L universalité de la culture
342 pages
Français

L'universalité de la culture , livre ebook

-

342 pages
Français

Description

Ce livre écrit en trois langues (français, anglais, yemba) tente de relever un défi inédit qui peut se décliner en trois étapes : établir un listing thématique des proverbes camerounais ; offrir ces proverbes dans leur consistance brute, en yemba ; chercher enfin les équivalents de ces proverbes non seulement en français et en anglais, mais aussi dans les autres aires culturelles et civilisationnelles de par le monde.


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Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2009
Nombre de lectures 164
EAN13 9782296242869
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Universalité de lacultureJean-PierreFogui
L'Universalité de laculture
La preuve par les proverbes
L'HarmattanDUMÊMEAUTEUR
Vers leMontCameroun (encollaborationavecJosephCharlesDoumba),
ÉditionsABC,Paris, 1982.
L’intégration politique au Cameroun: une analyse centre-périphérie,
Librairie générale deDroit et deJurisprudence,Paris, 1990.
Demain… (recueil de poèmes), éditionsSOPECAM,Yaoundé, 1991.
Plaidoyer pour l’unité,Éditions de laRenaissance,Yaoundé, 1994.
Plaidoyer pour notre culture, Éditions de la Renaissance, Yaoundé,
1995.
©L’Harmattan, 2009
5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN: 978-2-296-10544-7
EAN: 9782296105447Je dédiece livre :
t auPeupleBafou vis-à-vis de qui j'ai une grande dette morale pour
laconfiance qu'ila placée en moi :
d en me désignant comme son porte-parole lors des plus
grandes cérémonies que notre Groupement ait connues:
l'installation duChefSupérieur,S.M.DocteurPaulKana,
en mars 1990 ; lors de ses obsèques en avril 1994 ; enfin
lors de la sortie de Lah-a Nkeum de son successeur, S.M.
VictorKanaIII, en janvier 1995 ;
d en me portant à la Présidence de laCommission "Cultur e
et Traditions" au sein des "Forces Vives Bafou", et ce,
malgré mon parcoursacadémique et professionnel qui m'a
longtemps tenu éloigné de notre terroir, et parfois même
de notrePays ;
d enme conférant le titre de Fô Nkong-ni, c'est-à-dire le
Chef qui lutte pour le triomphe de l'amour et de la
concorde ;
t à la Jeunesse Bafou, pour qu'elle ne laisse plus jamais l'herbe
repousser sur le sentier que j'ai essayé de déblayer dansce livre ;
t à laPrincesseMèfoguiDongmoAstia, pour toutce qu'elle nous
aapporté encetteAnnée de grâce 2009…«C'est par notre langue que nous existons (…)
Cette langue transmise par ma mère est monâme »
(MatoubLounès).
Introduction
«Le proverbe est l'esprit d'un seul et la sagesse
de tous » (JohnRussel).
«Le proverbe est lecheval.Quand la parole se
perd, c'est par les proverbes qu'on la retrouve »
(AmadouKourouma ).
L'idée d'écrire ce livre m'est venue d'un constat amer: celui du recul
de nos langues nationales au profit du Français et/ou de l'Anglais. J'ai
senti venir le danger depuis longtemps, mais je ne savais pas exactement
par quel bout prendre ce problème épineux qui est en fait celui de la
sauvegarde de notre héritageculturel.
La situation est plus grave qu'on ne le pense, et ce n'est pas le
Directeur Général de l'UNESCO qui me démentirait, lui quia lancé dès
la fin des années 1990 ce pathétique cri d'alarme: si on ne fait pas
attention, la moitié des 6 000 langues parlées de par le monde ne
1franchiront pas le seuil du Troisième Millénaire . Malgré cette réalité,
j'ai entendu un linguiste camerounais persifler un jour devant un groupe
d'élèves à Yaoundé: «que ceux qui parlent de la mort des langues me
montrent la tombe dans laquelle on a enterré l'une d'entre elles.» L e
pauvre !Onaurait pu lui répondre que l'une deces tombes se trouve dans
l'Etat duMassachusetts où ona enterré, le 15 janvier 1996,RedThunder
Cloud, âgé de 76 ans et dernier locuteur du Catawba, idiome d'une tribu
2indienne d'Amérique du Nord qu'il était le seul à parler encore . Or, une
langue n'est pas seulement un "instrument" de communication: elle
véhicule nécessairement unecosmogonie, une vision du monde,bref, une
culture. Mieux, elle permet à cette culture de "voyager" dans le monde,
de "lécher" au passage des rivages inconnus et de se nourrir de milliers
1
Koïchiro Matsuura, cité in Jeune Afrique l'Intelligent n° 2074 du 10 au 16 octobre
