L Oeil du Serpent
307 pages
Français

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L'Oeil du Serpent , livre ebook

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Description

Sinner voit sa vie basculer quand sa femme disparaît dans le ventre d’un serpent géant. Sa vie, et donc le roman, devra jusqu’à sa fin, se décliner en la rencontre avec les différentes formes du visage du Mal. Ainsi, comme avalé lui aussi par un Serpent, il va perdre progressivement son prénom, son œil, son nom, puis son humanité, en luttant désespérément contre son ennemi. « L’œil », à travers le destin de son héros qui risque de tout perdre, visite quatre genres littéraires : le roman fantastique et d’aventures, la chronique sentimentale, le roman policier, et pour finir, le roman de « post Apocalypse ».

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 février 2018
Nombre de lectures 3
EAN13 9782312057811
Langue Français

Extrait

L’Œil du Serpent
Sylvain Bihoreau
L’Œil du Serpent
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2018
ISBN : 978-2-312-05781-1
Avant - propos
« L’Œil du Serpent » est un roman qui se lit en quatre parties. Il suit ainsi le trajet d’un homme, Sinner , depuis sa jeunesse jusqu’à sa fin. Le personnage, récurrent, voit sa vie chavirer lorsqu’il assiste à l’assassinat de sa femme, dévorée par un python géant. Désormais il devra faire face, croit-il, à la figure du Serpent qui reviendra à sa rencontre sous différents visages ; rencontres qui modifieront sa nature au point de faire de lui ce Serpent qu’il cherche à anéantir. Les quatre parties peuvent aussi se lire comme autant de nouvelles autonomes. Peut -être le roman, nimbé d’un léger voile humoristique et protecteur, est-il aussi un roman d’amour qui n’ose afficher son nom.
La première partie, « Le Roi - Python » est un roman d’aventures africain. Le personnage, réchappant de peu à la folie, obtient sa vengeance au prix de changer sa propre nature. Et devenir lui-même celui qu’il traque, « le Roi - Python ». La Nouvelle , me semble-t-il, respecte les codes du roman d’aventures avec concessions au Romanesque , grands sentiments, action et paysages.
La seconde partie, « Le Maître des Soupirs » est une sorte de fabliau médiéval qui transporte son lecteur au château de Gavaudun ( Lot -et- Garonne ). Il s’agit ici d’un conte initiatique et léger qui prétend au marivaudage sur fond d’enquête archéologique. Mais le Mal rôde toujours, comme il sait le faire. Notre personnage, ici dans l’ombre et tapis derrière ses murs, attend désespérément ce successeur à qui confier les clés de sa Tour imprenable.
La troisième partie, « Un Tueur et un Voyeur pour un œil de cinéma » se prétend nouvelle policière, à intrigue et enquête. Le tout dans un Paris sous octobre, sous la pluie, et autour du milieu du Cinéma . Avec poursuite, suspens, huis clos, Méchant , sacrifice… Notre personnage devient flic et protecteur mais aura vite besoin de sa protégée pour sa propre protection. D’ailleurs, pas si héros que ça, il sombre dans la solitude et la noirceur de celui qui ne peut comprendre les femmes depuis qu’il a perdu la sienne. Il va en outre perdre aussi la moitié de son sens préféré.
La quatrième partie, « Deux jumelles pour un Borgne », est bien une fin. Notre homme, ou du moins ce qu’il en reste après avoir perdu dans les parties précédentes, sa femme, sa jeunesse, son prénom, son œil, y perd jusqu’à son nom. Il est vieux. Ici c’est d’un roman « d’après Apo », d’après la Vague , dont il est question. Notre homme se retrouve coincé et questionné dans un Blockhaus , cerné par une horde. Qui est le Sauvage , qui est l’Homme ? D’autant qu’il a donné asile à deux jumelles qui sont peut-être un habile Cheval de Troie … La Nouvelle , semble-t-il, lorgne, légèrement je l’espère, du côté des vieux mythes.
Sylvain Bihoreau .
P REMIÈRE PARTIE : Le Roi-Python
Chapitre I
1978, région des Monts Bleus, Afrique équatoriale.
