L empêcheur
266 pages
Français

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L'empêcheur , livre ebook

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Description

Une organisation sans nom et sans appartenance d’aucune sorte, ni politique, ni militaire, ni religieuse, garde un secret depuis deux mille ans et se refuse à le révéler à l’humanité. Ce secret, elle le garde dans un laboratoire au sous-sol d’un manoir entouré de grilles infranchissables. Ce secret est très troublant car c’est en fait un être vivant. Il vit dans une sorte de coma.
L’empêcheur, premier roman de Sinclair Dumontais publié chez Stanké en 2004, est enfin disponible en numérique. Neuf ans plus tard, donc… ce qui n’enlève rien à la portée symbolique de ce roman qui fait de la foi un phénomème superflu.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 septembre 2013
Nombre de lectures 13
EAN13 9782923916620
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’EMPÊCH
EU
R
SINCLAIR DUMONTAIS
© ÉLP éditeur, 2013 www.elpediteur.com elpediteur@yahoo.ca
ISBN978-2-923916-62-0
Image de la couverture : Luc Hallé
Polices libres de droit utilisées pour la composition : Linux Libertine et Libération Sans
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ÉLP éditeur est une maison d'édition 100% numérique fondée au printemps 2010. Immatriculée au Québec (Canada), ÉLP a toutefois une vocation transatlantique: ses auteurs comme les membres de son comité éditorial proviennent de toute la Fran-cophonie. Pour toute question ou commentaire concernant cet ouvrage, n'hésitez pas à écrire à : elpediteur@yahoo.ca
À Bruno, qui lisait Nietzsche et Dostoïevski, assis au volant de son taxi, en attendant le prochain client
PREMIÈRE PARTIE
1
Il est aux environs de dix-sept heures. On frappe à la porte. Je dépose ma clarinette sur mon lit, puis je vais ouvrir. Il y a deux personnes, deux hommes que je ne connais pas.
« Monsieur Bastien ? »
Depuis la mort de ma mère, il y a deux monsieur Bastien à la maison. Je vis avec mon père. Il n’est pas très vieux mais il a presque tout perdu de son autonomie. Physiquement, il n’a rien perdu. Il pourrait encore faire du vélo, c’est certain. Mais depuis qu’il a perdu sa femme, c’est comme s’il avait perdu son dernier emploi. Plus rien ne l’intéresse. Il ne sort plus, il se laisse vivre. Je l’ai pris à la maison pour essayer de ralentir sa chute. Je ne peux rien faire de plus. Je le distrais un peu en lui racontant mes journées, le soir quand je reviens du musée, même si je sais
que ça ne l’intéresse pas, et le samedi je l’emmène avec moi quand j’ai des achats à faire. Ça lui permet de prendre un peu d’air et de voir du monde. Je lui achète une pâtisserie et il est content. C’est sa sortie de la semaine.
Comme j’écoute beaucoup la radio, il est moins coupé du monde. Il est bien obligé de l’entendre. S’il vivait seul, je ne suis pas certain qu’il l’écouterait. Il resterait assis sur une chaise, à ne rien faire. Par contre je n’ai plus de télé. Elle est cassée. De toute façon il ne la regardait pas. Même que chaque fois que je l’allumais il changeait de pièce. Il allait dans sa chambre. Il disait que ça l’étourdissait, toutes ces images qui défilent, que c’était trop rapide, qu’on n’avait jamais le temps de vraiment comprendre ce qui se passe. Surtout à l’heure des informations, où les images font le tour du monde en quinze minutes en ne restant jamais plus de quatre ou cinq secondes au même endroit.
Je demande à quel monsieur Bastien ils veulent parler parce qu’en ce moment mon père est chez ma cousine. Elle l’a pris pour deux jours.
« Rémi Bastien. Né le 12 février 1962. Paléontologiste. Conservateur au Musée d’histoire naturelle. Fils de Robert Bastien et de Véronique Chablis. Célibataire. C’est vous ? »
