en tant que gérant, que je lui apporte des sandwichs ou des oranges au cas, très improbable quand même, où j’aurais à lui rendre visite en prison.
Il m’a alors proposé, après qu’il aurait démissionné de L’Echo, de créer un autre journal avec moi. Et il a mis six mois de longues conversations chaque soir au téléphone, à me convaincre de me lancer dans cette aventure. Mon travail devenant de moins en moins intéressant et de plus en plus sans avenir, j’ai fini par accepter de courir le risque et de faire le grand saut.
L’acte de naissance de Fluide Glacial était en passe d’être signé. Je n’avais plus qu’à donner ma démission à mon employeur qui eut la bonne idée de refuser de me laisser partir tout de suite en m’obligeant à effectuer mes trois mois de préavis, ce qui m’a per

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