Elle revenait à elle et de loin. Avec la vue revint la vie mais le tout avec incertitude. Elle se regarda donc, elle d’abord. Des liens courts et rugueux attachaient son corps par les chevilles et les poignets à deux longs pieux fichés en terre africaine. L’ombre de l’ensemble renseignait la jeune femme. Son corps faisait le martyr sur une croix de Saint-André. A quelques mètres en face, face au soleil qui commençait son déclin, elle identifia vite son mari, fiché en terre selon le même supplice. La tête penchée et immobile de l’homme témoignait de son inconscience. Sa nudité d’homme lui révéla sa nudité de femme. Elle était nue, en plus. Une question brûlante interrogea en urgence autant ses souvenirs confus que son corps meurtri. Elle souffrait de la nuque, d’un coup violent sans doute, mais aucune douleur ne parvenait de son intérieur de femme. Soulagée que le viol n’eût pas préludé à la crucifixion, elle s’attacha à considérer l’homme, son mari, à travers les brèches des mèches collées par la sueur qui entaillaient son regard. Elle tenta de crier son prénom. Le cri s’échoua en un murmure inaudible. Elle souffla pour chasser ses cheveux qui faisaient écran à sa vue, regarda ses pieds dont la peau tendre du « dessus » (c’est ainsi qu’elle se représentait le coup de pied) s’enroulait en débris roses et brûlés. La voix étant partie la douleur s’extrait en sanglots brefs à demi étranglés. Des grimaces de rage accompagnèrent de soudaines contorsions de refus. Elle était, littéralement, en cloque. Tout son corps. L’image et les mots qui l’animaient la firent rire à haute voix sous l’effet d’un délire fugace. La voix était enfin libre. Son regard voilé de débris de mèches désormais désunies s’attarda à nouveau sur le corps de l’homme. Mat de peau et brun de nature, il parvenait, dans l’inconscience, à s’épargner les brûlures. Elle l’aimait et l’admirait. Elle admira, oui, encore, ici et maintenant, tout à loisir de son attachement, les longs muscles fins et saillants du corps supplicié dont la posture exaltait l’évidence. Elle vit là son homme à elle, sa moitié et son double, sa création plus que sa créature. Il lui vouait un tel amour enfantin qu’elle n’avait jamais su répondre. Malgré tous ses atouts, tous ses beaux muscles, tout ce beau, long, gros sexe, tout cet amour, l’homme était resté aux portes de son bonheur. Elle s’arrêta sur le long sexe incurvé, presque enroulé, dont la tête basse la renvoyant à leur souffrance intime n’avait jamais réussi à la satisfaire, à l’amener jusqu’au plaisir de l’oubli, jusqu’à la jouissance. (Elle pouvait utiliser ce gras mot si pratique qu’elle détestait, puisque Ulysse dormait…) Et peu à peu chaque rapport d’amour, de douleur-douceur silencieuses mais brûlantes, chaque « échange de fluide » (minimisait-il dans sa langue à lui) laissait le couple au bord d’une petite tombe destinée à se creuser chaque jour. Il devait lui manquer quelque chose pour échouer là où avaient réussi d’autres moins gâtés par la nature. Leurs croix venaient d’un long chemin. D’habitude on voyait un homme porter sa croix et non l’inverse, songea-t-elle, l’œil mauvais sous la mèche.
Elle douta soudainement que le soleil fût l’unique exécuteur convoqué à leur supplice en duo. Pour l’heure il était brûlure et brouillard. Il brillait trop aussi. Elle lui souhaitait la mort la plus précoce possible. Pas avant une heure, environ. Le gros brûleur africain essaimait en une constellation dansante de comètes rouges et noires qui perforaient ses yeux pour exploser tout au fond de son crâne en houles de douleurs incessantes. Ces dards de feu et de lumière avaient asséché dans ses yeux le bain de larmes. La femme n’avait plus d’eau en elle, que du rouge.
Retour du regard et des pensées sur l’homme en croix. Le soleil décadent descendait désormais derrière la croix, masquant à demi la source de lumière qui survivait en nimbe de rayons floutant la silhouette crucifiée. Les traits du mari restaient invisibles, comme ceux d’un homme incomplet, dissimulés sous une ombre salutaire qui finissait par manger lentement la jeune femme et sa croix. Le couple demeurait dans le même axe d’ombre et de lumière. Elle n’avait toujours ni crié ni murmuré son nom. A quoi bon puisque l’inconscience (elle refusait d’envisager la mort d’un être si admirable…) le rendait sourd à l’appel de sa femme. Le silence de l’homme était une absence, un départ plutôt, songea-t-elle, et la femme se sentit seule. Pourvu qu’il ne fuit pas… Elle avait d’abord eu mal, beaucoup de mal, puis peur, puis chaud. Maintenant, la soif, après avoir rampé insidieusement, imposait la tyrannie brutale de son évidence, par l’effacement, aux autres agressions. Elle avait soif, elle était soif. Pour conjurer un tel maléfice, dans la simplicité régressive où l’enfermait son supplice, des sentiments vagabonds l’emportèrent de peu sur ses sens pour fabriquer un divertissement. Elle ne savait plus vers quelle espérance se retourner ni quels maux panser. Elle fixa l’homme-croix planté devant elle, Ulysse, son homme évanoui, attaché, absent, en bois, nu. Enfui. Salaud !
La fe

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