La Déchirure d une Fée
477 pages
Français

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La Déchirure d'une Fée , livre ebook

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Description

Marie a dix-sept ans quand sa vie bascule. Que s’est-il passé dans cette maison perdue dans la forêt ? Elle ne sait plus ou ne veut plus savoir. Poursuivie par les enquêteurs et ses cauchemars, elle quitte tout pour trouver refuge chez son grand-père et son frère, tenter de panser cette déchirure qui la torture et recommencer à vivre. Malmenée par la malveillance de certains et les réminiscences de son enfer, ballottée par ses peurs et ses pulsions, elle devra apprendre à s’appuyer sur l’amour de sa famille et les amitiés nouvelles. Apprendre à faire confiance. Jusqu’à ce que le pire la rattrape ; mais cette fois, elle ne sera pas seule

Informations

Publié par
Date de parution 28 mars 2013
Nombre de lectures 28
EAN13 9782312009308
Langue Français

Extrait

La Déchirure d’une Fée

Estelle Neau
La Déchirure d’une Fée
















LES ÉDITIONS DU NET 22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
À mon âme sœur,
Si forte et si ancienne.



























© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-00930-8
1
Éveil de la conscience ; brutal.
Et aussitôt, la peur ; violente et puissante.
Ainsi, c’était elle qui l’avait réveillée. Peur de quoi ? Quelque chose avait bien dû survenir pour forcer son esprit à revenir à la réalité. Elle était tellement bien dans le cocon du néant.
Décharge d’adrénaline, accélération du rythme cardiaque prévisible et rassurant. Mise en tension des muscles, douloureuse. Inspiration profonde par la bouche, sèche, boisée et poussiéreuse. Concentration instinctive de l’attention sur l’audition ; à défaut de réussir à ouvrir les yeux.
Alors que son corps se rappelait à son bon souvenir, lentement, insidieusement, elle rechercha un bruit. Le bruit. Celui qui avait provoqué ce sursaut. La douleur s’accentua et se fit plus précise : son ventre, ses bras, sa tête. Il allait bien falloir ouvrir les yeux.
Elle ne reconnaissait pas toutes les odeurs qui l’entouraient et venaient chatouiller ses narines. Il y avait du bois et de la poussière ; ça, elle en était sûre. La dernière fois qu’elle avait senti ce mélange, c’était dans le grenier de son grand-père paternel. Elle devait avoir huit ans et il l’avait emmenée par un après-midi pluvieux d’été découvrir les trésors cachés de ses souvenirs matériels. Vieilles photographies, costumes pliés avec soin dans de grandes malles, chapeaux, cahiers remplis d’écritures soignées que seuls ceux de son âge savaient tracer. Ils leur avaient offert un de ces moments magiques que la vie est capable de vous accorder sans que l’on s’y attende. Histoires, déguisements, rires étaient venus apporter les ancrages de cette magie dans sa mémoire. Elle savait qu’elle n’était pas dans le grenier de son grand-père.
Ouvrir les yeux…
Les doigts endoloris de sa main droite caressèrent les irrégularités du parquet sur lequel elle était couchée. Elle commença à prendre conscience de la drôle de position de son corps : quasiment sur le ventre, elle ne sentait plus son bras gauche, son cou lui paraissait tordu et ses jambes… Un éclair de terreur éclaira un instant son esprit, puis elle ressentit de légers picotements annonciateurs de sensations plus affirmées : elles étaient toujours là.
Bouger, je dois bouger . Première tentative pour dégager son bras gauche de dessous son buste. Aïe ! Non, pas comme ça . Elle avait peur. Elle avait trop mal, partout. Deuxième tentative, elle s’appuya sur son bras droit pour se faire rouler sur le dos. Aïe ! Ça aussi ça faisait mal.
Elle n’avait pas l’habitude d’avoir mal. Toute sa vie, elle l’avait vécue protégée, dans un monde où la souffrance n’existait pas. Rarement malade, elle était suffisamment prudente pour ne pas se blesser, même si sa maladresse ne lui épargnait jamais quelques écorchures ou hématomes dont l’origine n’avait pas souvent marqué sa mémoire. Choyée, aimée de la plupart des personnes qui l’entouraient, elle ignorait également la violence mentale. Les gens étaient généralement courtois et prévenants envers elle ; et elle s’appliquait à le leur rendre. Elle était consciente que le monde aisé dans lequel elle avait vu le jour lui avait garanti cette protection. À ce moment, elle prit conscience que sa situation était aux antipodes de ce monde : elle avait mal, elle avait peur, elle avait froid.
Mais où suis-je ?