2000, page 12.
2
Voir l'article "Une langue vient de mourir" inJeuneAfriqu e n° 1830 du 31 janvierau
6 février 1996, page 19.
73.de limons arrachés à ces rivages En un mot, la langue est l'instrument
par excellence d'épanouissement et de sublimation d'une culture.
Stendhal l'a dit peut-être mieux que quiconque: « le premier instrument
4du génie d'un peuple,c'est sa langue. »
Dès lors, lorsque les experts estiment que 3 000 langues risquent de
disparaître au cours du Troisième Millénaire, cela veut dire tout
simplement que s'ils ne provoquent pas le sursaut nécessaire, les peuples
concernés vont être dépossédés de leur culture. D'où cette mise en garde
du linguisteClaudeHagège: «La perte de sa langue, pour tout individu,
5c'estaussi, en quelque façon,celle d'une partie de sonâme. »Et pour le
coup, l'Afrique me semble plus exposée que les autres continents, non
seulement à cause de notre faiblesse au plan économique, mais aussi à
cause de notre propension suicidaireà tourner le dosà nos valeursau fur
età mesure que nous nousavançons dans la modernité.La situation est si
grave aujourd'hui que la majorité des enfants nés en ville ne savent plus
parler la langue de leurs parents. C'est ainsi que dans une thèse soutenue
en 2005, un universitaire camerounais a révélé par exemple que dans la
ville de Yaoundé, 40% d'enfants de plus de 15 ans ont le seul Français
6comme langue de communication. J'ai pris l'exacte mesure de ce
désastre le jour où unaîné de la première génération des intellectuels m'a
avoué sans sourciller: «Dans cent ans, toutes nos langues maternelles
auront disparu ; c'est pour cela que je préfère apprendre le Français à
mes enfants,carc'est la langue de la science ».
Tout en étant moins catégoriques, d'autres aînés n'en confessent pas
moins leur impuissance lorsqu'ils affirment, toute hhonte bue: «Mes
enfants comprennent quand-même la langue maternelle, même s'ils ne la
parlent pas » . Or, comprendre la langue maternelle sans la parler (alors
que parailleurs, ils parlentcouramment leFrançais ou l'Anglais), n'est-ce
pas la preuve irréfutable que nos enfants ne sont plus enracinés dans
notre humusculturel ?Car, parler une langue,c'est partager le patrimoine
culturel dont cette langue est porteuse. A vrai dire, «une communauté
3
Voir, à titre d'illustration, l'éclatante exubérance du Français et de l'Anglais dans les
ex-colonies françaises etbritanniques.
4
Cité inJeuneAfrique l'Intelligent n° 2344 du 11au 17 décembre 2005, page 4.
5InCombat pour le Français: au nom de la diversité des langues et des cultures,
éditionsOdileJacob,Paris, 2005.
6Cf.CameroonTribune du 2 février 2006, page 11.
87humaine n'existe et ne se définit d'abord que par sa langue. »Dès lors,
autant on ne saurait se prétendre Français si on ne parle pas la langue de
Victor Hugo, autant on ne devrait pas se présentercommeAfricain si on
ne maîtrise pas sa langue maternelle. D'où cette profession de foi de
8Cioran: «Ma langue, c'est ma patrie. » D'où, également, cette
interpellation d'Alpha Oumar Konaré à l'ouverture du Premier Congrès
Culturel Panafricain en 2006: «Si nous ne préservons pas nos langues,
9nous ne pourrons jamais préserver notre culture. » Faisant sien
l'aphorisme espagnol "Lingua muerta, pueblo muerto" ("langue morte
égale peuple mort"), leProfesseurKiZerboclot le débat (si tant est qu'il
y en avait un…) par cette sentence: «Un peuple qui ne parle pas sa
10propre langue signe sa mortculturelle. »
A l'ère des Nouvelles Technologies de l'Information et de la
Communication, la langue se présente donccomme le meilleur passeport
pour ceux qui veulent tirer le maximum du phénomène de
"Mondialisation". On comprendra dès lors pourquoi, dans un monde
secoué par la crise économique, un pays comme la France dépense des
sommes colossales pour la promotion de la Francophonie, à travers des
"instruments" comme Radio France Internationale (RFI), Canal France
International (CFI), France 24 , l'Agence de Coopération Culturelle et
Technique (ACCT), l'Association des Universités partiellement ou
entièrement de Langue Française (AUPELF) etc… L'ancien Ministre
français des Relations Extérieures, Hubert Védrine, reconna

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