Sinclair Dumontais –L’empêcheur/ 7
C’est moi. C’est même très précisément moi. Je leur demande qui ils sont et ce qu’ils veulent. « Vous venez avec nous. Prenez des vêtements dans une valise, puis écrivez un mot à votre père. Vous avez cinq minutes. Vous ne reviendrez pas. »
Je leur demande ce qui se passe. S’ils sont de la police. Et pourquoi il faudrait que je vienne avec eux.
« Vous le saurez plus tard. Dépêchez-vous s’il vous plaît. »
Ils n’ont pas l’air de policiers. En fait ils n’ont l’air de rien. Je leur demande à nouveau de me dire qui ils sont. C’est légitime : on ne suit pas n’importe qui sans savoir pourquoi, simplement parce qu’on vous le demande. « Vous saurez plus tard. Dépêchez-vous monsieur Bastien. » C’est dit sans aucune violence mais d’un ton ferme et avec un regard qui ne laisse pas le choix. Je comprends que ça ne sert à rien d’insister davantage, qu’ils ne répondront pas à mes questions et que si je refuse, ils vont employer la force. Ils sont deux, ils sont costauds et ils ne rient pas.
Je ne ris pas non plus. Je n’aime pas ça. Mais je me résigne car ce n’est pas avec eux qu’il faut argumenter. Ça ne servirait à rien : ils ont reçu l’ordre de venir me
Sinclair Dumontais –L’empêcheur/ 8
chercher, de m’emmener avec eux. Je vais les suivre. On corrigera l’erreur plus tard.
Je prends ma valise. Elle est toujours près de la porte car mon travail m’oblige souvent à quitter la maison pour quelques jours. Sept ou huit fois par année, en fait. J’y plonge quelques chemises, des pantalons, des sous-vêtements, une veste, enfin l’essentiel. On me dit de ne pas prendre d’accessoires de toilette, que là-bas j’aurai tout ce qu’il faut. C’est possible mais moi j’ai une brosse à dents spéciale. En fait elle n’a rien de spécial mais j’ai mis cinq ans à en trouver une qui me plaise vraiment. Le manche est un peu courbé, elle vient d’Italie. Je préfère l’apporter.
« Allez, dépêchez-vous. » Je ne me dépêche pas. C’est à peu près la seule chose que je puisse faire en guise de protestation. Je prends un bout de papier qui traîne sur la table et j’écris à mon père que j’ai dû partir d’urgence. J’invente quelque chose de plausible, pour ne pas l’inquiéter : on est venu me chercher à la maison pour remplacer un collègue tombé malade en mission de recherche à l’étranger. Je lui dis de retourner chez sa nièce pour deux ou trois semaines et de ne pas s’inquiéter. Ma cousine non plus ne devrait pas s’inquiéter
Sinclair Dumontais –L’empêcheur/ 9
car c’est déjà arrivé. C’était il y a trois ans et mon absence avait duré plusieurs semaines. On m’avait demandé de remplacer un collègue pour quelques jours au musée de Détroit mais j’y étais finalement resté plus d’un mois.
Un des deux hommes vient lire ce que j’ai écrit. Il met le bout de papier dans sa poche.
« Je vous ai dit que vous ne reviendriez jamais. Recommencez. Écrivez-lui que vous êtes parti pour plusieurs mois. Pour la mission de recherche, c’est bon. Ça va aller. »
Je ne peux pas lui écrire que je pars pour plusieurs mois car ça ne tient pas debout. Il ne le croira pas. Des absences aussi longues, ça se prépare. On ne vous dit pas ça le jour même de votre départ. « Écrivez ce que je vous dis d’écrire, monsieur Bastien. » Je trouve un autre bout de papier et je recommence. En bougonnant un peu, bien sûr, parce que c’est ridicule. Je lui écris qu’on est venu me chercher d’urgence pour remplacer un collègue tombé malade en mission de recherche à l’étranger et que ça pourrait être long. Peut-être plusieurs mois. Et de retourner chez sa nièce, etc.
Le monsieur lit la nouvelle version.
Sinclair Dumontais –L’empêcheur/ 10
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