Elle réussit enfin à ouvrir les yeux, péniblement, la lumière ambiante agressant ses rétines. Elle était bien par terre, à même le parquet, le visage à quelques centimètres d’une commode en pin, de dos au reste de la pièce. Elle écouta : aucun bruit dans la pièce, elle était seule. Elle entendit des oiseaux, ils ne chantaient pas avant. Elle était sure qu’ils ne chantaient pas avant. Si ? Elle entendit des bruits de pas doux, lents, comme si une ou des personnes se déplaçaient sur la pointe des pieds.
Il faut que je bouge .
Un bruit sec retentit. Le même bruit, elle en était persuadée. Un bruit connu, signe de danger, de violence absolue, de mort, suivi d’un cri lointain et d’un gémissement bien plus proche. Un autre coup de feu et le silence. Les pas feutrés s’éloignèrent d’elle, de la pièce dans laquelle elle gisait, et se dispersèrent ailleurs dans la maison.
La peur se transforma en effroi puis en panique. Ses yeux s’affolèrent mais ne purent lui offrir aucune information supplémentaire. Tant qu’elle resterait dans cette position, elle serait aveugle. Elle avait peur, mal et allait pleurer. Elle n’avait jamais été très courageuse mais elle comprit qu’il lui fallait absolument réussir à bouger. Son esprit s’éclaira tout à coup : fuir cet endroit devint sa priorité absolue, elle devait trouver les ressources suffisantes pour fuir et survivre. Une rage monta alors en elle telle une vague puissante.
Pas de larmes, pas de bruit, respirer et réfléchir .
Elle n’entendit plus rien. Elle devait tenter sa chance maintenant. Elle prit de nouveau appui sur son bras droit et poussa de toutes ses forces. Elle releva sa jambe droite pour faire basculer le bassin. Sa main droite se déplaça rapidement sur la commode et elle continua de pousser. Doucement, son corps bascula et elle se retrouva sur le dos. Cette manœuvre l’avait presque épuisée : il fallait qu’elle reprenne son souffle.
Elle tourna avec précaution la tête pour visualiser le reste de la pièce. Elle était dans une chambre, le long d'e la commode et près de la porte fermée. Les murs étaient de couleur aubergine avec des reflets légèrement orange, quelques tableaux éparpillés, plafond blanc. À sa droite, un lit, dans le même bois que la commode, flanqué d’une table de nuit dans le même style. Et à côté une fenêtre.
Une fenêtre. Peu lui importa alors le reste de la pièce. De toute façon, elle ne savait toujours pas où elle était et la priorité était la fuite. Elle sentit le sang circuler de nouveau dans son bras gauche ; elle n’aima pas cette sensation. Elle pivota sur son flanc et se mit à quatre pattes. L’idée lui avait semblé bonne mais elle manqua de crier de douleur : son bras gauche la tint à peine, ses côtes l’élancèrent et sa tête lui parut anormalement lourde et douloureuse. La pièce tournait autour d’elle. Elle laissa tomber sa tête, s’assit sur ses talons, mains toujours au sol, ferma les yeux et s’obligea à respirer profondément pour lutter contre la nausée.
Dès qu’elle se sentit mieux, elle ouvrit les yeux et constata avec étonnement qu’elle était nue. Une foule de question l’assaillirent. Où ? Comment ? Pourquoi ? Qui ? Mais un bruit l’écarta brutalement de ses pensées : du verre brisé ; puis un cri de femme. Son instinct la rappela à l’ordre : bouge ! Elle releva la tête et vit des vêtements éparpillés sur le lit. Des vêtements d’homme, sûrement trop grands mais à portée de main. Elle se déplaça à quatre pattes, saisit une chemise blanche à fines rayures rose et bleu et un jean.
Elle s’assit par terre et les enfila maladroitement. Elle serra les dents. Chaque mouvement déchirait ses muscles mais elle n’avait pas le temps de s’apitoyer et se força à continuer. Ses yeux tombèrent alors sur une paire de tennis dont elle s’empara aussitôt et qu’elle chaussa. Trop grandes, comme le reste. En s’agrippant au lit, elle se mit sur ses jambes. Trop vite. La peur avait repris le dessus et la faisait se précipiter. Sa tête tourna encore. Elle pivota, s’assit sur le lit et respira lentement. La colère remplaça peu à peu la peur. À ce rythme elle allait finir par se faire tuer.
Se faire tuer, elle. Non, ce n’était pas possible. Elle avait toujours été gentille, pourquoi quelqu’un essaierait-il de la tuer ? Elle ne pouvait finir sa vie ici, seule, loin des siens. Oui, loin des siens. Elle savait que les gens qui étaient ici ne faisaient pas partie de son univers. Elle ne connaissait pas cette chambre, et puis elle ne pouvait pas, elle ne voulait pas croire que les gens qu’elle aimait fussent ici. Cela aurait voulu dire … À nouveau des cris de femme puis le claquement de l’arme. D’un bond, elle se précipita sur la fenêtre. Elle était au rez-de-chaussée.
Au moins, je ne vais pas mourir en sautant !
Avec précaution elle ouvrit la fenêtre. Ne pas faire de bruit, ne pas attirer le danger vers elle. Elle passa une jambe par-dessus le rebord

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